Et qu'il lui propage l'afférence /homosexualité/, qui a valeur de révélation pour Marcel, en distinguant par deux temps narratifs (a) la gifle donnée "ex nihilo" à un journaliste dans le théâtre, (b) de cette bagarre avec "un monsieur assez mal habillé" à la sortie du théâtre :

Mais cette pièce d'artifice n'était qu'une roulée qu'administrait Saint-Loup, et dont le caractère agressif au lieu d'esthétique me fut d'abord révélé par l'aspect du monsieur médiocrement habillé, lequel parut perdre à la fois toute contenance, une mâchoire, et beaucoup de sang. Il donna des explications mensongères aux personnes qui s'approchaient pour l'interroger, tourna la tête et, voyant que Saint-Loup s'éloignait définitivement pour me rejoindre, resta à le regarder d'un air de rancune et d'accablement, mais nullement furieux. Saint-Loup au contraire l'était, bien qu'il n'eût rien reçu, et ses yeux étincelaient encore de colère quand il me rejoignit. L'incident ne se rapportait en rien, comme je l'avais cru, aux gifles du théâtre. C'était un promeneur passionné qui, voyant le beau militaire qui était Saint-Loup, lui avait fait des propositions. (II, 480, Le côté de Guermantes)



Quant à la seconde occurrence de l'épithète ASTRAL chez Proust, elle remonte aux premières pages de la Recherche,

à ces brillantes projections qui semblaient émaner d'un passé mérovingien et promenaient autour de moi des reflets d'histoire si anciens [...]. Le corps de Golo lui-même, d'une essence aussi surnaturelle que celui de sa monture, s'arrangeait de tout obstacle matériel, de tout objet gênant qu'il rencontrait en le prenant comme ossature et en se le rendant intérieur, fût-ce le bouton de la porte sur lequel s'adaptait aussitôt et surnageait invinciblement sa robe rouge ou sa figure pâle [...]. Ce bouton de la porte de ma chambre [...], le voilà qui servait maintenant de corps astral à Golo.

Ici l'afférence /surnaturalité/ (de genre merveilleux) induite par la rêverie dans le monde de l'enfance a ceci d'intéressant, d'obliger le lecteur à faire le grand écart avec le contexte d'une rixe mondaine.

L'afférence /passéisme/ qui lui est liée via le monde des légendes n'est cependant pas étrangère au dernier volume où une figure féminine mondaine l'active dans son comparant céleste (dans la dernière occ. sur 3 de "stell*") :

une Marie-Antoinette au nez autrichien, au regard délicieux, conservée, embaumée grâce à mille fards [...] ses yeux stellaires, semblables à une horloge astronomique taillée dans une opale, marquèrent successivement toutes ces heures solennelles d'un passé si lointain qu'elle retrouvait à tout moment quand elle voulait vous dire un bonjour qui était toujours une excuse.



Le comparant stellaire n'affecte pas chez Proust uniquement les curiosités mondaines ou les aéroplanes, dans le cadre de la modernité de son époque, mais aussi le comparé floral. Par exemple à propos de la mode des chrysanthèmes d'Odette : "les rayons odorants de ces astres éphémères s'allument dans les jours gris" ou, dès Jean Santeuil : "La saison des lilas touchait à sa fin. Quelques-uns, encore dans toute leur fraîcheur, fusaient en hautes girandoles".