J'ai l'âme
dans le vague, ce soir. Je suis dans mon lit, le clavier sur les genoux et je réfléchis...
Je regarde l'écran, mon vieux radio réveil grésille un rap qui ne m’intéresse
pas. Je zappe. J'attrape des mecs qui cause, c'est chiant... mais bon on va écoutait
un peu. C'est les infos, il est 23h30. Un avion dans le maïs, un mort, grippe
du poulet, c'est pas mal la "Trêve de Noël". On fait du poulet gazé, ça fait
à bouffer pour les mecs qui crèvent de faim. Voilà les Irlandais qui recommencent
leur guerre et les Algériens qui continuent alors que le ramadan démarre.
Putain, on vit dans un monde fabuleux, y a un métro maintenant à
Ankara. C'est bien la radio mais France Info, ça va un temps... Je zappe. Une sale
musique qui pleure la folk, voilà un truc qui va bien avec mon humeur. Je me pose pleins de questions sur notre avenir.
On parle toujours de nous les jeunes, mais voilà une constatation
de plus en plus de gens sont dans des situations précaires voire désespérées.
Regarder autour de vous, vous verrez du chômage, des problèmes
financiers, des gens en situation de travail précaire. Comme si la situation
devenait de plus en plus inexorable et que aucune solution ne pourrait jamais exister. J'ai parfois la désagréable
impression que la montée des nationalistes est inexorable parce que personne ne sait pour le moment
proposer de solutions aux problèmes de notre société et dans ces
conditions le solution la plus facile est toujours de regarder vers les extrêmes et de se
replier sur soit même. Exactement ce que les partis d'extrême droite proposent
aujourd'hui. Et pour beaucoup ces solutions simplistes cousues sur mesure pour faire plaisir
à ceux qui voudront bien croire en eux. Je lisais un magazine avant de mettre la radio,
c'est toujours plus grave j'ai l'impression et on a toujours moins de
solutions. La Gauche a beau faire des efforts, essayer des choses, ça
ne va jamais assez vite et malgré une direction, il me semble qu'on oublie l'essentiel: il
y a un moment où les élans et les directions ne suffisent plus, il faut décider
et agir. Pour l'instant, on agit doucement dira t-on. On manque de convictions. Mais a t-on le choix
? Je ne sais plus ! Parfois, la seule alternative pour sortir
de la crise me semble être une bonne vieille guerre comme on en a connu d'autres au cours
de ce siècle, ou une bonne révolution. C'est l'histoire que l'on a vécu, ces
deux derniers siècles, mais la construction européenne accélérée
que l'on est en train de vivre est le frein à une telle alternative. Si on se retourne, la France a toujours évolué
et progressé au travers de grands conflits de la Révolution de 1792,
à la Révolution Industrielle et aux Trente Glorieuses au sortir de la guerre de 39. C'est aussi
à cette époque qu'elle s'est mise à construire tout doucement une Europe avec le traité
de Rome. Et pendant une trentaine d'année, on
a vécu autour d'une économie et d'une géopolitique assez stable qui a permis de fournir des bases
saines à l'Europe des 12 de 86, et une crédibilité à
cette puissance économique pour le moment naissante. Et là, on a pété un câble,
on a voulu tout et tout de suite alors avec les bouleversements politiques et la "débinarisation"
est-ouest de l'Europe, on a eu consécutivement la réunification
allemande, l'émancipation à l'est, la guerre civile en ex-Yougoslavie... Et pendant
ce temps, l'économie ne réagissait pas à tout ces changements politiques.
Seulement les politiques cherchaient toujours les solutions dans la globalité. Depuis
la guerre, on cherche toujours les solutions aux travers des autres, un des aspects du
plan Marshall sûrement... Enfin, nous voilà enfermé dans une spirale mondialiste
qui ne tient plus du tout compte de l'individu et de l'entreprise individuelle, au profit de
grosses machines économiques qui dirigent le monde et choisissent pour nous. Et on subit,
en nous expliquant que nous n'avons pas le choix. Mais s'est t on seulement donné
le choix ? On veut élargir l'Europe, on cherche
dans le libéralisme et dans la mondialisation les solutions pour l'emploi, on oublie notre
agriculture qui est pourtant si performante. Et voilà, on perd la tête, on
oublie que à côté de nous des gens ont faim et ne savent pas où dormir la nuit... On perd la
tête et on s'en rend même pas compte. Il faut arrêter cette machine se regarder tous dans les yeux
et chercher des solutions comme avant... Avant, c'était quand déjà... Serait on sur une autre planète ? Mais
où sont donc ceux qui hier était avec moi, tout ces gens qui travaillaient dans mon quartier,
vivent ils encore ici ? Dis Papa, c'est quoi un voisin ?
Allez à plus les enfants, les petits et les
grands...