20 septembre 2000

La journée d'aujourd'hui fut une copie conforme de celle d'hier, incluant le splendide couché de soleil.

Cette fois je l'ai fait ! J'ai fait une saucette dans le lac en arrivant du travail. Quelques canards me regardaient avec un mélange de curiosité et de méfiance. Je me demande quand ils vont partir pour le sud. Je sais que certains d'entre eux vont choisir de passer l'hiver ici. L'un de mes voisins les nourrit et leur a construit une petite cabane en bois dans laquelle il a placé une ampoule électrique qu'il laisse allumée tout l'hiver, pour les garder au chaud. Apparemment, cela suffit aux plus paresseux pour canceller leurs projets de voyage.

L'eau était un peu plus chaude qu'hier, alors j'ai nagé quelques minutes, jusqu'à ce que je commence à sentir des engourdissements au bout des membres...

Quatre membres. Pas d'idées croches s'il vous plait.

J'ai également vu quelque chose qui m'a énormément surpris. Dans ma cour, quelques plants de fraisiers étaient en fleur ! Je vous le jure ! Pas mêlées rien qu'un peu les petites plantes ?!

La nuit est encore chaude. Les grillons en profitent pour chanter à coeur joie, comme s'ils savaient que la saison tire à sa fin. Pourquoi ne dormirais-je pas sur la galerie cette nuit ? Je vais y réfléchir.

Je néglige vraiment mon courrier. Il y a des personnes qui m'ont écrit depuis plus de deux semaines et à qui je n'ai pas encore répondu. Pas surprenant que je reçoive si peu de courrier, si je fais montre d'indifférence envers ceux et celles qui me font le plaisir de me dire qu'ils existent. C'est pourtant une des principales raisons pour lesquelles je tiens ce journal: faire des contacts, rejoindre des personnes que mes écrits touchent, sortir de mon isolement. Une autre des nombreuses contradictions qui façonnent mon être.

Vous ne trouvez pas que mes propos sont plutôt décousus ce soir ?

Vous savez ce dont j'ai le plus envie ces temps-ci ? Comprendre. Braquer une immense lampe de poche sur mon cerveau et tout voir. Je suis de ceux qui se sentiraient soulagés d'apprendre qu'ils souffrent d'un cancer en phase terminale, car ainsi l'incertitude serait levée.

Rien ne me cause plus d'angoisse que l'incertitude, que ne pas savoir ce que j'ai, ce qui m'arrive, ce dont je souffre. Et cette angoisse constitue certainement la majeure partie de mon malaise. Je commence à mieux la gérer depuis quelques jours. Je me dis que peu importe ce que j'ai, ça ne me tuera pas et je me sais capable de passer au travers. Je crois en moi, en mes capacités, en ce que je peux accomplir.

J'ai contacté Copine et Lolita pour partir en escapade cette fin de semaine. Je leur ai proposé une destination. Copine semblait indécise et Lolita ne m'a pas encore retourné mon courriel. J'espère recevoir une réponse affirmative, mais je ne me fais pas d'illusion.


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