27 juillet 2006

Ma troisième semaine de vacance achève, et ça me fait un bien fou. Tout à l'heure, il a fallu que je fasse un effort conscient de me rappeler comment je me sentais au travail pour réaliser à quel point cet emploi est de plus en plus malsain pour moi.

Comme il fallait s'y attendre, je n'ai pas fait beaucoup de choses à date, à part régler quelques petits détails que je trainais depuis longtemps. Et naturellement, vous vous en doutez, j'ai encore de la difficulté à "dealer" avec le fait que je ne suis pas l'horaire que je m'étais fixé, entre autres pour mes rénovations. Ce sont toujours les mêmes conflits qui me tiraillent: J'ai des travaux à faire et je me sens coupable de ne pas les faire; je me sens seul car le peu de vie sociale que j'avais se passait principalement au bureau; je passe de longues journées à m'ennuyer et je m'en sens coupable parce qu'il y a plein de choses que je devrais faire; j'aurais plein d'activités de plein-air à faire qui me permettraient de profiter pleinement de mon été mais je ne pourrais pas en jouir pleinement car je me sentirais coupable de prendre encore plus de retard dans mes travaux; etc, etc, etc. Vous voyez le topo. Je suis vraiment fucké entre les deux oreilles. Mais ça, vous le saviez déjà.

J'ai quand même envoyé toutes ces bibittes chez le diable la semaine dernière et j'ai passé quelques jours en compagnie de Lola dans un petit chalet complètement isolé que nous avons loué tous les deux. C'est quelque chose que nous n'avions encore jamais fait ensemble. Lola et moi nous aimons beaucoup, mais nous avons beaucoup de difficulté à passer plusieurs jours l'un avec l'autre, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Mais elle se sentait dépaysée dans sa nouvelle ville, et nous nous ennuyions l'un de l'autre, alors nous avons pris le risque.

Lola est une femme urbaine, mais elle a quand même au fond d'elle ce même goût que moi de la nature et de la beauté sauvage. Cet amour commun nous a toujours rapproché. Même si elle se sentait plutôt anxieuse à l'idée de passer quelques jours seule avec moi, en pleine forêt, loin de la civilisation, elle a quand même décidé de plonger tête baissée.

Finalement, ce fut une très agréable expérience. Je suis tellement de meilleure compagnie dans la nature, alors cela a sûrement aidé. En plus, même si nous n'avions pas planifié beaucoup d'activités et que cela l'inquiétait un peu au départ (elle est beaucoup moins "contemplative" que je peux l'être), elle avait tellement besoin de se reposer et de refaire le plein d'énergie elle aussi que non seulement s'est-elle contenté de passer ses journées entières à se faire bronzer au soleil où à faire un peu de marche ou de chaloupe en ma compagnie, mais cela lui a fait un bien immense. L'absence quasi totale d'insectes piqueurs et le fait que nous ayons eu un temps magnifique durant tout notre séjour a grandement aidé.

Et en ce qui me concerne, et bien... que dire de plus qui n'aie déjà été dit ? Dès que je suis arrivé là-bas, je me suis senti une fois de plus transformé. Les soirées à écouter les doux sons de la nature, sans la moindre pollution sonore; le sentiment d'isolement; la sensation que tout nous appartenait à nous seuls sur des kilomètres à la ronde; le fait que nous pouvions passer des journées entières complètement nus, du matin jusqu'à tard en soirée, sur le bord du feu, à déguster un bon verre de rosé; ces nuits noires, sans la moindre lumière autre que celle de ces milliers d'étoiles qui brillaient dans le ciel.

Il y a quand même eu un point négatif de cette escapade: Alors que je remontais dans la chaloupe après une baignade au milieu du lac, j'ai stupidement glissé et suis tomber de tout mon poids sur le rebord métallique de l'embarcation. Résultat: une côte fêlée. Heureusement, ça m'est arrivé l'avant dernière journée, et ça n'a donc pas écourté notre séjour. Le premier jour, je ressentais une douleur juste à respirer, et j'avais l'impression de me faire poignarder dans le côté chaque fois que je toussais ou éternuais (ce que j'évitais soigneusement de faire, vous me comprendrez). Ça fait une semaine maintenant et ça va beaucoup mieux. Mes journées entières passent sans même que je m'aperçoive que j'ai un problème, la douleur est maintenant minime quand je tousse, et hier soir j'ai pu passer ma première nuit complète couché sur le dos (les nuits précédentes je devais dormir en position semi-assise, ce qui ne me procurait pas un sommeil très réparateur...). Bref, tout s'arrange et d'ici une autre semaine il n'y paraîtra plus.

J'ai réalisé deux choses durant ces quelques jours. Premièrement: cela ne fait plus aucun doute maintenant; c'est exactement le genre de vie que j'ai envie de vivre. Deuxièmement: la présence de Lola donnait tout son sens à cette expérience. Jamais je ne réussirai à jouir pleinement de cela en restant seul. Ma vie prend tout son sens dans le partage, et cela ne changera jamais, peu importe le temps que je passerai et les efforts que je mettrai à essayer de me convaincre du contraire.

Cela risque de compromettre, ou plutôt de compliquer, mes projets futurs. Qu'à cela ne tienne. Je n'en suis pas à un défi près dans ce monde bâtard où nous vivons.

La vue à partir de notre chalet, le soir de l'arrivée.


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