18 janvier 2001

Bon ! Je dois donner un grand coup si je veux finir de raconter mon voyage sinon je vais traîner ça pendant encore des semaines !

Mardi: Journée farniente. Nous décidons de passer tout l'avant-midi sur la partie de plage plus à l'écart, à l'est de notre hôtel. Il fait un temps magnifique, très peu de vent. Les vagues sont beaucoup moins fortes que la veille. Nikita apprécie car cela lui permet de pratiquer sa nage papillon. Après le dîner, elle et Copine décident d'aller faire de l'apnée dans les récifs de corail en face de l'hôtel Lindamar. Les autres filles et moi-même retournons à la plage au même endroit qu'en avant-midi. Alors que Salma et CaroLargo jouent dans les vagues. Lolita retire à nouveau son maillot, et je lui offre de prendre une marche le long de la plage. Elle accepte. C'est alors que je vis un autre moment magique de ce voyage, la réalisation d'un rêve que je chéris depuis longtemps. Nous marchons ainsi côte à côte, nus, sur la plage de sable blond, nos pieds chatouillées à l'occasion par les vagues venant mourir sur le rivage, nos corps caressés par la douce brise du large et par les chauds rayons du soleil des tropiques. Nous marchons ainsi pendant au moins deux heures, tantôt silencieux, tantôt engagés dans des conversations qui nous rapprochent. Je peux clairement voir dans les yeux de Lolita de même que dans l'expression de son visage qu'elle jouie pleinement de cette expérience toute nouvelle pour elle. Et moi, je jouis pleinement de pouvoir enfin partager ce plaisir avec quelqu'un qui en retire autant de satisfaction que moi. Quand nous décidons de rebrousser chemin, le soleil, déjà bas sur l'horizon, se réfléchi sur la mer et nous éblouit. Nous revenons tantôt à pied, tantôt à la nage dans notre immense piscine turquoise qui nous suit où que nous allions. Nos corps nus goûtent bon le sel de mer, et nos âmes vivent l'extase la plus totale.

Nous rejoignons finalement Salma et CaroLargo, qui ne semblent pas s'être ennuyées durant notre absence. Encore quelques minutes à profiter des rayons du soleil étendus sur le sable chaud, puis il est temps de nous rhabiller et de retourner à nos chalets pour nous préparer à aller souper.

Nous nous retrouvons tous au restaurant italien de l'hôtel Coral pour savourer une délicieuse pizza. Comme d'habitude, l'alcool coule à flot, et nos verres de vin sont toujours pleins. Peut-être est-ce à cause que les filles ont pris un ou deux verres de plus que moi au bar avant le souper, mais je commence à décrocher. Après un certain temps, elles ne me font plus rire, elles me font plutôt un peu honte. Quoi qu'il en soit je n'en fait pas trop de cas. Lorsque nous partons finalement du restaurant pour aller voir le spectacle à l'hôtel Iguana, c'est là que je décroche. Je souhaite bonne nuit aux demoiselles, et prend la direction de mon chalet. Surprises, elles me demandent pourquoi je les quitte, mais devant ma détermination à aller me coucher elles me souhaitent finalement bonne nuit.

Une fois couché dans mon lit, les yeux fermés, je considérais que ma journée était terminée. Je me ferais probablement réveiller durant la nuit par Copine lorsqu'elle rentrerait se coucher, je me rendormirais, et ce serait dodo jusqu'au lendemain.

Jamais je n'aurais pu me douter de ce qui allait arriver.

On cogne à ma porte...

C'est CaroLargo.

Elle m'annonce qu'elle va se coucher dans son chalet pour attendre son jeune serveur cubain, qu'elle a rencontré le soir de notre arrivé sur l'île, et qui doit la rejoindre à sa chambre pour une nuit torride... Mais elle tient à me signaler que le reste des filles sont en train de faire un bain de minuit dans la mer sous la lumière de la pleine lune. L'idée me plait, je m'enroule une serviette de plage autour de la taille et courre les rejoindre. Quand j'arrive elles sortent de l'eau, mais je fais quand même ma saucette. Je ne peux que constater qu'elles sont complètement saoules, ayant encore ingurgité plusieurs consommations à l'Iguana. Salma, en particulier, trébuche dans les escaliers et passe bien prêt de se fracasser la tête sur les rochers. Copine, la plus lucide, prend la direction de notre chalet pour aller se coucher. Nikita, ne pouvant aller dans le sien pour des raisons évidentes, accompagne Lolita et Salma dans le leur. Je décide de me joindre à elles encore quelque temps avant de retourner me coucher. Alors que Lolita reste dans le chalet, Nikita, Salma et moi nous retrouvons étendus tous les trois dans le hamac, à discuter, à blaguer, et de toute évidence à garder tout nos voisins très réveillés. Soudain, on entend la petite voix de Lolita qui appelle Salma. Celle-ci se lève et rentre dans le chalet. Nikita et moi restons donc seuls dans le hamac à parler, collés l'un contre l'autre, mon bras autour de ses épaules.

C'est alors que le silence se fait. Plus personne ne parle. Elle me regarde, esquisse un sourire... prends ma nuque dans sa main, tire ma tête vers elle... et m'embrasse passionnément.

Surpris, je lui rend maladroitement son baiser. Nos visages se séparent, elle me regarde tendrement dans les yeux.

Je suis bouche bée. Je ne m'attendais vraiment pas à cela.

Finalement, Nikita brise le silence en lançant timidement:

- Peut-être devrions nous ne pas aller plus loin...

J'acquiesce.

Nikita a un conjoint. Avais-je oublié de le mentionner ? Elle était la seule de notre groupe avec un conjoint.

Naturellement. Il a fallu que je craque pour elle.

Nous continuons à parler un peu dans le hamac.

Puis, sans avertissement, elle m'embrasse à nouveau...

Je ne sais plus que faire. Je sais que c'est l'alcool qui la fait agir ainsi. Mais ses lèvres sont si délicieuses, son corps si chaud, sa peau si douce... mon coeur palpite, mon ventre gargouille, ma langue se mêle à la sienne... c'est si bon...

Une voix met fin à notre étreinte. Salma se tient dans le cadre de la porte. Elle lance d'une petite voix inquiète:

- Lolita va être malade...

Retour à la réalité. Nous rentrons dans le chalet pour constater en effet que Lolita a des haut-le-coeur. Nous aidons alors Salma à la conduire à la salle de bain, où elle se met à vomir allègrement.

Voilà qui jette un froid sur notre ambiance de fête...

Notre présence étant désormais inutile, Salma nous remercie de notre aide et choisit de rester avec Lolita. Ne pouvant rien faire de plus, nous retournons à la chambre où nous nous étendons sur un lit, l'un à côté de l'autre, en continuant à discuter.

Puis, Nikita me tire vers elle et m'embrasse à nouveau. Je ne sais plus que faire, je m'abandonne à cette douce étreinte. Nous nous embrassons ainsi de longues minutes avant de nous séparer à nouveau. C'est alors qu'elle me lance:

- Pourquoi es-tu attiré par moi ? Tu sais que je ne suis pas une bonne fille pour toi. Et en plus j'ai un chum et je l'aime, je ne devrais pas être en train de faire ce que je fais là, ce n'est vraiment pas une bonne idée...

- En effet, lui réponds-je, ce n'est pas une bonne idée.

Puis elle m'embrasse à nouveau...

Cette fois, je ne sais plus que faire, je suis totalement confus.

Elle me dit alors:

- Si tu veux, on peut juste dormir ensemble et s'embrasser toute la nuit...

Je ne répond pas. Je ne fais que la regarder. Elle est si belle, si délicieuse, si désirable... il y a si longtemps que je n'ai pas étreint une femme, c'est si tentant.. juste s'embrasser, qu'y a-t-il de mal à cela ?

Et elle ajoute:

- Mais si tu me le demandes, j'irai aussi loin que tu voudras...

C'est est trop. Je craque. Le conflit est trop grand. Conflit entre mon désir pour elle, et mon désir d'intégrité. Je sais que c'est l'alcool qui parle. Je sais qu'elle ne pense pas vraiment ce qu'elle me dit, que s'il se passe quelque chose entre nous, nous le regretterons amèrement le lendemain. L'émotion est trop forte. Je me redresse, je la repousse. J'ai le noeud dans la gorge, les larmes aux yeux...

Surprise et mal à l'aise, elle me prend par les épaules, me demande ce qu'il y a.

- Je crois que ce serait une bonne idée si je m'en allais maintenant, dis-je timidement.

Silence.

- Oui, en effet, répond-elle finalement.

Je me lève. Je quitte la chambre. Je ferme la porte. Alors que je m'éloigne de son chalet, je l'entend à quelques reprises crier mon nom, pour que je revienne. Je ferme les yeux, je serre les dents.

En rentrant dans mon chalet, je fais le moins de bruit possible pour ne pas réveiller Copine. Mais dans le fond, je sais qu'elle ne dort pas. Comment aurait-elle pu avec tout le bruit que nous faisions juste à côté ? Finalement étendu dans mon lit, sous mes draps chauds, je commence enfin à me détendre. Je prie pour trouver le sommeil au plus vite, pour que cette tourmente prenne fin.

On cogne à la porte...

Mon coeur palpite...

Je me lève, je vais répondre.

C'est elle.

Elle se tient debout, elle me regarde, elle me sourit. Elle est belle.

Merde.

Je ferme la porte derrière moi pour ne pas déranger Copine, alors que Nikita s'étend doucement dans le hamac. Cette fois je dois être ferme. Je vais lui dire que tout cela est une très mauvaise idée, lui dire de retourner au chalet de Salma et Lolita, je vais l'y reconduire moi-même s'il le faut.

- Laqk ? murmure-t-elle timidement.

- Oui ?

- Je crois que je vais être malade...

Pour une douche froide, c'est toute une douche froide...

Nous rentrons tellement en trombe dans le chalet que Copine sursaute dans son lit. J'ai à peine le temps de la conduire à la salle de bain qu'elle commence à se vider les entrailles. Je passerai ainsi l'heure qui suivra à la transporter entre le lit et la salle de bain, à ramasser son vomit sur le plancher, sur le couvre-lit, à tenir la poubelle sous sa tête et ses cheveux derrière sa nuque, à lui caresser le visage et la tête pour l'apaiser alors qu'elle délirait, et à me sentir coupable d'imposer tout cela à Copine qui ne peut pas vraiment dormir dans ces conditions. Moi qui ne me considère pourtant pas comme quelqu'un de très pieu, je me suis même surpris à prier Dieu de lui venir en aide alors qu'elle souffrait de violentes crampes d'estomac en gémissant de douleur, tant j'avais mal de la voir souffrir ainsi.

Après avoir vomi une dernière fois, elle commença finalement à se calmer. Sa respiration devint plus régulière, alors que je retenais la mienne.

Puis, finalement, elle se mit à ronfler. Elle s'était endormie. Le pire était passé.

"Merci mon Dieu", me dis-je intérieurement.

Salma cogna à notre porte. Elle venait prendre des nouvelles de Nikita. J'en profitai pour aller voir comment allait Lolita. Celle-ci était étendue dans son lit, pâle, à peine consciente. Elle aussi avait été très malade, Salma en avait eu plein les bras. Rassuré que tout allait pour le mieux, je retournai à mon chalet. Copine me fit une petite place à côté d'elle et nous trouvâmes bientôt le sommeil nous aussi, complètement épuisés.

Fin de la troisième journée. Encore quatre à venir. Ouch.


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