PARIS – BREST – PARIS
La Grande
Aventure
Comme de nombreux cyclos, j’ai maintes fois pensé me lancer dans ce
marathon de la route. L’idée fait son chemin, puis un jour la décision :
« Je
serai sur le P.B.P 1999¸dernier du siècle ! »
1er
janvier 1999 : mise du compteur à zéro, il reste neuf mois de préparation
physique et morale afin de prendre le départ à la forme optimale.
Les premiers mois, je les consacre au travail
foncier pour aborder les premiers brevets qualitatifs de 200 et 300 kms.
Viennent ensuite les brevets de 400 et 600 kms. Deux grands brevets tests pour
Paris Brest Paris.
Le 600 kms accompli à la mi-juin, j’envoie mon
dossier d’inscription. Il reste deux mois
avant le départ, il me faut continuer la préparation physique : rouler, dévorer
du bitume, maintenir la pression.
Commence
la période de doute, le Paris Brest Paris partira peut-être sans moi :
problème de licence… courrier, fax, appels téléphoniques.
Fin
juillet arrive la plaque de cadre tant attendue. Je serai sur le Paris Brest
Paris pour le terminer. J’effectue les dernières grandes sorties sur les
circuits de la semaine fédérale.
Vient
enfin le jour J
Dany
mon épouse assure mon soutien logistique. Pour l’occasion, notre véhicule
est transformé en camping car.
Dimanche
22 août – 15 heures : Contrôle de la machine, retrait des
documents et signature de la feuille d’émargement.
Installés
au camping de la base de loisirs, il reste plus d’une journée d’attente
avant le départ fatidique. Le camping est transformé en une fourmilière de
cyclos de différentes nationalités.
Lundi
matin : Le prologue.
Lundi
après-midi : Repos ! dernière phase de concentration, mise au point
avec Dany sur la façon de m’assister, préparation des bidons, dernier regard
sur les cartes routières, points de contrôle…
20
heures : J’assiste au départ des 80 heures. Il me reste deux heures
avant mon départ à 22 heures.
La
concentration est au maximum, je suis impatient de libérer l’énergie accumulée.
Lundi
23 août 1999 – 22 heures : DEPART
Le
public nombreux le long des boulevards encourage et souhaite bonne route à ce
ruban multicolore. L’allure est rapide. Pour quitter cette zone urbaine, il
faut être vigilant aux nombreux obstacles (ronds-points, virages, haricots,
ralentisseurs…).
La
première heure passée, le stress du départ s’évacue, je plonge dans la
nuit, la lune est cachée par les nuages, la météo est clémente. Nous formons
un peloton international d’une centaine d’unités.
En
quelques heures, je rejoins le ravitaillement de MORTAGNE AU PERCHE. Les premières
bosses font leur apparition. Nous doublons quelques tandems et vélos spéciaux
partis un quart d’heure avant nous.
Mardi
24 août 1999 – 7 heures : VILLAINES LA JUHEL
Le premier contrôle Km 220
Voici
la première nuit passée, il fait jour, je me déleste de la lampe frontale et
du baudrier réfléchissant. Bisous à ma précieuse assistante. Direction
FOUGERES… la route ne m’est pas inconnue, j’ai effectué le brevet de 400
kms sur cet itinéraire. La journée s’annonce chaude, la température s’élève.
10h30 : FOUGERES
Dany
me fait part des appels téléphoniques des collègues et amis qui suivent ma
progression sur ce Paris Brest Paris. Ils veulent connaître mon heure d’arrivée
à TINTENIAC pour venir m’encourager. Super confiant à l’idée de retrouver
les copains la « socquette est légère », de plus j’emprunte mes
routes d’entraînements, je traverse des localités que je connais bien. Le
moral est au beau fixe, la météo également, il fait très chaud.
13 heures : TINTENIAC
Le
fan-club est sur la voie d’accès au contrôle en compagnie de Dany.
Quelle
joie de recevoir les encouragements de sa famille, ses amis, ses copains de club
qui partagent mon aventure. Je sens leurs regards interrogateurs, je les
rassure, les remercie et leur donne rendez-vous dans 24 heures sur la route du
retour.
Il
fait de plus en plus chaud, température caniculaire, je m’efforce de vider
mes trois bidons entre chaque contrôle. Pas question de caler par déshydratation.
Erreur à ne pas commettre.
17 heures : LOUDEAC
J’aspire
à prendre une douche pour me rafraîchir, je sens la transpiration, la fatigue
commence à se faire sentir, cette douche serait la bienvenue. Un habitant me
propose de le suivre, il m’offre cette douche réparatrice. Douché, changé,
restauré, je rejoins CARHAIX par les difficiles MONTS D’ARREE. Auparavant, je
me suis arrêté à CORLAY, premier contrôle secret.
21 heures : CARHAIX
Le
jour décline, je me situe à 520 kms du départ, je décide de prendre du repos
avant la traversée finistérienne par la forêt de HUELGOAT et ROC-TREVEZEL.
Les premiers sont déjà sur la route du retour. Dany, toujours attentive, m’a
préparé mon repas et mon couchage. Petite séance de massage pour assouplir
les muscles, quelques minutes plus tard, je dors profondément. 1h30 de sommeil,
elle me réveille. Le démarrage est pénible, la musculature refroidie et les
paupières lourdes, je repars seul pour virer à BREST à 4 heures.
Me
voici à la moitié du périple. Les conditions climatiques ont changé, je bénéficie
du crachin breton.
Mercredi
25 août 1999 – 8 heures : CARHAIX
Il
y a foule au pointage, c’est le chassée-croisé entre la vague montante et
descendante. La seconde nuit vient de s’achever, le soleil levant me réconforte
et me réchauffe. Le fait de croiser de nombreux cyclos me donne des ailes.
12 heures : LOUDEAC
Le
temps est lourd et menaçant. Je roule en compagnie d’un cyclo Danois.
L’orage éclate, en quelques minutes je suis traversé, la route se transforme
en torrent.
QUEDILLAC :
second contrôle secret. L’euphorie me gagne à nouveau à l’idée de revoir
les amis.
16 heures : TINTENIAC
Le
fan-club est en place, banderole déployée ...
Sympa,
il reste encore 350 kms pour franchir la ligne mais j’apprécie leurs
encouragements. Certains amis sont venus en vélo mais ne peuvent
m’accompagner, le règlement l’interdit. Je profite de cette pose pour
nettoyer et huiler la machine qui a souffert sous la pluie battante.
19 heures : FOUGERES
Autre
surprise, Yannick, Président des Amis du Vélo et Stéphane se sont déplacés
pour me soutenir. Doper par tant de réconfort, j’aborde la troisième nuit
toujours en compagnie de mon ami Danois.
23 heures : VILLAINES LA JUHEL
Quelle
ambiance formidable, véritable haie d’honneur pour accéder au contrôle.
Ensuite je m’isole pour me restaurer, les yeux piquent un peu, il est temps de
s’octroyer une autre heure trente de sommeil avant de franchir les Alpes
Mancelles.
Jeudi
26 août 1999 – 6 heures : MORTAGNE AU PERCHE
Moment
plus délicat, la route est engloutie dans une brume épaisse au point qu’on
ne sait plus où l’on met les roues. Prudence, il faut rester attentif. Le
lever du jour dissipe tout cela.
10 heures : NOGENT LE ROI
Dernier
pointage avant l’arrivée, le Danois est souriant, malgré ses problèmes de
selle. Il ne sait plus quelle position adopter. Je luis fais remarquer qu’il
ne reste plus qu’une case à remplir sur notre carnet de route. Le dernier
tronçon est pénible : circulation intense, feux rouges…
12h40 : ARRIVEE AU STADE
Quel
bonheur de franchir la ligne après 62h40 de selle sous les hourras d’un
public passionné.
EMOTION
INTENSE
Dany
me passe le portable, je reçois les félicitations des amis pendant plus
d’une heure.
Merci
à eux pour leur soutien.
Grand
merci à mon épouse pour sa précieuse assistance.
Merci
à l’organisation parfaite : aux bénévoles, aux motards de la sécurité,
au fléchage…
PARIS
– BREST – PARIS
est
une inoubliable et fabuleuse aventure que je souhaite renouveler dans quatre
ans.
Pierre
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