26 novembre 2000

Je n'aurai même pas écrit d'entrée pour le jour de ma fête finalement. Je suis rentré tard et j'étais trop fatigué pour écrire, et de plus, je n'étais pas dans un très bon état d'esprit. J'avais besoin de dormir pour digérer plein de choses.

La surprise party de Copine fut un succès total. Elle ne s'y attendait absolument pas. Quelques uns de ses amis qui la connaissent plus intimement que moi lui avaient préparé un "bien cuit" qui nous a fait littéralement nous rouler par terre. Je crois que cette soirée lui a fait un bien immense. Elle qui doute tellement d'elle, qui se demande toujours ce qu'elle peut bien avoir pour être appréciée des autres, qui doute même parfois de la sincérité de ceux-ci. Je crois qu'hier elle a compris que ses amis l'aiment, tout simplement, sans raison logique ou rationnelle. Et elle s'est permise d'y croire, d'accepter simplement cet amour, sans penser, sans réfléchir.

En ce qui me concerne cependant, je n'ai pas été particulièrement fier de moi. La soirée a très bien commencé pourtant. J'étais joyeux, je souriais, je me sentais bien. Mais les choses ce sont gâtées plus tard lorsqu'à un certain moment je me suis arrêté pour regarder autour de moi et j'ai réalisé que tout le monde parlaient entre eux de différentes choses, et que j'étais un peu à l'écart. J'ai alors ressenti quelque chose dont je souffrais très souvent par le passé, mais que je n'avais pas ressenti depuis longtemps, car j'avais appris à chasser ces idées noires lorsqu'elles se présentaient. Je me suis senti "pas à ma place", à part des autres, comme un intrus. Même le chat du couple où nous étions m'ignorait, et c'est un phénomène excessivement rare dans mon cas. Alors je suis devenu silencieux, je me suis mis à l'écart, me suis isolé. Et alors la réaction en chaîne a commencé, et toutes ces idées sombres se sont succédées l'une après l'autre. J'ai commencé à me demander ce que je faisais là, à me dire que je n'avais pas ma place parmi ces gens, qu'ils m'acceptaient seulement parce que je suis un ami de Copine, que ma présence n'a aucune importance à leurs yeux, que je m'étais encore fait des illusions en osant croire que je pourrais me sentir à ma place parmi eux, etc. etc. Je vous fais grâce des détails, vous imaginez le topo. Cousine s'est aperçue de quelque chose. Mais ses paroles ne faisaient rien pour améliorer mon humeur. Quand on est dans cet état d'esprit, rien ni personne ne peut nous remonter le moral. On tourne chaque phrase, chaque mot d'encouragement au négatif. On se vautre intentionnellement dans cette déprime, on ne cherche qu'à se faire plaindre.

Finalement, je fus le premier à quitter. Plutôt vite d'ailleurs. Après m'être habillé, je suis allé remercier nos hôtes et saluer ceux qui étaient directement devant moi. Lolita et Cousine étaient en grande conversation sur le divan à l'autre bout de la pièce et je ne suis même pas allé leur dire au revoir, mais je ne me suis aperçu que je les avais oublié que bien après que je sois parti. Et en plus de tout ce que je ressentais déjà, je me suis senti coupable. Coupable de les avoir négligées, elles qui me montrent tant de gentillesse et d'affection depuis qu'elles me connaissent. Bref, ça n'allait pas bien.

Heureusement, je ne reste habituellement pas dans cet état très longtemps. Une bonne nuit de sommeil a fait fondre ces émotions négatives comme neige au soleil. Même que ça m'a un peu surpris. En effet, dès que j'ai ouvert les yeux ce matin, je me sentais bien. Mes pensées étaient redevenues normales, j'avais un peu honte de mon attitude de la veille, comme quelqu'un qui se remet d'une soirée un peu trop arrosée et qui regrette certains gestes ou certaines paroles. Sauf que dans mon cas, l'alcool n'y était pour rien.

Copine, Lolita et moi devions aller souper en ville ce soir pour souligner mon anniversaire. Durant la journée, Lolita s'est désistée. Elle prétextait avoir trop de choses à faire avant de retourner à Montréal, du moins c'est l'excuse qu'elle a donné à Copine. Mais je suis à peu près certain que mon attitude d'hier soir y est pour quelque chose. Je vais lui écrire pour m'expliquer. Je ne veux absolument pas qu'elle croit que j'ai des sentiments négatifs à son égard parce que je ne l'ai pas salué hier en fin de soirée. Elle s'est beaucoup occupée de JG, et peut-être pense-t-elle que j'ai fait une sorte de crise de jalousie. J'avoue cependant qu'il m'est difficile d'accepter qu'elle n'a aucune attirance pour moi...

Je vais aussi appeler Cousine demain. Elle aussi a eu droit à ma négligence, et Dieu sait qu'elle ne le mérite pas.

Je m'en voudrais cependant de ne pas finir le billet de ce soir sur une note positive. Car oui, avant ma petite crise enfantine, il y a eu beaucoup de positif dans cette soirée.

J'ai eu confirmation de quelque chose dont je me doutais un peu depuis notre soirée meurtre et mystère, chose dont Copine s'était également aperçue d'ailleurs. Cela concerne la soeur de Lolita, qui était présente à la soirée d'hier.

Je crois bien qu'elle a un faible pour moi.

À quoi est-ce que je peux voir cela ? Oh, des petits détails insignifiants; le fait qu'elle cherchait continuellement à me parler et à danser avec moi toute la soirée, le fait qu'elle m'inondait de compliments pas seulement sur ma personnalité mais sur mon apparence physique, qu'elle me disait à répétition que je ne faisais absolument pas mes trente-neuf ans, le fait qu'elle m'a suivi jusqu'à la salle de bain, qu'elle me parlait à travers la porte pour essayer de me gêner pour m'empêcher d'uriner, et le fait qu'elle a même essayé d'y entrer alors que j'étais aux toilettes... (dois-je préciser que c'est une femme très ludique...)

La soeur de Lolita est extrêmement belle, grande et désirable. Elle est gentille, intelligente, sensible, jeune mais très mature et dotée d'une grande spiritualité, et elle a un style fou, en plus d'adorer la nature et le plein air. Elle me plait, et de toute évidence cette attirance est mutuelle.

Quel est le problème alors, me demanderez-vous ?

Oh, un détail seulement: Elle est mariée et a deux enfants.

Ceux-ci étaient d'ailleurs présents à notre soirée, de même que son mari. Bien que ce dernier soit un gars très correct et très gentil, je n'ai pu m'empêcher de remarquer les quelques regards qu'il lui arrivait à l'occasion de lancer de l'autre bout de la pièce dans ma direction et dans celle de sa douce alors que nous dansions ensemble.

Au risque de me répéter, les choses ne sont jamais simples avec moi.


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