31 août 2009

Pourquoi ma vie n'est-elle pas aussi belle que mes rêves ? Pourquoi ma réalité ne me remplit-elle pas de bien-être comme le fait mon imagination ?

Ce printemps, j'ai décidé de me reprendre en main. J'ai décidé que c'en était assez de cet angoisse que je traînais depuis des années à propos de ma santé, et à cause de laquelle je dépérissais lentement et je me sentais vieillir, vieillir, jusqu'à croire que ma vie était déjà finie, que mes plus belles années étaient derrière moi, et ce malgré le fait que je sentais que mon existence jusqu'à ce jour avait été un échec, un terrible gaspillage de temps et de vie.

Je me suis effectivement repris en main. J'ai recommencé à bouger, à réveiller ce corps que j'avais laissé dépérir. Je me suis pesé en fin de semaine: J'ai perdu deux kilos et demi par rapport à mon poids du début de l'été. Ça ne semble pas énorme, mais ça me met à peine deux kilos au dessus du poids que j'avais à trente ans quand j'étais au sommet de ma forme, le poids que j'avais toujours eu depuis que j'étais adulte. Je suis aujourd'hui dans une forme que je ne croyais plus possible; j'ai réduit mon rythme cardiaque de vingt pulsations par minutes en quelques mois; je gravis sentiers et montagnes pratiquement sans effort; je me fais donner dix ans de moins que mon âge et me fait siffler par des poulettes dans la vingtaine.

J'ai repris mon corps en main, avec des résultats spectaculaires. Il serait peut-être temps pour moi maintenant de reprendre mon esprit en main de la même façon.

Le problème, c'est que contrairement à mon corps, je ne sais tout simplement pas comment.

Il y a deux semaines j'ai eu une petite prise de bec avec la collègue avec qui je m'entend si bien. Rien de bien grave. Nous nous sommes expliqués depuis, et tout est beau maintenant. D'ailleurs, ce n'était pas la première prise de bec du genre. Seulement, ça faisait longtemps que ça ne nous était pas arrivé, des années en fait, et cela m'a remis en face d'une réalité pénible que je me plaisais à oublier avec elle: Je ne suis pas facile à vivre.

Peu importe avec qui je suis, je ne sais jamais dans quelle mesure cette personne m'apprécie, et dans quelle mesure elle m'endure. Cette prise de bec avec la collègue avec qui je m'entend si bien, et le froid qui a suivi, m'a ramené à la dure réalité. Grâce à elle, cet été, je n'étais pas seul. Mais viendrait-elle à quitter ma vie, pour quelque raison que ce soit, et je me retrouverais encore une fois seul avec moi-même; un homme qui ne compte beaucoup pour personne, et à qui personne ne pense dans leur quotidien.

J'ai tout dans ma vie, absolument tout, à l'exception de la capacité de me définir par rapport à moi-même, de donner un sens à ma vie indépendamment du regard de l'autre. Je suis le son de l'arbre qui tombe dans la forêt: Si personne n'est là pour l'entendre, il n'existe pas.

Je déteste ce besoin de l'autre. Pire, je le hais. Je le hais parce qu'après quarante-sept ans de vie, je suis toujours aussi impuissant face à lui, toujours aussi incapable de trouver ma place dans un groupe de personnes parmi lesquelles je me sentirais vraiment bien. Un groupe de personnes qui m'aimeraient autant que je les aimerais, qui enrichiraient ma vie autant que j'enrichirais la leur. Un groupe de personnes, ne serait-ce même qu'une seule personne, pour qui je compterais autant qu'elle compterait à mes yeux, et avec qui je n'aurais jamais besoin de me retenir d'exprimer toute l'affection, la tendresse et l'amour que j'ai pour elle.

Je sais que je progresse, que je vais de mieux en mieux, que les choses avancent pour moi dans le bon sens. Mais elles avancent si lentement, si imperceptiblement, que parfois le découragement réussi à prendre le dessus sur moi. Et quand j'entend des gens parler de leur propre vie et dire qu'ils se sentent comblés et heureux parce qu'entourés de personnes exceptionnelles qui les aiment, j'enrage. J'enrage que ce soit si facile pour tant de monde, et si difficile, voire quasi impossible, pour moi. Et je peste et je rage contre le destin qui m'a fait comme je suis.


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