25 avril 2003

Vous savez pas la meilleure ? J'ai laissé passer le troisième anniversaire de mon journal. Étonnant non ? Surtout que dans la communauté diaristique, trois ans semble être une sorte de période charnière.

Trois ans. Ça me classe presque parmi les vétérans, en quelque sorte.

Et pourtant, je n'y ai même pas pensé avant aujourd'hui. Cela reflète bien une réalité dont plusieurs d'entre vous se doutent déjà j'en suis sûr, à savoir que mon journal occupe une importance très secondaire dans ma vie ces temps-ci. C'est peut-être temporaire, ou peut-être pas, je l'ignore. Je ne pense pas vraiment arrêter d'écrire, et tant qu'à y être je ne pense pas vraiment continuer. Bref, je ne pense pas du tout. La plupart du temps, mon journal n'occupe plus mes pensées. Mais quand l'envie d'écrire me prend je me tourne vers lui, tout simplement. Ce n'est pas compliqué, c'est bien ainsi et ça me satisfait pour l'instant.

Ce qui me satisfait beaucoup moins, c'est le temps qu'il fait dehors, le fait que j'ai failli me faire prendre en sandwich entre deux poids lourds dans un brouillard, le fait que j'ai dû déneiger ma voiture ce matin. Et le fait que j'ai encore des problèmes de santé qui m'exaspèrent.

Mon coeur va toujours très bien, là n'est pas le problème. C'est plutôt que je commence sérieusement à croire que ces douleurs et ces crampes à la poitrine que je ressens de façon intermittente depuis plusieurs semaines maintenant sont peut-être autre chose que de simples troubles anxieux. Même si ma principale inquiétude soit qu'il s'agit de quelque chose au niveau du coeur, je suis bien obligé d'admettre que les symptômes ne pointent tout simplement pas dans cette direction. Par exemple, même si les douleurs commencent souvent en plein milieu de la poitrine, je les sens beaucoup plus superficielles que profondes. Et même si elles ont souvent tendance à irradier dans mon thorax, c'est plus souvent vers la droite que vers la gauche. D'ailleurs, elles semblent totalement sans relation avec l'effort physique.

Je parle de douleur, mais en fait il s'agit beaucoup plus souvent d'une sorte de sensation d'oppression, de crampe, comme si tous les muscles de ma cage thoracique se contractaient et refusaient de se détendre.

Très désagréable comme sensation. J'ai pensé à toute sorte de chose: spasmes bronchiques, ulcère oesophagien, calcul biliaire, inflammation thoracique. J'ai même émis l'hypothèse que cela puisse être relié aux cochonneries que j'ai respiré en travaillant sur mon sauna. Mais j'ai pourtant toujours fait attention de porter un masque et d'ailleurs, j'ai commencé à ressentir ces symptômes bien avant que je sois rendu à une étape de mes travaux qui produisait des particules de poussière.

Le fait est que je pourrais spéculer indéfiniment car je ne suis pas médecin. Ces problèmes ne s'aggravent pas, mais ils ne s'améliorent pas vraiment non plus. Et ils n'affectent d'aucune façon ma vitalité en général, je veux dire par là que je suis toujours capable de fournir les mêmes efforts qu'avant. Ils n'ont aucune incidence sur ma capacité cardio-vasculaire, entre autre.

Alors je me demande combien de temps je prendrai avant de me décider à aller consulter. Vous avais-je déjà dit que je n'aime pas les médecins ? Je n'ai pas confiance en eux, et je n'ai pratiquement que des mauvaises expériences en ce qui les concerne. Il y a quelques années de cela, j'ai commencé à avoir des crampes abdominales assez régulièrement. Je suis allé voir une femme médecin qui m'avait été hautement recommandée par une amie de l'époque. J'ai passé une bonne demi-heure à lui faire une description détaillée de mes symptômes, ayant pris soin de noter en détail les circonstances où ils apparaissaient et disparaissaient, leur évolution, leur progression au fil du temps, etc. Elle sembla m'écouter attentivement, jusqu'à ce que je la vois finalement écrire à son dossier simplement "douleurs abdominales". Elle m'a prescrit des analgésiques et m'a pris un rendez-vous pour une échographie de l'abdomen. Bordel de merde, je venais de me démener pendant une demi-heure à essayer de lui expliquer que ce que je ressentais n'était justement pas de la douleur, mais une sensation de crampe, d'oppression, de serrement. Inutile de préciser que sa stupide prescription a pris le bord de la corbeille dès que j'eus quitté son cabinet. Quand à l'échographie, je suis bel et bien allé la passer. J'ai passé les semaines qui ont suivies à appeler son bureau pour me faire dire à chaque fois par sa secrétaire que les résultats n'étaient pas encore rentrés. Après six mois à me faire niaiser de la sorte, je me suis lassé. Si j'avais eu quelque chose de grave, me disais-je, je serais mort depuis belle lurette. D'ailleurs, entre temps, j'avais déjà moi-même réglé mon problème. En y repensant bien, j'ai réalisé qu'un peu avant que commence mes symptômes, j'avais pris l'habitude de prendre un café à chaque pause du matin et de l'après-midi au bureau. Ça avait beau être du café décaféiné, je n'avais quand même jamais bu de café aussi régulièrement de toute ma vie.

J'ai coupé le café, et mes problèmes abdominaux ont complètement disparu quelques semaines plus tard, pour ne jamais revenir. Tout ça s'est passé il y a une douzaine d'années.

Quand aux résultats de mon échographie, je ne les ai finalement jamais eu.

Je ne suis jamais retourné voir cette médecin. Surtout parce que je n'ai jamais eu d'autre problème de santé depuis, à part mes pierres au rein, mais aussi parce que cette expérience n'a rien fait pour changer mon opinion de la profession médicale en général.


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