La quête d'Eurydice (vers 1 à 39): étude des indices de lieu.

1°) Tableau des indices de lieu présents dans le passage.
 
 

Quo?
Ubi?
Unde?
Qua?
Traduction
   

Inde v.1

 

De là

     

Per aethera inmensum v.1à 2

A travers l' éther immense

Ad oras Ciconum v.2

     

Vers les rivages des Cicones

     

Per herbas v.8

A travers les herbes

In talum v.10

     

Dans son talon

Ad auras superas v.11

     

Vers les airs supérieurs

Ad Styga v.13

     

Jusqu'au Styx

     

Porta Taenaria v.13

Par la porte du Ténare

     

Per populos leues simulacraque functa sepulcro v.14

A travers les peuples légers et les simulacres s'étant acquittés du tombeau

 

Sub terra v.17

   

Sous terre

In quem reccidimus v.18

     

Dans lequel nous retombons

Huc v.20

     

Ici

 

In ora supera v.26

   

Dans les régions supérieures

 

Hic v.27

   

Ici

     

Per haec loca plena timoris v.29

Par ces lieux pleins d'effroi

     

Per hoc ingens Chaos v.30

Par cet immense Chaos

Ad unam sedem v.33

     

Vers une seule demeure

Huc v.34

     

Vers ce lieu

   

2°) Analyse du tableau.

On relève quatorze compléments circonstanciels, quatre adverbes de lieu et un pronom relatif dans ce bref passage. Ils se répartissent selon le tableau traditionnel des questions de lieu ( quo, ubi, unde, qua), avec une fréquence plus importante pour les questions quo et qua.

Six compléments indiquent un déplacement vers un endroit ( question quo): ils expriment l'idée du voyage en direction des Enfers. Trois d'entre eux sont précédés de la préposition ad qui marque la proximité et non le lieu précis. Cette approximation rend compte du caractère incertain et aventureux de l'entreprise d'Orphée en quête d'Eurydice.

Une fois parvenu aux Enfers, le héros se trouve au coeur même du lieu de l'action: l'adverbe huc est répété deux fois, et deux compléments de lieu qui se rapportent à la question ubi sont présents dans ce texte .
Ces deux emplois, sub terra et in ora supera, témoignent de la séparation du monde en deux, monde inférieur et supérieur, sans communication entre eux. Seul Orphée semble avoir pu franchir leur fragile frontière telluris margine summae (vers 55). 

Six compléments de lieu également sont en rapport avec la question qua. La plupart, précédés de la préposition per, accentuent l'idée d'un parcours immense et inhabituel. Quatre d'entre eux nous guident dans le cheminement d'Orphée à travers les différentes étapes de son voyage dans le monde infernal. On remarque l'emploi de l'ablatif instrumental porta Taenaria au vers 13, indiquant un moyen de communication, qui met en évidence l'entrée légendaire des Enfers, et introduit la métaphore filée de la demeure unam sedem au vers 33.

La fréquence des indications spatiales rend compte du cacactère exceptionnel de l'entreprise d'Orphée: il est celui qui a osé, grâce au pouvoir de la musique, transgresser les lois du monde, pour s'introduire, vivant dans le seul lieu d'où nul ne revient.



Page réalisée par Jennifer, Emilie & Stéphanie