Les poèmes de Marie Mélisou, JANVIER-FÉVRIER 1999
 

" et donner l'ordre 
  quoiqu'il en saigne
  à la maison au bord de vivre
 
  de gicler dans la lumière"
                          
FÉVRIER
 
 
 
 
 
LE SONORE IMMEDIAT
 
 
                    des sirènes hurlantes
                    fierté d'y demeurer étrangère
                    miroitent 
                    me renvoient une catastrophique faille 
 
                    dérivée en ondulations
 
                    imprévu
                    des blessures entraînent 
                    l'oblique des tourbillons aux mélodies fortes
 
                    une onde ces jours-là soumet le ludique
 
                    sans prétendre vociférer
                    s'engage la tonitruante tendresse
                    des photos sépia du souffle
 
                    le vrai monde est-il perdu ?
 
 
 
                               Marie Mélisou  février 1999
 
 
 Désinvolture folie 
 
 
 
            quelques trajectoires vacillent
            souffles sur la mèche 
                             chandelle fragile
            elles se violentent
            tout le contraire de l'amour
 
            tournent encore un peu
            autour d'elles
            la rupture en douceur fanée 
                               tâtons collages 
            mélancolie au jour le soir jusqu'à la fin
 
            sans lumière la cire brûle leurs pensées
            quand l'une fait résonner l'affirmer
 
            des liens complexes et attentionnés
            enfourchent les jardins secrets
            s'achèvent les renaissances
 
            quelque chose
            comme le pouvoir de continuer à avancer
            les fouillera 
 
 
                            Marie Mélisou  février 1999
 
Pour Ailen, que je salue d'une patte.
 
 
 
          Peuples des mondes
 
 
 
   s'asseoir  s'activer  bourdonner
          sur d'entêtants signes
       ils circulent
  de proches en proches  de mondes en mondes
     simple jeu  Important
 quand émettre d'odorantes phéromones
             est Vie
 
            ils je tu 
  apicula furmus humanus papilio
     la dimension compose la foule de la colonie
        l'amour se pare de façons uniques
     ailes de couleurs vives
      nage dans les airs des lépidoptères
  au nid rangé ordonné enfoui 
                rejoint des hyménoptères
 
 nous nous agitons de mondes en mondes
            par eux
      simple jeu Important
 quand émettre de parfumés phéromones
            est Vivre
 
 
                     Marie Mélisou  février 1999
 
 
 
 MEMOIRE DE L'OUBLI
 
 
 
        doucement je tirais sur l'espagnolette
        une lumière fertile passait déjà
                      une idée un tableau un poème 
        entrait le grand jour et l'air vif
        s'enfumaient les envies à dédouble tour
        s'ouvraient les caresses 
 
        de me souvenir
        le ciel se sépare de la pluie fluide
        sans doute ça danse en moi
 
        j'ai connu mes paumes désespérées 
        elles tombaient à mes pieds 
        ma tête pleurait ton visage à toutes forces
 
        je ne comble pas les secondes à chercher
 
        doucement je tire sur moi
        une lumière stérile passe déjà
                la mémoire l'oubli la douceur
 
 
 
                    Marie Mélisou février 1999
SI ELLE APPRENAIT 
    
 
 
                           bien entendu
                           ou entendre bien
                           la grande à enfermer souffre
                                   nouvelle entrée au monde 
 
                           si seulement elle apprenait
 
                           derrière la vie
                           une intimité se découvre
                           plus vite que les tremblements
                           la rebelle à enfermer souffre
                                  se conformer au moins prudent
 
                           si seulement elle taillait l'âge
 
                           des quelques fragments de vérité 
                           là où elle les attend le moins
                           images se sèment à chocs
                           la bonne à enfermer se conquiert
                                          s'entraîner à vivre
                      
                           si seulement elle apprenait le souffle
 
 
 
                                   Marie Mélisou  fevrier 1999
 
 
 
 
RÊVES ET COMPAGNIE
 
 
                 griffés
                 mains sur odeurs d'homme
                 une placide endormie en compagnie
                 rêve
 
                 croisée des émotions 
                 les rires fous en zigzaguant étreignent
                 écrasent
                 les rayons émergents du vouloir s'enfuir en uns
 
                 clandestins
                 chaud aux joues
 
                 un jour autre pas fâché se libère
 
 
 
                               Marie Mélisou février 1999
 
 
 
 Innerver le respirer
 
 
 
          des saules pleureurs
          lapent l'eau versée dans la rivière
          leurs branches en théâtre de cruauté
          atteignent le confins des soupirs
 
          la chlorophylle réveille les vols en rond
          feuillage à yeux
          ombres en fumées tressées de sarcasmes
          silhouettes plantées peuplées du réel
 
          puis le ciel blanchit  clé des instants
 
          le rire de la guerre a commencé
          les saules innervent l'air
          en bras qui s'ouvrent
 
          il faut savoir planter une forêt
 
 
                           Marie Mélisou  février 1999
 
 
VILLE DE LA MORT DELIVREE
 
 
        de grosses larmes coulent
        frémissent
        sur les premiers chants d'oiseaux
 
        le fil à vie tendu
        sur les plaines lâchée du vent d'ici
        suscite la pensée
        d'un impossible accès
 
        un mur d'épaisseur
             délicatesse d'être saoul
                  s'oublier pour un peu flotter
                          séquelles des traditions
        me rejette dans l'inapaisé de moi
 
        navire en détresse 
        la vie immédiate y règne en vol chute
 
 
                   Marie Mélisou  février  1999
 
 
 
 
 
 
Ecrits in extremis
 
 
 
         dans l'entonnoir
         des coquetteries en péril
         je cherche le simple 
         j'apprête le phosphore mystérieux
         en toute liberté
 
         je renverse le mal cicatrisé 
         lie les sommets en fagots hantés
         exprime les prisons d'en dedans 
         parcelle l'exalté et l'effrayant mitoyens 
         piliers pourtant
 
         l'air poivré s'échappe en étendues déployées
 
         le dernier tunnel dans l'aube 
 
 
                     Marie Mélisou  février 1999
 
 
 Leçons de choses
 
 
 
         tu tombes sur les gens  
         cyclone mal assuré
         chant des pluies au fil à plomb
 
         cathédrale fragile
         seule l'ombre veut ta perte
         tu griffes toutes les années d'avant
         d'ici et de là
 
         en toi
         nos quelques notes égrenées deviennent ruche
         bourdonnements
         même concerts de rires malveillants
 
         tu crois payer le prix exorbitant de la beauté 
         sans monnayer les leçons de choses
 
         le gibet applaudit ou grelotte
 
         vers la fragilité 
         toutes les choses fragiles conduisent
 
         vers la tranquillité
         toutes les pensées tranquilles mènent
 
 
 
CHALEUR
 
 
 
            un chagrin lourd
            somnole sous le soleil de l'été
 
            une île de champs échoués
            brins d'herbes et feuilles ronronnent
            ventilateurs du voguer jusqu'au doute
 
            je devine le brassé de l'air épaissi
 
 
 
 
                           Marie Mélisou  février 1999
 
 
 
 La partir
 
 
 
       elle voudrait s'offrir l'effet de grandir
 
       désenfiler les pensées étroites
       jeter le ratatiné  le moins réfléchi  l'étriqué
       jusqu'à l'absurde pour ressentir 
 
                      partir
 
       s'échaper des vieux points d'appuis
 
       ils rameneraient peut-être le calme
                                idée improbable
 
       le grandir est d'accepter
 
       faut-il vraiment s'en aller ? 
              -les mots sont tout un voyage-
 
 
                         Marie Mélisou  février 1999
 
 
Nos doutes se ressemblent
 
 
 
                        je me rends visible à vous
                        apparition
                        aventure des mots en avant
                        et vous accepte 
                        comme vous me lisez
 
                        petit tas de souffles courts
                        où le c¦ur sans feuillage
                        semelle à écouter
                        je crie acceptez-moi comme j'écris
 
                        le pouvoir vouloir de cacher
                        gentils en liqueur tiède
                        ne mène qu'au fragile
                        et gratte mes vertiges
 
                        réglons nos pas sur nos doutes
                        ils se ressemblent 
 
                        nos émotions vastes
                        cherchent l'étroit d'une feuille
                        pour se laisser débarquer
 
 
                                Marie Mélisou   février 1999
 
 
 
 
Epier l'attendre
 
 
 
     Je guette l'heure où l'amour descendra sur Terre. 
 
     En attendant j'y panse tes bosses minces mais particulières 
en misères. Envahies par le mesquin au fil des ans, elles luttent 
encore les unes contre les autres. Toi, plus du tout depuis 
longtemps.
 
     Buttes des bosses s'écaillent, et mènent carrière.
 
      Le décrépi de tes lézardes - il m'arrive de rêver, je te verrais
extraire tes cicatrices qui sont les nôtres - pèse tes pensées.
 
      Tout le temps virtuoses et méchantes. 
 
      Elles entrent en scène avec moi à chacune des fois où nous nous 
croisons. Et l'art solide, barre d'années disparates, amorce le soigné 
de cette misère pour tenter de demeurer. Trahison. 
 
      Seulement tu n'y crois pas.
 
      Je cherche des mots pour le dire. Verdure, Verrière, Vivre, 
Vestiges, Vacherie, Vaciller, Vagues, Vaincre, Valable.
 
      Maboul, Macabre, Minimum, Macérer, Malmener, Menteur, Miracle, 
Mutilé. Ou, Maman.
 
      Paisible, sans traîner le long des murs, ni égrener les 
souvenirs, bandes de lumières en bandes éteintes, sans non plus 
conduire le temps nulle part, je prends plaisir aux visions qui 
fouettent mes tendances sincères.
 
    Je guette l'heure, réflexes d'illusions d'amour en surplomb des 
calmes et des tourbillons.
 
 
 
                                     Marie Mélisou   fevrier 1999
 
 
 
 
 
 Feu mouillé
 
 
 
                  un temps en sous-coeur 
                  tient les gémissements de dépit
 
                  lorsque subsister est difficile
                          - l'azur scelle les crocs -
                  même depuis les portes du secret
                  lorsque deux étoiles tutoient les cieux
                  pavés désordre par désordre 
                  il est une saison pour le feu
                  une saison pour l'eau
 
                  à égalité
                  les deux sentiers éléments 
                  se découvrent 
                  tels qu'ils se tremblaient
 
 
 
                                     Marie Mélisou   février 1999
 
Mémoire pour demain
 
 
 
      quand sur la terre de brumes
              va l'argenté du vent
      s'y roule comme dans l'herbe
                     tu t'enquiers
                       des chemins  
         ils mènent à la même rive
 
               y coule un ruisseau
               au mal remue-ménage
                            lacets
 
   en enfance les racines du temps 
                ouvrent l'ailleurs
 et la trouble lumière se persifle
 
est-elle assez vaste pour contenir 
         tous les vieux bonheurs ?
 
 
 
           Marie Mélisou  février 1999
 
Devoir de temps
 
 
 
                   des matins
               le temps qu'il faut
     la double lumière de la machine à éternité
              engendre fées des mers 
      et chevaliers aux nourritures affectives
 
          le rebours n'en mène pas large
     entre quatre yeux pour le moment à plumes
                   et la chance 
           sont les après-midi sans fin
 
                le temps qui fut
             aux rires sous l'aurore
         tempêtes en vol de lettres vives
              c'était avant la nuit
              des passeurs d'ombres
 
      avant nos pieds ancrés dans le céleste
 
              le temps qu'il fera
    après les instants qui touchent au suprême
       les vallées d'où se cligner de l'¦il
          s'appeler avec pour consigne
             une immense simplicité
 
 
 
 
                           Marie Mélisou    février 1999
 

 
 
La songe-creux
 
 
        Un jour je ne me déliterai plus dans le vulnérable
     de 
     la vie et je n'oublierai pas de me prendre au jeu.
 
        Un jour l'indéfinissable glauque des tombés de
     rideaux 
     seront des tableaux uniques où les nouveaux
     ruisseaux en 
     comédies sentimentales me contamineront en
     rayonnements.
 
        Un jour l'émotion intacte de savourer la folie et la 
     sagesse seront des escapades pour retenir les songes,
     ceux 
     qui remettent de l'ordre pour inverser les grilles.
 
        Un jour, déligotée après des chiquenaudes sur mes
     chimères, 
     passionnées de paroles où j'aurai virée ma meilleure
     ennemie, 
     moi, je prendrai le passage pâlir une dernière fois, et
     poserai 
     mes sots songes qui clabaudent.
 
        Enfin je serai effervescente.
 
        Un jour, quand je serai née.
 
Marie Mélisou  février 1999
 
       
 
Extrémité
 
 
 
                    Jubilent les sortilèges
                    à la recherche de l'appareillage de nuit
 
                    Souquez  Parez  Ramez
                    Le vent debout
                    se félicite des gens du voyage
                    sans murs en face
 
                    Premiers scintillements
                    La terre de nos aïeux vire de bord
                            - Se détache blanche -
                    s'insinue en tous
 
                    Non en ta vérité de ce monde
                    mais en l'image désirée
                             Celle que l'on a de toi
 
 
                    Recommandée à ton Amour
                    par le mien
                    j'emprunte de quoi m'asseoir à vie
 
 
 
                                      Marie Mélisou  février 1999
 
 
 
                         
                             Attraction voilée
 
 
 
                     J'ai voulu fatiguer mon chagrin
                     mais je suis tombée  Tabassée par le vide
                     Le premier qui viendra m'alourdir de son élixir
                     ne trouvera que l'injuste sentiment vomi
                     La vie plaquée au sol
 
                     J'englue tout dans l'erreur bitume
                     tirée poussée meurtrie
                     Jamais ne trébuche   Je ne suis pas
                              traîne de moi-même
 
                                  Pourtant
                     Yeux rivés droits  J'avance
                     Car sur l'opacité du dépolie
                     Odeurs troubles sur la portée de l'unisson
                                   Virevolter   Esquisser
                     Je sais 
                     Tu m'as fait échapper à la pesanteur
 
 
 
                                     Marie Mélisou  février 1999
 
 
                  Blêmir l'offrir
 
 
 
               tempêtes qui invoquent l'entendre
               injustes fausses sorties
               à l'extrémité miracle
 
               quand incapable de perdre
               ce qui t'a déjà gagné
               la route turquoise  révolte infructueuse
               décide de sa plainte stérile
               ou le nourrir d'un pas subir
 
               provoquer le trouble
               se bouleverser à se renverser
               l'évidence
               dévorer les sensations précieuses
                           bonheur préoccupé
 
               l'inconnu révélé
               appelle supplie cet état d'invivant
                        - émotions si fortes -
 
               frénésie du vaille la teigne d'être ténue
 
 
 
                                      Marie Mélisou  février 1999
 
 Mon si ténu nom d'avant
 
 
 
    Après avoir vécu longtemps en guerre, après que les 
sirènes hurlantes et déchirantes aient à toutes heures 
des jours, à chaque instant des nuits, durant des années, 
griffé la douceur, je voulais voler par-dessus les goélands. 
 
   J'avais arrêté de rugir non.
 
   Sur des feuilles froissées de lune, mes pensées taillées à vif  
modelaient, sur les images de vos visages improvisés, ma sale 
figure en saisons de deuils, mère hagarde, damnée et labourée 
par l'intolérable. 
 
   Infernale, je le suis aussi.
 
   La terre avait les fleurs pensées, fleurs signes des âmes 
dont elle se nourrit, celles qu'elle avait enfouit dans un manque 
absolu de grand silence. Trouble des foules réunies sur ce 
qui se passe de terrible. Le temps étouffe tout la nuit venue.
                 
    Qui plus est, si les réveillés ne veillent plus.
 
    Le paradoxe d'écrire sur mon si ténu nom d'avant, pour raconter 
les plumes arrachées aux oiseaux ravages, mouette à déchiqueter 
les vies où tous suffoquent, plus une maison traversée d'air en 
courants, n'est pas un langage destruction, n'est pas un festin 
innommable.
 
    Simplicité de la marée. Et puis, j'aime pas mourir.
 
    Mon si ténu nom d'avant, retour sur l'instant du premier regard, 
s'est épanoui comme le votre, sur la lenteur des années d'enfance 
où "celui qui a quelque chose en moins a, dans le même temps, 
quelque chose en plus". Sur les lettres vives d'êtres aux mots 
lus oubliés mais gravés, sur la fragilité de croître, sur des racines
de silice. Ce qui garni la façade compte autant que chacun des 
recoins sombres, intègres et altérables, aux croyances ancrées.
 
    Le Savoir du bruit des temps.
 
    La soie à poigne de votre ¦il cyclone, fraîcheur, sur mon 
corps en jachère, a un matin inventé de nouveaux mots beaux pour 
épeler mon nom, et sur quelques clés bleues de champs salés j'ai 
vraiment su voler, avec la lenteur des choses osées, sans nier 
l'inoubliable, vivante et droite, avec les goélands.
 
     La mer d'ici peut en témoigner.
 
 
 
                     Marie Mélisou   Février 1999
 
 
Erre danse
 
 
 
               Presser le Sud d'une journée
               A tout jamais superbe  Une vague 
                   émouvante Belle 
            
               Proposition du silence 
 
               Les mots d'amour
               flottent sur les eaux des faits d'hiver
               Pourtant pétris 
 
               Le fil retient l'errance
                         Très redoutable abîme
               Perdre l'arrime   A tout moment  
 
                           A la vie 
               A ton sourire A la quête de ces mots
               qui défient l'instinct
 
                         Juste milieu
               Campements où le ressenti des douleurs
                               Est hurlement
 
 
 
 
                           Marie Mélisou     Février 1999
 

 
JANVIER
C'est une façon d'aimer
 
 
                 L'habileté à découvrir les secrets
                        Ces voyants insolites cachés
                 est l'éloge des épisodes délicieux
                 comme un juste chemin noblesse 
 
                 L'incarné immense des jouissances 
                             - pourtant garder sa rigueur -
                 soulage les jours
      
                 Les ennuis gravent la terre
                 et les intentions vastes s'écrivent labourées
 
                 Le prix du rire 
                           Ce quadrille enivrant
                 sur lequel des felouques frissonnent
                                         rares foisonnements 
                 mord le pouvoir où opèrent nos yeux 
                      Grandes recherches
 
                 D'orientations et d'innocences les séquences
                                          Exigences formelles 
                          Stupéfiantes courses
                 jouent comme une simple leçon les doutes poignants
 
 
                 La nostalgie en silence mouvant descend la rivière
                                  à sa façon en Beauté d'Amour
 
 
 
                                              Marie Mélisou   janvier 1999
 
 
				Clé des chants 
 
 
       Devenir Chose - objet heureux - de paroles
     imprégnées, de 
     senteurs vivantes, sans lumière pauvre, pour enfin
     éprouver
     en couleurs chantées.
 
       Le monde est une cabane au fond d'un jardin, dans
     laquelle 
     une Sorcière cupide et effroyable dirige avec une
     agilité 
     noire une nuée grouillante d'insectes en luttes, les
     Choses.
 
       Brins de chaleur sur les flots, en bord de grève
     suspendue, 
     poussières et grains en trompe-l'oeil, les Choses, le
     Jour, au 
     fond du jardin, ont une vision en reflets Orangés
 
       Le large rattrape tout le temps le falun et lèche
     aussi les 
     coquillages imaginaires des Choses. Qui grouillent
     et luttent.
 
       L'Orangé prend flamme quand les Choses, flashs de
     malignité, 
     exécutent en pensées la Sorcière, torche vive d'un
     instant ;
     rendre le jardin supportable chacun des Jours.
 
       Les rayons Bleus de la lune -veilleuse- ont une
     façon, la 
     Nuit, de raconter et de peindre les visages des Choses
     tournées 
     vers elle.
 
       L'importance des douleurs en devient différente, la
     Nuit 
     possède la Clé des Chants. Murmures apaisants de
     celle qui ne 
     veut rien. Si, juste regarder. Pas comme les Choses,
     ils scrutent
     misérablement sur le jardin d'à côté. Traverse de la
     terreur. 
     Couloir de l'abandon. Quête du Quai de rive neuve.
 
       Non, la peau de la Lune rutile, son temps chante. Et
     si elle 
     ne vit pas pleinement chaque Nuit, elle aime avec les
     yeux, se 
     moque des plissures de son corps, palpite plus et
     mieux en fanant. 
     La Lune est un coquelicot Bleu.
 
       Quelquefois, durant la Nuit, sous la Lune, les
     objets heureux 
     - Choses -, croient que le Jour, leurs visages comme
     leurs idées, 
     sont sujets aux mirages.
 
       Rythme de Lune.
       Griffes des Jours.
       L'Orangé et le Bleu, complémentaires.
 
 
 
                                   Marie Mélisou   Janvier 1999
 
 
 

 
 
 
Corps à chocs
 
 
 
 
   Tu t'es tue.
 
   Tu t'es tuée. 
 
   Lorsque tuer et taire se ressemblent, il y a une décision 
unique que tu prends, ou qui s'impose. Celle de te renverser, en 
te fichant de qui balayera les miettes éparpillées de ton 
puzzle Vie. Un jeu offert longtemps auparavant, par deux adultes. 
 
   Lorsque maladroite tu te verses, te déverses, te vides, mais 
sans dernier souffle, tu as beau râler en affres macabres, on 
t'accroche, te cloue de force la pancarte Vie. 
 
   Tu ne meurs pas. Tu dois concevoir avec toi-même un pacte de 
non-ré-agression, imaginer l'espé-nourrir, pour un millier de belles 
raisons qui t'appartiennent, et seulement à toi. Le plus difficile
va être de les "voir".
 
   D'affronter. De confronter. 
 
   Alors, tu disperses ou déblaies, différences importantes, mais tu 
ignores quel est le bon verbe, le vrai chemin, ni même s'il y en 
a un.
 
   Sans aucune clarté, tu te mets à l'écoute des bruits brouillés 
pour croiser le passé, désemplir leurs appels, observer ton tarir, 
déserter l'abonnée présente, et souffrir mille non-morts.
 
   Respire.
 
   Rien que cela est exister.
 
   Respire, et sois.
 
   Être, sans bouger encore, sans rien désirer. Être pour simplement
mettre un souffle et une inspiration, un souffle et une inspiration, 
un souffle et une insp... les uns derrière des autres.
 
   Et ressentir ce qui te pénètre.
 
   Au début, une seule perception, la lumière. Il se trouve que 
sur le blanc immaculé elle prouve plus intensément encore le 
survivre, le revivre. Par la lumière tu ranimes ta vividité. Et par 
tout ce qui s'impose, s'enchaînent tes vies. Celles perdues chaque 
matin lorsque tu ne prenais pas leurs chemins, celles offertes 
aux amants, aux enfants, aux parents. Celle qui n'a pas voulu que ton
corps change de pays, et celles qui s'offrent de te tendre leurs
chemins, même avec des montées, avec autant de virages, toujours 
autant escarpés.
 
   Mais c'est ta facilité à grimper et tes possibilités à prévoir ces
virages qui ont changé. Vous êtes deux désormais. L'ancien toi, que 
tu connais si bien, qui a su dire une chose au moment où elle avait
à le dire ; et une nouvelle extrémité de toi, ton copilote 
désormais, qui va t'apprendre à t'observer en face même si tu as mal, 
à t'envisager même pour t'accompagner, à te supporter même douloureuse,
même en moins sombre, en moins dure, en moins amère...
 
    Et en moins morte.
 
   Timidement, tu es fragile pour si longtemps, tu rappelles la Vie, 
pourtant en lisière des confins, en flanc de l'extrême, en limbes de
toutes les frontières, en marge de toutes limites...
 
   Et tu vas tenter de l'accoutumer.
 
Pour une amie,
Marie Mélisou   janvier 1999
                           Au bord
 
                              
 
                      
                         Par une fissure du mur la douleur
                         Au bord des larmes à ses persiennes
                         la maison sanglote à l'intérieur
 
                         Au réveil ouvrir les yeux 
                         Ils tirent les ficelles du cadeau
                         la Vie
                         Qu'en faire ?
 
                         Arbres couverts de ciel et de lumière
                         sans filles-feuilles
                         Un Rien de mélancolie
                         la maison resserrée se cherche
 
                         Intensité perdue
 
                         La Vie
                         Chaque matin utiliser ce trésor
                         magnifique et terrible
                         Une nouvelle page 
                         où y fredonner des mots mordorés
 
                         Conversation de vent
 
                         Savoir reconnaitre l'escapade
                         de retenir un songe  Il inverse la mort
                         et donner l'ordre 
                         quoi qu'il en saigne
                         à la maison au bord de vivre   
 
                         de gicler dans la lumière
 
 
                                         Marie Mélisou   Janvier 1999
 
 
 
 
                Couper les chemins en quatre
 
 
                    
                     Les quatre temps 
                     du silence sérénité
                     pour acclimater mon râle
                     concevoir des aurores
                     naître sans découper mes yeux
                     et éteindre les inutiles vents
 
                     Des éclats colorés habitent
                     le ballet des rosiers lianes
                     aux quatre chemins
                     où l'on choisi d'être
                     Chevaliers ou Fées 
                     Démons ou Anges
 
                     Orages méconnus des chemins coupés 
                     en vies ouvertes
                     impétueuses dans leurs douleurs
                     nourries de rêves beaux
                                  
                     
                                   Marie Mélisou  janvier 1999
  Mosaïques et entrelacs
     
                 
      éclairs feux sur les ailes perdues
      ailes de matins ou d'amour
      je voudrai caresser le temps 
 
      celui qui passe trop vite
 
      ailes d'immortalité pour toucher les nuages
      et sans l'éclat du métal
      te ramener
 
      herbe folle 
      vague neuve
      tu es le coeur du camaieu des corolles
      la plus belle senteur 
      l'amour en face
 
      enfant
      je n'ai rien oublié
 
 
 
            Marie Mélisou  12 Janvier 1999
 
 
 
     L'heure verte
 
 
 
   Quand en soupirant tu murmures "un jour, je tiendrai enfin 
debout", la boucle du temps, magie des soleils renouvelée, 
semble avoir découvert le mouvement perpétuel.
 
   Lorsqu'au bout du chemin, ta phrase murmurée atteint son 
but, mon coeur, après un détour par ma tête qui ne sait plus 
penser, cogne un ballon plein de vent* et vibre mon être 
au-dessus des pins.
 
   Ils sont au nombre de six.
 
   Six pins immenses, majestueux, plantés en rond ; ils dansent
en tenant du bouts de leurs branches toujours vertes. Quand ils 
lèvent les aiguilles au ciel, et rient de leurs racines, le 
tapis d'aiguilles, feutre roux sur la terre accueille mon corps
perdu.
   Je regarde les pins, ils tournent, ils virent, ils tanguent, 
leur sol s'incline. 
 
   Non, non, c'est le mien. Car c'est moi qui tourne, vire, tangue, 
et prise de tournis le sol sous mes pieds s'incline jusqu'à ce 
que la nausée me recroqueville douloureusement. 
 
   Vulnérable comme un enfant.
 
   Alors, plus rien de réel n'existe. C'est révoltant et 
délicieux, cruel et assoiffant. Ressentir la rondeur de la terre, 
entendre le sol devenir ciel, et suivre son corps le long des 
emprises de sensations. Forces et faiblesses en luttes. 
 
   Je me penche, me couche, m'affaisse ; sans qu'aucune réaction 
d'arrêt, ou de maîtrise, ne soit possible. Ne plus rien savoir. Ne 
plus rien vouloir.
 
   Un jour tu tiendras debout et, à moins que je ne sois couchée, 
je me tiendrai droite aussi, ici ou là, me souvenant de ces 
six pins dans le soleil, immenses, majestueux, plantés en rond, 
brillants à l'heure verte de la journée.
 
 
 
                     Marie Mélisou    Janvier 1999
 
 
 * "ballon plein de vent", traduction du mot latin : follis
 
                Hauts plateaux
 
 
 
            Sur les hauts plateaux du vent 
            le bleu profondeur des quêtes diverses
            n'est qu'une parcelle de la vie
 
            Secrets de la Source
 
            A la fenêtre du labyrinthe
            un pont se glisse sous l'eau
            pour oser
            une sortie de jour à midi
 
            Hauts plateaux du vent
            toutes les couleurs offertes à la mer
 
            Les paillettes des rictus obcènes
            griffent les chairs abîmées
            Elles ne peuvent lutter 
            contre le bleu profondeur
 
            Hauts plateaux du vent d'en dessous
 
 
 
                           Marie Mélisou   Janvier 1999

 
 
 
VERS NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1998
 

VERS MARS-AVRIL 1999

 
 
 
 

 

 

 

 

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