29 décembre 2000

Bon, ça suffit. Je vérifie mon courrier à toutes les demi-heures et je ne reçois rien de nouveau. Alors même si je suis en plein milieu d'après-midi je vais écrire. Je suis en congé et j'ai le temps.

En ce moment, je suis complètement nu, assis sur ma chaise de bureau devant mon ordinateur, et pourtant j'ai les mains moites et la sueur perle à mon front. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce magnifique soleil entre à pleine fenêtre depuis ce matin. Maintenant que mon bureau est installé du côté ensoleillé de ma maison, je me demande si cette photothérapie aura un effet positif sur mon humeur.

À travers les stores grand ouverts (je n'entrave jamais le passage du soleil) je peux voir à l'occasion quelques motoneiges passer sur le lac. Ils sont plus courageux ou plus cinglés que moi.

J'ai beau essayer de m'imaginer en train de profiter de ce genre de belle journée d'hiver ensoleillée pour pratiquer une quelconque activité comme la raquette, mais ça ne colle tout simplement pas. Je ferme les yeux pour visualiser une belle forêt de conifères aux branches chargées de neige immaculée, mais cette image est aussitôt balayée par celle des rides sur l'eau de mon lac, entouré de verdure, ou alors je me vois étendu nu au soleil sur le bord d'une magnifique petite rivière de montagne sur l'un de ces sites enchanteurs que je connais, ou de ceux qui n'attendent qu'à être découverts.

Mon voisin, tout emmitouflé, vient d'aller ramasser la chaise sur laquelle il s'est assis pour lire quelques heures au bout de son quai, sur le bord du lac qui n'est plus qu'un champs de neige strié par les pistes de motoneiges. Je crois qu'il en a assez.

Je viens juste de réaliser que la température au thermomètre indique juste un peu au dessus de zéro. Peut-être devrais-je aller essayer d'ouvrir la porte arrière de ma voiture, qui est obstinément restée gelée depuis cette journée de pluie suivie dès le lendemain par un froid polaire.


Bon ! J'arrive d'être allé passer une petite demi-heure à l'extérieur, question de profiter quand même un peu de ce beau soleil autrement qu'à travers une fenêtre. J'ai pelleté un peu mon entrée et j'ai également réussi à ouvrir le haillon de ma voiture ! Une bonne chose de faite. Je n'ai pas pu résister à l'envie d'aller faire un tour sur le bord du petit ruisseau qui alimente le lac et qui n'est pas encore entièrement emprisonné par la glace. J'avais besoin d'entendre le bruit de l'eau qui coule. Mais je n'y suis resté que quelques minutes; des images d'été, de chaleur, de soleil et de verdure ne cessaient d'éclore dans ma tête...

Je n'ai été absent de la maison qu'une demi-heure aujourd'hui, une toute petite demi-heure. Me croiriez-vous si je vous disais que c'est durant cet intervalle qu'une de mes collègue de travail a choisi pour m'appeler ?! Heureusement qu'elle m'a laissé un message.

J'ai passé la majeure partie de l'avant-midi à parcourir le web. Je cherchais des sites parlant de nudisme ou de naturisme. Pas tant des sites commerciaux ou d'associations naturistes, mais plutôt des pages personnelles, des sites de personnes comme moi qui aiment ce mode de vie et qui le pratiquent, ou désirent le pratiquer. Il faut croire que j'ai besoin de trouver des gens qui comprennent mon affinité pour cette façon de jouir de la nature et de la vie en général. Je trouve beaucoup de sites internationaux ou français mais très peu de sites québécois. Aucun en fait. À date en tout cas.

Les arachides au barbecue, c'est bon mais ça salit beaucoup les doigts. Pas facile d'en manger et de taper en même temps sans cochonner le clavier...

C'est une des principales raisons pour lesquelles j'utilise l'Internet: chercher à établir des contacts, à rencontrer des personnes avec qui je partage des goûts, des passions, des rêves. Mais mon but final, je dois l'avouer, n'est pas d'établir seulement des relations virtuelles, mais également des contacts réels. J'ai envie de connaître des personnes que je pourrai rencontrer et fréquenter, en chair et en os. Car c'est avant tout de contacts humains réels et physiques dont j'ai envie.

Parlons-en, des contacts humains réels.

Certaines de mes lectrices m'ont déjà suggéré, timidement, l'idée d'une rencontre. L'idée me plait. Mais je dois avouer que mes propos n'ont pas dû les encourager à réitérer leur demande.

La vérité, c'est que l'idée de rencontrer ces personnes face à face me fait un peu peur. En fait, elle me terrorise.

Je dois piler sur mon orgueil pour avouer cela ici, mais bon. N'ai-je pas pris la décision de ne plus porter de masque dans ce journal ? Je dois en assumer les conséquences, bonnes ou mauvaises.

Pourquoi une telle crainte ? À première vue, elle semble ridicule. Et à seconde vue aussi. La vérité, c'est que j'ai peur de décevoir. Je n'ai pas une grande confiance en moi, vous le savez maintenant. Et contrairement à ce que certaines lectrices semblent croire, ce n'est pas sur le plan physique que j'ai peur de décevoir. Je n'ai jamais caché ici que j'avais un physique très ordinaire, et je ne crois pas qu'aucune de mes lectrices se fassent d'illusion sur ce point. Et puis de toute façon, je ne cherche pas nécessairement à établir de relation sentimentale, mais plutôt le plaisir de rencontrer en personne des gens qui me connaissent tel que je suis, sans masque, par mes écrits, et également de faire la connaissance de ces curieuses personnes qui prennent plaisir à s'abreuver de mon quotidien, et dont je ne connais que très peu de choses, la plupart d'entre elles ne possédant pas de journal intime sur le net.

C'est par ma personne que j'ai peur de décevoir.

Ridicule, je sais. Mais une peur, ça ne se raisonne pas. Ça s'affronte.

On dirait que ce n'est jamais le bon moment, qu'il me faut toujours attendre un peu, attendre encore. Mais attendre quoi au juste ? La semaine des quatre jeudis ? Que les poules aient des dents ? Qu'il pleuve de la marde ? La vie, elle, ne m'attendra pas indéfiniment. Et la vieillesse, la maladie et la mort non plus. C'est maintenant que je suis vivant ! C'est maintenant que je respire, que mon coeur bas, que mon sang coule dans mes veines ! Est-ce que je cours moins de risque de décevoir si j'attend et j'attend ? Bien sûr que non ! Ce serait même plutôt le contraire. Je suis occupé pour les trois prochaines fins de semaine, mais après ? Je vais encore me trouver d'autres excuses ?


Hum, vous allez avoir droit à un long texte aujourd'hui. Cela fait la troisième fois que j'écris !

J'ai eu des nouvelles de Cousine aujourd'hui ! Son voyage en Europe se déroule très bien à date. Elle a revu plein de gens qu'elle avait rencontré durant ses voyages précédents. Je suis content pour elle. Elle me manque déjà.

J'ai allumé une chandelle ce soir. Sans raison particulière. Pour le plaisir, parce que j'aime les chandelles. Je ne le faisais jamais avant. Mais puisque je suis prisonnier, aussi bien rendre ma cellule un peu plus agréable.

Que font les gens "ordinaires" un vendredi soir ? Ceux qui sont en couples et qui ont ou non des familles vont peut-être se louer un film et le regarder en amoureux, collés l'un contre l'autre. Les célibataires vont peut-être recevoir des amis chez eux, ou aller chez des amis, ou alors sortir en ville.

Mais beaucoup, comme moi, homme ou femme, resteront seuls chez eux, à regarder la télé, à lire, à chatter devant leur ordinateur...

Je sais que je ne suis pas seul à vivre ce que je vis. Certains le vivent par choix, d'autres le subissent. Je sais tout ça.

Bon, plus rien à dire. Je suis finalement à sec. Ce fut malgré tout une journée littérairement productive, vous ne trouvez pas ?

Passez une bonne nuit :-)


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