Chicken Run est sortir en France le 13 Décembre 2000 ! Voici ma critique !

Quelle attente ! Ça fait plus de 4 ans que j'attends la sortie de ce film ! Mais le voilà enfin, et on en entend parler partout. Tant mieux, car il le mérite ! Jetez-vous dans les salles dès que vous pouvez si vous ne l'avez pas encore vu, vous ne serez pas déçus ! Je l'ai vu en avant-première le 8 décembre dernier. Je peux vous dire que lorsque le générique a commencé avec le formidable musique de John Powell & Harry Gregson-Williams, j'ai frissonné : mes 4 ans d'attente allaient prendre fin !! Le film commence : je suis déjà émerveillé. La salle rigole à fond. La mise en scène : excellente. La musique : incroyable ! L'animation : parfaite ! Puis le scénario part, l'histoire commence véritablement et c'est l'enchantement : on oublie complètement que c'est un film d'animation, et on se délecte à voir la mise en scène de Nick Park et Peter Lord, et à découvrir petit à petit l'incroyable scénario qu'ils ont mis plus de deux ans et demi à écrire !! Quelques moments de relâche au milieu du film, quelques bavardages, mais le film repart très vite, très rythmé, et c'est une foule de gags et de clins d'oeils cinématographiques qui se succèdent (références délirantes à Indiana Jones & le temple Maudit, et bien entendu à La Grande Evasion avec Steve McQueen & Charles Bronson !!). UN FILM DÉMENT !! Le scénario est probablement le meilleur que j'ai jamais vu pour un film d'animation (les scénarios Disney à côté, quelle merde !), et sûrement le meilleur pour une comédie en long-métrage que j'ai vu depuis des années ! La mise en scène est géniale : c'est la confirmation des talents de Nick Park comme réalisateur : on le savait déjà avec la scène mythique de la filature du pingouin par Gromit dans The Wrong Trousers (1993) ! Avec ça, rajoutez une dose démente d'humour anglais et d'inventivité, et voici... LA MEILLEURE COMÉDIE DE L'ANNÉE 2000 !! Surpassants nombre de films sortis cette année (toutes catégories confondues), Chicken Run est fort capable de voler l'Oscar du meilleur film au cinéma traditionnel en mars 2001 (ce serait super !), ainsi que l'Oscar du meilleur scénario, du meilleur réalisateur et de la meilleure musique ! ATTENTION CHEF D'OEUVRE !! A ne pas manquer, évidemment... A noter la prestation géniale de Claude Piéplu dans la version française, pour une fois elle vaut le coup ! Une dernière chose : surtout, restez jusqu'à la fin du générique : les plus fervents seront récompensés par un petit bonus !!

Sylvain Rivaud, 18 décembre 2000.

Et maintenant je vous laisse découvrir les coulisses du tournage de Chciken Run, c'était il y a quelques mois encore... Et lisez ma critique de la BO de Chicken Run en bas de cette page !


Sur le tournage de Chicken Run, aux studios Aardman.

Des poulets en folie a pays de la vache folle… Les papas de Wallace et Gromit réalisent leur premier long métrage. Sans prise de bec.

Aztec : l'adresse évoque l'ancien Mexique, mais nous sommes bien en Angleterre, à un quart d'heure du centre de Bristol. Ici, Aztec signifie: " A to Z of technical excellence ". Dans cette zone industrielle, on est surpris de voir de belles maisons de campagne voisiner avec d'immenses entrepôts, séparés par des pelouses impeccablement anglaises.
C'est là que Peter Lord et Nick Park ont installé l'équipe de leur premier long métrage, Chicken Run. Peter Lord est le fondateur d'Aardman Animations, le plus célèbre des studios de pâte à modeler animée. Et Nick Park est le créateur de deux personnages mythiques : Wallace, l'inventeur au look de retraité, et Gromit, son chien flegmatique. Avec ses 6 000 mètres carrés, ce nouveau studio (Aardman Features) est trois fois plus grand qu'Aardman Animations, où ont été réalisés les courts métrages qui ont valu trois oscars à Nick Park (L'Avis des animaux, 1990 ; Un mauvais pantalon, 1994 ; Rasés de près, 1996).

L'aventure ressemble à un rêve d'animateur. En 1997, Nick Park est contacté par un de ses fans inconditionnels, Steven Spielberg. Peut-être ce dernier a-t-il été sensible à l'hommage rendu à Indiana Jones dans Un mauvais pantalon (Gromit poursuivant le pingouin voleur sur un train fou)... Spielberg, en tout cas, lui propose une coproduction avec son propre studio, Dreamworks. A cette époque, l'animateur et son producteur songeaient déjà au long métrage et ils avaient été courtisés par plusieurs major américaines, dont Disney. Mais toutes exigeaient qu'ils viennent s'installer à Los Angeles. Spielberg et Jeffrey Katzenberg, son partenaire dans Dreamworks, acceptent, eux, l'idée d'un film entièrement réalisé à Bristol. Nick Park et Peter Lord ont bien un projet pour Wallace et Gromit, mais avant, ils veulent tourner un scénario dont les héros sont des poulets emprisonnés, forcés à pondre par un couple de paysans avides. Accordé ! Pour faire plaisir à ses enfants, dingues de Wallace et Gromit, Mel Gibson en personne accepte de prêter sa voix au héros, un coq nommé Rocky. La bande sonore à peine enregistrée - les animateurs ont besoin des voix des personnages pour pouvoir travailler -, cent cinquante personnes s'activent à plein temps dans le nouveau studio. Le tournage, prévu sur dix-huit mois, devrait s'achever en mars 2000 pour une sortie américaine en juin, et européenne en septembre.

Cliquez ici pour admirer l'affiche de CHICKEN RUN et quelques images !

Dès l'entrée, on est frappé par la démesure du projet. Dans les ateliers de sculpture et de moulage, on voit d'abord, rangés sur des étagères, des poulets à perte de vue, certains en pièces détachées. Façonneurs et costumiers assemblent leurs éléments sur l'arrnature de métal qui permet de les articuler. Comme dans n'importe quel film, il y a les vedettes et les figurants. La star, Rocky, est un coq qui joue les " hommes-canons " dans un cirque. Un jour, il atterrit dans la campagne anglaise, au sein d'un immense élevage qui ressemble à un camp de concentration. L'endroit est géré par monsieur et madame Tweedy, qui ne pensent qu'à s'enrichir en vendant des œufs et des chicken pies (tourtes au poulet), leur spécialité. Rocky est américain, il est beau parleur et très vantard. L'ayant vu tomber du ciel, les poulets pensent qu'il sait voler. Et c'est leur rêve, à eux qui passent leur temps à creuser des galeries pour s'évader... Comme il ne veut pas retourner au cirque, le fourbe Rocky leur propose un deal : il leur apprendra à voler, s'ils acceptent de le cacher dans le camp...


Les stars à plumes de Chicken Run. Un projet coproduit par Steven Spielberg, fan inconditionnel de Wallace et Gromit.

A 42 ans, les cheveux en bataille. Nick Park porte un éternel tee-shirt froissé. " Avec les poulets, on a choisi la créature la plus difficile à animer, dit-il avec un sourire de collégien. Des pattes fines, pas de mains, des plumes partout... On est un peu fou, non ? " Comme si ce n'était pas assez complexe, chaque animal porte un foulard autour du cou, un bouquet de plumes au derrière et une collerette autour du poitrail - autant de détails qu'il faut faire bouger. Six cents collerettes attendent d'être mises en couleur, à côté d'un nombre incalculable de tourtes (le cauchemar des prisonniers du camp !). Dans une caisse, des yeux par centaines, avec des iris aux tonalités variées. A côté, ce sont autant de bouches et de becs, soigneusement classés dans les boites (avec treize positions clés, en O, en A, en I...).
Les personnages principaux, Rocky, Ginger (une poulette amoureuse), mais aussi monsieur et madame Tweedy, Nick et Fetcher, deux rats aux allures de gavroches, et une demi-douzaine de comparses pittoresques, comme la chef pondeuse autoritaire ou l'ancien de la RAF, ont droit à treize doublures, car ils reviennent parfois du tournage abimés par trop de manipulations.
Finis les petits plateaux, format maison de poupée, qui avaient servis pour A close shave (Rasé de près, oscar du court métrage 1996). Cinquante décorateurs ont construit, à différentes échelles, le " camp de concentration " du film. Dans un dédale de tentures noires, toute la troupe travaille sur vingt-cinq plateaux à la fois. Vingt-cinq équipes de sept techniciens (un chef animateur, un animateur clé, un assistant, un stagiaire, un décorateur, un costumier et un chef opérateur). Moyenne d'âge : entre 20 et 30 ans. Les animateurs ont été formés ici, sur les courts métrages de Nick Park ou sur des films publicitaires (à un quart d'heure de là, le studio d'origine continue à tourner des pubs).


Nick Park et Peter Lord, les deux réalisateurs de Chicken Run...

Silence presque religieux. Concentration totale. A l'entrée de son plateau, un animateur a même inscrit : " Be quiet... as fish " (" Soyez silencieux comme le poisson "). Il se prépare à filmer Rocky donnant une leçon d'assouplissement à quelques prisonnières empâtées. Sur le mur, un story-board affiche les trente-six images quotidiennes à réaliser. Chaque équipe doit tourner entre une seconde et demie et deux secondes utiles par jour. Pour certains plans, le mouvement de caméra (qui se fait, lui aussi, image par image, donc par fraction de millimètre) est d'une complexité extrême. Un faux mouvement, un objet qui bouge, et il faudrait reprendre tout le plan depuis le début.
On imagine la tension que demandera un des clous du film : la fuite à travers le camp de cent cinquante poulets affolés ! Pour cette seule scène, un décor de plus de 100 mètres carrés a été construit. Dix-huit baraques en bois cernées de miradors et d'un enclos de fil de fer barbelé. Un peu à l'écart, la maisonnette des fermiers, avec son hangar. Un petit chemin mène vers les collines. On peut regarder à la loupe, rien ne manque : ni une vitre brisée, ni la rouille sur un loquet, ni un peu de mousse sur le muret de vieilles pierres... Chaque jour, avec Peter Lord, Nick Park fait le tour des vingt-cinq plateaux, vérifie les lumières, visionne les rushes sur le moniteur vidéo.
Spielberg n'est pas encore passé au studio, mais les demandes de visite affluent, Jonathan Demme, Paul Mc-Cartney... La reine elle-même est venue en juillet 1996, dans l'ancien studio, et la journée est restée doublement historique : c'était la première - et la dernière - fois que les animateurs portaient un costume-cravate.

Aujourd'hui, Nick Park et Peter Lord sont exténués par des journées de quinze heures. Mais ils préparent déjà l'avenir. Le script d'un deuxième long métrage est prêt. Et ils ont commencé à écrire le troisième. " Ce sera le retour de Wallace et Gromit, dit Nick Park, les yeux brillants. On a une super idée !... "

Bernard Génin
Télérama du 15 Décembre 1999


Lien vers la page officielle de CHICKEN RUN !
http://spielberg-dreamworks.com/chickenrun/
Les dernières nouvelles, des photos, des fonds d'écrans, etc... Page hébergée sur le site de Dreamworks, le studio d'animation créé par Steven Spielberg.


La Bande Originale de CHICKEN RUN : meilleure BO de l'année !!


La couverture de la BO de Chicken Run !

Dreamworks faisant appel au studio de composition MediaVentures pour la plupart des musique de ses films (on pense à Antz, The Prince of Egypt ou Gladiator), il était naturel de retrouver les collaborateurs du célèbre compositeur Hans Zimmer (fondateur de MediaVentures) sur ce projet. Après l'expérience de Antz (Fourmiz), ce sont donc les compositeurs Harry Gregson-Williams et John Powell qui se sont attachés ensemble à l'écriture de cette musique pour le film haut en couleurs de Nick Park & Peter Lord, sorti en France le 13 décembre dernier.

Et bien c'est extrêmement réussi !

Que dire sur cette partition sinon qu'elle respire la bonne humeur, la joie, le suspense, l'action, et l'héroïsme à la fois ? Une musique riche, dynamique, entraînante, et très approprié au genre du film. On y trouve tous les genres de la BO, du thème principal dédié au héros, jusqu'aux passages de suspense, d'action, ou aux gags en tout genres, l'écoute de cette musique est un voyage extraordinairement plaisant dans l'univers des poulets dégeantés de Chicken Run ! La partition de Gregson-Williams & Powell est d'une grande qualité, très bien maîtrisée, exploitant des genres très différents (on retrouve des accents de Jazz et de Rock'n Roll des années 1960 tout comme des passages symphoniques !). Même sans laisser totalement de côté la petite touche Zimmerienne qui a marqué leurs débuts (comme le rappelle le thème de la piste 16, par exemple), nos deux compositeurs entrent véritablement dans un style à part, d'une originalité incomparable et d'une grande qualité. Chaque piste du CD est une vraie merveille, une nouvelle découverte, un nouveau style. Et pourtant l'unité musicale de l'album reste exemplaire. Ça bouge, ça swing, c'est marrant, c'est génial ! Film à voir et BO à avoir... selon moi la meilleur BO de l'année, devant Gladiator (Hans Zimmer) et Dinosaur (James Newton Howard) !

Ma note : 5/5

Sylvain Rivaud, pithecland@chez.com
Site web sur les compositeurs de musique de film : www.chez.com/pithecland/music/


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