21 mars 2001

Ceux et celles qui me lisent depuis longtemps auront sûrement remarqué que mes billets des deux derniers jours étaient plutôt... disons... drabes.

Et ils n'ont pas tort.

Ce soir, il m'est extrêmement difficile de prendre la plume virtuelle. Mais cet exercice sera également extrêmement libérateur.

Je pourrais continuer comme ça longtemps, me perdre dans de grandes envolées lyriques, tourner autour du pot. Mais j'irai plutôt droit au but.

Quelles sont les émotions qui ont dominé en moi depuis les trois derniers jours ? Colère, rage, haine, dégoût.

Voilà presque un an maintenant que je tiens ce journal. Il m'a fait un bien immense, m'a permis de progresser, d'évoluer, de sortir de cette mélasse qu'était devenue ma vie. Il m'a fait avancer d'une manière que je n'aurais jamais pu imaginer au début. Par son entremise, j'ai pris contact avec des personnes gentilles, aimables, attachantes et avenantes. J'ai découvert une communauté bienveillante et attachante qui m'a tout de suite accueilli avec enthousiasme. En onze mois, malgré quelques incidents mineurs, pour ne pas dire négligeables, ce journal ne m'a apporté que du bon. Écrire ici chaque soir est devenu un plaisir auquel je me consacre avec joie et anticipation.

Tout cela était vrai, jusqu'à lundi passé.

Je crois que je ne surprendrai pas grand monde en révélant ici que Lectrice est également diariste. La plupart d'entre vous on déjà fait le rapprochement de toute façon. Lectrice est une des plus belles choses qui me soit arrivé depuis bien longtemps, et certainement la meilleure chose que m'ait apporté ce journal. Or, avant-hier, alors qu'elle répondait à un de mes courriels, elle m'a dit que depuis nos mises à jour respectives du 17 mars elle recevait un très grand nombre de courriels blessants, scandaleux, voire carrément injurieux de la part d'un certain nombre de ses lecteurs maladivement possessifs et jaloux, et aussi de certaines lectrices qui la traitaient de tous les noms (guidoune, salope, et j'en passe). Elle a même reçu certains courriels carrément de menaces, toujours sous le couvert de l'anonymat.

Voilà trois jours que la rage bouille en moi. Soudain, je réalise que cette belle communauté virtuelle à laquelle je m'étais tant attachée cache aussi son lot de vermine repoussante. Voilà trois jours que je me bas pour empêcher que des émotions comme la rage, la colère, le dégoût et la haine ne submergent mon être.

Je suis dégoûté. Dégoûté de voir qu'il puisse exister une race de salauds suffisamment détraqués pour prendre un plaisir sordide à terroriser une femme sans défense en se cachant lâchement sous le couvert de l'anonymat.

Révolté. Révolté à la pensée que quand je vous ai ouvert toute grande la porte de ma vie, de mon monde, de mes passions et de mes rêves, ce genre de rat et de vermine en a également profité pour se glisser chez moi et essayer d'empoisonner mon existence de même que celle des personnes que j'aime.

Cette semaine j'ai eu peur; peur de moi-même, peur de la rage et de la haine que j'étais capable de ressentir, peur des scénarios vindicatifs qui naissaient dans mes pensées.

Ces trois derniers jours, toutes sortes d'idées se sont entrechoquées dans ma tête. J'ai toujours refusé de me censurer ici. Ce choix, je le sais maintenant, est essentiel à ma démarche. Celle-ci deviendrait inutile si je devais, pour quelque raison que ce soit, me mettre à escamoter volontairement certaines parties essentielles de mon vécu. C'est à la lumière de cela que, cette semaine, j'ai très sérieusement envisagé la possibilité de mettre fin à mon journal.

Lectrice et moi avons eu une bonne discussion tout à l'heure. C'est avec sa permission que je met cette page en ligne ce soir. Elle m'a exhorté de ne pas arrêter mon journal, qu'il m'avait apporté plus que le sien ne lui avait jamais apporté, que le nombre de personnes qui apprécient mes écrits dépassent largement le nombre de ceux qu'ils dérangent. Elle a raison bien sûr.

Ce soir, je me devais de mettre tout ça en ligne. Pas seulement pour sortir ça de mon système, mais aussi pour crier ma révolte et ma rage au monde entier, pour vous en faire part à vous tous.

Je vous aime tous. Vraiment. Vous m'avez fait, par votre simple écoute, plus de bien que vous ne pouvez l'imaginer. Cet amour a brièvement été éclipsé par la haine que les derniers évènements ont fait naître en moi. Mais, comme je l'ai déjà dit souvent, aimer est un choix. Et une fois de plus, je veux faire ce choix. Je veux tourner la page, mettre tout cela derrière moi, passer à autre chose. Je veux continuer à jouir de la belle communauté que vous êtes et de toutes les joies qu'elle m'apporte. Je veux continuer à vous offrir ce que j'ai de meilleur en moi. Et, croyez-en ma parole, le meilleur reste à venir. La résurrection du Phoenix est loin d'être terminée.

Quelque chose de positif doit sortir de tout cela. Il y a quelques semaines j'affirmais ici que j'étais un looser. J'avais tort. J'ai eu cette semaine un exemple flagrant de ce qu'est un vrai looser.

Mais ces loosers, ils sont ce qu'ils sont par choix. Consciemment ou inconsciemment. Je ne connais pas leur vécu. Je sais cependant que si nous le décidons, nous pouvons être exactement ce que nous rêvons d'être. Ultimement, nous choisissons notre destinée, nous contrôlons notre vie, même si nous nous sentons souvent impuissant devant le destin. Aimer est un choix. Haïr aussi. Je préfère le premier, parce que le second est tout simplement trop souffrant et trop désagréable.

Je souhaite seulement que ces gens réaliseront ce qu'ils valent, ce qu'ils valent vraiment, et qu'ils feront le choix de cesser d'haïr, à la fois les autres et eux-mêmes. C'est beaucoup plus facile qu'ils le croient. Je le sais maintenant.


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