Pour certains,
la vérité est là où on leur dit qu'elle est;
d'autres ont besoin de preuves.


Le Comité de Vigilance des Iles-de-la-Madeleine ayant obtenu un droit de regard et de réplique avant publication par les autorités du Magazine Gaspésie, c'est sous la plume de madame Hélène Chevrier (A) de Havre-aux-Maisons qu'il le fera, dans la même édition du 5 octobre 1996.
Par ailleurs, dans le même numéro, le magazine publie une troisième version des faits, retranscription d'un article paru dans l'UQAR-Info, le journal interne de l'Université du Québec à Rimouski. (B)


ZONE
DE RÉACTION




(A)
Présentation du point de vue du
Comité de vigilance de l'Opération
Irving Whale aux Iles-de-la-Madeleine
(Magazine Gaspésie, vol. 33 # 3)
(page 18)

Monsieur le coordonnateur,

    En août dernier, pour apaiser nos craintes à l'endroit de l'article [de monsieur Pomerleau] à venir sur le dossier Irving Whale aux Iles-de-la-Madeleine, vous nous [en] promettiez la lecture avant sa publication et vous nous accordiez, du même coup, un droit de réplique. Nous vous remercions de votre ouverture et de votre souci de bien informer vos lecteurs. Voici donc les commentaires que m'ont transmis l'un ou l'autre membre du Comité de vigilance de l'Opération Irving Whale. (Ce comité est formé de représentants de la MRC des Iles, du Regroupement des pêcheurs professionnels, de l'Association des pêcheurs propriétaires, de l'Association touristique régionale, d'Attention FragIles, du Musée de la Mer et de l'ex-Regroupement madelinot pour la Protection du Golfe). Un représentant de la Garde côtière et d'Environnement Canada agissent comme personnes-contacts sur le comité.)

     Dès le titre, l'auteur tente de nous faire croire à un complot généralisé et tout l'article cherche à nous en convaincre. Or, notre expérience comme membres du Comité de vigilance ayant participé depuis près de trois ans à la démarche de l'Opération Irving Whale nous permet d'affirmer que la réalité est bien autre et certes moins rocambolesque.

    Nous sommes surpris par l'approche choisie par M. Pomerleau pour traiter de l'Opération Irving Whale: les sous-entendus sont nombreux, l'interprétation du logo de la compagnie et particulièrement la comparaison avec l'Exxon Valdez sont boiteuses et déroutent. Il aurait été intéressant que l'auteur donne plus d'informations, s'il en a, et moins de conclusions rapides personnelles. Avec de l'information, quiconque peut se faire un jugement sur la responsabilité morale et réelle de la pétrolière sans qu'on lui inculque de l'agressivité à outrance.

    Sur l'histoire du naufrage, l'information est inexacte et pourtant M. Pomerleau a reçu personnellement des explications lors des séances d'information publique: d'après le livre de bord, d'après la logique technique et d'après l'inspection de la barge, cette dernière n'aurait pas raclé le fond, mais aurait pris trois heures à caler, à "s'asseoir" sur le fond. Il nous semble aussi y avoir une part importante de fabulation dans le fait que la compagnie ait nié la présence de mazout dans la barge, ou encore que les madelinots aient oublié la menace que représente cette barge. L'auteur n'était certes pas au courant lui-même de cette barge et de ceux qui ont enfin senti une volonté d'agir lors de la publication du rapport Brander-Smith en 1990.

    À la fin de notre lecture de l'article, nous avons toujours de la difficulté à voir où l'article nous amène, où l'auteur en est rendu dans sa chronologie des événements et de quoi sera fait la deuxième partie de l'article.

    La crédibilité à donner au nouveau magazine régional [le numéro dans lequel cette lettre ouverte est parue est le volume 33... numéro 3!] exige davantage d'informations fiables que de critiques à tout vent.

    L'opération de renflouage de l'Irving Whale aura été un moment si important pour le nettoyage du golfe qu'il serait intéressant de relater les efforts réels du milieu (Ile-du-Prince-Édouard et Iles-de-la-Madeleine) pour s'assurer que l'opération de renflouage ait lieu et qu'elle soit un succès [plus de trois ans après la signature de cette lettre, trois ans et demi après le renflouage, avec ce qui est resté au fond, on ne peut pas encore vraiment parler de succès; le nettoyage initialement prévu n'a toujours pas eu lieu]. Les Gaspésiens et les Madelinots d'aujourd'hui et de demain pourraient avoir là un exemple de geste concret pour réparer les torts faits à la nature. C'est si rare un tel exemple de la complexité de restaurer des lieux d'accidents ayant mis en cause des produits dangereux dans la mer, de la nécessaire mise en commun de compétences spécialisées et bon sens collectif. L'exemple pourrait aussi montrer les engrenages enchevêtrés de la gestion du golfe Saint-Laurent (4 provinces et 3 ministères), tous sujets qui intéressent sûrement les Gaspésiens, Madelinots et citoyens concernés par le développement du milieu côtier et la protection des ressources halieutiques. "Vaut mieux prévenir que guérir" est l'une des grandes leçons à tirer de cette expérience extraordinaire qui actuellement [en] est à  phase finale, à savoir la décontamination du site où s'était calée la barge Irving Whale il y a 26 ans.

    Peut-être que la partie 2 de l'article, à venir, répondra-t-elle à ce besoin d'information... Toutefois, si les lecteurs de votre revue veulent recevoir une information précise sur l'Opération Irving Whale, ils peuvent rejoindre l'un ou l'autre membre du Comité de  vigilance, ou encore les services d'Environnement Canada ou de la Garde côtière à Dartmouth (N.-É.), à Montréal ou à Cap-aux-Meules.

    Heureuse que nous ayons une si belle revue dans notre région... à la fois péninsulaire et insulaire (la seule au Québec), je vous transmets nos meilleurs sentiments et nos souhaits de longue vie au «Magazine Gaspésie, un courant d'avenir».

Hélène Chevrier, Comité de vigilance des Iles
Havre-aux-Maisons, 5 octobre 1996.
 
 



 




(B)
L'Irving Whale: un cas gluant
Magazine Gaspésie, vol. 33 # 3, p. 18

[NDLR: Voici maintenant les échos d'un autre son de cloche sur le même dossier, tiré du No 2, septembre 1996, de l'UQAR-Info, le journal de l'Université du Québec à Rimouski, en pages 11-12. Nous remercions M. Mario Bélanger pour son aimable permission de reproduire ce qui suit.]

    Dossier explosif: vingt-six ans après le naufrage de l'Irving Whale dans le golfe du Saint-Laurent, en septembre 1970, on a assisté en août dernier à son renflouage dans le port d'Halifax. [Notons ici qu'il s'agit d'une coquille; la barge a été renflouée dans le golfe, évidemment au lieu du naufrage, puis emmenée, ensuite, dans le port de Halifax (N.-É.)] M. Émilien Pelletier, de l'INRS-Océanologie, a tracé un premier bilan de cette histoire controversée.
    Le chercheur se demande d'abord s'il était indispensable de prendre le risque de faire ce renflouage, considérant les évidences techniques et scientifiques qui montraient la stabilité de la situation (structure intacte, très faible corrosion, très faibles fuites, etc.). Il félicite les groupes environnementaux pour avoir forcé le gouvernement à prendre des précautions supplémentaires pour sortir le bateau [nuance, il ne s'agit pas d'un bateau mais d'une barge; un bateau est auto-propulsé, contrairement à ce qu'est une barge] du fond marin, mais il leur reproche en même temps d'avoir contribué à développer dans la population la perception d'une catastrophe imminente, ce qui a poussé les politiciens à agir (inutilement?...) à grand prix et à grands risques. Il considère que les médias ont fait une bonne couverture générale dans ce dossier, mais que le journalisme d'enquête scientifique était plutôt absent. Les chercheurs ont posé des questions pertinentes dans ce dossier mais M. Pelletier se demande pourquoi les scientifiques gouvernementaux n'ont pas eu l'autorisation de participer au débat public. Finalement,  le "prix citron" devrait être remis à la riche compagnie Irving, propriétaire du bateau; non seulement Irving refuse d'assumer une part des coûts du renflouage, mais la compagnie poussait l'audace jusqu'à annoncer son intention de remettre la barge en service à travers les Maritimes après le renflouage... Les contribuables canadiens auront dépensé 35 millions de dollars [selon les dernières données, on parle plutôt de 42 à 48 millions de dollars] pour récupérer l'épave.


Lettres ouvertes au
Magazine Gaspésie, vol. 34 # 1.

 


(C)
(page 6)

Magazine Gaspésie
Gaspé


Monsieur le rédacteur en chef

    Longue vie à cette revue qui non seulement reflète la dynamique de votre région, mais aussi qui nous apprend tout plein de choses. De plus, votre revue est très agréable à l'oeil; je l'ai trouvée sur la table basse du salon de ma tante, dans le temps des Fêtes, et je l'ai dévorée de la première à la dernière page, même la publicité.

    Mais je me pose une question: pourquoi avoir attendu si longtemps pour passer un dossier tel celui du Irving Whale? Il me semble que le renflouage a été l'objet de longues démarches avant d'aboutir (quoique les médias ne nous donnaient que la facette "politically correct", d'après ce que je peux constater par ce que j'ai vu à la télé ou dans les journaux, un genre de manipulation de l'information, pour ne pas dire de la désinformation)... M. Pomerleau semble avoir fouillé le dossier en profondeur, vu la quantité de notes de référence qu'il fournit et je le félicite d'avoir eu ce courage de faire connaître son point de vue. C'est d'ailleurs le premier journaliste (le seul?) que je vois aborder cette facette de l'événement. En attendant d'en connaître la suite (trop longue attente que je déplore), je vais essayer de mettre la main sur les livres dont il parle; plus on en sait sur un sujet, meilleure est l'opinion qu'on peut s'en faire...

    Quant à la "réplique" du comité de vigilance à ce dossier, je ne vois pas ce que ça fait dans le décor: on n'y apporte aucune information sur le dossier... à moins qu'on ne considère comme étant une information le fait de dénigrer un journaliste qui ose poser des questions et penser autrement. Et, trop dénigrer c'est comme trop se défendre: ça prouve qu'on a quelque chose à cacher...

    M. Pomerleau est de la trempe des grands journalistes d'enquête (que M. Pelletier se réjouisse). Je me souhaite, pour l'année 1997, de pouvoir continuer à le lire; j'aime ce genre d'information qui cerne totalement le sujet. Mais — 2e question — pourquoi n'a-t-on pas entendu  plus tôt parler de M. Pomerleau?

    Encore une fois, félicitations pour votre revue et bravo surtout pour cet article sur le Irving Whale que vous avez eu le courage de publier.

Sylvie Lebeau
Longueuil
 
 



 
 

(D)
(page 20)

21 janvier 1997
Monsieur Laurier Côté
Rédacteur du Magazine Gaspésie

Monsieur

    Comme beaucoup d'autres, j'apprécie votre courage et votre persévérance en publiant ces articles de Gervais Pomerleau relatifs au naufrage, aux scandales et au renflouement du Irving Whale, alors que plusieurs individus aimeraient le faire oublier et passer à autre chose, Irving et gouvernements en tête, de même qu'un certain comité de Vigilance, plus intéressé à noyer le poisson, ou l'auteur, que de faire preuve d'indépendance et de prévoyance réelle.

    En effet cette catastrophe, pas plus que celle de l'Exxon Valdez et de combien d'autres, a peu de chances de changer quelque chose pour l'avenir: les navires pétroliers continueront de voguer sans double coque protectrice, les mêmes vieux supermonstres surchargés, superassurés, battant pavillon de complaisance, affronteront les éléments avec la même insouciance... Au suivant!... au suivant!... au suivant!... comme le chantait déjà Jacques Brel.

    Du fait que les sociétés pétrolières sont plus puissantes, plus stables, plus omniprésentes dans tous les secteurs de l'économie que les gouvernements, que toutes les associations de pêcheurs, de tourisme ou d'écologie, elles se moquent pas mal des lois, du sort du monde, et n'ont d'autres buts que d'acquérir encore plus de pouvoirs.

    Dans le cas du Irving Whale, on doit déplorer aussi la couardise de ceux et celles qui tremblent et abandonnent, qui craignent des coupures politiques de subventions et s'attaquent à David, laissant l'insatiable et monstrueux Goliath continuer impunément son travail de cancer, s'enrichir aux dépens du milieu qu'il envahit, qu'il tient en otage et dévore!

    C'est grâce aux objections relatives aux risques encourus émanant du Regroupement Madelinot, de la Société pour Vaincre la Pollution et de plusieurs autres associations concernées, que l'on a pris des précautions supplémentaires pour le renflouage. Cependant celui-ci ne s'est pas fait selon la procédure convenue. Des fissures de la coque étaient prévisibles, mais celle qui a été constatée n'a pas été obstruée. L'Irving Whale est parti mais une nappe de pétrole très visible s'en est échappée, de même que la majeure partie des BPC. Seule une fraction des sédiments contaminés a été récupérée et maintenant la concentration des BPC analysée auprès du lieu d'échouage s'élève à 10,000 parties par million, cependant que "la dose d'empoisonnement acceptable" est de l'ordre de 1 partie par million...

    Pour "l'avenir" que va faire la Vigilance? Va-t-on laisser les BPC se répandre et contaminer tout le golfe et toutes les îles du Saint-Laurent? Va-t-on laisser compromettre à très long terme la santé de toute la faune sous-marine et de tous ceux qui en consomment? Et que feront ceux et celles qui vivent de la pêche? La Vigilance devrait justement se manifester et s'attaquer à cet ennemi invisible et terriblement pernicieux! Ces BPC, que leur densité relative tient pour le moment en place, il faut les récupérer au plus vite!

    La compagnie Irving nous doit 35 millions de dollars, en plus de tout le dégât environnemental qui n'est pas quantifiable. Avec 35 millions, que de créations d'emplois valables et de réalisations nécessaires pourraient être faites aux Iles et dans la région? Y a-t-il un politicien assez courageux pour aller les chercher? Qui va payer la décontamination?

    Il est donc juste et bon que le Magazine Gaspésie donne à Gervais Pomerleau l'occasion de reparler du Irving Whale. Si on peut lui reprocher des erreurs mineures, comme le prétend le Comité de Vigilance, il a par contre des mérites considérables pour avoir fait bénévolement, pendant des années, un travail difficile, fastidieux, d'étude et d'information alors que des fonctionnaires, bien payés pour cela, l'ont tenu à l'écart, l'ont fait taire, et ont imposé aux médias ainsi qu'à la population leur version officielle et tendancieuse, laissant croire que tout est bien qui finit bien. Pour ces gens-là et pour nos gouvernements, il ne vous reste plus qu'à payer la facture et à laisser mourir le fleuve de ce cancer, en attendant votre tour...

    Eh bien non merci! Ne lâchez pas!

    Frédéric Back
  Cinéaste-écologiste
    Réalisateur de "L'homme qui plantait des arbres"
    Réalisateur du "Fleuve aux grandes eaux"
    Membre fondateur de la Société pour Vaincre la Pollution (SVP)
    Membre fondateur de la Société Québécoise pour la Défense des Animaux
 
 
 



 
 

(E)
(page 21)

Monsieur Laurier Côté,
rédacteur en chef

    Faisant suite aux propos de madame Hélène Chevrier dans le dernier numéro du Magazine Gaspésie, il m'apparaît important de relever certains points.

    Nous savons tous que l'opération Irving Whale s'est déroulée l'été dernier. Certes, il était important pour le Golfe  du Saint-Laurent que cette vieille épave sorte de l'eau. Mais à quel prix?

    Personnellement, j'ai toujours vécu aux Iles-de-la-Madeleine et m'intéresse de près à l'environnement. Je suis d'ailleurs étudiant en Sciences de la nature. J'ai été membre du Regroupement Madelinot pour la Protection du Golfe (R.M.P.G.), de même que de l'Équipe régionale d'intervention pour la protection de l'environnement.

    Dans son commentaire, madame Chevrier parle du Rapport Brander-Smith, lequel date de 1990. Curieusement, nous n'avons entendu parler du Irving Whale qu'APRÈS avoir trouvé des oiseaux mazoutés à l'automne 1993. Plutôt que d'accabler le journaliste, j'aurais aimé que madame Chevrier nous donne une liste des personnes qui ont senti une volonté d'agir entre 1990 et 1994.

    Madame Chevrier prétend que M. Pomerleau n'est pas bien documenté. Elle l'accuse également de critiquer les actions du gouvernement. En fait, quand je regarde tout ce qui entoure le dossier du Irving Whale, je suis même convaincu qu'il ne faut surtout pas se fier aveuglément aux propos somnifères de nos élus. Comme on nous l'annonçait encore aujourd'hui (le 27 janvier 1997), sept ans après la tragédie de l'Exxon Valdez, la nature n'a pas encore repris ses droits.

    Madame Chevrier, qui se montre connaissante en matière environnementale, devrait savoir que ça prend plus que la parole du député Patrick Gagnon ou de la ministre Sheila Copps pour réparer les torts à l'environnement. Dans ces conditions, il devient, selon moi, normal de demeurer alerte.

    Pendant que madame Chevrier s'en prend au journaliste, morte de rire, la succession Irving continue d'empocher ses millions et se moque de ceux qu'elle doit aux contribuables canadiens.

    Si c'est votre façon, Madame Chevrier, d'être vigilante, permettez-moi d'avoir des réserves.
 

    Sébastien Cyr
    Cap-aux-Meules,
    Ex-membre du Comité de vigilance.
 



 

(F)
(pages 20-21)
 

L'Irving Whale, un problème loin d'être réglé...!

Monsieur le rédacteur en chef,
Magazine Gaspésie

     Je vous fais parvenir ce court texte, réflexion personnelle du résultat de l'opération de renflouage. Soit dit en passant, je vous félicite de permettre aux intéressés d'émettre librement leur opinion sur ce problème très actuel et très important pour l'environnement et l'économie côtière.

Avant-propos

    À l'origine de la fondation du «Regroupement Madelinot pour la Protection du Golfe» (groupe environnemental sans but lucratif et sans aucune subvention, créé pour régler le problème du Irving Whale), j'étais à titre de vétérinaire praticien aux Iles-de-la-Madeleine impliqué de plusieurs façons dans ce dossier. Des Madelinots apportaient à la clinique canards et autres oiseaux mazoutés, me demandant de les soigner et de trouver la cause de cette pollution. Comme vétérinaire, j'étais aussi responsable et inquiet des répercussions possibles sur la qualité des protéines marines destinées à la consommation humaine. En plus de ces deux raisons d'ordre professionnel, j'avais le sentiment profond qu'il était dans notre intérêt et de notre devoir de protéger la terre et tous ses écosystèmes et, en ce sens, toute la gestion du dossier Irving Whale devrait un jour être scrutée à la loupe pour gérer, à l'avenir, plus efficacement les catastrophes environnementales impliquant nos océans. Prendre 25 ans pour régler de cette façon un problème aussi grave, c'est carrément inacceptable...

    L'irving Whale, un problème loin d'être réglé...!

    Concrètement, plusieurs répercussions très positives découlent déjà du "départ" du Irving Whale:
- Près de trois millions de litres d'huiles lourdes, certaines contaminées au BPC, ont été retirés des eaux du Golfe (source: The Gazette, Montréal, 16 novembre 1996, p. A-9).
- Près de deux tonnes de BPC purs à 80% ont également été retirées de notre "garde-manger".
- Une enquête concernant plusieurs centaines de naufrages est en cours pour déterminer si d'autres cargaisons de BPC (ou autres produits toxiques) menacent les eaux territoriales canadiennes.
- Tout le Golfe et spécialement les Iles-de-la-Madeleine sont maintenant beaucoup mieux préparés pour faire face à un éventuel déversement d'hydrocarbures (équipements, volontaires, cartographie détaillée, ...).
- Enfin le principe du "pollueur-payeur" subira le test de "la vraie vie" et on verra s'il s'applique aussi aux multimilliardaires comme les Irving. De toute façon, le citoyen canadien ordinaire a pris, lui, la mesure de la négligence de cette compagnie qui en paiera un jour le prix, d'une façon ou d'une autre.
Mais "l'autre côté de la médaille" est beaucoup moins reluisant.

    Près de six tonnes de BPC sont toujours dans l'écosystème du Golfe... Environnement Canada et la Garde côtière nous disent que les BPC se sont déversés lors du naufrage il y a 25 ans... Mais une fissure de deux pieds a été découverte sous la coque à l'arrière (Mme Line Danis, SRC, Iles-de-la-Madeleine). Que ce soit par là, ou à cause du phénomène de "turbulences" (dont le danger avait été souligné par le ministère de l'Environnement du Québec — rapport Navtech), des BPC se sont certainement répandus, car des plongeurs ont vu des gouttelettes de BPC se déplacer sur le fond marin APRÈS les opérations... (rapport Environnement Canada, Halifax, Bill Earnst, et confirmé lors d'une entrevue téléphonique à CFIM par M. Ernest Bouffard de la Garde côtière à Cap-aux-Meules).

    Toutefois, que ce soit avant ou après le renflouement, un fait demeure (et les BPC aussi!), ils se sont répandus et il faut maintenant les récupérer... Car ce sont des pêcheries valant plusieurs centaines de millions par an qui sont menacées par un produit toxique qui durera, lui, à tous les niveaux de la chaîne alimentaire, pour plusieurs centaines d'années avant d'être dégradé.

    Si le Canada accepte que ses citoyens consomment des produits contenant jusqu'à 2 parties par million (ppm) de BPC, il y a d'autres marchés (comme celui du Japon par exemple) où l'on est quatre  fois moins tolérant, avec un maximum admissible de 0,5ppm. Quelles seront les répercussions sur les pêcheries si un crabe ou un homard venant du Canada et exporté est déclaré impropre à la consommation, sur les marchés d'Europe ou d'Asie, dans deux, trois ou cinq ans, à cause des BPC du Irving Whale...?

    Il faut réagir très vite et organiser dès le printemps prochain une vaste campagne de décontamination des sédiments marins (quel qu'en soit le coût, payable par les Irving). Non seulement sur le site où reposait l'épave, mais aussi partout où les courants marins auraient pu disperser les BPC en acceptant, après les travaux, une contamination comparable à celle enregistrée ailleurs dans le Golfe, soit 0,01ppm de BPC ou moins.

    Pierre Olivier
  Vétérinaire
  Président-fondateur de l'ex-
  Regroupement Madelinot pour la Protection du Golfe
 
 


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