4 mai 2000

Enfin une journée d'été aujourd'hui ! Ma consoeur de travail n'aurait pas pu choisir meilleure journée pour venir au monde.

J'ai passé presque toute la journée sans trop penser à mon état d'âme, ce qui m'a permis de recommencer à jouir de la vie un peu. Plus les jours passent, plus l'angoisse semble s'estomper, plus la brume de mon humeur se dissipe, et plus une constatation semble se dessiner de plus en plus clairement: je n'aime vraiment pas le mode de vie dans lequel je me cantonne depuis des années, et je n'ai absolument pas envie de passer le reste de mes jours ainsi. J'aurais simplement préféré en arriver à cette conclusion par un chemin un peu moins pénible.

Cette fois c'est parti. Les grenouilles s'en donnent à coeur joie ce soir, et quelques outardes qui passeront sans doute la nuit sur le lac laissent échapper quelques gloussements occasionnels. Considérant la température actuelle, il est certain que je vais dormir la fenêtre ouverte cette nuit. Et si ce n'était des risques de précipitations (il tombe quelques gouttes au moment même où j'écris ces lignes), je passerais probablement la nuit sur ma galerie. Les prochaines semaines seront le moment idéal pour cela, avant que les maringouins ne fassent leur apparition et rendent la chose sinon impossible, à tout le moins très désagréable...

J'ai vu un magnifique aigle dans le ciel en revenant du travail tout à l'heure. La nature est vraiment extraordinaire.

Une autre de mes consoeurs de travail nous quitte la semaine prochaine. Elle suit son chum, qui s'en va travailler à San Francisco. Ils sont en couple depuis près de quinze ans.

Quinze ans...

Il m'est absolument impossible de ne serait-ce que commencer à imaginer comment cela peut être de partager une relation aussi longue.

Il y a quelques semaines de cela, alors qu'elle revenait d'un voyage de cinq semaines en Thaïlande avec son chum, elle nous montrait ses photos lors de la pause café. Et moi, qui était à ce moment là dans une de mes pires périodes, la seule chose à laquelle je réussissais à penser était "Comment peut-on faire pour passer autant de temps dans un pays inconnu, entouré d'étrangers du matin au soir, loin de son foyer et de tout ce qui nous est familier, sans éventuellement succomber à l'angoisse et céder à la panique ?"

Et puis une petite voix intérieure m'a aussitôt murmuré "Ils vivent ensemble depuis presque aussi longtemps qu'ils peuvent se rappeler. Partout où se trouve leur conjoint, là est leur foyer."

Ce doit être merveilleux de vivre ce genre de symbiose entre deux êtres. Où alors est-ce moi qui idéalise un genre de relation que je n'ai jamais connu ?

Je suis bien naïf, n'est-ce pas ? Je me fais rire moi-même.


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