Le Dragon

Le dragon constitue, avec saint Georges, l'élément principal du combat et détient bien évidemment le rôle le plus important du pôle négatif. L'actuel dragon a une vingtaine d'années (il date de 1973). Il pèse près de deux cents kilos et mesure neuf mètres trente de long. Sa carcasse est faite d'une armature en bambou complétée par un fuselage d'osier. Trois paires de poignées d'osier sont disposées de part et d'autre du dragon afin de permettre aux hommes blancs de le porter. A l'intérieur de la carcasse, deux poignées (toujours d'osier) et deux sangles sont installées à l'intention du porteur "interne". Deux ouvertures sont pratiquées dans le poitrail du dragon afin de lui permettre de voir et de respirer. Ce porteur ne reste pas plus de deux minute à ce poste, une minuterie lui indiquant que son temps est terminé. Il avertit alors les porteurs extérieurs au moyen d'une sonnette de vélo et un changement de porteur s'opère. La queue du dragon est en frêne, mesure cinq mètres et pèse à elle seule nonante kilos. Le frêne fut choisi dès 1976 car plus solide que le sapin, la queue s'était effectivement brisée à deux reprises, en 1974 et en 1975. La queue est terminée par des crins de cheval dont l'ensemble est obtenu à partir de plusieurs queues disposées en queue d'aronde. Le nombre de ces queues varie selon la masse de chacune d'entre elles. En 1995, il y en avait quatre et en 1996, elles étaient au nombre de cinq. Deux petites ailes sont fixées de part et d'autre de la bête. Toute la structure de l'animal est recouverte d'une toile de jute à laquelle on ajoute deux couches de peinture noire et une couche de vernis. Tout le long du corps et de la queue du dragon sont disposés des rubans aux couleurs nationales (rouge, jaune et noir) et la crête du dragon est blanche d'un côté, rouge de l'autre (couleurs de Mons).

Le dragon que nous venons de décrire est apparu pour la première fois en 1973, après que les nouvelles règles concernant le combat aient été établies. Il est plus grand que ses prédécesseurs mais aussi plus léger et donc plus maniable. Nous avons appris par un de nos informateurs, qui joue le rôle d'un chinchin dans le combat, que dès l'année prochaine (1997), le dragon actuel sera remplacé. Le nouveau dragon, qui sera réalisé en Flandre, sera encore plus léger que le dragon actuel. Les hommes blancs assisteront aux différentes phases de construction de l'effigie afin de rendre ce nouveau " Doudou " encore plus efficace! Ce nouveau dragon portera au nombre de cinq les dragons de Mons : le dragon précédant 1972 (qui est conservé au Musée du Folklore et de la Vie Montoise), le dragon de la procession, l'actuel Doudou, le dragon du " petit lumeçon " et ce nouveau dragon. Nous pourrions y ajouter la tête de saurien conservée au Musée du Folklore et de la Vie Montoise et dont on a longtemps cru qu'il s'agissait d'une tête de dragon.

La première mention du dragon dans les comptes date de 1524 et, à l'époque, il doit déjà être reconstruit. Dès 1596, le porteur doit veiller à remuer la queue de la bête. Les crins font leur apparition en 1735 mais les données ne permettent pas de dire s'ils étaient déjà la cible du public et s'ils portaient bonheur. Dans les comptes, il est souvent stipulé que le dragon doit être " racommodé ", " racoutré ". Mais était-ce par manque de solidité ou parce que les spectateurs essayaient de lui arracher son crin ? De nouveau, les données sont trop pauvres que pour nous permettre d'affirmer quoi que ce soit.
(Avec l'aimable autorisation de l'auteur : Christine Eloy 1996)

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