19 septembre 2010

Un mystère vieux de dix ans a été résolu cette semaine.

Vous vous rappelez sans doute de ces étranges piqures dont je me suis retrouvé affligé pendant quelques jours à mon retour de chez Lolita à Montréal il y a dix ans de cela. À l'époque, j'avais soupçonné qu'il s'agissait de puces, mais n'ayant jamais vu un seul insecte, je ne pouvais en avoir la certitude. Deux ans plus tard, une autre de ces étranges crises de piqures d'insectes m'était arrivée. Encore une fois, un grand ménage de la maison (et de la voiture) avait mis fin à cet épisode déplaisant.

Et bien je n'en ai pas parlé ici, mais l'été passé, quelque chose de semblable s'est encore produit, après sept ans de répit. Cette fois, je n'arrivais pas à voir d'où cela pouvait provenir. Et encore une fois cette année, ce genre d'invasion m'est encore arrivée, et deux fois en plus. La plus récente a eu lieu il y a environ trois semaines. Par une journée chaude et ensoleillée, j'avais décidé de retourner à ce petit refuge de montagne abandonné que j'avais découvert pour la première fois il y a une douzaine d'années, et redécouvert l'an passé. La température étant très chaude, j'avais décidé de faire la randonnée nu, plus personne ne parcourant ce vieux sentier abandonné de toute façon.

Le lendemain, dans le courant de la journée, voilà-ti-pas que je découvre quatre de ces fameuses piqures: trois sur ma hanche droite et une sur le haut de la fesse droite. J'ai alors immédiatement fait le lien avec ma randonnée de la veille, et également remarqué que les piqures se trouvaient toutes sur la partie de mon corps où je porte mon sac de taille. Et je me suis rappelé que l'occurrence précédente de ces piqures, plus tôt cet été, avait également eu lieu le lendemain d'une de mes randonnées en forêt, un jour de canicule, où je n'avais porté rien d'autre que mon sac de taille et mes chaussures de randonnée.

Quoi qu'il en soit, régulièrement à tous les un ou deux jours pendant les deux semaines qui ont suivi ma randonnée, une ou deux piqures supplémentaires apparaissaient, toujours sur le bas du corps (fesse, cuisse, mollet, etc.). Ça commençait sérieusement à m'exaspérer et je me préparais à entreprendre un autre grand ménage, puisque cela semblait toujours avoir mis fin aux infestations précédentes. Et encore, je dis infestation, mais jusque là je n'avais jamais réussi à faire la preuve que ces éruptions désagréables étaient bien l'oeuvre d'un quelconque insecte ou autre arthropode.

Dimanche dernier, en soirée, j'étais assis devant mon ordinateur quand j'ai senti quelque chose me chatouiller sous ma robe de chambre, à la hauteur de ma hanche. Les fois où cela m'était déjà arrivé, c'était la faute d'un insecte quelconque (fourmi, mouche noire, etc.). Je me suis levé pour ouvrir ma robe de chambre et j'ai vu sur le tissu une sorte de petit insecte foncé, environ de la taille d'une petite mouche noire, qui essayait de s'accrocher aux fibres. Je l'ai secoué pour le faire tomber sur mon bureau et j'ai placé dessus le couvercle d'un vase de Pétri pour le prendre au piège. Puis je n'y ai plus fait attention du reste de la soirée, me disant que je l'examinerais le lendemain avant de le mettre dehors.

Le lundi donc, je l'ai complètement ignoré, le laissant poiroter sous son piège de plastique toute la journée. Sauf que juste après avoir éteint mon ordinateur pour aller me coucher en fin de soirée j'ai commencé à ressentir une démangeaison sur la hanche droite. Comme de raison, trois nouvelles piqures étaient apparues.

Encore le lendemain matin, la petite créature, qui venait de passer plus de vingt-quatre heures sous un couvercle de plastique, semblait plutôt tranquille, voire inerte. J'ai décidé de soulever le couvercle pour l'examiner de plus près et... elle a disparu ! Pouf ! Comme ça, je vous jure. Elle était là, j'ai cligné des yeux, puis elle n'y était plus. Un peu frustré, je me suis dis que soit elle avait sauté, soit elle s'était envolée, et qu'elle allait bien réapparaitre un moment ou un autre. J'ai donc continué à travailler sur mon ordinateur comme si de rien n'était.

Comme de raison, une quinzaine de minutes plus tard, j'ai senti un chatouillement sur mon poignet gauche, sous la manche de ma robe de chambre. Je remonte cette dernière pour révéler immédiatement la petite bête qui se baladait sur mon poignet. Cette fois je n'ai pas perdu de temps. Je l'ai faite tomber dans un vase de Pétri sur lequel j'ai immédiatement mis le couvercle, et alors que la petite bête tentait en vain de se sortir de cette fâcheuse situation, j'ai pris mon verre grossissant pour l'examiner en détail.

Cette fois, il n'y avait plus de doute possible. Révélée dans toute sa splendeur, il ne faisait plus aucun doute quant à l'identité de la sale bête: Ctenocephalides felis, la puce du chat, l'espèce de puce la plus répandue en Amérique du Nord.

Le lendemain avant-midi, vingt-quatre heures exactement après avoir trouvé la petite bête sous ma manche de robe de chambre, quatre petites éruptions sont apparues sur mon poignet gauche. La salope avait eu le temps de me piquer à quatre endroits différents avant que je ne la découvre. Cette fois, le mystère est finalement éclairci. Ces crises d'éruptions cutanées dont j'ai été affligé de façon sporadique au fil des années sont bel et bien l'oeuvre de puces. Tout à coup, tout est devenu clair: Toutes les infestations dont j'ai été victime cet été et l'été passé se sont produites après que je sois allé rendre visite à mon refuge abandonné en montagne. De toute évidence, les petits rongeurs (souris, écureuils) qui se baladent dans ce refuge laissent parfois tomber quelques uns de leur petits passagers clandestins, et quand ceux-ci voient apparaitre ce gros sac de sang bipède, ils deviennent cinglés.

Depuis que j'ai capturé la petite salope, je n'ai plus eu aucune nouvelle piqure, après presqu'une semaine. Je me demandais combien j'avais pu en ramener, mais il ne semble pas improbable que celle-ci soit la seule qui ait fait le chemin avec moi jusqu'à mon domicile, probablement confortablement installée sur mon sac de taille. Pour une puce, je suis la seule chose qui se mange dans cette maison, et s'il y en avait d'autres, elles se seraient manifestées depuis.

Quant à ma captive, elle est finalement morte hier. Oui, je l'ai laissé crever de faim et/ou de soif dans un vase de Pétri. C'était une saleté de parasite après tout. Je vais attendre encore quelques jours, et si aucune autre éruption n'apparait sur ma peau, je pourrai raisonnablement en conclure que c'était la seule sale bête que j'ai ramené avec moi, ou du moins la seule sale bête qui était encore en vie jusqu'à tout récemment.

Heureusement que je n'ai pas d'animal de compagnie. Les puces ne se reproduisent pas lorsqu'il n'y a que des êtres humains dans une maison.

Note à moi-même: La prochaine fois que je visiterai un de mes refuges abandonnés, prendre bien soin de m'assurer de ne pas ramener de ces petits parasites déplaisants dans mes bagages.


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