6 mai 2000

Que de choses qui se bousculent dans ma tête aujourd'hui...

Les grenouilles sont assourdissantes ce soir. Je les entend même à travers mes fenêtres fermées. Je suis sorti sur la galerie tout à l'heure pour les écouter. Comme je l'espérais, un couple de Huards a élu domicile sur le lac encore cette année. Hier soir, je pouvais entendre le long cri plaintif du mâle. Ou est-ce la femelle ? je ne saurais dire. Comme il faisait soleil ici ce matin, je suis allé pêcher une heure ou deux et j'ai encore une fois entendu son cri derrière moi. En me retournant, j'ai tout juste eu le temps de l'apercevoir avant qu'il disparaisse sous l'eau. Et puis juste avant de descendre de mon canot, un voilier d'une trentaine d'outardes a effectué quelques vols au dessus du lac, avant de finalement décider d'effectuer un arrêt au puit. Je les ai vu lentement perdre de l'altitude avant de se poser en douceur à la surface de l'eau, en lançant leurs petits gloussements de satisfaction.

J'aime la nature. Je n'arrive pas à croire que toutes ces merveilles puissent laisser qui que ce soit indifférent.

Comme le ciel s'est couvert assez rapidement ici et que demeurer chez moi m'aurait moralement obligé à sortir mon balais à gazon, je suis encore une fois aller faire une longue balade en voiture. Comme il se doit, j'ai beaucoup pensé durant ces quelques heures. Mais cette fois, mes pensées étaient un peu plus "normales", dans le sens qu'elles ne m'inspiraient plus angoisse et désespoir. Ce qui ne veut pas dire qu'il s'agissait de pensées agréables. Mais disons que ce fut un soulagement pour moi d'enfin pouvoir souffrir normalement.

Merde. C'est en relisant ce que je viens d'écrire que je réalise pleinement à quel point je suis un beau cas psychiatrique.

Prenez des ingrédients de première qualité, mélangez-les à la perfection en suivant scrupuleusement la recette, faites cuire exactement à la bonne température et dans des conditions idéales et qu'obtenez-vous ? Une recette ratée.

Impossible, me direz-vous.

Et pourtant c'est ainsi que je perçois ma vie. Enfin pas toute ma vie. Seulement environs les quinze dernières années, ce qui est quand même beaucoup trop.

Je suis l'exemple parfait à ne pas suivre. Celui du gars qui avait tout pour lui: parfaite santé, beauté raisonnable, sens de l'humour, joie de vivre, sociabilité, intelligence, imagination, créativité, milieu familial idéal, parents de rêves, ami(e)s sincères et fidèles, environnement riche et stimulant durant sa jeunesse.

Comment diable en suis-je donc arrivé là.

À ceux qui me lisent en ce moment et qui blâment le destin, leurs parents, la société, la malchance, leur conjoint ou toute autre cause pour leur malheur, je répond: foutaise. Ultimement, nous sommes les seuls et uniques responsables de notre malheur... ou de notre bonheur.

Et en ce qui me concerne, merde, j'ai vraiment, mais alors là vraiment fait un beau gâchis.

Il est plus que temps de rectifier la situation.

Mais l'ampleur du travail à accomplir me terrifie.

M'accompagnerez-vous dans ma démarche ?

Je vous aime déjà. Même si je ne connais aucun d'entre vous, même si en ce moment personne ne peut encore lire ces lignes.

Parce qu'au fond de moi, c'est tout ce dont j'ai envie.

Aimer.


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