7 novembre 2000

J'aime les poissons. Pourquoi est-ce que je ne regarde presque jamais mon aquarium ?

J'aime le jazz. Pourtant je ne connais presque rien du jazz et je n'en ai ici que quelques albums que je n'écoute jamais. Pourquoi ?

J'aime les odeurs, les parfums, les fragrances. Pourquoi n'ai-je chez moi aucune chandelle parfumée, aucun encens, aucun pot-pourri ?

J'aime les éclairages doux, diffus, indirects, chauds et tamisés. Pourquoi un plafonnier en verre fumé avec une ampoule de cent watts est-il la seule source d'éclairage dans mon boudoir ?

J'aime le feu. Pourquoi n'ai-je jamais utilisé une seule fois mon poêle à combustion lente en huit ans ?

J'aime m'éclairer aux chandelles. Pourquoi n'ai-je aucun chandelier dans la maison ?

J'aime les chats. Pourquoi n'en ai-je aucun ?

J'aime faire de nouvelles rencontres. Pourquoi puis-je compter sur les doigts d'une main celles que j'ai faites depuis les dix dernières années ?

J'aime les femmes. Pourquoi en ai-je si peu dans ma vie, et pourquoi vois-je si peu souvent celles que j'ai ?

J'aime le sexe. Pourquoi suis-je presque complètement abstinent depuis plus de douze ans ?

Voilà quelques unes des nombreuses questions que je me pose depuis mon retour de ma fin de semaine à Montréal. Ce sont de saines interrogations. Quelque chose me dit qu'au bout de leurs réponses se trouve la clé de mon bonheur.

Cette fin de semaine en fut une de révélation, de découverte, d'éveil de souvenirs endormis.

J'ai compris que j'aimais la vie. J'ai découvert, ou plutôt redécouvert, comment je voulais la vivre.

Je me sens jeune. Je me sens beau. Je me sens bien.

J'ai passé la fin de semaine entouré de chandelles, de bon vin, d'encens, de douce musique, de chats et de femmes.

Je suis un homme comblé.

J'aime ce que j'étais cette fin de semaine. J'aime ce que je suis en train de devenir. Je déambulais dans les rues d'une ville que je déteste, sans ressentir de haine. Je marchais sans peur parmi la faune hétéroclite de cette jungle urbaine. Je mangeais dans des petits cafés, profitant de la compagnie, sans me préoccuper des étrangers qui m'entouraient. Je magasinais avec mes amies, activité que je déteste d'habitude, en n'en ressentant qu'un léger inconvénient.

Dès que j'ai pris la route, après être allé chercher Copine et une autre amie qui nous accompagnera dans le sud, je me sentais déjà bien. Je sentais déjà que de partir ainsi, en bonne compagnie, pour une fin de semaine, était ce que je désirais faire. Je redécouvrais le plaisir de vivre une expérience dont je me prive depuis trop longtemps.

Ce fut tout aussi agréable une fois sur place. Ce fut un immense plaisir de retrouver Lolita. Nous passâmes la première soirée à boire du porto et à parler de sexe pendant des heures, en compagnie d'une de ses colocs que je n'avais eu l'occasion de rencontrer qu'une seule fois auparavant, peu après mon accident. Charmante demoiselle, vraiment charmante. Nous avons d'ailleurs jasé la nuit suivante jusqu'à deux heures du matin, juste elle et moi. Elle a semblé littéralement estomaquée de voir son chat, qui m'observait depuis un moment, se lever soudainement et venir se coucher en ronronnant sur mes genoux. Elle m'a juré qu'elle ne l'avait jamais vu faire une chose pareille avec un étranger. Mais moi, je ne fut guerre surpris par ce comportement. Ce n'est pas la première fois que j'ai cet effet sur les chats. J'aime les chats, et ils m'aiment.

L'un des plus beaux moments de ma fin de semaine fut mon déjeuner avec Lolita dimanche matin. Nous étions seuls car Copine était partie à une conférence à laquelle elle désirait assister, et notre autre amie rattrapait le sommeil dont une mauvaise toux l'avait privé la nuit précédente. Je n'essaierai même pas de décrire cet instant que nous avons partagé. Ce genre d'échange et de complicité transcende les mots. Lolita est dotée d'une grande spiritualité. Elle dégage tellement de bonheur, de joie de vivre, de bien-être. Elle pourrait facilement être un mentor pour moi.

Dissipons ici tout doute. Il ne s'est rien passé (sur le plan affectif et/ou sexuel) entre Lolita et moi. Pour être franc, le genre d'échange que nous avons eu était d'un tout autre ordre. Je ne dis pas qu'il ne se passera jamais rien. Mais nous n'en sommes pas là pour l'instant.

Et puis deux autres personnes se joindront à nous pour notre voyage dans le sud cet hiver: les deux colocs de Lolita. Je partirai donc en voyage, le seul homme en compagnie de cinq femmes. Que demander de plus ?

Bref, l'avenir me sourit. Il y a quelques années, mon attitude aurait été toute différente. Je me serais méfié, j'aurais senti le piège, j'aurais attendu le pot après les fleurs. Mais pas cette fois. L'avenir est ce qu'on en fait. La vie est ce qu'on en fait. Les huit dernières années furent un enfer, parce que j'ai choisi d'en faire un enfer.

Bon sang, je m'étais coupé de tant de choses, de tant de choses...

Je vous ai déjà parlé d'une demoiselle au bureau qui m'a récemment inspiré quelques fantasmes ? J'ai encore passé une partie de l'après-midi avec elle. Elle apprécie sincèrement ma compagnie, et vice-versa. Tant de possibilités...

L'avenir n'est plus sombre. Il n'est plus vide. Il est ce que je choisirai d'en faire.

J'aurais pu écrire hier. Je ne l'ai pas fait, j'ai trop attendu. Je tombais de sommeil. Je me doutais bien que plusieurs d'entre vous attendaient avec impatience le récit de ma fin de semaine. Il y a six mois, je n'aurais pas pu imaginer à quel point je m'attacherais à vous, mes lecteurs et lectrices. Je n'écris pas que pour moi. J'écris pour vous aussi. Votre présence m'est précieuse. Et je suis heureux d'enfin pouvoir partager avec vous un petit bonheur, aussi furtif soit-il.

Bonne nuit :-)


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