30 décembre 2000

N'avais-je pas dit que j'allais profiter de ces deux jours de congé pour finir de transporter mon aquarium dans mon salon ? Je n'ai rien fait de cela.

Je suis incorrigible.

Ma dent cassée m'a encore foutu la trouille. Elle a commencé à me faire mal hier soir et la douleur, sans être vraiment suffisante pour me garder réveillé, s'est quand même maintenue de façon plus ou moins constante toute la nuit. Puis elle a cessé complètement cet avant-midi. Ouf... J'ai tellement peur de faire un abcès ! Manquerait plus que ça ! Vous m'imaginez en vacance dans le sud, sur les antibiotiques, incapable de m'exposer au soleil ou de prendre de l'alcool ? Tout ce que je lui demande, c'est qu'elle tienne le coup jusqu'à mon retour de voyage.

Une tempête s'annonce. Cela rend nerveux certaines des personnes qui doivent se rendre demain au chalet de Lolita pour y célébrer la St-Sylvestre. Je n'ai pas l'intention de me laisser arrêter par un peu de neige. Ce n'est pas pour rien que j'ai acheté un véhicule à quatre roues motrices ! D'ailleurs il suffit d'être prudent sur la route. Il n'y pas le feu, on peut prendre tout le temps qu'il nous faut pour se rendre. Si tout se passe bien, nous devrions être une vingtaine de personnes, dont la soeur de Lolita, vous vous rappelez d'elle ? Et son mari aussi, bien sûr...

Je manque de passions. J'ai été des années à croire que le fait de me faire une blonde règlerait tous mes problèmes. Contrairement à la très grande majorité des hommes de mon âge, je n'ai jamais encore franchi cette étape de la désillusion, puisque je n'ai jamais vraiment vécu de relation sérieuse.

Je m'ennuie. Mes journées passent et je m'emmerde. L'été, ça ne serait pas un problème. Je serais quelque part en pleine nature à profiter du plein air.

Et une blonde ne changerait rien à ça. C'est de moi que vient le problème.

Pourtant, je ne manque pas de choses que j'aime faire.

Même en hiver.

Depuis quelques semaines je correspond avec une lectrice. Elle m'a permis de parler d'elle, si je préserve son anonymat. Tant mieux, car je me demande combien de temps j'aurais pu garder le silence à son sujet. Elle commence à prendre de la place dans mes pensées, et le but de ce journal n'est-il pas justement d'exprimer ce genre de choses ?

J'aime tout d'elle à date. Sa personnalité, sa façon d'écrire, ses goûts et ses intérêts, sa façon de voir la vie. En plus, elle semble me plaire physiquement aussi. Et la cerise sur le sundaie: c'est réciproque. Bien sûr, je ne me fais pas d'illusion. Je ne la connais pas vraiment, nous ne nous sommes jamais rencontré, mais ce que nous savons à date l'un de l'autre nous donne très envie d'en savoir davantage.

Quel est le problème alors ? Il n'y en a pas, bien sûr.

Il fallait donc que je m'en invente un.

J'ai peur de la rencontrer.

Pourquoi ?

Bonne question. Une chose que je sais cependant: cela ne dépend pas d'elle. Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive.

En fait, dès que je sais que je plais à une femme, aussi extraordinaire, intéressante et attirante soit-elle, je chie dans mes culottes.

Difficile de savoir pourquoi. Je sais cependant que la peur que je ressens se compare à celle que l'on vit quand on est un petit ado boutonneux sans expérience qui réalise pour la première fois que la plus belle fille de l'école lui fait de l'oeil. Mes rares lecteurs masculins savent probablement de quoi je parle.

Mais j'ai trente-neuf ans, pas quinze.

Bien sûr j'ai très peu d'expérience sexuellement parlant. Mais sans vouloir me prendre pour un autre, je sais que mes rares amantes ne s'en sont jamais plaintes. Ce que je manque en expérience, je compense largement en imagination, m'a-t-on dit. Non, je ne crois pas que ma réticence vienne de la peur de paraître "nono" au lit. Mettez-moi entre les mains le corps d'une femme que je désire vraiment et, croyez-moi, je saurai exactement quoi faire avec...

Et puis en plus, ne suis-je pas en train de brûler les étapes avec mes histoires de lit ? Nous ne nous sommes même pas rencontré encore !

Alors une fois de plus je vais faire fi de ma peur. Comme j'ai décidé de le faire. Le destin met sur mon chemin une charmante demoiselle qui, dans le pire des cas, me fera sûrement une bonne copine avec qui échanger et partager plein d'activités que nous semblons aimer tous les deux. Et dans le meilleur des cas ? Et bien... qui sait !

Et ma peur dans tout ça ? Et bien j'essayerai d'en trouver l'origine une autre fois. De toute façon, l'exercice deviendra éventuellement académique, puisque comme toutes mes autres peurs, elle s'effondrera comme un château de carte dès que je lui ferai face.

Dès mon retour de voyage, je devrai me trouver deux choses: un bon dentiste, et un bon thérapeute.

Ceci est ma dernière entrée de l'année. Je ne crois pas que Lolita possède un accès Internet à son chalet... Alors j'en profite pour vous souhaitez à tous de passer une magnifique veille du Jour de l'An, entourés de famille et d'amis. Et soyez prudents dans la tempête, je déteste perdre des lecteurs... :-)

P.S. L'usage quasi exclusif du genre masculin dans le paragraphe précédent désigne autant les femmes que les hommes. Il ne présume aucunement de la supériorité d'un sexe sur l'autre, mais indique simplement le manque total de diplomatie et de rectitude politique de l'auteur. ;-)


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