11 mars 2001

J'ai la larme à l'oeil ce matin. La gorge nouée. J'ai juste envie de pleurer. Mais je n'ai pas envie de faire pitié, merde !

Pourquoi est-ce que je me sens ainsi ? Pas pour une raison en particulier. Plus un ensemble de choses. Les émotions des derniers jours sans doute, ajoutées à l'effet de la pleine lune.

J'ai pourtant passé une excellente soirée hier, chez des amis, à rire, à boire, et à jouer à des jeux. Et bien sûr aussi, à marcher sur des oeufs avec Lolita, à essayer subtilement de lui exprimer mon désir pour elle sans l'effaroucher, sans lui faire croire que je recherche une relation amoureuse avec elle, ce qui n'est pas le cas. C'est délicat ce genre de situation, très délicat. Et comme vous le savez maintenant, la délicatesse n'est pas mon point fort.

Peut-être sont-ce tous ces mots tellement touchant que je reçois d'anciennes et de nouvelles lectrices (et aussi de quelques lecteurs, oui oui !) depuis quelques jours. Qu'ai-je donc fait de bien et de mal pour mériter à la fois tant de gentillesse et de compassion de la part de parfaits inconnus, et tant d'indifférence de la part de gens que je côtoie tous les jours et pour lesquels j'aimerais tellement compter plus ? Parmi mes nouvelles lectrices des derniers jours, il y en a quelques unes, elles aussi diaristes, qui écrivent des choses tellement belles, tellement touchantes, tellement magnifiques, que j'en pleure à les lire. Et puis, je reçois un petit courriel d'elles qui me disent que la lecture de mon propre journal leur fait le même effet... Mais comment est-ce possible ? Le design de mon site, la qualité de ma plume, le contenu de mes écrits n'arrivent même pas à la hauteur de l'ongle du petit orteil des leurs !

Peut-être est-ce cette journée nuageuse, qu'une fois de plus je vais passé comme je n'aurais pas voulu la passer, qui m'affecte aussi. Lolita est tellement en contrôle de sa vie. Elle est une leader, un exemple à suivre. Jamais elle ne s'ennuie. Chaque minute de chaque heure est occupée dans sa vie. Son agenda est plein, mais jamais trop pour qu'elle se sente oppressée ou dépassée par les évènements. Et moi, il m'arrive encore trop souvent de passer des journées entières à espérer que le temps passe plus vite, à simplement avoir hâte que la journée finisse, pour enfin m'évader par le sommeil de cet ennuie chronique qui m'empoisonne l'existence, en nourrissant toujours, mais de moins en moins, l'espoir faiblissant que demain sera différent...

Peut-être est-ce ma récente rupture virtuelle avec Lectrice. Pourquoi ai-je pris cette décision stupide ? Pourquoi ai-je encore dramatisé une situation qui ne l'était pas ? Elle a répondu à mon courrier d'adieu. Elle a mal de cette situation elle aussi. Nous sommes deux beaux cons à souffrir pour rien. Elle souffre, elle se déteste de m'avoir fait du mal. Mais pourquoi en sommes-nous arrivé là ? Tout ce qu'elle a fait, c'est de préférer que nos relations demeurent virtuelles. Nous aurions pu continuer à échanger ensemble sur beaucoup de choses que nous semblions partager et posséder en commun. Nous nous comprenions tellement sur tant de points ! Et puis, sa décision n'était sûrement pas coulée dans le béton ! J'ai bien compris par ces écrits que le seul problème, c'est que j'étais arrivé à un mauvais moment de sa vie. Mais ce moment, il n'aurait pas nécessairement duré indéfiniment ! Je crois que cette putin de pleine lune m'a encore fait tout dramatiser et prendre une décision stupide. Et puis qu'est-ce qui me prend de blâmer pour mes propres conneries une grosse boule froide et inerte de milliards de tonnes de roc qui orbite la terre depuis cinq milliards d'années ? C'est quoi cette foutaise ? Et puis, ça aurait été tellement plus facile pour moi de vivre avec cette décision si j'avais pu trouver une seule raison de détester Lectrice, une seule, une toute petite raison... Mais non. Même pas.

Et demain, ce sera Consoeur. Cette chère Consoeur qui me tourmente depuis si (trop) longtemps. Cette femme que j'aurais simplement envie de me laisser aimer, sans complication, sans questions existentielles, sans montagnes russes émotionnelles. Cette femme qui donne peut-être en ce moment, ou qui donnera sûrement un jour à quelqu'un d'autre que moi cette amitié et cet amour qu'elle me refusera toujours.

L'envie. C'est l'envie qui me ronge, qui me tue. Envie de la beauté des autres, de l'amour des autres, du bonheur des autres, du talent des autres, de la vie des autres...

Qui m'envie ma vie à moi ? Personne. Même pas moi. Surtout pas moi. Vous-mêmes qui me lisez, avouez-le: la première pensée que la lecture de mes écrits vous inspire, c'est de vous trouvez chanceux et chanceuses de ne pas être affligé(e)s d'une vie aussi pathétique que la mienne.

Mais merci d'être là...


Le plus dur quand je vis des "bad trips" comme ce matin, c'est de me raisonner, de me dire que, peu importe comment je me sens présentement, ça va finir par passer éventuellement. Ce sont des déprimes ponctuelles, rien à voir avec les dépressions que j'ai vécue l'an passé.

J'ai finalement fait quelque chose d'utile de mon après-midi. Je l'ai passé assis dans ma voiture, à faire la mise au point finale de mon lecteur de CD. En le désassemblant complètement l'autre jour, j'ai découvert une petite vis minuscule, qui n'est autre chose qu'un rhéostat, située directement sur la tête de lecture et qui contrôle probablement soit l'intensité du laser, soit la sensibilité de la photo cellule. Et c'est en jouant avec ce petit rhéostat que j'ai finalement réussi à trouver le réglage parfait pour mon lecteur. Maintenant, il joue sans problème autant mes CD commerciaux que mes CD gravés, et ce à n'importe quelle température. Définitivement, aucune machine ne me résiste ! Si j'avais à me trouver un nom de personnage pour un de ces jeux de rôle, je serais sûrement le "Machine Master".

J'ai pris trois bains aujourd'hui. Pas pour me laver, juste pour être bien, pour sentir la chaleur et la caresse de l'eau sur mon corps. J'aurais voulu avoir quelqu'un pour me serrer dans ses bras, toute la journée, sans rien dire, sans rien penser. Juste sentir la chaleur d'un corps contre le mien, et simplement être.


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