15 mai 2004

Un petit coléoptère essayait en vain de sortir de ma baignoire. Je revenais le voir à intervalles réguliers, en me demandant s'il allait finir par réaliser un jour qu'il savait voler.

Guess not.

Bon. Finalement j'ai eu pitié de lui et je l'ai mis dehors. Les insectes sont des merveilles du monde animal, mais ils ne sont pas réputés pour leurs hautes facultés intellectuelles.

Croyez-le ou non, je me suis assis ici, devant cet écran, presque tous les soirs depuis le début du mois, à me demander comment j'allais pouvoir commencer le billet du jour. Puis, je refermais tout et je passais à autre chose. Puis, subitement, ce soir, je me suis dit que ce serait une bonne façon de briser la glace.

Bon. Par où commencer ? D'abord mon lac. Il a calé le 29 avril précisément. Le soir même, j'étais sur l'eau dans mon kayak, ainsi que plusieurs des soirs suivants depuis. Je ne sais pas si c'est moi qui ai la mémoire courte où si cette année est une année exceptionnelle, mais il y a une incroyable abondance d'oiseaux ce printemps. Partout, on voit des canards, grèbes, huards, hérons, balbuzards, butors, buses, bernaches, et une multitude de passereaux trop nombreux pour les énumérer. Et ce n'est certainement pas moi qui vais m'en plaindre. Alors que je revenais du travail au début du mois, un magnifique tétra des savanes mâle, arborant son plumage nuptial, a traversé la route juste devant ma voiture. J'ai bien essayé de le prendre en photo, mais le temps que je stationne ma voiture et retourne à l'endroit où je l'avais vu, il avait déjà disparu dans les bois.

Toujours au début du mois, alors que j'échangeais avec Jeune Lectrice, je pouvais voir de ma fenêtre deux magnifiques grands hérons batifoler sur le bord du lac. Un couple, de toute évidence. Je dois me rappeler d'essayer de trouver leur nid cette année.

Et puis, à deux reprises à date, en arrivant sur le bord du lac, j'ai vu s'enfuir ce qui m'a semblé être un petit bécasseau ! Je sais qu'on voit souvent des pluviers à l'intérieur des terres, mais des bécasseaux, si loin d'une plage, ça m'a vraiment surpris.

Et que dire des huards. Je ne sais pas si nous aurons un couple cette année, mais une chose est sûre, il y en a au moins un qui s'est arrêté temporairement dès que le lac fut calé, et qui a fait entendre sa longue complainte mystique presque tous les jours depuis. J'ai plusieurs fois eu le privilège de le voir de très près, alors qu'il s'approchait de la rive pour chanter. Mais ce qui me frustre le plus, c'est qu'un certain soir, il s'est mis à lancer un cri que je n'avais jamais entendu avant, un cri semblable à celui des mâles qui se disputent le territoire, mais dans un registre et une séquence totalement inconnus. Je n'avais jamais entendu ce chant auparavant, ni personnellement, ni par aucun de sites sur les huards que j'ai visité. Et je n'ai même pas eu l'opportunité de l'enregistrer avant qu'il ne se taise ! Vraiment frustrant.

Qu'y a-t-il d'autre à dire ? Et bien... Je me suis finalement acheté un nouveau vélo, que je suis allé essayer pour la première fois cet après-midi. J'ai alors réalisé avec désarroi que j'ai totalement perdu ma forme. C'est excessivement navrant. C'était la première fois que je remontais sur un vélo depuis mon accident.

Depuis le début du mois d'avril, mon ami d'enfance et moi avons repris contact sur une base plus régulière. Il est devenu assez intime avec une de ses collègues de travail, qui partage notre amour de la nature et du plein air. Mais il insiste toujours pour préciser qu'il s'agit seulement d'une amie, qu'il n'y a rien de sentimental entre eux. Même qu'il s'est mis en tête de nous "matcher". J'ai fait sa connaissance hier soir pour la première fois. Nous sommes allé faire du kayak tous les trois ensemble, la soirée était tellement magnifique.

Et oui ! Ils ont attrapé la piqûre du kayak eux aussi !

Pour ce qui est de mes états d'âmes, et bien tout allait de mieux en mieux jusqu'à cette semaine, qui fut absolument exécrable, pour toutes sortes de raisons sur lesquelles je ne m'étendrai pas. Tout ce que j'ajouterai, c'est que vendredi soir, j'étais excessivement heureux que cette semaine soit terminée, et je ne m'en souhaite pas une autre comme ça avant très très longtemps.

Et pour finir, il y a mes problèmes de santé qui ne me laissent pas tranquille depuis le début du mois. Mais lentement, l'angoisse fait place à la certitude. Je suis de plus en plus persuadé que tout cela n'a rien à voir avec mon coeur. D'ailleurs, il s'est finalement discipliné et il y a belle lurette que mes arythmies sont revenues aux même niveau qu'elles étaient avant que ces problèmes commencent il y a un an et demi, niveau auquel elles ont toujours été toute ma vie. Ensuite, s'il y avait eu le moindre problème, quel qu'il soit, avec mon coeur, il aurait littéralement "péter au frette" cette après-midi lorsque j'ai sorti mon vélo.

Mais surtout, j'ai finalement découvert que, durant les périodes où je sens le plus ces oppressions à la poitrine et au ventre, j'ai cette espèce de bosse, de renflement, qui apparaît juste sous le plexus solaire, à la hauteur du diaphragme. D'une certaine façon, ça me rassure, parce que cette fois j'ai la certitude que je ne suis pas fou, que tous ces problèmes ne sont pas seulement dans mon imagination, qu'il y a physiquement un problème. Ne me reste plus qu'à trouver le courage (et le temps) d'aller consulter un médecin pour ça. Je veux en avoir le coeur net.

Oh oui, j'oubliais ! Les grenouilles... Comment passer à côté des grenouilles. Elles sont déchaînées en ce moment. Je les entend nettement, même à travers mes fenêtres fermées. Au début du mois, elles se faisaient plutôt timide, se demandant sans doute, comme plusieurs d'entre nous, si le printemps était réellement arrivé.

Et ce soir, encore une fois, je m'endormirai au son de leurs chants.


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