15 janvier 2001

Le retour au travail fut beaucoup moins pénible que prévu aujourd'hui, probablement parce que dans les faits, je n'ai pas arrêté de conter mon voyage à qui voulait bien l'entendre. Mon corps était ici, mais ma tête et mon coeur étaient encore à Cayo Largo...

Toute la journée d'hier, je me suis demandé de façon sporadique quelle formule j'allais adopter pour vous raconter mon voyage, pour vous faire partager l'expérience extraordinaire, enivrante, magnifique que je viens de vivre.

Je viens de faire rien de moins que le plus beau voyage de ma vie !

Chacun des huit jour que j'ai passé complètement ou partiellement là-bas fut marqué par au moins un moment magique, une expérience presque spirituelle...

Avant de commencer, je tiens à dire à tout ceux et celles qui attendent un courriel de ma part que je n'aurai probablement pas le temps de vous écrire ce soir, ayant choisi de consacrer presque exclusivement cette soirée au récit de mon voyage, mais je vous jure que je ne vous ai pas oublié, que je pense à vous et que vous recevrez un petit message de moi très bientôt.

D'abord pour les généralités. Je reviens d'un voyage d'une semaine sur une petite île dans la mer des caraïbes, appartenant à Cuba, appelée Cayo Largo. Si le paradis terrestre n'existe plus, cette île est sûrement ce qui s'en rapproche le plus. Elle est exclusivement dédié au tourisme. Il n'y a donc aucun résident sur l'île, autre que les employés des hôtels et services qui logent dans un petit village durant vingt jours, et retournent à Cuba dans leur foyer pour le reste du mois. Il y a huit hôtels sur l'île, dont sept appartiennent à la chaîne Grand Caribe Resort. C'est une formule tout compris: avion, hôtel, nourriture, boisson, certaines activités, et transport en commun sur l'île pour voyager entre les différents hôtels et entre le complexe hôtelier et le village, la marina, la discothèque et l'aéroport où les grands porteurs peuvent se poser directement sans passer par Cuba. Lorsqu'on fait affaire avec Grand Caribe Resort, on ne sait pas d'avance dans quel hôtel on sera logé. Cependant, nous avions une préférence pour le Caprichio, car ses résidents y pratiquent traditionnellement le nudisme depuis des années. Nous avons donc demandé à notre agent de voyage de faire de gros efforts pour nous y loger.

Départ pour Montréal en début d'après-midi dans la mini-fourgonnette de Lolita. Nous serons six à partir: Copine et Lolita, que vous connaissez déjà, Salma, une amie d'enfance de Lolita, ses deux colocataires de Montréal: Nikita et CaroLargo, et moi-même. Seule Salma se rendra à Mirabel par ses propres moyens. Seule personne du groupe qui a un conjoint: Nikita. Il ne nous accompagne pas car les arrangements pour le voyage ont été fait avant qu'ils ne se rencontrent. En fait, ils se sont rencontrés le jour de ma fête... cruelle ironie. Vous comprendrez plus loin.

Nous sommes donc cinq à partir vers la grande ville. L'excitation est à son comble. On ne tiens plus en place. Nous passons la nuit à l'appartement de Lolita, Nikita et CaroLargo. Lever du corps à 4h du matin pour prendre la route de Mirabel où notre vol nous attend. On rejoint Salma, formalités d'enregistrement puis embarquement. Nous partons avec une heure de retard car il a fallu faire dégivrer l'avion. Le pilote nous informe que nous devrons faire une escale à Nassau au Bahamas pour faire le plein, le poids supplémentaire du dégivrant sur les ailes augmentant la consommation d'essence.

Nikita et moi sommes resté assis l'un à côté de l'autre tout le long du voyage, nous échangeant à l'occasion le siège de la fenêtre. Il y a longtemps que je cherchais une opportunité de vraiment faire sa connaissance, l'ayant vu pour la première fois au party d'anniversaire de Lolita, peu après mon accident. Une belle complicité s'est vite développée entre nous. Nous riions, nous avions du plaisir, nous semblions partager les mêmes goûts, les mêmes intérêts. Avec l'effritement de la gêne, son fort caractère commençait à transparaître, ce qui me séduisait encore plus. Après quatre heure de vol, la proximité l'un de l'autre ne nous dérangeait plus. Les compliments, les petits mots doux et les phrases à double sens fusaient de part et d'autre. Les autres semblaient d'ailleurs plutôt amusés par notre petit manège.

Mais elle avait un conjoint, et s'en disait très amoureuse. Alors je ne me faisais pas d'illusion. Peut-être était-ce pour cela que j'étais si détendu avec elle. En fait, j'étais à mon meilleur. Je l'ai réalisé beaucoup plus tard cependant.

Dès notre sorti de l'aéroport, les bonnes nouvelles commencent. Notre représentante de Grand Caribe Resort nous attend et nous remet nos cartes de réservations pour les hôtels. Nous serons logés au... Caprichio ! Hourra ! C'est dans la joie et l'allégresse que nous nous imprégnions de cette nouvelle ambiance de chaleur et de salsa alors que le chauffeur d'autobus qui nous amène à notre hôtel nous chante des chansons traditionnelles cubaines en s'accompagnant lui-même à la guitare... tout en conduisant l'autobus ! Autre pays, autre meurs, définitivement...

Arrivés sur place, nous prenons possession des trois petits chalets, côte à côte, où nous logerons pour les sept prochains jours, deux par chambre. Et puis, assez perdu de temps ! Vamos a la playah !

C'est avec un plaisir indescriptible que nous avons plongé dans les flots turquoises et déchaînés de la mer des Caraïbes, pour jouer dans les vagues et nous rouler dans le sable fin et doux pendant les heures qui nous séparaient du coucher du soleil. Pendant tout ce temps je me pinçais pour me convaincre que je ne rêvais pas ! Je n'avais plus eu autant de plaisir depuis mon voyage en Floride avec Lola il y a plus de huit ans. Mes vêtements prirent le bord immédiatement dès mon arrivée sur la plage. Quelques minutes plus tard, se furent les hauts de bikini de Copine, Lolita et Salma qui suivirent.

Nous n'arrivions pas à y croire. Nous y étions vraiment. Toute cette attente était enfin récompensée. Et ça ne faisait que commencer...

Après avoir passé les premières heures de la soirée à explorer notre nouvel environnement et à savourer quelques délicieux Pina Colladas sur la terrasse du restaurant, nous nous installons à une table intérieure pour souper et jaser de choses et d'autres. Ceux (je devrais plutôt dire celui) et celles qui se connaissent moins en profitent pour faire connaissance. Au fur et à mesure que la soirée avance, la fatigue et le stress de la journée commencent à avoir raison de nous, les uns après les autres. À la fin, il ne reste plus que Nikita, CaroLargo et moi, qui continuons à jaser en savourant les dernières gouttes de nos verres de vin qui nous grisent peut-être déjà un peu trop. Plus je parle avec Nikita, plus je découvre une femme charmante, intelligente, sensible, aimant la vie, et délicieusement ravissante. Nous décidons finalement de lever les pattes nous aussi. Mais la conversation est si intense, le feeling si bon, que les filles m'invitent à leur chalet pour continuer cet échange. L'atmosphère devient plus intime, les mots plus révélateurs, les confidences plus faciles. Je suis si bien avec elles, je suis tellement heureux de les connaître, elles sont si extraordinaires. Je leur demande de rester à coucher avec elles, pour continuer à jaser jusqu'à ce que le sommeil aie finalement raison de nous. Nikita m'invite à partager son lit, à condition que je ne dorme pas nu. J'accepte.

Nous décidons finalement de nous souhaiter bonne nuit. Le silence se fait, les minutes passent.

J'entend la respiration de Nikita à côté de moi, douce et régulière. Même si nos corps ne se touchent pas, je sens quand même sa chaleur qui irradie sur ma peau. Je sens chacun de ses mouvements sur le matelas. Mes yeux ne se ferment pas. Je regarde le plafond. Après une heure, j'en arrive à l'inévitable conclusion: je ne dormirai pas cette nuit.

Je tourne mon regard vers elle. Je vois son visage dans la pénombre, son doux visage d'ange.

J'écarte les draps, je ramasse mes affaires, j'ouvre la porte. J'entend une petite voix endormie qui murmure derrière moi:

- Tu t'en vas ?

Je ne me retourne pas. Je reste immobile, la poignée dans la main, les yeux fermés. Je suis figé.

- Oui...

Je sors en fermant la porte derrière moi...

Fin de la première journée. Ça promet...

La suite demain.


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