10 juillet 2002

Vous vous en doutez peut-être déjà, je développe depuis quelque temps un désintéressement de plus en plus grand envers le monde du diarisme en général. Pas seulement écrire mon journal, mais aussi lire ceux des autres. Pour la première fois depuis des années, il m'arrive de sauter des billets complets de diaristes que je lisais pourtant assidûment depuis que je les ai découvert, et ce sans même chercher à me rattraper dans mes lectures. D'ailleurs, je me force depuis quelques mois à résister à la tentation de commencer la lecture de nouveaux journaux qui apparaissent régulièrement sur le site de la CEV. Même si l'une de ces nouvelles venues est une de mes lectrices, qui me suit depuis les tout débuts de mon journal, qui m'a écrit ce que je considère encore à ce jour comme le courriel le plus beau et le plus touchant que j'ai jamais reçu.

Je crois que je consacrais tout simplement trop de temps à la vie des autres, et pas assez à la mienne.

Et puis comme je l'ai souvent dit, ce dont j'ai vraiment besoin, c'est de contacts humains physiques. Être avec mes interlocuteurs. Les voir, les sentir, les toucher. Vivre et partager un tas de choses avec eux. Et c'est quelque chose que mon journal (pas plus que les autres journaux d'ailleurs) ne m'apporte tout simplement pas. Pire, les quelques personnes que j'ai connu par son entremise et avec qui j'ai vraiment eu envie d'entrer en relation habitent si loin que c'en est presque une torture.

Depuis quelques semaines je fréquente plus souvent des personnes de mon entourage, que ce soit durant mes loisirs ou au travail. Bien sûr ma vie sociale est encore bien loin de ce que je désirerais, mais il y a quand même une amélioration. Un exemple: pour la première fois depuis deux ans, j'ai confié quelque chose à un ami avant d'en parler ici, vous qui étiez, depuis le début de mon journal, toujours les premiers à être informés des (rares) nouveautés dans ma vie.

Mais ce soir, c'est à votre tour.

L'an passé, une jeune femme a commencé à travailler au bureau comme étudiante. Elle était très jolie, très gentille et elle me plaisait. Mais dès nos premières conversations j'ai appris qu'elle était aussi très mariée. Mes fantasmes à son sujet ce sont donc arrêtés là. Puis, à la fin de l'été, son contrat s'est terminé, elle est partie, et elle a vite quitté mes pensées qui, à l'époque, commençaient de toute façon à être surtout monopolisées par la collègue avec qui je m'entend si bien.

Cette année, cette jeune femme est de retour. Je ne la croisais que peu au début, mais il y a quelques semaines j'ai quand même pris la peine, lorsque l'occasion s'est présentée, d'aller m'asseoir avec elle et de lui demander de ses nouvelles. Quelle ne fut pas ma surprise d'apprendre qu'elle était maintenant libre comme l'air, ayant quitté son mari pour une raison que, selon elle, elle ne pouvait tout simplement pas lui pardonner, mais dont elle ne m'a pas donné les détails (nous nous connaissons encore très peu, après tout).

De plus, même l'an passé, cette jeune femme a toujours démontré un vif intérêt à mon égard. Elle s'est toujours montrée grandement intéressée à ce que j'ai à dire, elle ri de mes blagues, et elle rougit comme une tomate au plus petit compliment de ma part.

Inutile de préciser que cette année, son intérêt semble s'être un tantinet accru.

Lorsque je l'ai questionnée sur sa dernière fin de semaine, elle m'a raconté qu'elle l'a passée en compagnie d'un homme que l'un de ses amis lui a présenté, dans le but plus qu'évident de la "matcher". Elle s'est d'ailleurs immédiatement empressée de préciser que l'homme en question ne lui avait pas plus du tout, et qu'elle ne le reverrait pas.

De plus, mes descriptions de mon petit coin de paradis semblent la faire rêver, et quand je lui ai parlé nonchalamment de la possibilité de l'inviter chez moi pour que nous fassions un tour de canot ensemble sur le lac, elle s'est empressée de répondre qu'elle adorerait ça.

Bref, je me retrouve de toute évidence devant une femme qui me plait physiquement, qui est amatrice de plein air et de nature comme moi, avec qui je m'entend bien pour le peu que je connais d'elle à date, à qui je semble plaire aussi de toute évidence, et qui, pour couronner le tout, possède une qualité précieuse que j'ai eu peine à trouver parmi les femmes qui m'ont plu ces dernières années: elle est disponible.

Pour n'importe quel être humain normal sur cette planète, la suite des évènements serait simple à prévoir.

Mais voilà...

Comme vous le savez, je ne suis pas un être humain normal, je suis un mutant. Avec moi, rien n'est jamais simple.

La réalité, c'est que malgré tout, je n'ai d'yeux que pour la collègue avec qui je m'entend si bien. Une femme qui me plait plus, avec qui je m'entend mieux, avec qui je partage un nombre impressionnant de points communs, qui est sur la même longueur d'onde que moi, mais qui (et c'est là le hic), n'est ni disponible ni intéressée. Bien que sur ce dernier point, je ne sois pas convaincu que ce soit entièrement vrai.

Je suis au prise avec un dilemme.

Que faire ?


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