21 décembre 2000

Mille pardons pour hier. Ma page indiquait le 21 décembre, alors que nous étions le 20. La correction est faite.

Hier: Horreur, abomination, agonie, souffrance innommable.

Le vide.

Le vide me tuait.

Idées noires par dessus idées noires.

Toutes les pensées négatives que vous pouvez imaginer, je les ressentais.

Inutile d'entrer dans les détails. Vous les avez déjà tous entendus.

Nous avons eu une santé en fin d'après-midi pour souligner le départ d'une autre de nos collègues de travail. Elle travaillait au laboratoire. Un souper suivait.

Je n'y suis pas allé.

Vous devinez pourquoi.

Consoeur allait être présente.

Je ne voulais pas gâcher sa soirée par ma présence. Du moins, c'était mon excuse officielle, celle que j'ai servi à la collègue de travail qui nous quittait pour justifier mon absence.

Foutaise.

Je suis un con.

Mais ça, vous le savez déjà.

J'ai souffert. Toute la soirée. Souffert de ma propre absence parmis eux.

Pourtant, sur l'heure du midi, Consoeur était venue nous rejoindre pour le dîner. Elle s'était assise à côté de moi. Elle me parlait. Elle me souriait. Bien sûr le malaise était toujours là. Mais elle le combattait. Et moi, comme un con, je n'osais y croire. Je ne voulais pas y croire. Même chose durant la santé, où j'ai toujours pris bien soin de me tenir le plus loin possible d'elle.

Aujourd'hui: délivrance. Passagère sans doute, mais oh... combien appréciée.

On ne travaillait pas cet après-midi. Petites célébrations un peu partout au bureau à la veille des vacances des fêtes. Après un bon dîner arrosé de quelques verres de vins, j'ai abandonné mon petit groupe de l'informatique pour en rejoindre un autre qui fêtait ailleurs dans l'édifice. Un de nos collègues, virtuose du violon, nous enchantait avec ses interprétations de différentes pièces de musique celtique. On m'a offert du vin. J'ai accepté. Nous chantions, nous claquions des mains. J'étais tellement bien, tellement heureux. Je savais que c'était la faute de l'alcool, mais je m'en foutais. J'avais envie, j'avais besoin de m'offrir ce plaisir.

Ils ont tout emballé vers le milieu de l'après-midi. Mais certains d'entre nous ne voulaient pas en rester là. Nous savions qu'il y avait un autre party dans l'édifice: celui du laboratoire...

Mon stupide orgueil, endormi par l'alcool, n'a pas pu m'empêcher de m'y rendre avec mes autres collègues.

Consoeur y était, bien sûr.

Cette fois, c'était elle qui a pris grand soin d'éviter mon regard, du moins au début. Quand à moi, je ne pouvais me sentir mieux. Je parlais avec tout le monde, je chantais avec nos collègues guitaristes qui nous émerveillaient par leur talent. Je riais à gorge déployée. J'étais si bien...

Le temps passait. Les convives quittaient les uns après les autres, non sans offrir leurs voeux de Joyeux Noël à ceux qui restaient.

Nous n'étions plus qu'une demi douzaine. Dont Consoeur. Et moi. Entre autres.

Vint le moment pour Consoeur de partir. Elle quitta la pièce et revint quelques minutes plus tard, son manteau sur le dos, offrant ses voeux de joyeuses fêtes à ceux qui étaient présents.

Plus elle s'approchait de moi, plus je pouvais sentir l'anxiété grandir en elle.

Elle arriva finalement devant moi. Je me levai, la prit par la taille, lui fit la bise et échangeai avec elle nos voeux. Sans doute soulagée que cet instant soit finalement passé, elle vint pour s'éloigner.

Mais je la retint.

Délicatement. Juste quelques secondes de plus.

Et je lui murmurai doucement, dans le creux de l'oreille:

- C'est toi qui est la plus belle...

Réaction de sa part ? Éclat de rire. Je la connais bien. Elle cache son malaise derrière son rire. Elle me sourit, me tourna le dos et quitta...

Il fallait que je lui parle, que je lui dise. L'un d'entre nous devait faire un pas, aussi maladroit soit-il, pour briser ce malaise entre nous. Peut-être l'ai-je rendu pire qu'il était. Mais je m'en fous, je n'avais plus rien à perdre.

Cette nuit, France nous revient, pour le temps des fêtes. Nous allons dîner avec elle demain. J'ai tellement envie de la revoir.


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