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Certains créent des instants de liberté en volant sur les obstacles quand d'autres les contournent.

Les villes sont devenues des pièges qui assignent les corps à des postures rigides, qui canalisent les déplacements pour accélérer les flux de la périphérie-dortoir au centre-bureau. Les villes ce sont de multiples territoires et de multiples frontières visibles ou invisibles. La ville n'est pas habitée, elle est subie par ceux qui y habitent : des lieux sans vie, des vies sans lieux.

Mais quand l'urbanisme sert un agencement savant de la ville à des strictes fins d'utilité sociale, des résistances se déploient, certaines concernent de nouveaux modes de penser l'architecture et l'urbanisme, d'autres la manière même d'y habiter et de s'y déplacer.

Les Yamakasi ont inventé un art, celui du déplacement. Ils ont fait de l'environnement urbain un lieu où inventer des mouvements inédits pour une autre conscience au monde. Les Yamakasi prennent appui sur les murs, les bâtiments, les tours, les cloisons, les garde-fous, les rambardes, sur tout ce qui fait obstacle au mouvement, pour se projeter dans les airs en inventant des sauts et des figures à risque et rythme variables. Pour les Yamakasi, la ville devient le terrain d'une glisse à mains nues. À l'image du surfeur qui apprivoise la vague, le Yamakasi apprivoise la ville, la cité pour en faire un terrain de jeux inconnus. «L'Art du déplacement requiert une parfaite connaissance et maîtrise de soi, tant physique que mentale. Il s'agit de se déplacer en s'adaptant à tout relief dans une course effrénée de haute voltige entre obstacles et vides vertigineux.» Qu'est-ce que les Yamakasi nous donnent à voir ? Peut-être cette capacité à se donner un devenir en s'inventant avec les autres, ou encore la sagesse d'un geste quand celui-ci devient une écriture, un mode de pensée, un état d'esprit dans le désert bétonné urbain.

quelques traces d'un dialogue avec trois des sept Yamakasi. William Belle, Charles Perriere, Malick Diouf, à Evry, ville nouvelle déjà vieille, pour ceux qui la connaissent, par son urbanisme et son architecture hostile.

Les Yamakasi nous expliquent :

L'Histoire

Yamakasi : Chacun d'entre nous pratiquait plusieurs sports et était aussi en recherche de quelque chose. Nous avons commencé par utiliser le milieu, l'environnement, le mobilier urbain, pour pouvoir se développer physiquement, jusqu'à en arriver à cet Art du déplacement. Le nom Yamàmi est d'origine zaïroise, il signifie Esprit fort, Corps fort, Homme fort, ce qui correspond bien à notre art. Tout vient de l'esprit, c'est vraiment l'esprit qui contrôle nos mouvements et nos gestes. Pour sauter, il faut avoir un moral d'acier.

Le défi et la prise de risque

Yamakasi : Le risque nous fait avancer. Après avoir pris un risque nous sommes plus sûrs de nous, ce qui nous permet d'aller plus loin. Nous avons confiance, nous avons des références, ce qui nous permet de passer à une étape supérieure, d'évoluer. Des risques, nous en prenons tout le temps dans la vie, il faut savoir prendre des risques, sans prise de risque nous n'avançons pas. Le risque est une éducation à la vie. L'Art du déplacement est plus qu'un sport, c'est même encore plus qu'un art, c'est une philosophie. Ça va loin, nous vivons de ça.

Art ou Sport ?

Yamakasi : Nous avons appelé notre pratique un art parce que c'est un art de vivre. Le corps, son développement, a été oublié aujourd'hui, pourtant dans tout ce que nous faisons nous avons un usage du corps. Il nous a fallu trouver une définition appropriée, vu qu'il ne s'agissait pas seulement de se développer physiquement mais aussi d'inventer des chorégraphies, de travailler la beauté et la qualité d'un saut. Pour nous il était évident qu'il s'agissait d'un art plus que d'un sport.

État d'esprit - Motivation - Buts de vie

Yamakasi : Avant un saut, nous avons surtout une préparation mentale qui peut être individuelle, ou collective. Quand nous avons une démonstration collective, nous nous concertons, mais chacun trouve ses motivations propres avant un saut. Devant le vide on est seul avec soi-même.La motivation est toujours liée à cette idée que nous avons une «Mission». Nous avons toujours un devoir de montrer ce que nous faisons et bien. C'est une remise en question de tous les jours. Tu te remets en question pour voir si tu es capable de faire ce que tu as fait la veille.

École - Transmission -
Quels savoir transmettre ?

Yamakasi : Avant de penser à transmettre notre pratique et ce que nous y avons appris, il nous faut encore continuer. Pour l'instant, nous pensons que nous ne sommes pas encore prêts. Nous sommes en évolution permanente, certes ce ne sera sans doute jamais fini. Comme nous l'avons dit, c'est une remise en question de tous les jours, et tu essaies d'évoluer pour aller toujours plus loin. Mais avant de partager avec d'autres ce que nous avons appris, il nous faut encore travailler.

Cohésion - L'avenir ou le devenir ?

Yamakasi : Le secret de la cohésion c'est peut-être cet esprit fort. En fait nous sommes très liés, nous sommes attentifs à chacun d'entre nous. Quand l'un d'entre nous se détache de certains principes, d'une certaine intégrité, on lui rappelle d'où nous venons.Nous voulons pouvoir continuer ce que l'on fait tout en s'adaptant à d'autres milieux. Le Yamakasi peut s'adapter vraiment à tout. Comme il s'adapte à tout milieu urbain, il s'adapte à tout milieu, notamment celui du spectacle. Peut-être que nous pourrions y changer les mentalités, du moins essayer. Certains états d'esprit individualistes qui dominent dans la société, le monde du travail, n'aident personne.Nous ne voulons pas que l'Art du déplacement devienne une mode commercialisable, simplement être là, exister, et que chacun retienne de ce que nous faisons ce qu'il veut. Notre but est que chacun soit autonome, nous ne souhaitons pas qu'on nous imite, mais plutôt que chacun se trouve, se réalise. Nous ne sommes pas «des exemples de jeunesse», tout le monde peut prendre en main son destin.

Le regard de l'autre

Yamakasi : Le regard de l'autre n'est pas important pour nous. Entre nous, il est important, mais de l'extérieur non. Tu es seul face au saut, tu n'es pas avec la personne qui te regarde ou qui va t'applaudir. Tu sautes pour toi. Tu ne sautes pas pour amuser le public ou la galerie, sinon un jour ou l'autre...
C'est dangereux. Si tu le fais pour quelqu'un d'autre, pour l'argent, pour la gloire, etc., c'est clair, tu tombes. Il faut vraiment rester intègre. Que ce soit dans le monde du travail, dans la vie, cette exigence peut être pertinente partout. La force vient de l'intégrité.

Il faut savoir que nous avons tout mis sur notre art, que nous avons arrêté de travailler. Nous savions que nous arriverions à en faire quelque chose d'important. Il est arrivé que nous n'ayons plus rien : pas d'école, de travail, d'argent. Mais nous savions que nous arriverions à donner un avenir à notre pratique. Il faut aussi dire que nous le faisions parce que nous aimions le faire, par plaisir, c'est tout. Nous ne pensions pas à l'argent, ni à ce qui nous entourait. Parfois on s'endort, on se laisse aller, justement c'est à ce moment là qu'il faut se remettre en question.