Janneyrias sous la révolution

A la veille de la révolution, notre commune vit sous la coupe seigneurale de la famille Gesse de Poisieux. En effet, Georges Antoine Gesse de Poisieux seigneur de Janeyriat, Malatrait, Chozeau et autres lieux, ancien conseiller d'honneur à la cour des monnaies, lieutenant général de la sénéchaussée et présidial de Lyon, acquiert la seigneurie de notre village au cours de la deuxième moitie du XVIII siècle.
On peut imaginer l'ampleur de sa maisonnée : deux jardiniers, un garde et de nombreux domestiques vivent chez de Poisieux.

Texte de Sabine Grandjean

LA FUITE

Cependant, Georges Antoine meurt peu de temps avant la révolution et les émeutes font fuir la veuve de Poisieux vers la sécurité de l'anonymat lyonnais. De fait, la population la surnomme rapidement l'émigrée.
Du coté de l'église aussi la fuite s'avère être la meilleure position à adopter. Le curé Tarascon abandonne donc ses paroissiens qui de fidèles respectueux se transforment en peu de temps en farouches révolutionnaires.

PRISE DU POUVOIR

Le village, alors composé de trois hameaux principaux Janeyriat, Malatrait et saint Ours ; n'a plus pour appellation « Paroisse de saint Pierre de Janeyriat en Dauphiné, Diocèse de Lyon » mais devient la « Commune de Janneyriat, canton de Villette d'Anthon, Arrondissement de Vienne ».
La population s'empare alors de la direction de la Commune et les citoyens les plus lettrés et les plus populaires forment le conseil général sous la direction du premier maire Laurent Riquoz.
Afin de démarrer sur des bases solides, le conseil général confisque l'église pour en faire le secrétariat de Mairie.
Les bâtiments ecclésiastiques étant vastes on en profite pour installer l'instituteur récemment nommé et un officier de santé, personnage indispensable dans chaque commune, conformément à la loi.

ON EFFACE TOUT, ON RECOMMENCE

Le conseil général entame ensuite sa tache principale. Le citoyen Billon la définit clairement : « L'agent national a dit : le temps de l'égoïsme est passé et vous ne devez pas souffrir que nos frères périssent de faim tant que vous aurez encore de quoi partager avec eux, tel est le grand principe dont vous ne pouvez pas vous écarter sans vous rendre criminel « .

Ainsi chaque fermier est tenu de donner à la commune la totalité de sa récolte. Soucieux d'obtenir l'égalité entre tous, le conseil général fixe une quantité de grain minimum par personne nécessaire pour vivre jusqu'à la prochaine récolte. On achemine ensuite le surplus des récoltes aux greniers d'abondance à l'hôpital de Grenoble. On en vient ensuite à confisquer tous les biens et une grande partie des terres de l'émigrée  Ces bicherées de terres ayant appartenu à Madeleine de Poisieux sont alors vendues aux enchères à la bougie.

RETOUR AU CALME

Mais tout ce remue ménage finit par s'atténuer et les 390 habitants de la commune reprennent un train de vie certes amélioré mais plus idéologiquement que pratiquement et encore bien précaire pour la plupart d'entre eux.
Et c'est pourvus de cette toute nouvelle puissance que nos ancêtres se sont battus pour mener la République et notre commune à ce qu'elles sont aujourd'hui.

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