Le Saint-Laurent
Royaume de la diversité

Il fait partie des plus grands fleuves du monde et a contribué à l'essor économique et démographique du Canada. À la fois rivière, lac, estuaire et mer, le Saint-Laurent abrite plus de la moitié des espèces animales et végétales du Québec.

Le Saint-Laurent est l'un des plus grands fleuves du monde, tant sur le plan de la longueur que sur ceux du débit et de la surface du bassin de drainage. Avec ses 3 060 km, il se place su 19e rang à l'échelle mondiale pour ce qui est de la longueur. Il passe au 13e rang en ce qui concerne le débit moyen; le sien est en effet de 10 100 m3 d'eau à la seconde. Quant à la surface de son bassin de drainage, qui est d'environ 1 300 000 km2, elle est comparable à celles de la Volga, en Europe et du Gange, en Inde. Issu des grands Lacs, qui lui fournissent les quatre cinquièmes de son eau, le Saint-Laurent draine près de 10% des réserves mondiales d'eau douce. Pas surprenant que les Micmacs lui aient donné le nom de Magtogoek, c'est-à-dire "fleuve aux grandes eaux". Avec une telle étendue, on ne peut s'attendre à ce qu'un fleuve soit homogène. D'amont en aval, le Saint-Laurent se transforme. La force de ses courants, sa salinité, la hauteur de ses marées et de ses vagues, tout cela permet de diviser cet immense cours d'eau en cinq secteurs hydrographiques: le tronçon fluvial, l'estuaire fluvial, le moyen estuaire, l'estuaire maritime et le golfe. Des Grands Lacs à l'Atlantique, voici le portrait d'un fleuve aux multiples facettes.

La richesse des milieux humides:

Le tronçon fluvial, c'est la partie du fleuve qui s'étend de Cornwall, à la sortie du lac Ontario, jusqu'à Trois-Rivières. En certains endroits le long de cette section, le Saint-Laurent s'élargit et devient moins profond; son courant ralentit alors. Ces évasements naturels sont les lacs Saint-François, Saint-Louis et Saint-Pierre, et le bassin La Prairie. Entre ces plans d'eau relativement calmes, le fleuve, souvent étroit et agité, comprend des zones de rapides dont les plus connues sont celles de Lachine, du rocher Fendu, ;a Beauharnois, et du Côteau, à Valleyfield. Par ailleurs, entre Montréal et Berthier-Sorel, une centaine d'îles viennent embellir le paysage et modifier le débit du fleuve. Le tronçon fluvial et constitué d'une mosaïque de milieux naturels. Les zones où les courants sont faibles favorisent l'accumulation des sédiments et, par conséquent, constituent des habitats de choix pour les très nombreuses espèces de poissons qui y vivent et y fraient. Le lac Saint-Louis, qui est l'un des milieux aquatiques les plus riches du Québec, abrite 77 espèces de poissons d'eau douce et pas moins des 540 variétés de plantes aquatiques. De plus, le tronçon fluvial est, particulièrement autour du lac Saint-Pierre, le secteur du Saint-Laurent où l'on trouve la plus grande superficie de milieux humides littoraux. Avec ses herbiers de plantes submergées et émergentes, ses marais, ses prairies humides et ses marécages, le lac Saint-Pierre est un écosystème exceptionnellement riche. Les centaines de tonnes d'invertébrés qui s'y développent (insectes, crustacés, vers, mollusques) constituent une ressource alimentaire de choix pour de nombreuses espèces de poissons et d'oiseaux. Le tronçon fluvial accueille les deux tiers des oiseaux nicheurs du Québec; le goéland à bec cerclé, la sterne pierregarin (hirondelle de mer), le bihoreau gris, la sarcelle à ailes bleues, le canard colvert et le grand héron y trouvent gîte et nourriture. C'est d'ailleurs dans ce secteur du Saint-Laurent, à la hauteur des îles de Sorel, que réside la colonie la plus importante de grands hérons en Amérique du Nord.

Le mélange des eaux:

De la sortie du lac Saint-Pierre à la pointe est de l'île d'Orléans s'étend l'estuaire fluvial. L'eau y est douce, comme dans les tronçon fluvial; toutefois, contrairement à ce qu'on observe dans ce dernier, les eaux brunes de la rivière des Outaouais et les eaux vertes des Grands Lacs, jusqu'ici bien distinctes, se mêlent et se confondent. Dans ce secteur hydrographique, les milieux humides, quoique encore présents, sont beaucoup moins abondants que dans le tronçon fluvial. ILs n'en offrent pas moins des habitats de qualités à plusieurs oiseaux aquatiques, dont la grande oie des neiges et de nombreuses espèces de canards. De façon général cependant, la variété des communautés animales et végétales (biodiversité) diminue. Certains poissons d'eau douce, notamment le grand brochet, le crapet-soleil, la barbotte brune, la perchaude, l'anguille d'Amérique, le doré noir et l'achigan à petite bouche vivent dans l'estuaire fluvial. On les pêche à des fins commerciales et sportives.

De l'eau douce à l'eau salée:

Le moyen estuaire, quant à lui, s'étend de la pointe est de l'île d'Orléans à Tadoussac. Point de rencontre des eaux douces et salées, il constitue une zone de transition peu propice au développement des communautés végétales et animales. Conséquemment, la biodiversité diminue de façon marquée dans ce secteur. On n'y trouve qu'une dizaine d'espèces de poissons d'eau douce et quelques unes d'eau salée. Le poulamon atlantique et l'éperlan arc-en-ciel font partie des rares habitants de ce milieu inhospitalier. Quant aux invertébrés, si nombreux dans le tronçon fluvial, ils sont à peu près absents des eaux saumâtres du moyen estuaire. Seule la faune ailée abonde dans cette région, mais elle est peu diversifiée; elle se résume en fait aux immenses groupes d'oies des neiges et de bernaches du Canada qui se forment au moment de la migration. Pour ce qui est des plantes, celles qui semblent le mieux adaptées au moyen estuaire sont le scirpe d'Amérique et la sagittaire. Au point où le Saint-Laurent et le Saguenay se rencontrent, il se produit un mélange des eaux de surface et des eaux profondes. Cela entraîne la remontée d'éléments nutritifs. Ce secteur du moyen estuaire est donc très riche; il sert de refuge et garde-manger à de nombreux espèces végétales et animales, dont le béluga et certains poissons typiques que des eaux marines et saumâtres comme le hareng, la plie, la poule de mer et le capelan.

À la rencontre de l'Océan:

L'estuaire maritime, qui s'étend de Tadoussac à Pointe-des-Monts, présente des caractéristiques très semblables à celle du milieu marin. Une exception pourtant: la salinité y est moindre (de 25 à 30 parties pour 1 000 en surface). Quant au golfe, il est avec ses marées de 3 à 5 mètre d'amplitude et sa salinité de 32 parties pour 1000 en surface, une véritable mer. Le Saint-Laurent marin se caractérise par une faune benthique (vivant sur les fonds) colorée et d'une rare richesse. Oursins verts, étoiles de mer, moules bleues, anémones et éponges s'y côtoient, au grand plaisir des amateurs de plongée sous-marine. Plusieurs espèces de phoques et d'autres mammifères marins, ainsi que de nombreux oiseaux de mer comme le fou de Bassan, le cormoran, le huillemot et la marmette, vivent dans l'estuaire maritime et dans le golfe. Le homard, le crabe et la crevette, ainsi que de nombreux poissons comme le hareng, la morue et la plie, y sont pêchés à des fins commerciales ou de subsistances.
 

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