30 janvier 2008

La collègue avec qui je m'entend si bien et moi entretenons une correspondance assez régulière depuis mon départ du bureau. Je réalise que cette correspondance est sans doute partiellement responsable de ma baisse d'intérêt pour ce journal. D'une certaine manière, la collègue avec qui je m'entend si bien s'est peu à peu substituée à ces pages. Elle est devenue ma principale interlocutrice, celle à qui je me confie d'abord et avant tout.

J'espère que vous ne m'en tiendrez pas trop rigueur.

Copine et moi sommes allés visiter Cousine en fin de semaine dernière. Sa situation familiale a quelque peu changé dernièrement. Voilà maintenant quelques mois que sa relation avec son conjoint battait de l'aile. Récemment, ce dernier est reparti vivre dans son pays natal, ne trouvant pas d'emploi dans son domaine ici. Officiellement, ils ne sont pas séparés. Mais vu les circonstances, je crains que ce ne soit qu'une question de temps. Leurs deux filles, elles, restent ici avec leur mère.

De mon côté, un tas de choses ont rallumé en moi la flamme d'aller vivre en nature. D'abord, je suis tombé par hasard sur un film dont j'avais déjà entendu parlé mais que je n'avais jamais eu l'opportunité de voir. C'est un reportage sur Les Stroud, un ontarien dont vous avez peut-être déjà entendu parler par son sobriquet de "Survivorman", et de sa femme Sue Jamison, qui après s'être mariés (la cérémonie avait été organisée sur un barrage de castor, vous voyez le genre), sont partis en "voyage de noce" dans la forêt boréale du nord de l'Ontario où, pendant une année complète, ils ont vécus dans l'isolement le plus complet un mode de vie d'une rusticité extrême, habitant d'abord dans une sorte de tipi recouvert de peaux d'animaux qu'ils avaient eux-mêmes tannés, puis, pour la saison hivernale, dans une hutte en bois rond, isolée à la mousse de sphaigne et imperméabilisée à l'écorce de bouleau. À part leurs vêtements, les seules articles de technologies qu'ils se sont permis d'apporter avec eux sont une radio CB pour les urgences, un poêle à bois, et heureusement pour nous, quelques caméras vidéo et appareils photos avec lesquels ils ont documenté en détail leur aventure.

Puis, je suis tombé par pur hasard sur un reportage sur une ancienne athlète olympique qui a temporairement mis sa carrière sportive en veilleuse pour fonder une famille. Je n'ai pas vu le reportage du début, alors je ne pourrais vous dire ni son nom, ni même la discipline qu'elle pratiquait. Ce que je peux vous dire par contre, c'est qu'en ce moment, elle vit, avec son conjoint et son jeune garçon, dans un camp de chasse sur une grande terre à bois, et d'après ses dires, elle ne s'imaginerait plus vivre autrement.

Enfin, j'ai vu récemment, dans le cadre de l'émission Humanima diffusée à RDI, un reportage sur Henri Jacob, président de l'association appelée l'Action Boréale. Dans ce reportage, il parlait entre autre de cette période de sa vie où lui, sa conjointe et leur petite fille sont partis s'installer dans le camp de chasse familial, sur une ile au beau milieu d'un grand lac de la forêt boréale dans la région de l'Abitibi, avec l'intention d'y passer une année complète pour y faire un projet sur l'observation de la faune. Finalement, ils y sont restés dix ans.

Tous ces gens ont en commun avec moi un amour indéfectible de la nature, et une appréciation pour un mode de vie plus simple, moins stressant, plus sain et plus proches des vrais valeurs, davantage en harmonie avec les lois naturelles qu'avec ces règles purement arbitraires, et la plupart du temps illogiques et malsaines, de notre civilisation moderne.  Mais ce qu'ils avaient aussi en commun, mais que je ne partage pas avec eux, c'est la présence dans leur vie d'au moins une personne avec qui partager leurs rêves et leur mode de vie. Et c'est cette seule et unique différence qui me bloque et m'empêche de progresser dans l'atteinte de mes objectifs et la réalisation de mes rêves.

C'est vraiment chiant, à la fin.


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