18 mai 2009

Pascale Otis, ça vous dit quelque chose ?

Chercheuse, détentrice d'un baccalauréat en biologie et d'une maîtrise en physiologie animale, spécialiste des oiseaux migrateurs, intelligente, curieuse, passionnée de voyage, de découverte, de photographie et auteure de plusieurs ouvrages de vulgarisation scientifique. Et pour couronner le tout, elle est délicieusement belle et séduisante.

La femme idéale, quoi. À mes yeux du moins. Exactement le genre de femme que j'aimerais avoir dans ma vie.

Vraiment ?

J'ai entendu parlé d'elle pour la première fois car elle faisait partie de l'expédition scientifique qui passa un an et demi en autonomie complète en Antarctique à bord du Sedna IV en 2005-2006. J'ai pensé vous en parler ici ce soir car j'ai vu hier un reportage dans le cadre de l'émission Humanima qui lui était entièrement consacré.

Vous n'aurez aucune difficulté à trouver une tonne d'information à son sujet si vous entrez son nom dans n'importe quel moteur de recherche. Elle a un curriculum vitae impressionnant. Très impressionnant même. Pour n'en donner qu'un aperçu: Fondatrice du Centre d'Interprétation des Oiseaux Migrateurs (CIOM); directrice de l'Unité de Recherche sur les Oiseaux Migrateurs (UROM); ses travaux l'ont amené à travailler à la fois en Arctique et en Antarctique (elle a été scientifique invitée à la station McMurdo en 2003); membre de l'équipe scientifique de l'expédition "Mission Antarctique" à bord du Sedna IV; et plus récemment participante à l'expédition "Défi Québec Monde", consacrée à l'exploration des îles du pacifique et à l'étude des impacts des changements climatiques sur cette région du monde. Et ça, c'est sans parler de ses nombreuses publications sur les oiseaux migrateurs et ses ouvrages de vulgarisation scientifique, etc.

Pas mal pour une femme qui a tout juste trente et un ans.

Et moi, qui ai seize ans de plus qu'elle, j'ai fait quoi au juste de toutes ces années ? Qu'est-ce que j'ai accompli exactement ?

Je ne dis pas que ma vie n'aurait de sens que si j'avais une feuille de route aussi impressionnante que la sienne. J'ai eu l'opportunité d'aller en science moi aussi au début de ma carrière. Et il ne fait aucun doute à mes yeux que j'aurais excellé dans mon domaine. J'ai peut-être de sérieux problèmes d'estime de soi sur bien des aspects de ma vie, mais en ce qui a trait à mon intelligence et à mes facultés intellectuelles, soyez sans crainte, je n'ai absolument pas le moindre complexe. Même que dans ce cas particulier, je pourrais sans doute bénéficier d'un peu plus d'humilité...

Non, j'ai choisi de m'orienter dans un autre domaine, domaine que j'adorais et dans lequel j'ai excellé pendant presque un quart de siècle. Et à ce jour je n'ai aucun regret en regard au volet professionnel de ma vie. Là n'est pas la question.

La question est que, comme vous le savez déjà, je vis chaque jour avec la sensation, voire même la conviction profonde que jusqu'à aujourd'hui j'ai complètement gaspillé ma vie. Et il m'est totalement impossible d'imaginer qu'une personne comme Pascale Otis, qui a tant voyagé, côtoyé tant de gens dans une multitude de domaines, touché à tant d'aspects différents de l'existence, contribué à l'enrichissement de la connaissance humaine, et qui par dessus le marché est encore si jeune, puisse ressentir la même chose que moi, du moins à l'occasion.

Et pourtant, oui, ça lui arrive à elle aussi, comme je l'ai déjà entendu le dire dans une rare entrevue que j'ai eu l'occasion d'entendre une seule fois.

Certaines personnes, comme moi, arrivent à éviter l'attachement à qui que ce soit en s'isolant, en se forgeant une personnalité hermétique, impénétrable. D'autres, comme elle, obtiennent les mêmes résultats en étant au contraire continuellement en mouvement, en voyageant à travers le monde, en utilisant ce mode de vie qu'ils ont choisi comme excuse pour justifier la nécessité d'éviter de s'attacher à qui que ce soit.

Deux façon différentes d'atteindre le même but. Et, dans les deux cas j'en suis sûr, un but motivé par la même cause sous-jacente: la peur.

La peur de perdre ne serait-ce qu'une toute petite partie de cette sacro sainte liberté qui, pour une raison encore nébuleuse, compte tellement à nos yeux qu'on est prêt à tout sacrifier dans notre vie, absolument tout, pour en arriver à la conserver, et ce, même si, à la fin, ce sera tout ce qui nous restera.


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