II. Les années 30-40

III. Les années 50-60

IV. Les années 70-80

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I. Les années 20 : La nouvelle Eve.

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L’influence de cette idée, populaire surtout au début des années vingt, s’est apparemment prolongée pendant toute la décennie, donnant naissance à une nouvelle forme de mariage. Elle trouva le reflet le plus direct par le biais du cinéma dans le film de A. Room (réalisateur aux studios Mejrabpom-Russ) Trois dans un sous-sol (1927). D’après le sujet de ce film, l’héroïne (L. Sérova) et son mari (N. Batalov) installent sur le canapé de leur appartement une pièce un camarade de front du mari (V. Foguiel) qui vient d’arriver à Moscou. Alors que le mari est autoritaire et manque d’attention pour sa femme, l’invité la conquiert par le respect et le sérieux qu’il lui manifeste. Ayant ressenti sa propre valeur par la présence de cet homme, elle part chez lui, ce qui se traduit par le fait que le nouveau couple s’installe dans le lit alors que le mari est déménagé sur le canapé. Rendu dans le lit, l’invité se métamorphose instantanément en mari égoïste traditionnel, tandis que les relations entre les ex-époux deviennent plus équilibrées. Le point culminant du film est la grossesse de l’héroïne, qui ne sait pas duquel des deux elle est enceinte. Aucun ne veut endosser cette paternité, et tous deux lui proposent de partager les frais d’avortement. Ce n’est que dans la salle d’attente du gynécologue que, brusquement, la femme prend sa propre décision, elle passe chez elle prendre ses affaires et part. Les deux maris abandonnés lisent la lettre qu‘elle a laissée, désemparés. Le second dit au premier : “ Kolia, je crois que nous sommes des salauds ”.

 

Trois dans un sous-sol (1927)

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Trois dans un sous-sol (1927)

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   L. Sérova

Toute la structure du film montre que l’abandon de la famille per l’héroïne est perçu comme sa victoire sur les maris, et son départ à la fin, devenu un cliché du cinéma soviétique, se comprend comme une Happy end, peut-être parce qu’il est ressenti comme la réalisation du rêve éternel des héros de la littérature russe de partir, symbolisant le bonheur et le commencement d’une nouvelle vie. La situation de mère solitaire dans laquelle se trouve l’héroïne n’est pas vue par les auteurs comme le résultat d’une vie ratée ou comme un handicap pour le future enfant. Le commentaire de Khodassévitche rapporté plus haut permet d’apprécier définitivement cette situation comme une fin heureuse, se qui dans le cinéma de la décennie précédente aurait immanquablement entraîné un dénouement tragique, certainement le suicide de l’héroïne.

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Katka, pomme de reinette (1926)

La mentalité matriarcale, très répandue dans les années vingt, se ressent dans le film  Katka, pomme de reinette (1926)de F. Ermler et E. Joganson (1926). A la différence de Trois dans un sous-sol, ici il y a deux triangles : 1) Katka-Siomka-Verka (la vendeuse de pomme Katka accouche d’un enfant dont le père Siomka est un voleur qui la quitte pour Verka, une trafiquante en contrebande de parfums) et 2) Katka-Verka-Vadka (Vadka est un vagabond, que Katka, par pitié, a pris chez elle, qui s’occupe de son enfant pendant qu’elle vend ses pommes). Dans cette “ nouvelle famille ”, Vadka se retrouve dans la position d’épouse et Katka dans celle du mari en subvenant aux besoins et luttant contre le monde extérieur . En dehors des circonstances décrites dans l’histoire, cette répartition des rôles est confirmée par la prestation de l’acteur Féodor Nikitin (Vadka), qui dans tous les films d’Ermler est présenté comme un personnage efféminé et dominé.

   

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