8 septembre 2010

Fin juin de cette année, Copine m'a transmis une invitation. La fin de semaine suivante, Lolita organisait une fête à son chalet, et j'y étais invité. Ça a fait drôle de revoir le lac, et le chalet auquel plusieurs améliorations avaient été apportées au fil des années.

Mais ça a fait encore plus drôle de revoir certaines personnes qui avaient été totalement absentes de ma vie depuis les huit dernières années. Précisons d'abord qu'il y avait beaucoup de monde que je ne connaissais pas; pour la plupart des connaissances avec lesquelles Lolita s'est liée durant son séjour en Estrie. Il y avait aussi beaucoup d'enfants. Ça, je m'y attendais, et j'avais passé la plus grande partie de mon temps entre l'invitation et la date de la fête à m'y préparer.

Il y avait Lolita bien sûr, que j'avais revue lors du souper chez Copine l'été dernier, ainsi que son nouveau conjoint dont j'avais fait la connaissance lors de cette même soirée. Et aussi Cousine, que je n'avais pas revue depuis deux ans.

Mais il y avait aussi la soeur de Lolita, toujours aussi belle et aussi gentille, son conjoint (qui ne m'a pas immédiatement reconnu, mais qui a cliqué dès que je lui ai dit mon nom) et ses enfants, dont sa fille, qui venait à peine de commencer l'école la dernière fois que je l'avait vue, et qui est maintenant une belle et grande adolescente qui, évidemment, ne se souvenait absolument pas de moi, malgré le fait que j'avais déjà failli l'assommer une fois en reculant ma chaise pour sortir de table juste au moment où elle passait derrière moi (de cette mésaventure non plus elle ne gardait aucun souvenir, et heureusement d'ailleurs).

Mais il y avait aussi une autre personne, à la présence de laquelle je ne m'attendais pas: Nikita.

Elle n'avait vraiment pas changé, et ce n'est pas là qu'une simple formule de politesse. Mais j'ai été heureux de constater que je ne ressentais plus pour elle cette espèce d'attirance viscérale de jadis. Elle est, et restera toujours, une charmante et délicieuse jeune femme avec qui j'ai passé de merveilleux moments et dont je garderai un souvenir impérissable, mais elle a sa vie maintenant. une vie dont je ne fais pas, et ne ferai jamais, partie. Nous avons quand même largement profité de ces retrouvailles pour nous mettre à jour sur nos vies respectives des dernières années.

Les gens qui ne me connaissaient pas ou qui ne m'avaient pas vu depuis longtemps n'étaient pas au courant de ma récente retraite et de mes projets. Ils se sont montrés très intéressés d'ailleurs, du moins ceux avec qui j'ai pu jaser, car plusieurs adultes ont passé une bonne partie de l'après-midi à jouer à des jeux, après celui qui avait été organisé par les enfants, et auquel j'ai participé avec réticence, en faisant de gros efforts pour ne pas monter à quel point cette situation me mettait extrêmement mal à l'aise. D'ailleurs à ce propos, la plus vieille fille du nouveau conjoint de Lolita est venue me voir peu après mon arrivée pour m'expliquer les règlements de ce jeu, et ce faisant elle m'a entendu dire à la blague que je trouvais que mes quarante ans étaient très loin derrière moi, car nous venions de parler de Lolita qui fêtait justement ses quarante ans.

- Excuses-moi, m'a-t-elle dit, mais si je t'ai bien compris, tu aurais plus de quarante ans ?

- J'en ai quarante-huit, lui ai-je répondu.

Elle m'a regardé, l'air ébahie, avant de lancer finalement: "Jamais je ne t'en aurais donné plus de quarante".

C'était très flatteur, mais je suppose que, pour une jeune adolescente, tout ce qui dépasse trente ans entre dans la catégorie des "vieux"...

L'heure du souper est arrivée, et on a commencé à préparer le buffet. Quant à moi, j'en avais eu assez. J'avais fait des efforts surhumains pour feindre le plus possible la "normalité" au milieu d'une quarantaine de personnes composées pour la plupart d'inconnus et/ou d'enfants, et mon seuil de tolérance était atteint. Je n'allais pas faire l'erreur d'attendre qu'il soit dépassé.

Tout en faisant la tournée des gens que je connaissais pour leur annoncer mon départ, je suis tombé sur Lolita, la principale intéressée, avec qui j'avais à peine eu le temps d'échanger quelques mots à mon arrivée. Elle m'a regardé, l'air visiblement déçue de ma décision en lançant: "Mais on a même pas eu le temps de se parler !". Quoi qu'il en soit, me connaissant, et voyant bien que cet aspect de ma personnalité n'avait pas changé au fil des années, elle n'a pas insisté. On s'est promis de se donner des nouvelles, bien qu'à la lumière de ce qui précède, je ne m'attend pas à une autre invitation de sa part à court terme.

D'autant plus que quelque chose que je n'ai remarqué qu'après mon départ me porte à croire que l'invitation qu'elle m'a faite revêtait peut-être plus d'importance à ses yeux que je ne le croyais au départ. En effet, de retour chez moi, j'ai réalisé que certaines personnes, qui étaient pourtant partie intégrante de notre petit groupe d'il y a quelques années, brillaient par leur absence à cette fête. Les "vieux garçons" comme on les appelait (incluant JG), Caro Largo, et surtout Salma, une bonne et lointaine amie d'enfance de Lolita. Sur le coup, je me suis dis que ces personnes avaient dû avoir des empêchements et je n'y ai plus repensé, jusqu'à une conversation téléphonique avec Copine quelques jours plus tard, durant laquelle elle m'a informé que les personnes en question n'avaient tout simplement pas été invités, d'où leur absence. Apparemment, pour son anniversaire, Lolita avait voulu être entourée d'un nombre limité de personnes qui revêtaient une importance particulière à ses yeux...

???

Alors voulez-vous bien me dire ce que je faisais dans cette liste ?! Si je revêt vraiment une "importance particulière" à ses yeux, me laisser à toute fin pratique complètement sans nouvelles depuis son retour dans la région est une bien drôle de façon de me le montrer.

Mais tout cela n'a que peu d'importance de toute façon. Comme je l'ai souvent dit à l'époque, je ne suis tout simplement pas à ma place parmi ces gens, et les années n'ont rien changé à cela, comme me l'a confirmée cette fête. Mais, contrairement aux amis d'enfance avec lesquels je suis allé souper au mois de juin avec pour qui je n'ai aucun regret à tourner la page, cet état de fait me décevra toujours. Car jamais je n'aurai senti de la part d'un groupe de personnes autant d'effort pour m'intégrer et me faire sentir le bienvenu parmi eux. Et malgré toutes ces années, plusieurs d'entre eux, et Lolita en particulier, occupent toujours mes pensées. J'ai sincèrement aimé et apprécié ces gens, et c'est toujours le cas. Et je crois sincèrement que malgré toutes mes idiosyncrasies, c'était réciproque.


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