4 février 2002

Bizarre...

Plusieurs des sujets que je voulais aborder ce soir l'on déjà été par plusieurs autres diaristes.

Il y a d'abord L'Incrédule qui parle de son capharnaüm (ou plutôt, de celui de son logement). Et bien justement, j'ai fait un drôle de rêve cette nuit. J'ai rêvé que j'invitais quelques amis pour une soirée. Je me rappelle que j'étais très content car, pour une fois, l'une de mes invitations n'avait pas mené à une catastrophe, genre la mort de quelqu'un. C'est après avoir fait entrer mes invités que je fus pris de panique en m'apercevant que je n'avais pas fait mon ménage, et que ma maison était dans un état pitoyable. J'essayais de faire comme si de rien était, tout en les empêchant de se rendre à la salle de bain ou de trop s'approcher de la cuisine, et je me demandais comment j'allais bien faire pour faire disparaître cet horrible cerne dans ma baignoire ou toutes ces taches de cuissons sur mon comptoir de cuisine jonché de vaisselle sale, tout en continuant à faire la conversation sans que personne ne se doute de rien. J'étais vraiment très angoissé. Heureusement, ce n'était qu'un rêve.

N'empêche qu'il faudrait vraiment que je fasse le ménage.

Le TabulaWriter a écrit une phrase qui a fait naître en moi une petite réflexion: "Comme locuteurs, nous avons tous besoin d'avoir un retour, quel qu'il soit, pour nous orienter sinon nous errons dans un labyrinthe verbal, aveugles, sans jamais toucher les murs."

Loin de moi l'idée de parler au nom de tous les diaristes, mais j'imagine mal quelqu'un qui publierait son journal, ou ses écrits en général, sur le web sans également désirer que les dits écrits soient au moins lus, et possiblement appréciés, par un certain nombre de personnes. Pour certains d'entre nous, nous voulons plus qu'être lus, nous voulons nous sentir lus, et c'est pourquoi le retour des lecteurs est si important. Plusieurs diaristes entretiennent une correspondance enrichissante avec ceux qui les lisent, et d'autres, comme moi, possèdent surtout des lecteurs silencieux. Dans mon cas la raison en est simple: bien que plusieurs de mes lectrices aient initié une correspondance avec moi par le passé, elles ont tout naturellement fini par se lasser de mon indifférence, de mon manque d'intérêt envers elles. Qui pourrait les en blâmer d'ailleurs ? Certainement pas moi.

Reste à savoir d'où me vient cette tendance à cracher dans les mains qui me sont tendues, dans le monde virtuel comme dans l'autre. J'ai une petite idée là-dessus, sur laquelle je n'élaborerai pas ce soir.

Et puis voilà ti pas qu'on apprend qu'Isabelle est enceinte (Félicitation ma chère !), ce qui m'amène à repenser à ma journée de dimanche, passée chez une amie d'enfance à installer son nouvel ordinateur. Son plus jeune, deux ans, s'est mis à brailler dès mon arrivée, et deux heures et demi plus tard, il s'en donnait toujours à coeur joie. L'explication ? Il faisait de la fièvre, et après le dîner, sa mère est allé le mettre au lit. Puis, le petit voisin est venu jouer avec son plus vieux (cinq ans), tout l'après-midi. Le travail que je faisais exigeait un minimum de concentration, mais dans cette maisonnée pleine de bruit, de cris d'enfants, de couraillage sur le plancher du rez-de-chaussée, de parents qui montent et descendent frénétiquement les escaliers à toutes les dix minutes, c'était tout simplement impossible. Et encore une fois, j'ai réalisé que je n'étais définitivement pas prêt à avoir des enfants. J'ai encore beaucoup trop d'étapes à franchir dans ma vie avant d'en arriver là.

N'empêche que quand je lis des diaristes comme Strophe, que j'écoute parler certaines de mes amies ou collègues de travail à propos de leurs enfants, que je vois à quel point ceux-ci sont absolument tout pour elles, qu'elles ne pourraient tout simplement plus imaginer leur vie sans enfant, je les envie d'avoir finalement trouver un sens à leur existence.

Mais avoir des enfants dans le seul but d'effacer mes angoisses existentielles serait une geste plutôt égoïste.

Et puis il y a Damélie. Je sais parfaitement ce qu'elle peut vivre ces temps-ci. Je ne sais que trop bien ce que c'est que de vivre jour après jour, semaine après semaine, une vie que l'on déteste. Je sais ce que c'est que d'en avoir marre, et d'en avoir marre d'en avoir marre. Je comprend ce désir viscéral de se défouler, de faire sortir le méchant, tout en étant incapable de le faire car on ne veut pas faire souffrir ceux qu'on aime en leur imposant notre humeur massacrante. Bien sûr, ma situation ne se compare pas à la sienne. Dans mon cas, il n'y a qu'un seul et unique domaine de ma vie où ça ne va pas: le domaine relationnel.

Alors que je discutais avec l'organisatrice ce matin, j'ai mis le doigt sur ce qui me déplaisait tellement dans mon monde relationnel. Tout simplement, je n'ai absolument aucun contrôle dessus. Je suis entièrement et totalement dépendant des autres. Je vois mes amis si et quand cela leur convient. Je fais les activités qu'ils décident. Je voyage avec eux aux endroits qu'ils choisissent. Toute tentative de ma part d'initier quelque chose de mon côté se solde toujours et invariablement par un échec. Si je veux vivre une relation avec une femme, je dois absolument choisir parmi celles qui elles m'ont choisi d'abord. Si mon intérêt se porte en premier vers une femme quelconque, elle sera inévitablement pas disponible ou pas intéressée. Et si je décide sur ma propre initiative de faire une quelconque activité, sortie, voyage ou autre, je me retrouverai inéluctablement dans l'obligation de le faire seul.

Pourquoi est-ce ainsi dans ce domaine particulier, alors que je tiens fermement en main les rennes de tous les autres aspects de ma vie ?

Voilà la question sur laquelle je devrai orienter davantage mes réflexions dans l'avenir.


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