L'exploitation du sel dans la France protohistorique et ses marges
Table ronde du Comité des Salines de France
Paris,  lundi 18 mai 1998

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Yves Desfossés

Les ateliers de saunerie laténiens de Sorrus (Autoroute A 16, Pas-de-Calais). Sur le secteur de “La Pâture à Vaches”, deux fours à sel ont ainsi été presque totalement dégagés en limite ouest de l’emprise. De nombreuses fosses, souvent de très grande taille et présentant des comblements détritiques occupaient la périphérie de ces structures. Elles abritaient une série de puits, qui n’ont malheureusement été que très partiellement fouillés.

Cette disposition se répète à “ la Bruyère ”, mais de manière plus organisée. De plus, cette occupation était parfaitement centrée sur l’emprise autoroutière et a donc pu être fouillée dans son intégralité. Elle a ainsi livré 6 nouveaux fours.
Le principal atelier de saunier se présentait donc sous la forme d’un petit enclos ovalaire, dont l’aire interne était occupée par un four et une grande fosse allongée.
 
 

Vue d’ensemble de la grande fosse de l’atelier de la Bruyère à Sorrus (Pas-de-Calais). Les bois se sont conservés dans le substrat argileux. 
(Photo Y. Desfossés) 
Clayonnage d’un puits de l’atelier de la Bruyère à Sorrus (Pas-de-Calais). 
(Photo Y. Desfossés) 
 
Le fossé d’enclos débouchait sur une très grande dépression comblée de limon sableux très riche en résidus de briquetage et en charbons de bois. La fouille de cette structure, qui sépare l’enclos d’une série de trois autres fours étroitement imbriqués a permis de dégager en profondeur 6 puits. Le contexte géologique très particulier du secteur, niveau de sable étanchéifié à sa base par une couche d’argile, a permis la conservation exceptionnelle de l’ensemble des boisages des puits, ainsi que de nombreux objets en bois (auges, écuelles, pelle ...).
Le matériel céramique issu de la fouille des deux ateliers de sauniers de Sorrus permet de rattacher leur utilisation à La Tène C1 et C2. Cette datation a d’ailleurs été confirmée par l’étude dendrochronologique de la centaine d’échantillons prélevés dans les puits des deux zones.
 
 
Fourneau avec ses éléments de grille aérienne recoupant un plus ancien (la Pâture à Vache, Sorrus). 
(Photo Y. Desfossés)  
 
 
 
Élément de grille d’un fourneau pour y loger les moules à sel (la Pâture à Vache, Sorrus). 
(Photo Y. Desfossés)  
 

La fouille de ces occupations améliore considérablement notre perception des mécanismes de production de sel pour la protohistoire, jusque là appréhendés par le biais de ramassages d’éléments de briquetage (augets, piliers et handbricks) dans des contextes plus ou moins bien définis, ou la découverte isolée d’un ou deux petits fourneaux. De plus, les deux sites ne semblent pas être en liaison directe avec une zone d’habitat. En tout état de cause la production de sel au début du second Age du Fer et à l’embouchure de la Canche est une activité très structurée et qui se fait à grande échelle sur des zones artisanales bien spécifiques.

Maintenant que les techniques de production sont bien établies, il reste a essayer de déterminer par le biais de nouvelles recherches l’ampleur réelle de ce phénomène et les implications économiques qu’il peut induire (statut social des exploitants, voies de commercialisation...).

 
 
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