17 avril 2006

Demain est le sixième anniversaire de mon journal.

Six ans, ça passe comme un coup de vent, mais dans le domaine de l'informatique, c'est déjà la préhistoire. Même le terme "journal" est dépassé, désuet. Il faut dire "blog" maintenant. Et ceux qu'on appelait il n'y a pas si longtemps des "diaristes" sont maintenant des "bloggeurs".

Quand j'ai commencé mon journal, j'étais loin d'être le premier. Disons que je suis monté à bord du train alors qu'il commençait à rouler. Pourtant, à cette époque, il n'y avait quand pas même pas plus que quelques dizaines de diaristes francophones, et peut-être quelques centaines d'anglophones à travers le monde entier. Nous étions même suffisamment rares et hors du commun pour être contactés par des journalistes et des sociologues, ce qui m'est arrivé à quelques reprises.

Mais aujourd'hui, les blogs se comptent par centaines de milliers à travers le monde, dans pratiquement toutes les langues. Ils prennent toutes les formes et traitent de tous les sujets, allant bien au delà de la classification simpliste de "journal intime" ou "journal d'opinion" qu'il y avait au début.

Et pour ce qui a trait à mon journal à moi, il n'a pas suivi cette tendance à la modernisation du média. La forme, la mise en page sont restés identiques à ce qu'ils étaient à l'origine. Cela reflète bien d'ailleurs la vie qu'il est supposé raconter. Pratiquement aucun changement extérieur, et pas beaucoup plus de changement intérieur. Mon être, lui, a beaucoup changé, beaucoup compris de choses. Mais il faut croire que ces changements ne se sont pas encore reflétés sur ma vie. Je ne vis toujours pas la vie que je voudrais vivre, je me projette toujours dans l'avenir, étant toujours en attente du jour où, finalement, j'aurai enfin accompli... quoi, au juste ? Je n'en sais trop rien encore.

Bref, j'attend, encore et encore, toujours. J'attend le jour où je prendrai ma retraite, où je ferai tous les voyages dont je rêve, où j'aurai une compagne que j'aimerai et qui m'aimera, où je me réveillerai le matin et vivrai l'instant présent, sans jamais que mon esprit s'égare plus loin dans l'avenir que le coucher du soleil.

Je marche encore et toujours vers cette lumière au bout du tunnel de mon existence qui me parait encore si loin, trop loin à mon goût. Mais aujourd'hui, elle est quand même là, cette lumière, au lieu du gouffre noir et insondable qui était la seule chose que je voyais le jour où j'ai écris les premières lignes de ce journal.

La dépression est vraiment la plus atroce des expériences qu'on puisse jamais vivre. Je ne la souhaite à personne, et ne souhaite plus jamais la subir. Je ressens néanmoins une grande fierté à la pensée de m'en être sorti, à deux reprises. Et je vis maintenant chaque jour avec la rassurante conviction que si un jour le malheur veut que cette terrible maladie me frappe à nouveau, j'ai en moi la force de passer au travers et de m'en sortir encore.


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