1 février 2001

Quand je lis certains diaristes je me trouve nul. Pas que je compare ma vie à la leur ou quelque chose du genre. Je parle de leur style littéraire, de la qualité de leur plume, de l'étendue de leur vocabulaire, de la facilité avec laquelle ils semblent mettre en mots leurs idées et leurs émotions.

En fait, je me trouve tellement nul que je n'ose même pas leur envoyer un petit mot, même si j'en ai très envie, de peur qu'ils lisent mon site, le trouvent nul eux aussi, et lèvent le nez dessus avec dédain.

S'ils m'écrivent en premier, je me dis qu'ils ne doivent pas me trouver si nul que ça, alors le stress s'envole et je leur répond avec plaisir, quitte à établir plus tard avec eux une correspondance, et plus si affinités (comme dans les courriers du coeur des journaux... hi hi hi).  Mais s'ils ne me contactent pas les premiers, je risque fort de rester muet. À tout jamais.

J'étais comme ça aussi avec les filles dans mon jeune temps (merde ! je parle comme un vieux !). Si je voyais une fille que je trouvais très belle, je n'allais jamais la voir car je me disais qu'elle allait me trouver nul, parce que ce genre de fille pouvait sûrement avoir n'importe quel gars. Donc pourquoi se serait-elle contentée d'un nul comme moi ?

Durant toute mon adolescence je me trouvais nul physiquement.

Quand j'ai commencé ma vie de jeune adulte j'ai arrêté d'accorder autant d'importance à mon apparence physique, surtout quand j'ai commencé à réaliser qu'après tout, je n'étais peut-être pas si nul que ça. La nudité en public m'a beaucoup aidé en ce sens.

C'est sur le plan mental que j'ai commencé à me trouver nul. Si je voyais une fille qui me paraissait avoir une belle personnalité, je n'allais jamais la voir car je me disais qu'elle allait me trouver nul à l'instant où je m'ouvrirais la trappe. Et ça a duré pendant des années, jusqu'à très récemment. Je commence à peine à accepter l'idée que je n'ai peut-être pas une personnalité si nulle que ça après tout. La nudité de l'âme (i.e. ce journal, entre autres) m'a beaucoup aidé en ce sens.

Maintenant, c'est littérairement que je me trouve nul.

En fait, je me trouve nul dans tous les domaines artistiques. Écrits, peinture, musique, photographie...

On dirait bien qu'il faut toujours que je me trouve nul dans quelque chose.

Excès d'humilité ? Peur d'attraper la grosse tête ? Peur des responsabilités que l'absence de nullité apporte ?

Les gens ont beaucoup d'attentes envers nous lorsqu'on est beau, intelligent, bourré de talent. Et on se sent presque viscéralement obligé d'être à la hauteur de ces attentes.

Mais quand on est nul, personne ne nous demande rien, personne ne s'étonne de nos déboires, de nos échecs. C'est normal: on est nul. Et quand on échoue sur le plan amoureux, social, professionnel, artistique, on a toujours la meilleure excuse du monde: on est nul.

Les nuls n'ont aucune angoisse, aucun stress. Les nuls peuvent rater leur vie sans problème et sans se sentir coupable parce que ce n'est pas leur faute, ils sont nuls !

Les nuls sont heureux.

Je ne suis pas nul.

Fin de la petite dissertation de Laqk sur la nullité.


Je suis frustré ! Frustré, déçu et blessé.

Lorsque j'étais avec Copine et Lolita au chalet de cette dernière au début de l'année, j'ai parlé d'un souper de célibataires que moi et un ami avions organisé il y a plusieurs années de cela le jour de la Saint-Valentin. Nous avions contacté les ami(e)s célibataires que nous avions à l'époque et leur avions suggéré d'inviter tous les ami(e)s célibataires qu'ils connaissaient. Le but n'était pas d'organiser un souper rencontre mais bien de fournir à tous une occasion de passer cette soirée, traditionnellement consacrée aux couples, en bonne compagnie et d'avoir du plaisir. Ce fut un grand succès. Nous avons réussi à réunir trente personnes dans un restaurant et tout le monde s'est beaucoup amusé. Comme bonus, deux couples se sont formés durant cette soirée, même si ce n'était pas le but premier de l'exercice.

Copine et Lolita furent absolument séduites par l'idée, et nous décidâmes alors de répéter l'exercice cette année, samedi le 10 février.

Nous n'en avons pas trop reparlé durant les semaines suivantes, trop préoccupés que nous étions par notre voyage. Mais au retour, l'idée a refait surface. Selon moi, Lolita s'est approprié l'idée et en a changé la formule d'une façon qui ne me plaisait pas vraiment. Chaque membre de notre groupe devait maintenant absolument inviter un homme et une femme, les gens porteraient des épinglettes avec leur nom inscrit dessus, devraient s'asseoir selon un ordre prédéfini, et quelques autres détails du genre qui m'agaçaient un peu (qui m'agaçaient royalement en fait). J'ai eu beau exprimer quelques objections, mais sans l'appui de Copine, qui ne disait mot, je n'eu d'autre choix que de baisser l'échine.

J'y ai beaucoup repensé ces derniers jours, et une récente conversation avec Copine, qui semblait finalement partager certaines de mes objections, me décida d'écrire à Lolita hier pour lui annoncer que, vu la tournure que la formule avait prise, je préférais ne pas participer à ce souper, et qu'elle pouvait m'appeler si elle voulait qu'on en discute. Je dois l'admettre, mon but inavoué était de la faire réagir. Bien sûr, je ne m'attendais absolument pas à ce qu'elle m'appelle pour me supplier à genou de reconsidérer, mais j'aurais cru que ma décision provoquerait chez elle une certaine réaction, surtout que j'expliquais clairement les raisons de mon désistement dans ma missive.

Cet après-midi, elle m'a répondu. Pour résumer les choses simplement, elle dit dans son message être désolée de ma décision, mais que c'est mon choix et qu'elle n'y peut rien, et que vu les circonstances elle va s'occuper elle-même de la réservation au resto.

Voilà. Tout simplement. L'instigateur du projet est sommairement écarté du dossier. Merci pour l'idée, maintenant on n'a plus besoin de toi, et amuses-toi bien quand même samedi prochain...

Je voulais monter à Montréal en fin de semaine, juste pour les voir elle et Nikita, simplement parce que je m'ennuyais d'elles. Je crois bien que je vais rester ici finalement. C'est du moins comme ça que je me sens présentement.

Est-ce moi qui suis trop susceptible parce que je trouve l'attitude de Lolita complètement ingrate et sans coeur ? Reste à annoncer la bonne(!) nouvelle à Copine maintenant.

Il semblerait que je vais passer cette Saint-Valentin seul finalement cette année.


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