18 octobre 2001

J'ai rarement ressenti dans ma vie l'envie de tuer, de vraiment tuer quelqu'un. C'est ainsi que je me sens en ce moment. Je me suis dit que de venir écrire ici "live" les émotions destructrices que je ressens pourrait faire un document intéressant pour la postérité.

En ce moment l'adrénaline coule dans mes veines. Tous les symptômes sont là: souffle court, mains moites, muscles crispés, estomac noué, bouffée de chaleur au visage. Je suis si tendu que je pourrais bondir comme un ressort et arracher de mes mains nues une tête humaine. C'est bien tentant d'ailleurs.

Bien sûr je sais pertinemment que la personne contre laquelle est dirigée toute cette agressivité n'a rien fait pour mériter la mort. C'est pour ça qu'elle est toujours en vie d'ailleurs.

N'empêche que j'ai enduré les sautes d'humeur et le manque de diplomatie de ce collègue assez longtemps. Y en a marre de se faire traiter comme un chien, de baisser l'échine dans le seul et unique but de ne pas envenimer la situation, de voir dans le visage de l'autre ce regard triomphant parce que notre silence lui laisse croire qu'il a gagné la bataille alors que tout ce que l'on veut c'est de ne pas aggraver une atmosphère de travail de plus en plus tendue et désagréable.

Pour avoir un bon climat de travail dans une organisation, tout le monde doit y mettre du sien. On ne peut pas laisser une personne "blaster" tout le monde à qui mieux mieux, leur lancer des attaques personnelles, et croire qu'on pourra endurer cela indéfiniment. En tant qu'être humain, j'ai droit à un minimum de respect, et ce collègue a sérieusement besoin d'une bonne leçon de diplomatie 101.

Je vous entend déjà me dire qu'il n'y a jamais qu'un seul coupable dans un conflit interpersonnel. Je sais que je n'ai pas un caractère particulièrement évident. Mais jamais je ne me livre à de basses attaques personnelles sur qui que ce soit, incluant mes collègues de travail, même ceux que je déteste. D'ailleurs j'ai travaillé pendant quatorze ans ici, toujours avec le même caractère, et j'ai toujours réussi à bien m'entendre sur le plan professionnel avec tout le monde, aucune exception, même Consoeur. Ce collègue est arrivé dans l'équipe il y a deux ans, et comme par le plus grand des hasards, la marde et la détérioration du climat de travail a commencé à peu près en même temps. Faites le calcul et vous arriverez au même résultat que moi.

Bon. À force d'écrire, l'adrénaline baisse un peu. Mais pas beaucoup. Enfin, c'est mieux que rien. Il parait que c'est très mauvais pour l'organisme de laisser l'adrénaline circuler comme ça dans son corps sans la métaboliser d'une façon ou d'une autre, par exemple en tuant quelqu'un. Si je développe des problèmes cardio-vasculaires je poursuivrai mon collègue en justice. À moins que je ne le tue dans un combat rituel comme le font les Vulcains.


I need a beer.

Sérieusement, en seize ans de carrière, je n'ai jamais connu aucun collègue avec qui je n'ai pas pu mettre suffisamment d'eau dans mon vin pour pouvoir travailler dans une relative harmonie. Je sais d'ailleurs que je ne suis pas le seul à avoir des problèmes avec ce collègue. Les relations tendus entre lui et mon patron ne sont pas étrangères au changement d'attitude de ce dernier depuis quelques mois.

Il semble que peu importe les défauts que je me trouve, le destin mette sur mon chemin quelqu'un qui soit encore pire que moi. J'ai toujours dit que j'avais autant de tact qu'un rotoculteur dans une plate-bande, celui-là a autant de délicatesse qu'une bombe atomique. Et le pire, c'est qu'il est tout aussi cru et blessant même lorsqu'il ne fait que plaisanter !

Bon. Quoi qu'il en soit ça va un peu mieux maintenant. J'ai appliqué mon remède miracle en cas de dérangement émotionnel: la route; et je suis revenu chez moi par le long chemin qui me mène à travers les montagnes et près de la rivière. Comme d'habitude, cela m'a fait un bien fou.

Voilà, vous en faites pas trop pour moi. Comme toute personne affligée d'un caractère bilieux, je redescend aussi vite que je monte.

Ce qui ne veut pas dire que les choses en resteront là avec mon collègue de travail. Je vais avoir une bonne conversation avec lui et mon patron. Ce gars a un sérieux problème d'attitude qu'il faut régler au plus vite avant qu'il empoisonne l'ambiance de travail pour toute l'équipe.


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