12 août 2006

J'ai fait un trou aujourd'hui. Et oui. C'est ce que je fais ces temps-ci. Des trous.

Après avoir niaisé pendant des semaines à me demander si j'allais appeler quelqu'un pour faire creuser et couler les piliers de béton pour supporter ma nouvelle galerie, je me suis finalement décidé cette semaine à faire ça moi-même. En fait, j'ai plutôt décidé de commencer par en faire un, et si je trouvais que c'était trop d'ouvrage, je ferais faire le reste.

C'est pas si pire finalement. À date, ça m'a pris entre deux et trois heures par trou, selon le nombre et la taille des roches que je rencontre en creusant. Je ne me suis pas forcé beaucoup et je me suis contenté de faire un trou par jour. De toute façon, le premier jour, je n'aurais pas pu en faire plus qu'un. Ce sont des trous de deux pieds de diamètre par un peu plus de quatre pieds de profond, et je fais ça manuellement avec une tarière. Donc après le premier trou j'avais les muscles un peu endoloris.

Je sais que je pourrais en faire plus à la fois. En fait, vu qu'il ne m'en reste que trois à faire et que ce sont les plus faciles, je pourrais théoriquement les faire tous les trois demain. Mais je ne veux pas me mettre de pression. Je suis en vacance aussi, et passer une couple d'heure là-dessus chaque jour est juste suffisant pour me donner l'impression que je n'ai pas complètement gâché ma journée.

Cette semaine, je pourrai donc poser les sonotubes et couler les piliers de bétons. Et enfin, la partie intéressante va pouvoir commencer: la charpente !

Cette petite expérience m'a fait réalisé à quelle point on se met facilement des barrières. Et le pire, c'est qu'avec le temps, je ne semble pas me dompter. J'ai même au contraire l'impression que j'empire. Il y a plusieurs années, lorsque j'entreprenais quoi que ce soit, je ne me posais pas tant de questions. Je voulais partir en camping sauvage en forêt ? Je partais, tout simplement. Je n'avais jamais fait de canot-camping ? Pas grave, j'improviserais en chemin et j'irais à mon rythme. Je ne commençais pas à me demander si j'étais assez en forme pour les portages, où si j'avais le bon équipement, etc. J'y allais au mieux de ma connaissance, si j'avais fait des oublis ou des erreurs, j'en prenais note et je ne les répétais plus la fois suivante. Dans ce temps là, je faisais des choses, et c'est comme ça que j'apprenais. Je n'étais pas inconscient ni irréfléchi, j'avais simplement confiance en moi et en ma capacité à improviser dans des situations imprévues. Et jamais cette capacité ne m'a fait défaut. Quand j'ai décidé d'aller travailler en vélo, je me disais au début que ça n'avait pas d'allure de se taper 70 km de vélo par jour en terrain montagneux juste pour aller au travail. Mais je me suis poussé à le faire quand même. Et vous savez quoi ? Non seulement ce n'était pas aussi pire que je l'avais imaginé, mais après quelques semaines d'entraînement, c'était carrément facile, une vrai partie de plaisir. J'en étais même rendu au point que quand, pour une raison quelconque, j'étais obligé de prendre ma voiture, ça me faisait chier.

Et encore là, j'ai passé une bonne partie de l'été à me répéter que ça n'avait aucun bon sens de creuser à moi tout seul et à la main six fondations sous la ligne du gel pour mes poteaux de galerie. Et je ne me suis décidé que cette semaine à en essayer un, pour me rendre compte que, comme j'aurais dû le savoir, il n'y avait rien là.

Et c'est ça qui m'inquiète. Si je fais abstraction de ma vie sociale, tout ce que j'entreprend réussi. Toujours. Normalement, la confiance en soi est supposé s'accroître avec le nombre de réussite qu'on accumule. Mais dans mon cas, on dirais qu'avec les années, je deviens de plus en plus insécure, de plus en plus anxieux, de moins en moins sûr de moi, alors qu'il n'y a absolument aucune raison pour ça.

Serait-ce l'âge ? Est-ce simplement cela qui arrive quand on vieillit ?

Bon sang, j'espère que non. Parce que j'ai une maison à rénover, une autre à bâtir de mes mains de la cave au grenier, et je veux prendre ma retraite et devenir financièrement autonome dans quelques années, avant même d'avoir atteint la cinquantaine, tout en me faisant répéter continuellement pendant des années par toutes les personnes que je connais que je suis fou, que ça ne se fait pas, que j'en prend trop à la fois et que je n'y arriverai jamais.

J'aurai besoin de toute la confiance en moi et de toute l'assurance possible.

Dans un autre ordre d'idée complètement, je me suis couché dehors hier pour regarder les perséides. Je suis resté dehors une demi-heure et je n'en ai vu aucun. Pas très encourageant. Je vais réessayé ce soir. De toute façon, ça me fait du bien de rester dehors comme ça, à l'air frais, dans l'obscurité, à écouter les grillons chanter.


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