I. Les années 20 : La nouvelle Eve.
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Linfluence
de cette idée, populaire surtout au début des années vingt, sest apparemment
prolongée pendant toute la décennie, donnant naissance à une nouvelle forme de mariage.
Elle trouva le reflet le plus direct par le biais du cinéma dans le film de A. Room
(réalisateur aux studios Mejrabpom-Russ) Trois dans un sous-sol (1927). Daprès le sujet de ce film, lhéroïne (L. Sérova) et son mari (N. Batalov) installent sur le canapé de leur appartement
une pièce un camarade de front du mari (V. Foguiel) qui vient darriver à Moscou.
Alors que le mari est autoritaire et manque dattention pour sa femme, linvité
la conquiert par le respect et le sérieux quil lui manifeste. Ayant ressenti sa
propre valeur par la présence de cet homme, elle part chez lui, ce qui se traduit par le
fait que le nouveau couple sinstalle dans le lit alors que le mari est déménagé
sur le canapé. Rendu dans le lit, linvité se métamorphose instantanément en mari
égoïste traditionnel, tandis que les relations entre les ex-époux deviennent plus
équilibrées. Le point culminant du film est la grossesse de lhéroïne, qui ne
sait pas duquel des deux elle est enceinte. Aucun ne veut endosser cette paternité, et
tous deux lui proposent de partager les frais davortement. Ce nest que dans la
salle dattente du gynécologue que, brusquement, la femme prend sa propre décision,
elle passe chez elle prendre ses affaires et part. Les deux maris abandonnés lisent la
lettre quelle a laissée, désemparés. Le second dit au premier :
Kolia, je crois que nous sommes des salauds .
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Trois dans un sous-sol (1927) L. Sérova |
Toute la structure du film montre que labandon de la famille per lhéroïne est perçu comme sa victoire sur les maris, et son départ à la fin, devenu un cliché du cinéma soviétique, se comprend comme une Happy end, peut-être parce quil est ressenti comme la réalisation du rêve éternel des héros de la littérature russe de partir, symbolisant le bonheur et le commencement dune nouvelle vie. La situation de mère solitaire dans laquelle se trouve lhéroïne nest pas vue par les auteurs comme le résultat dune vie ratée ou comme un handicap pour le future enfant. Le commentaire de Khodassévitche rapporté plus haut permet dapprécier définitivement cette situation comme une fin heureuse, se qui dans le cinéma de la décennie précédente aurait immanquablement entraîné un dénouement tragique, certainement le suicide de lhéroïne.
Katka, pomme de reinette (1926) |
La mentalité matriarcale, très répandue dans les années vingt, se ressent dans le film Katka, pomme de reinette (1926)de F. Ermler et E. Joganson (1926). A la différence de Trois dans un sous-sol, ici il y a deux triangles : 1) Katka-Siomka-Verka (la vendeuse de pomme Katka accouche dun enfant dont le père Siomka est un voleur qui la quitte pour Verka, une trafiquante en contrebande de parfums) et 2) Katka-Verka-Vadka (Vadka est un vagabond, que Katka, par pitié, a pris chez elle, qui soccupe de son enfant pendant quelle vend ses pommes). Dans cette nouvelle famille , Vadka se retrouve dans la position dépouse et Katka dans celle du mari en subvenant aux besoins et luttant contre le monde extérieur . En dehors des circonstances décrites dans lhistoire, cette répartition des rôles est confirmée par la prestation de lacteur Féodor Nikitin (Vadka), qui dans tous les films dErmler est présenté comme un personnage efféminé et dominé. |
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