21 juillet 2003

Jadis, il y a très longtemps (oui oui, je suis assez vieux pour m'en rappeler), ces gros octogones rouges qu'on voit parfois au coin des rues arboraient les deux mots "ARRÊT" et "STOP" l'un en dessous de l'autre. Et tout le monde à cet époque appelait ça un arrêt-stop. On disait "Il y a un arrêt-stop au coin de la rue", "Tourne à gauche au deuxième arrêt-stop", "J'ai pogné un ticket parce que j'ai pas fait mon arrêt-stop".

Puis, le parti québécois a pris le pouvoir en 1975. Ils ont décidé que cette histoire d'arrêt-stop n'avait pas de bon sens, que nous étions une province (que dis-je, une province, un PAYS !) officiellement français, et que donc seul le mot ARRÊT allait survivre sur les gros octogones rouges. Aujourd'hui, on ne voit plus les vieux arrêt-stop que dans les coins les plus reculés du Québec, ou dans les musés. Partout maintenant, ce sont des ARRÊT que l'on voit au coin de nos routes. Et naturellement, notre langage populaire s'est ajusté en conséquence.

Maintenant, on dit "Il y a un stop au coin de la rue", "Tourne à gauche au deuxième stop", "J'ai pogné un ticket parce que j'ai pas fait mon stop".

Je vous laisse tirer vos propres conclusions.


Cet après-midi j'ai été témoin d'un petit drame. Alors que je roulais sur l'autoroute, un petit oiseau blanc, dont je n'ai pas eu le temps de voir l'espèce et qui volait vraiment trop bas, s'est faufilé acrobatiquement entre deux voitures qui me précédaient. Sans doute fier de sa prouesse, il déchanta bientôt lorsque, dès qu'il eut traversé dans l'autre voie, sa démérité l'amena à entrer presque immédiatement en collision avec une voiture qui arrivait en sens inverse. De mon point de vue, j'ai eu l'impression que l'impact avait été très violent, surtout en voyant sa petite silhouette inerte voler littéralement en l'air, entourée de quelques plumes.

Quelle ne fut pas ma surprise, alors qu'il recommençait à tomber et que je m'attendais à le voir s'écraser sur l'asphalte et se faire écrabouiller sous les roues des véhicules, de voir ses petites ailes se remettre à battre frénétiquement pour l'amener gracieusement hors de danger en dehors de l'autoroute. D'aussi longtemps que j'ai pu me permettre de le regarder s'éloigner tout en continuant à regarder où j'allais, il m'a paru en bonne forme et sans blessure.

Peut-être n'a-t-il été qu'effleuré par le véhicule, ou touché seulement par son antenne de radio. Peut-être sa manoeuvre était-elle intentionnelle, une sorte de pirouette réflexe pour échapper aux prédateurs lorsque les oiseaux se sentent attaqués.

Ou peut-être les oiseaux ont-ils aussi des anges gardiens.


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