1 janvier 2001

Ma St-Sylvestre ne s'est absolument pas déroulée comme prévue.

Tout a commencé par un téléphone de Lolita, en avant-midi, pour m'informer que la journée au chalet était annulée, à cause de la tempête. Nous possédions un nombre insuffisant de véhicules capables d'affronter ce genre de temps pour transporter tout le monde. D'ailleurs plusieurs personnes s'étaient déjà désistées par peur de l'état des routes sur la rive sud du fleuve, région qui a été la plus durement touchée par les précipitations et la poudrerie. Et pour finir, quatre de nos copines, qui devaient partir de Montréal, et un couple d'Ottawa, avaient choisi de ne pas prendre la route pour des raisons évidentes.

Qu'à cela ne tienne. Une fois la déception initiale passée, nous nous réorganisons. La bouffe communautaire tient toujours, et les parents de Lolita offrent de nous recevoir chez eux, dans leur grande maison. Tout le monde confirmera finalement sa présence, à l'exception bien sûr de nos camarades d'outre-ville.

Après-midi consacrée à une activité que je n'avais pas pratiqué depuis des lunes: la glissade ! La neige fraîche et la température étant idéals, nous nous y sommes adonnés pendant de nombreuses heures. J'étais surpris moi-même de voir à quel point je m'amusais. Il y a quelques temps ma réponse automatique à la proposition d'une telle activité aurait été négative. La soeur de Lolita était présente, de même que son mari et ses enfants. Ça me faisait grand plaisir de la revoir, et ce plaisir semblait partagé. D'ailleurs, elle n'a pas pu s'empêcher de passer durant l'après-midi quelques petites remarques du genre, alors qu'elle s'assoyait derrière moi sur le toboggan: "Je vais me tenir après Laqk pour ne pas tomber. Je suis sûre que ça va lui faire plaisir, n'est-ce pas Laqk ?".

À la tombée du jour, nous nous sommes finalement tous retrouvé chez les parents de Lolita. Après un bon bol de vin chaud à la cannelle et au miel, nous avons bien rigolé devant un bon repas bien arrosé. Ma super recette de nouilles chinoises au saumon a d'ailleurs fait fureur. Comme par hasard, j'étais assis juste à côté de la soeur de Lolita. Enfin, ce n'était pas un hasard. Lolita avait pris soin de distribuer les noms autour de la table en essayant d'alterner hommes et femmes, tout en plaçant l'un à côté de l'autre les couples réels, et ceux espérés... Je ne crois cependant pas qu'elle avait une idée derrière la tête en me plaçant à côté de sa soeur. Celle-ci est mariée après tout, ne l'oublions pas...

Tout le reste de la soirée s'est déroulé dans le sous-sol, à danser ou à jouer à des jeux. Certaines personnes, qui avaient d'autres rendez-vous où dont les enfants ne tenaient plus debout, nous ont quitté environ une heure avant minuit. Le reste d'entre nous, sur lesquels la fatigue commençait à faire son oeuvre, se contenta de s'asseoir et de jaser en attendant minuit. La tentation était forte d'ouvrir les bouteilles de mousseux, mais fidèles à la tradition, nous y avons résisté.

Puis, alors qu'il restait une vingtaine de minutes avant minuit, j'eus une idée. Je proposai que chacun d'entre nous, à tour de rôle, nous fasse un bilan de l'année qui se terminait, sur le plan personnel, professionnel, etc. L'idée fut adopté avec enthousiasme par tous. Tellement que nous avons décidé d'en faire une tradition annuelle à l'avenir. Nous y sommes donc allé l'un après l'autre. C'est en faisant le compte-rendu de ma propre année que j'ai réalisé à quel point tant de choses s'étaient passé dans ma vie cette année: un accident, deux crises d'angoisse, l'apparition d'un mal de vivre que je n'avais plus connu depuis des années, mais aussi des pas en avant, la rupture de mon isolement, de nouvelles connaissances, tant virtuelles que réelles, la décision d'affronter des peurs qui m'empoisonnaient l'existence, la création de ce journal...

Comme vous le savez, je me demande beaucoup pourquoi, malgré tous les efforts et le progrès accompli, je ne me sens pas vraiment mieux qu'avant, et que même souvent je me sens encore pire. Et c'est hier soir que j'ai compris quelque chose, encore une fois.

Cette année fut l'année où je me suis attaché au bûcher. Ce simple geste, de même que celui d'y mettre le feu, nécessita pour moi un grand courage. Je suis un phoenix. Cette année, j'ai choisi de me consumer pour mieux renaître de mes cendres. Cette souffrance que j'ai ressenti tout le long de l' année n'est autre que la douleur de ma chair consumée par les flammes. Il ne me reste plus qu'à espérer que cette souffrance tire à sa fin, que la braise commencera à se refroidir bientôt.

Cette nouvelle année qui commence sera celle où j'irai chercher les outils nécessaires pour renaître de mes cendres.

En ce début de siècle et de millénaire, le Phoenix vous souhaite la plus merveilleuse et enrichissante année de toute votre existence. :-)


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