7 juillet 2002
Vous savez ce que je déteste plus encore qu'être dans une situation embarrassante ? C'est de mettre quelqu'un d'autre dans une situation embarrassante.
La semaine passée, en partant du bureau, j'ai vu que la collègue avec qui je m'entend si bien avait stationné sa voiture juste à côté de la mienne. Comme ça, spontanément, j'ai décidé de mettre une marguerite sous son essuie-glace.
À cause du travail nous ne nous sommes reparlé que cinq jours plus tard. Ce n'est qu'après plusieurs minutes de conversation qu'elle a mentionné la marguerite, ayant immédiatement deviné qu'elle venait de moi. L'attention semblait lui avoir plu.
Vendredi en fin de journée, ayant appris qu'elle allait être seule en fin de semaine (son chum devait être à l'extérieur), je lui ai subtilement (bon... pas subtilement du tout en fait) suggéré qu'elle pouvait me contacter si elle désirait faire quelque chose). Comme je m'y attendais, elle ne m'a rien promis.
Et comme je m'y attendais, elle ne m'a pas contacté.
Je l'ai déjà mentionné ici: cette femme m'adore. Elle n'est pas plus conne que moi, elle se rend très bien compte aussi qu'il ne se passe pas une journée, pas une conversation sans que nous nous découvrions un autre point commun, sans que nous ne trouvions un autre sujet qui nous passionne tous les deux. Ce qui m'attire tant chez elle, c'est que pour la première fois de ma vie, j'ai découvert une femme qui semble vraiment me comprendre, une femme qui est tout aussi marginale et hors norme que je peux l'être. Avec une différence fondamentale: Contrairement à moi, elle assume très bien sa marginalité. Ses idiosyncrasies ne la dérange nullement, et elle les exprime publiquement sans la moindre gêne, le moindre malaise, se foutant éperdument du jugement des autres.
Comme je le disais plus haut, elle m'adore, et la dernière chose qu'elle voudrait, c'est me faire du mal.
Mais je la met dans une situation embarrassante. Je lui fais des propositions que, je le sais, il est préférable qu'elle n'accepte pas. Je dois me rendre à l'évidence et accepter la situation actuelle: elle n'est pas disponible. Et je dois cesser de la mettre mal à l'aise en lui demandant quelque chose qu'elle ne peut m'offrir, qu'elle se voit donc obligée de refuser et ce en risquant de me faire du mal, ce qu'elle ne veut pour rien au monde.
Embêtant tout ça.