12 juin 2000

Vous voulez profiter pleinement du beau temps cet été ? Alors prenez tout vos lundis de congé jusqu'au mois d'octobre...

Je viens de passer une superbe fin de semaine en très bonne compagnie. Je vous raconte.

Départ de chez moi tôt samedi matin en direction de chez ma copine, où je laisse ma voiture car nous prenons la sienne (la mienne ne m'inspire plus confiance...). Arrêt en chemin pour aller prendre notre deuxième passagère et c'est le départ, direction le parc régional des hautes gorges de la rivière Malbaie, où nous arrivons sur l'heure du dîner, pour réaliser avec ravissement que le parc n'est pas encore ouvert et pratiquement vide. Le temps est nuageux, frais et très venteux, mais qu'à cela ne tienne. Nous sommes bien équipés, en bonne compagnie, et bien décidés à avoir du plaisir et à passer une agréable fin de semaine. Après un petit lunch nous nous attaquons à l'ascension du mont Acropole. C'est notre première vrai randonnée de la saison, et je réalise alors que les cours de natation que ma copine a suivis cet hiver ont porté fruit car elle gravit allègrement le sentier abrupte alors que sa copine et moi traînons lamentablement de la patte derrière. À chaque pause que nous faisons durant la montée, nous ne manquons pas d'en profiter pour contempler le magnifique spectacle qui s'offre à nos yeux. Mais c'est une fois rendu au sommet, entouré de ces paysages de lichens et de roches auxquelles quelques buissons d'épinettes, de saules et de thé du labrador s'accrochent à la vie, balayé par le vent, que je réalise pleinement une fois de plus pourquoi j'aime tellement cette nature grandiose. C'est lorsque j'essais d'imaginer que cette vallée devant moi, pas plus grosse qu'une tête d'épingle sur un globe terrestre et pourtant si immense que mon regard ne peut l'embrasser au complet, fut il y a dix mille ans à peine complètement remplie de glace, et que ce concept dépasse même mon imagination qu'on dit pourtant sans limite, que je comprend que malgré sa majestueuse immensité, la nature ne nous fait jamais nous sentir petits et insignifiants à côté d'elle. Au contraire, elle nous prend dans ses bras, comme une mère enlace ses enfants, et à travers son regard nous permet de voir la beauté en chacun de nous qui est un reflet de la sienne. Et ce sont chaque brin d'herbe, chaque feuille de lichen, chaque caillou, chaque cristal de roche, qui se joignent par milliards pour s'étendre jusqu'à l'horizon et former cette immensité qui nous dépasse complètement, cette immensité dont, nous aussi, faisons partie, que nous le réalisions ou non.

Dans la nature, je ne me sens plus insécure, angoissé, marginal, insignifiant. Dans la nature, je me sens beau, immense, grandiose, accepté, aimé...

Dans la nature, je suis chez moi.

Je comptais bien profiter de ce voyage pour faire plus ample connaissance avec la copine de ma copine. Il s'agit de cette femme seule depuis peu dont je vous ai déjà parlé il y a quelques jours. Et je crois bien avoir atteint mon objectif. Déjà, à l'heure du souper, encore enivrés comme nous l'étions par l'expérience spirituelle que nous venions de vivre, l'absence quasi totale de maringouins et un petit verre de porto aidant, l'atmosphère était très détendue entre nous. Bien qu'au début, le plus gros de la conversation s'établissait surtout entre les deux demoiselles, qui sont amies de longue date, j'étais quand même satisfait de mon rôle de spectateur et d'intervenant occasionnel. Je sentais d'ailleurs que la confiance commençait lentement à s'installer entre nous. Dans l'atmosphère feutrée d'un bon feu de camps, la bouteille de porto se vidait lentement, et la conversation glissait vers des sujets de plus en plus... disons... stimulants ;-)

La suite demain soir, promis. Je tombe de sommeil...


[jour précédent] [retour] [jour suivant]