29 juillet 2000

La nuit est si chaude, c'est absolument incroyable.

En ce moment, je crois qu'il n'y a pas un seul de mes muscles qui ne me fasse pas mal. Mais c'est un bon mal. Le genre de mal qui découle d'une journée intense en nature. Les souvenirs qui dansent dans ma tête sont toujours aussi réels qui si j'y était encore. Laissez-moi les partager avec vous.

Aujourd'hui, j'ai décidé de retourner dans un petit paradis de nature que j'avais découvert il y a quelques années. Il était encore plus beau que ce dont je me rappelais. Il s'agit d'une petite rivière qui coule à flanc de montagne. On y accède par un sentier qui mène à un petit pont qui l'enjambe.

Quand je suis arrivé sur place, le soleil brillait. J'ai commencé à remonter la rivière par les rochers, car aucun sentier ne la longe. La pente est quand même assez abrupte, ce qui fait que la randonnée ressemble plus souvent à de l'escalade. Mais à tout moment on rencontre une petite cascade sous laquelle un petit bassin d'eau pure et fraîche invite à la baignade. Partout autour la forêt dévoile sa beauté sauvage, ses odeurs, ses bruits... Après une demi-heure d'ascension on arrive finalement à une façade rocheuse de laquelle coule une merveilleuse petite chute d'eau. La couverture feuillue étant plus ouverte à cet endroit j'en ai profiter pour savourer quelques rayons tout en me laissant bercer par la douce musique de la cascade. J'ai finalement entrepris d'escalader la chute. Peu de gens connaissent l'existence de cette rivière, et la majorité d'entre eux ne vont habituellement pas plus loin que le pied de cette première chute, car celle-ci n'est pas aisée à gravir. Une fois arrivé en haut, je savais donc que j'avais toutes les chances d'y être (et d'y rester) seul. J'en ai donc profiter pour retirer tous mes vêtements, les mettre dans mon sac à dos et placer celui-ci sous une roche à l'abris des regards et des intempéries. J'ai donc continuer ma randonnée, vêtu uniquement de mes espadrilles, me baignant dans chaque cascade, marchant tantôt dans la rivière tantôt sur les rochers, savourant chaque instant de ce merveilleux bien-être, chaque caresse de l'eau et de la brise sur ma peau.

Vers le sommet de la falaise la pente commence à s'adoucir, et la rivière se change en un mince ruisseau, souvent entravé de débris et d'arbres tombés qu'il faut soi enjamber, soi franchir par dessous en glissant dans l'eau. Je jouissais pleinement du plaisir de sauter de rocher en rocher, puis d'enjamber des troncs morts, de nager quelques mètres sous un couvert d'arbustes, de grimper à travers le mince filet d'eau coulant entre deux gros rochers... bref, j'étais au paradis :-)

Encore plus loin le long du ruisseau, celui-ci commence à s'élargir, et on peut sentir l'eau devenir de plus en plus chaude. On rencontre alors une série de plate-formes granitiques, en pente légère, sur lesquelles l'eau coule en un mince rideau. L'endroit rêvé pour faire de la glissade d'eau (ce dont je ne me suis pas privé) car au pied de chacune de ces plates-formes se trouve un bassin d'eau suffisamment profond pour y nager.

Pendant ce temps, un gros nuage gris venait de masquer le soleil, et une chaude pluie d'été commença à tomber, ce qui me laissa totalement indifférent puisque j'étais nu et déjà complètement mouillé.

Lorsqu'on arrive à la fin du trajet, la pente est maintenant pratiquement à l'horizontale, le fond du ruisseau est parsemé de grosses roches rondes sur lesquelles il est aisé de marcher, le ruisseau lui-même s'élargit de plus en plus, la couverture arbustive s'écarte progressivement et on arrive finalement à la décharge d'un magnifique lac de montagne, dans lequel j'ai pataugé de longues minutes avant de commencer à en explorer les berges, ce que je n'avais pas pris le temps de faire la première fois que j'avais découvert ce site il y a quelques années. J'ai d'ailleurs découvert les vestiges d'un ancien camp rustique: quelques bâches de plastique usées par le temps, et les restes d'un ancien feu de camp.

La pluie avait cessé, mais les gros nuages gris étaient toujours là, et quand j'ai entendu les premiers coups de tonnerre, j'ai décidé qu'il était temps de rebrousser chemin. Il faut dire que j'avais les deux pieds dans l'eau, que j'étais l'objet le plus élevé, et que cette situation me stressait un peu. L'orage est finalement passé à côté, et le soleil réapparut timidement à travers un ciel voilé. Le retour se déroula assez bien, même s'il fut plutôt éprouvant pour les muscles, mais je ne ratais pas une occasion de les soulager dans l'eau fraîche chaque fois que je rencontrais un petit bassin bouillonnant. Rien de mieux qu'un bain tourbillon pour détendre les muscles endoloris n'est-ce pas ?

Après avoir récupéré mon sac à dos (que, je dois l'avouer, j'ai eu un peu de difficulté à retrouver tant je l'avais bien caché), je me suis rhabillé pour finir le reste du trajet et retourner à mon véhicule. De toute la journée, je n'ai croisé que deux personnes, deux adolescents qui montaient la rivière alors que j'étais presque redescendu jusqu'au sentier.

Il faut absolument que j'y retourne d'ici la fin de l'été et que je partage cette expérience avec une demoiselle. Telle que je la connais, Lolita tripperait littéralement de découvrir ce petit coin de nature. Malheureusement je suis encore dépendant de Copine pour la voir. En fait je ne l'ai pas revu depuis notre voyage dans les Adirondacks.

Il doit y avoir des centaines, voire des milliers de jeunes femmes vivant dans mon coin et qui adoreraient partager ma passion de la nature et du plein-air, et dont la description d'une journée comme celle-ci ferait littéralement rêver. Ce que je dois faire c'est établir le contact, briser mon isolement...

Je vais me coucher ce soir en revoyant les merveilleuses images de ma journée d'aujourd'hui dans ma tête.

La nature est mon élément, elle est ma vie.


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