1 juin 2002

Cette fois je pense que je vais écrire dans l'avant-midi. Comme ça, si jamais ce soir je travaille sur mon ordi à m'en épuiser et ne plus avoir envie d'écrire une seule ligne, au moins, je n'aurai qu'à télécharger ce qui est déjà fait et indiquer une mise à jour, ce à quoi je devrais pouvoir m'astreindre.


Il y a un pic vraiment déchaîné depuis deux jours. Il a commencé à crier hier avant-midi. Je suis sorti en après-midi faire quelques commissions, et à mon retour, il y était toujours. Il a repris son petit manège ce matin. Je présume qu'il tient à ce qu'il soit bien clair qu'il est le maître des lieux. Il y a beaucoup de pics dans mon coin, et bien que ce ne soit pas les arbres qui manquent, il faut quand même avouer qu'avec les nouveaux développements qui ont poussé comme des champignons ces dernières années, les terrains boisés sont une ressource qui se raréfie progressivement.

D'ailleurs, la chaleur et les pluies des derniers jours ont vraiment été le signal qui a indiqué à la végétation qu'il était temps de déployer son feuillage estival. Maintenant, quand je rentre chez moi, je suis accueilli par un couloir de verdure qui penche légèrement au dessus de la route. Il semble que je ne m'habituerai jamais à la beauté et à la magnificence de la renaissance printanière. Et c'est tant mieux.

Hier, j'ai fait quelque chose que je devrais faire plus souvent. Après m'être fait trempé si longtemps dans un bain bouillant que j'en avais la sueur qui me coulait sur le front, je suis sorti dehors, sous la pluie battante, pour aller faire saucette dans le lac, dont seules les gouttes d'eau marquaient la surface tranquille. Je suis resté ainsi dehors pendant plus d'une demi-heure, nu sous la pluie, à me baigner, à me coucher dans l'herbe mouillée ou à m'asseoir sagement sur le bord de mon canot, à sentir la pluie fraîche couler sur ma peau, à goûter les gouttelettes qui glissaient le long de mon visage jusqu'à mes lèvres. Le temps était un peu frais, mais la chaleur accumulée dans mon corps et l'absence totale de vent faisait que je ne souffrais pas de la fraîcheur. J'étais totalement bien, à l'aise, confortable. Mes voisines ont du me trouver un peu bizarre, mais j'en suis rendu à un point où cela ne me dérange plus vraiment.

Les mots ne suffiront tout simplement jamais à décrire la sensation de bien être et de liberté qui nous envahit lorsqu'on se retrouve nu en pleine nature. C'est une expérience qu'il faut tout simplement vivre pour comprendre. J'espère seulement avoir cet été beaucoup d'opportunités de partager cette expérience avec des gens qui la connaissent et l'apprécient déjà, et de la faire découvrir à ceux et celles qui seront assez curieux pour l'essayer pour la première fois.


J'ai presque honte de l'admettre, mais voilà bientôt deux mois que je ne m'occupe plus de mon aquarium, mais alors là plus du tout. Je n'allume plus la lumière, je ne donne plus à manger à mes deux poissons restants. En fait, la porte de mon boudoir est fermée depuis belle lurette et je n'y entre même plus.

Aujourd'hui j'avais à faire dans cette pièce, et j'en ai profité pour jeter un coup d'oeil à mon aquarium. Alimentée seulement par la lumière naturelle provenant de la petite fenêtre (qui donne sur le nord par dessus le marché), certaines espèces de plantes sont mortes, les algues réussissent à survivre (à peine) malgré tout, et d'autres plantes se portent remarquablement bien. L'eau semblait toujours claire (le filtre de fond n'a jamais arrêté de fonctionner depuis tout ce temps) et ne dégageait aucune odeur, ce qui me permettait de croire que l'équilibre biologique était toujours préservé.

Et soudain, j'ai vu un mouvement du coin de l'oeil...

C'était mon gracilis !

Il semblait toujours alerte et en parfaite santé, et apparemment bien nourri. Étant très petit (deux centimètres à peine) et ayant tout l'aquarium pour lui tout seul, il n'a pas dû avoir de difficulté à se nourrir des plantes et de la faune microscopique qui doit foisonner dans l'eau. Il a paru surpris de me voir d'ailleurs. Sa vie doit être plutôt ennuyante depuis quelques semaines. Les gracilis sont des poissons qui aiment bien vivre en petits groupes, et il est seul depuis deux ans maintenant, avec comme seul compagnon un poisson de fond dont l'unique but dans la vie est de sa cacher le plus possible. Je n'ai d'ailleurs pas réussi à voir ce dernier, mais ce n'est guerre surprenant étant donné ses habitudes de vie. Mais si mon gracilis a survécu, il en est fort probablement de même pour lui, ce genre de poisson étant spécialiste dans l'art de se débrouiller avec peu et de dénicher la plus petite particule de nourriture. Autre indice de sa présence probable: le fond sableux de mon aquarium était parfaitement libre de toute forme de débris.

S'ils sont prêts à patienter encore quelque temps, ils auront bientôt droit à une nouvelle vie, puisque je ferai la réfection complète de mon aquarium pour le transporter dans mon salon. Mon gracilis aura de nouveaux compagnons de sa propre espèce (dont il sera le doyen), et de d'autres aussi, ce qui lui fera sûrement très plaisir. Cela risque de plaire moins à mon khuli cependant, pour qui la vie qu'il mène actuellement se rapproche du paradis. Mais bon, on ne peut pas plaire à tout le monde...


Je ne m'étais pas trompé. Il y a bel et bien une seule et unique (très jolie) jeune femme qui occupe la maison de mes voisins pendant qu'ils sont God knows where.

En passant, j'ai nettoyé les gouttières de ma maison finalement. Je vous jure qu'il s'était formé un écosystème complet là-dedans. Jusque quand j'ai eu fini mon travail la nature m'a envoyé un bel orage pour nettoyer tout ça.

Elle est gentille avec moi la nature. :-)

Je sais que tout ça ne semble avoir aucun rapport avec ma voisine, mais faites moi confiance. ;-)


Vous savez ce que m'a dit la collègue avec qui je m'entend si bien l'autre jour ?

Je lui disais quelque chose dont j'ai déjà parlé ici, à savoir que ceux et celles qui m'apprécient ne sont généralement pas des gens qui aiment le mystère et le non-dit. Elle m'a répondu que ce n'était pas tout à fait vrai, puisqu'elle n'était jamais capable de deviner ce que j'allais faire, dire, ou répondre. Autrement dit, à ses yeux, j'étais totalement imprévisible et elle trouvait ça stimulant.

C'est gentil, non ?


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