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Seconde partie: Du XVIIIème siècle au XXème siècle

 

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Histoire des philosophes

 

Première partie :

 

De l'Antiquité au XVIIème siècle

 

 

ANTIQUITÉ (I)

VI ème siècle - début V ème siècle (av. J. C. )

Les Présocratiques

THALÈS (Milet, fin du VIIe s. ­ ?, déb. du VIe s. av. J.-C.), mathématicien et philosophe grec de l’école ionienne, l’un des Sept Sages de la Grèce. On lui attribue diverses démonstrations mathématiques et le théorème qui porte son nom: «Toute parallèle à l’un des côtés d’un triangle divise les deux autres côtés en segments proportionnels.» Il fut le premier à donner une explication rationnelle, et non mythologique, de l’Univers, en faisant de l’eau l’élément premier.

LAO-TSEU (VIe s. av. J.-C. [?]) Philosophe chinois fondateur du taoïsme. Ses biographies sont en grande partie légendaires. Sa doctrine, dont l’influence sur le développement historique et intellectuel de la Chine fut parallèle à celle de Confucius, est connue sous le nom de taoïsme. Elle se trouve condensée dans un ouvrage en 5000 caractères, le Tao-tö king (en pinyin Daodejing), qu’il aurait rédigé au cours du long voyage vers l’ouest qui marque le dernier épisode connu de sa vie.

CONFUCIUS (nom latinisé par les missionnaires du XVIIIe s. d’après le chinois K’ong-fou-tseu , «Vénéré maître K’ong») ou Kongzi (VIe-Ve s. av. J.-C.), philosophe chinois dont la doctrine symbolise l’humanisme traditionnel de l’ancienne Chine. Il a instauré une morale sociale axée sur la vertu d’humanité (jen), l’équité (yi) et le respect des rites cultuels (li).

ANAXIMANDRE (Milet, v. ~610 ­ v. ~546 av. J.-C.), philosophe grec de l’école ionienne. Pline lui attribue la découverte de l'obliquité de l'écliptique et il fut un des premiers savants grecs à dresser des cartes géographiques. Son œuvre principale De la Nature explique l'univers en faisant de la matière infinie et éternelle le principe de tous les éléments et de tous les êtres finis. Il y a un pressentiment de transformisme dans sa théorie de la genèse des êtres vivants.

PYTHAGORE (~570 - ~490) Mathématicien et philosophe grec, fondateur d'une association religieuse à Crotone. Sa vie est mal connue. Créateur des sciences mathématiques, il enseignait que «les nombres sont les éléments de toutes choses» et que «le monde entier n’est qu’harmonie et arithmétique». On lui attribue le théorème qui porte son nom. Il entrevit le mouvement de la Terre sur elle-même et enseigna qu’elle était sphérique. Sa doctrine, le pythagorisme, fut développée par ses disciples, les pythagoriciens, qui l’appliquèrent à la cosmologie, à l’ontologie, à la psychologie et à la morale. MATH Table de Pythagore: table à double entrée qui donne le produit de deux nombres entiers compris entre 1 et 9. GEOM Théorème de Pythagore: le carré de la longueur de l’hypoténuse d’un triangle rectangle est égal à la somme des carrés des longueurs des deux autres côtés.

ANAXIMÈNE (Milet, v. 550 ­ ?, v. 480 av. J.-C.), philosophe grec de l’école ionienne disciple d'Anaximandre. Dans sa cosmogonie, l’air est le principe de toutes choses.

XÉNOPHANE (Colophon, fin du VIe s. av. J.-C.), philosophe grec. Fondateur de l’école d’Élée, il dénonça surtout le caractère anthropomorphique et immoral de la représentation des dieux chez Homère et Hésiode. Il fut aussi le maître de Parménide.

PARMÉNIDE (Elée, 544 - 450) Philosophe grec de l’école d’Élée, auteur d'une œuvre philosophique en vers. Il enseigne la sphéricité de la terre et l'identité de l'étoile du soir et de l'étoile du matin. Platon le surnomma «le Grand». Il aurait été législateur de sa ville natale avant de gagner Athènes ~504 où, avec son disciple Zénon, il combattit la philosophie matérialiste des Ioniens. Il nous est parvenu une cinquantaine de vers de son poème De la nature, la première théorie philosophique de l'être, où il traite de la vérité ou de l'unité et l'éternité de l'être avec la variété de l'opinion humaine. Le poème a été traduit et expliqué par J. Beaufret (1954), à la lumière de la métaphysique d'Heidegger. La doctrine parménidienne de l'être, qui s'oppose à la doctrine du devenir d'Héraclite, a inspiré le Parménide de Platon, qui essaie d'unir les deux thèses de l'unité de l'être et de la diversité du savoir. Il peut être considéré comme le père de l'ontologie.

HÉRACLITE (Éphèse, v. ~540 ­ v. ~480 av. J.-C.) Philosophe grec. Sa doctrine, assez hermétique, met l’accent sur le conflit irréductible entre l’être et le devenir, et sur le perpétuel écoulement des choses: «On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve.». Le feu était pour lui l'élément premier à l'origine de la matière. Nous ne possédons de son œuvre que des fragments (De l'Univers) dont la puissance poétique exerce aujourd'hui encore une influence considérable.

ALCMÉON (Crotone, 500 av. J.-C.), médecin et philosophe grec de l’école pythagoricienne. Il s'occupa d'anatomie et de physiologie, et fut, dit-on, un des premiers à pratiquer la dissection d'animaux.

ANAXAGORE (Clazomènes, auj. Urla, Turquie, v. 500 ­ Lampsaque, auj. Lapseki, Turquie, v. 428 av. J.-C.) Philosophe grec et mathématicien de l'école ionienne. Il eut pour disciples Archélaos, Périclès et peut-être Socrate, pour qui Anaxagore fit, le premier, de l’intelligence le principe ordonnateur de toutes choses. Il enseignait que le soleil est une pierre incandescente, la lune, une terre et que "rien ne naît ni n'est détruit". Sa pensée reste matérialiste et mécaniste.

ARCHÉLAOS DE MILET (Milet, Ve s. av. J.-C.), philosophe grec de l'école ionienne. Il fut le disciple d'Anaxagore et est considéré comme le précurseur de Socrate en raison de ses préoccupations morales.

DIOGÈNE D'APOLLONIE (Cnossos, Ve s. av. J.-C.), philosophe grec de l'école ionienne. Pour lui comme Anaximène, l'air est le principe premier et universel.

ZÉNON D'ÉLÉE (né à Élée entre 490 et 485 av. J.-C.) Philosophe grec disciple de Parménide. Voulant prouver l’impossibilité du mouvement et de la pluralité, il avança des paradoxes célèbres, dont les plus connus sont celui de la flèche qui, lancée, ne peut franchir la distance qui la sépare de son but, et celui d’Achille qui ne parvient pas à rattraper une tortue à la course.

EMPÉDOCLE (Agrigente, Sicile, v. 490 ­ ?, v. 435 av. J.-C.) Philosophe grec. Il expose dans un poème sa fameuse doctrine des quatre racines des choses : le feu, l'air, l'eau et la terre. Sa pensée est une synthèse du matérialisme ionien, des doctrines des Éléates et du devenir héraclitéen: tout changement a lieu par combinaison ou dissociation des quatre éléments (l’air, l’eau, la terre, le feu) sous l’influence cyclique de l’Amour et de la Haine. Il ne reste de ses œuvres que 400 vers env. du poème Sur la nature de l’Univers et 120 vers des Purifications. Selon une tradition, il se serait suicidé en se jetant dans le cratère de l’Etna.

ANTIPHON (~ Ve s. av. JC), philosophe et mathématicien grec. Il fut l'un des premiers à tenter de résoudre la quadrature du cercle.

MÉLISSOS (~ Ve s. av. JC), philosophe grec de l'école d'Elée. Il commandait la flotte samienne lorsqu'elle remporta la victoire sur les Athéniens. Il nous reste dix fragments de son œuvre De l'Etre.

GORGIAS (Leontium, Sicile, v. 487 ­ Larissa, v. 380 av. J.-C.) Sophiste grec, il fut le maître de Thucydide. On appelait "sophiste" ce partisan d'une école qui enseignait à développer de beaux discours complètement faux et se faisait payer très cher pour amuser ainsi le peuple. Sur le non-être et la nature. Il fut le maître de Thucydide. Dans le dialogue de Platon, Gorgias ou De la rhétorique (v. 395-v. 391 av. J.-C.), Socrate reproche à Gorgias et à ses deux disciples leur art superficiel: il ne faut pas persuader un auditoire du juste ou de l’injuste, mais remonter à l’essence de ces notions; «Nul n’est méchant volontairement», seul le sage, apte à définir juste et injuste, atteint au bonheur suprême.

PROTAGORAS (Abdère, auj. Adra, v. 485 ­ en mer, v. 410 av. J.-C.) Sophiste grec. Pour lui, «toutes nos connaissances viennent de la sensation, et la sensation varie selon les individus. L’homme est donc la mesure de toutes choses».

PRODICOS (Ioulis, Céos, Ve s. av. J.-C.), Sophiste grec qui enseignait la morale et la stylistique à Athènes.

PHILOLAOS (Crotone ou Tarente, 470 - Héraclée, fin Ve av. J.-C.), philosophe et astronome grec de l'école pythagoricienne. Il fonda une école pythagoricienne à Thèbes et fut, dit-on, un des premiers à divulguer la pensée de son maître. On lui attribue une théorie astronomique dans laquelle la sphéricité et le mouvement de la Terre sont affirmés.

 

 

 

ANTIQUITÉ (II)

Vème siècle - IVème siècle (av. J. C. )

GRÈCE CLASSIQUE

SOCRATE (Alôpekê, Attique, v. 470 ­ Athènes, 399 av. J.-C.) Philosophe grec, fils de Sôphroniskos, un tailleur de pierre, et de Phainaretê, une sage-femme. On peut le considérer comme l'inspirateur de toute la philosophie occidentale. Il n'a jamais rien écrit : il préférait philosopher en marchant dans les rues d'Athènes. On sait qu’il vécut très modestement, consacrant toute son énergie à prêcher sa doctrine dans les gymnases et les lieux publics, et qu’il avait de nombreux disciples: Xénophon, Platon, Alcibiade... Accusé d’impiété et de corruption de la jeunesse, il fut condamné à mort par l’héliée (tribunal populaire d’Athènes). En exécution de cette sentence, il but calmement une décoction de ciguë, s’entretenant de l’immortalité de l’âme avec ses disciples, comme le rapporte le Phédon, de Platon, qui consacre à sa mort deux autres dialogues : l’Apologie de Socrate et Criton. Socrate n’a publié aucun ouvrage, mais Xénophon (les Mémorables), Aristophane (qui l’attaque dans les Nuées) et surtout Platon nous ont fait connaître sa personnalité et sa méthode de réflexion. Fondée sur la discussion, sa maïeutique (art d’accoucher les esprits) amène l’interlocuteur à découvrir la vérité qu’il porte en lui; elle s’accompagne d’ironie, c'est-à-dire de fausse naïveté : le philosophe fait semblant d’ignorer les contradictions dans lesquelles s’enferme celui auquel il s’adresse pour mieux lui permettre de prendre conscience de ses erreurs de jugement. Chacun peut ainsi atteindre à une meilleure connaissance de soi («Connais-toi toi-même» est la devise de Socrate) et se rapprocher d’une science qui se confond avec la vertu («La vertu est la science du bien»).

LEUCIPPE (v. 460 ­ 370 av. J.-C.), philosophe grec. Disciple de Zénon d’Élée, il fut le fondateur d’une pensée matérialiste selon laquelle l'univers est composé d'atomes et de vide (atomes en nombre infini, tous de même substance et homogènes, indestructibles et inaltérables). Sa vision de l’Univers fut reprise par son disciple Démocrite, puis par Épicure.

DÉMOCRITE (Abdère, Thrace, v. 460 ­ ?, v. 370 av. J.-C.) Philosophe grec, contemporain de Socrate et de Protagoras. Matérialiste, il identifie l’être à la matière (composée d’atomes qui se déplacent dans le vide) et le non-être au vide. Affirmant que le souverain bien réside dans le calme de l’âme, il est le précurseur direct d’Épicure (qui reprendra son atomisme).

PHÉDON D'ÉLIS (IVe s. av. J.-C.), philosophe grec ami et disciple de Socrate, qu’il assista dans sa prison jusqu’à sa fin. Les théories de son école était assez proches de celles des mégariques. Dans sa philosophie morale, il identifie Souverain bien et Sagesse. Il fonda l’école d’Élis.

EUCLIDE, dit le Socratique (à ne pas confondre avec le mathématicien)(Mégare ou Géla, Sicile, v. ~450 ­ ~380 av. J.-C.), philosophe grec. Après avoir été le disciple de Parménide et de Socrate, il fonda l'école de Mégare que fréquenta Platon. Comme celle des Eléates, sa philosophie nie le mouvement ; elle annonce par ailleurs la théorie platonicienne des "Idées".

ARISTIPPE DE CYRÈNE (Cyrène, IVe s. av. J.-C.), philosophe grec hédoniste, disciple de Socrate. Il fonda l’école cyrénaïque. Il faisait de l’impression subjective du plaisir le souverain bien (doctrine qu’il ne faut pas confondre avec l’épicurisme).

ANTISTHÈNE (Athènes, v. 444 ­ ?, 365 av. J.-C.), philosophe grec, disciple de Socrate et de Gorgias. Il fonda l’école cynique. La sagesse qu'il prône défend la liberté de l'individu et son indépendance à l'égard de toutes choses.

ARCHYTAS (Tarente, ~430 av. J.-C.), philosophe pythagoricien, mathématicien, astronome, et homme d'État grec. Il trouva la solution du problème de la duplication du cube, inventa, dit-on, la vis, la poulie, et construisit de nombreux automates dont un pigeon volant. Il fut élu six fois stratège de sa ville natale qu'il mena chaque fois à la victoire.

PLATON (Athènes, v. 428 ­ id., 348 ou 347 av. J.-C.) Célèbre philosophe grec qui vouait une grande admiration à son maître Socrate. Il écrivit de nombreux Dialogues dans lesquels il mit en scène ce dernier, pour lui rendre hommage. Issu d’une famille aristocratique, il fut d’abord élève du philosophe, disciple d’Héraclite, Cratyle, puis disciple de Socrate. Après la mort de celui-ci (399), il voyagea, puis, vers 387, fonda, à Athènes, dans les jardins d’Académos, une école dont l’enseignement «ésotérique» n’est connu que par certains textes du plus illustre de ses élèves: Aristote. En revanche, nous possédons la quasi-totalité de ses écrits, rédigés sous forme de dialogues dans une prose attique admirable. On les classe habituellement en trois grands groupes : les dialogues socratiques (Hippias majeur et mineur, Alcibiade, Ion, Criton, Charmidès, Lachès, Lysis, Euthyphron, Protagoras, Apologie de Socrate)), œuvres de jeunesse consacrées à la défense de la mémoire de Socrate ou à des recherches morales selon la méthode socratique; les dialogues systématiques (Gorgias, Ménexène, Euthydème, Ménon, Cratyle, Phédon, le Banquet, la République, Phèdre), qui développent la théorie des Idées; les dialogues critiques et métaphysiques (Parménide, Théétète, Sophiste, Politique, Philèbe, Timée, Critias, Lois), œuvres difficiles où cette théorie est révisée et complétée. Ayant étendu au domaine philosophique tout entier la méthode socratique de la recherche de la vérité (maïeutique), Platon aborde le monde des Idées, formes intelligibles, éternelles et parfaites, archétypes des choses sensibles, lesquelles n’en sont que des reflets instables et imparfaits. Il existe donc un Beau, un Juste en soi, auxquels les choses belles ou justes empruntent leur réalité passagère. La connaissance suprême qui procure une vision (théôria) d’ensemble de ce monde intelligible est la dialectique, qui exige du philosophe l’étude préalable de quatre sciences: arithmétique, géométrie, astronomie, musique. Dans ses derniers dialogues, Platon, élargissant et approfondissant sa doctrine, ne considère plus les Idées comme une pluralité de réalités distinctes ; ce sont des mixtes, constitués par un mélange (du même et de l’autre, de l’un et du multiple, du fini et de l’indéfini). De même, l’Idée et la réalité sensible sont chacune des mélanges. Les mixtes successivement formés n’en manifestent pas moins une finalité réelle: l’Univers, dans ses moindres détails, est le règne de l’harmonie et du divin ; aussi l’homme doit-il «se rendre, autant qu’il se peut, semblable à l’Être absolu», soit à l’Intelligence parfaite, au Bien universel, «commencement, milieu et fin de toutes choses». L’influence du platonisme a été considérable sur Plotin, sur les théologiens chrétiens.

DIOGÈNE LE CYNIQUE (dit le chien) (Sinope, v. 413 ­ 327 av. J.-C.) Philosophe grec qui méprisait les honneurs, les convenances, et les richesses. Le plus célèbre représentant de l’école cynique, qui cherchait la sagesse dans le dénuement. Platon l’appelait «un Socrate en délire» : il vivait, dit la légende, dans un tonneau ; on raconte qu’il alluma en plein jour sa lanterne pour «chercher un homme», et qu’il répondit à Alexandre le Grand qui lui demandait s’il désirait quelque chose : «Oui, que tu t’ôtes de mon soleil.»

 

 

 

ANTIQUITÉ (III)

ÉPOQUE HELLÉNISTIQUE

IVème siècle - IIIème siècle

EUDOXE DE CNIDE (Cnide, Asie Mineure, v. 405 ­ ?, v. 355 av. J.-C.), mathématicien, astronome et philosophe grec; auteur d’une théorie géocentrique de l’Univers.

ANAXARQUE (Thèbes, Béotie, ~IVè s.), philosophe grec de l'école atomiste. Il étudia la philosophie de Démocrite, et s'intéressa particulièrement à son aspect moral.

HERMIAS D'ATARNÉE (IVe av. J.-C.) Philosophe et homme politique grec. Il fut disciple de Platon et ami d'Aristote. S'étant emparé du pouvoir à Atarnée, il y fit venir ce dernier vers 348~347. Livré aux Perses, il fut mis à mort par Artaxerxès III. Aristote qui avait épousé Pythias, sa soeur (ou sa nièce ?), quitta Atarnée pour Lesbos.

STILPON (Mégare, ? - Athènes ~320), philosophe grec de l'école de Mégare. Il fut un des disciples de Diogène le cynique et un des maîtres de Zénon de Citium.

CRATÈS DE THÈBES (Thèbes, Béotie, ~IVè s.), philosophe grec de l'école cynique. Disciple de Diogène le cynique, il fut un des maîtres de Zénon de Citium.

XÉNOCRATE (Chalcédoine, ~400 - ~314 av. J.-C.), philosophe grec de l'Académie. Disciple et ami de Platon, il l'accompagna en Sicile. Il prit la direction de l'Académie en ~339. Il tenta de concilier la théorie platonicienne des idées et le pythagorisme.

ANNICÉRIS (Cyrène ~330), philosophe grec de l'école cyrénaïque. Fondateur de la secte des Annicériens, sa morale se situe entre celle d'Aristippe et celle d'Epicure.

MÉNIPPE (Gadara, Cœlésyrie [auj. Umm Qeis, Syrie], ~IVe - ~IIIe s. av. J.-C.), poète et philosophe grec de l’école cynique. Il est surtout connu pour être l'auteur d'écrits ("bouffons") où il combinait la prose et les vers et qui sont à l'origine d'un genre appelé "satire ménippée".

SPEUSIPPE (Athènes, ~393 - ~339 av. J.-C.), philosophe grec de l'Académie. Neveu de Platon par sa mère, il étudia à l'Académie avant d'en prendre la direction à la mort de son oncle. On croit savoir qu'il s'intéressa particulièrement à la doctrine pythagoricienne des nombres.

ARISTOTE (Stagire, Macédoine, 384 ­ Chalcis, 322 av. J.-C.) Philosophe grec, fils du médecin Nicomaque, disciple de Platon, précepteur d’Alexandre le Grand, puis fondateur du Lycée ou école péripatéticienne. On peut le considérer comme l'inspirateur d'une partie de la philosophie chrétienne du Moyen-age. Il a écrit de nombreux ouvrages philosophiques et scientifiques. Ses écrits couvrent tout le savoir de l’époque, comme en témoignent les principaux titres de ses œuvres: la Logique (Organon), la Physique (laquelle comprend des traités de sciences naturelles, de météorologie, d’astronomie, etc.), la Métaphysique, l’Éthique à Nicomaque, la Politique, la Rhétorique, la Poétique. Les méthodes d’observation et de classification rigoureuses qu’il établit exercèrent une influence décisive sur la culture de l’Occident, grâce d’abord aux philosophes arabes Avicenne et Averroès, puis à Thomas d’Aquin, qui tenta de concilier la Révélation chrétienne et l’aristotélisme, lequel devint alors un dogme qui entrava les progrès de la connaissance.

HÉGÉSIAS (seconde moitié du IVe s. - ~300), philosophe grec de l'école cyrénaïque. Son hédonisme se teinte de pessimisme; doutant que l'homme puisse atteindre le bonheur, il préconisait, dit-on, le suicide.

THÉOPHRASTE (Erésos, Lesbos, v.372 - ~287 av. J.-C.), philosophe grec péripatéticien. Il fut disciple de Platon avant de devenir celui d'Aristote qui lui donna le surnom de Théophraste, le divin parleur (son vrai nom aurait été Tyranos ou Tyramos). Il prit la direction du Lycée, se consacrant surtout à la philosophie botanique. Nous possédons de lui des Caractères (dont s'inspira La Bruyère), une Histoire des plantes, Les Causes des plantes et quelques fragments sur la littérature.

MENCIUS (en ch. Mengzi) (372 - 289 av.J.C.), philosophe chinois confucéen. Auteur d'un célèbre traité de morale. Il écrivit, tant en poésie qu'en prose, dans un style qui fut longtemps admiré pour sa parfaite clarté. Polémiste habile, il s'attacha à développer les aspects idéalistes du confucianisme sans négliger les conditions matérielles de la vie. Il élabora une théorie morale des relations sociales, fondée sur l'accord entre la nature humaine et le Ciel (moralisme inné).

MÉNÉDÈME (IVe s. av. J.-C.), philosophe grec. Il transporta l'école d'Élis, fondée par Phédon, à Érétrie où il joua un rôle politique important en rétablissant la démocratie. Il fut aussi disciple de Stilpon.

STRATON (Lampsaque, ? - Athènes ~268), philosophe grec péripatéticien. On l'appela le Physicien, car au Lycée dont il fut le directeur de ~288 à ~268, il orienta les recherches et l'enseignement surtout vers les sciences de la nature. Contrairement à Aristote, il nia les causes premières et finales dans l'explication des phénomènes.

ARISTOXÈNE (Tarente, 350 - ?), philosophe grec. Disciple d'Aristote, il est surtout connu pour deux ouvrages : Eléments harmoniques et Sur le rythme, qui sont les plus anciens traités de musique de la Grèce antique.

DICÉARQUE (Messine, ~347 - ~285), historien, géographe et philosophe grec. Disciple d'Aristote, il écrivit des ouvrages divers de géographie (Description de la Grèce), d'histoire et de philosophie, ouvrages dont il ne reste que des fragments ou des titres. Plus attiré vers les études concrètes et la philosophie pratique que vers les spéculations théoriques, il semble avoir adopté une conception matérialiste de l'âme considérée comme l'harmonie des parties du corps.

DIODORE CRONOS (Iasos, Carie, v. ~296 av. J.-C.), philosophe et logicien grec de l'école mégarique. Il fut l'un des plus grands dialecticiens, tentant de prouver l'impossibilité du mouvement. On lui doit une théorie originale de l'implication. Il est connu pour avoir développé un argument dit «argument dominateur» qui établit que l'inéluctabilité de l'avenir est aussi grande que celle du passé.

NAUSIPHANÈS (Théos, v. ~IV av. J.-C.), philosophe grec de l'école atomiste. Il étudia la philosophie de Démocrite et est généralement considéré comme le premier maître d'Epicure.

PYRRHON (Elis, auj. Kaliskopi, v. 365 ­ id., 275 av. J.-C.), philosophe grec, Il fut le disciple d'Anaxarque, suivit la campagne d'Alexandre en Asie où il aurait connu les gymnosophistes. Considéré comme le fondateur du scepticisme, il nie la possibilité pour l'homme d'atteindre la vérité et préconise le doute; ses principaux arguments sont les illusions des sens, les contradictions entre les jugements sur une même question, l'impossibilité de prouver la vérité d'une proposition de façon catégorique, puisqu'il faudrait d'abord prouver la vérité des prémisses et ainsi de suite (ou régression à l'infini). Le seul but que le philosophe peut viser est le bonheur négatif, l'absence de trouble (l'ataraxie).

CRANTOR (Soles, Cicile, ~365 - ? av. J.-C.), philosophe grec de l'Académie. Disciple de Xénocrate, qu'il remplaça à la tête de l'Académie, il est parfois considéré comme le premier commentateur de Platon. Ciceron utilisa son traité De l'affliction.

ÉPICURE (Samos ou Athènes, 341 ­ Athènes, 270 av. J.-C.) Philosophe grec qui donna son nom à une certaine conception du monde et de l'existence. Cette dernière devant être réglée par la recherche d'un équilibre des plaisirs qui ne sont pas dangereux pour soi, ni pour autrui, et permet d'atteindre ainsi le bonheur. Il fréquenta les écoles platoniciennes avant de fonder la sienne à Mytilène (310), à Lampsaque, puis à Athènes (l’École du jardin). En tant que physicien, il reprend, en le modifiant, l’atomisme de Démocrite. Sa morale, qui n’est pas une morale du plaisir brut, revêt les formes de la sagesse : l’homme atteint au vrai plaisir dans le repos, l’ataraxie (absence de trouble), mais pour y parvenir il doit s’affranchir de la crainte des dieux et de la mort. Épicure est l’auteur de nombreux ouvrages, mais nous ne possédons de lui que trois lettres et des fragments de son traité De la nature.

PHILON LE MÉGARIQUE (seconde moitié du IVe av. J.-C.), philosophe grec de l'école mégarique. Il fut le disciple de Diodore Cronos.

ZÉNON DE CITIUM (330-262) Philosophe grec fondateur de l'école Stoïcienne. On appelait "stoïciens" ces philosophes qui prônaient la maîtrise des passions et une certaine conception harmonique de la nature, ils étaient panthéiste et matérialiste.

CLÉANTHE (322-264) Autre philosophe grec de l'école Stoïcienne. Zénon lui confia la direction du Portique. Dans son Hymne à Zeus, son stoïcisme apparaît teinté de religiosité.

TIMON DE PHLIONTE (le sillographe) (Phlionte, ~320 - ~230 av. J.-C.), philosophe et poète grec. Disciple de Stilpon et de Pyrrhon, il est l'auteur de poèmes satiriques (Silles), où il critique en les ridiculisant tous les systèmes philosophiques.

ARCÉSILAS (en grec Arkésilaos) (Eolide, ~316 - 241 av. J.-C.), philosophe grec et fondateur de la Nouvelle Académie. Il utilisa la méthode dialectique comme arme contre le dogmatisme des stoïciens. Pour lui, il n'y a pas de vérité mais des opinions plus ou moins probables.

ARISTARQUE DE SAMOS (Samos, 310 ­ ?, 230 av. J.-C.), astronome grec. Il aurait eu, le premier, l’intuition du mouvement de la Terre sur elle-même et autour du Soleil; il aurait, aussi, calculé les distances Terre-Lune et Terre-Soleil.

CHRYSIPPE (Chypre ou Soli, Cilicie, 281 ­ Athènes, 205 av. J.-C.), philosophe grec de l'école stoïcienne. Après avoir fréquenté la Nouvelle Académie, il étudia la philosophie stoïcienne, prenant la succession de Cléanthe à la tête du portique. S'il ne reste que quelques fragments des 705 traités qu'on lui attribue, on s'accorde néanmoins à voir en lui celui qui donna à la pensée stoïcienne sa structure et sa rigueur. En logique, il réhabilita la dialectique contre Aristote. En physique, il précisa les principales notions de la cosmologie stoïcienne (celle de sympathie universelle) et tenta de résoudre la contradiction entre le destin et la liberté.

ARISTON DE CÉOS (seconde moitié du IIIe s.), philosophe grec péripatéticien. Il dirigea le Lycée. Il écrivit une Histoire des écoles philosophiques et un Traité sur la sagesse.

DIOGÈNE LE BABYLONIEN (Séleucie, ~240 - 150 av. J.-C.), philosophe grec de l'école stoïcienne. Disciple de Chrysippe, il a écrit un Recueil d'observations concernant la divination par les songes et les astres dont s'est servi Cicéron.

 

 

 

ANTIQUITÉ (IV)

IIème siècle av. J. -C. - IIème siècle ap. J. -C.

ROME

CARNÉADE (Cyrène, v. 215 ­ Athènes, v. 129 av. J.-C.), philosophe grec. Il dirigea la Nouvelle Académie et, s’attaquant au stoïcisme, fonda le probabilisme.

PANETIUS (Rhodes, ~180 - Athènes, ~110 av. J.-C.), philosophe grec du moyen stoïcisme. Il étudia à Pergame et à Athènes, se rendit à Rome où il fréquenta les milieux cultivés, puis dirigea le Portique. Posidonius fut son disciple. Seul le De officiis de Ciceron nous renseigne sur sa doctrine morale.

HERACLIDE LEMBOS (IIe s.), philosophe grec. Il est connu par une Histoire universelle.

ARISTOCLÈS (Messène, IIe s.), philosophe grec péripatéticien. Il est l'auteur d'un traité Sur la philosophie qui est un commentaire de la pensée d'Aristote.

POSIDONIUS (Rhodes, ~180 - Athènes, ~110 av. J.-C.), philosophe grec de l'école stoïcienne. Il fonda une école à Rhodes, et eut parmi ses auditeurs Pompée et Ciceron. D'une grande érudition, il s'intéressait aux sciences les plus diverses. Il aurait écrit plusieurs traités Sur l'âme, Sur les dieux, des traités de physique et de météorologie.

DIODORE DE TYR (~IIe av. J.-C.), philosophe grec chef de l'école péripatéticienne. S'intéressant surtout à la morale, il aurait tenté de concilier l'éthique des stoïciens et celle des épicuriens.

PHILON DE LARISSA (Larissa, ~148 ou ~140 - Rome, ~85 ou ~77 av. J.-C.), philosophe grec. Il fit partie de la Nouvelle Académie où il tenta de remettre à l'honneur les théories platoniciennes.

ZENON DE SIDON (~IIe av. J.-C.), philosophe grec épicurien. Il fut le maître de Philodème. Des fragments de ses écrits ont été retrouvés dans les papyrus d'Herculanum.

PHILODÈME DE GADARA (Gadara, 110 ­ Italie, 28 av. J.-C.), philosophe grec épicurien. Il vécut essentiellement à Rome où il eut sans doute Ciceron pour auditeur, à Naples et à Herculanum où quelques textes ont été retrouvés.

CICÉRON (en lat. Marcus Tullius Cicero) (Arpinum, 106 ­ Formies, 43 av. J.-C.) Orateur, homme politique et philosophe latin. On peut le rattacher à plusieurs écoles philosophiques, dont le Stoïcisme, entre autres. Avocat, il entra dans la vie publique et entama la carrière des honneurs (cursus honorum) après la mort de Sylla (78 av. J.-C.). En 75, il est nommé questeur en Sicile. En 70, à la demande des Siciliens, il mena l’accusation contre le propréteur Verrès, qui avait pillé la Sicile dont il était gouverneur. Ce furent les fameuses plaidoiries des Verrines. Édile (69), puis préteur (66), il déjoua, une fois consul (63), la conjuration de Catilina (les quatre Catilinaires). Exilé en Grèce (58) au temps du premier triumvirat (César, Crassus et Pompée), puis rappelé d’exil (57), il suivit Pompée après la rupture du triumvirat pour se rallier à César après Pharsale (48). À la mort de César (44), il s’en prit violemment à Antoine (les quatorze Philippiques) qui, ayant pu former avec Octave et Lépide le second triumvirat, le fit proscrire, puis assassiner. Ses grands discours politiques révèlent un art de la composition, un sens de l’ironie et de l’invective qui lui valurent d’être admiré par ses contemporains et d’accéder au rang de modèle du prosateur classique. Il est également l’auteur de traités philosophiques (De republica, Tusculanes, De senectute, De amicitia) et d’une correspondance.

LUCRÈCE (en lat. Titus Lucretius Carus) (Rome, v. ~98 ­ ?, ~55 av. J.-C.) Philosophe et poète latin, disciple de la philosophie épicurienne. Son ouvrage principal Des choses de la nature (en latin De natura rerum) nous permet de mieux connaître l'atomisme grec et particulièrement la doctrine scientifique et philosophique d’Épicure. Puisque l’âme périt avec le corps, l’homme peut trouver le bonheur sur terre, à condition toutefois de s’affranchir de ses passions. Lucrèce sait exprimer poétiquement les notions les plus abstraites de la physique et de la philosophie.

PHILON d’ALEXANDRIE ou le Juif (Alexandrie, v. 20 av. J.-C. ­ ?, v. 45 apr. J.-C.), philosophe grec d’origine juive. Il entreprit de concilier la doctrine biblique et la pensée hellénistique (platonisme, stoïcisme). Ses idées influencèrent les néo-platoniciens. Auteur de : Questions et solutions sur la genèse et l'exode, Commentaire allégorique de la genèse, Sur l'esclavage de l'insensé, Sur la liberté du sage.

SÉNÈQUE (en latin Lucius Annæus Seneca) (Cordoue, vers 4 avant J.-C. ­ Rome, 65 ap. J.-C.), appartenant à l'école Stoïcienne, il est le fils de Sénèque le Père; homme d’État et auteur tragique latin. Questeur, puis sénateur, ayant commencé à Rome une brillante carrière politique, favorisée par ses dons d’éloquence, il fut exilé en Corse (41-49) à la suite d’intrigues menées par Messaline. En 49, Agrippine le rappela et le chargea de l’éducation du jeune Néron, dont, plus tard, il s’efforça en vain de modifier le comportement de despote. Nommé consul (57) puis tombé en disgrâce (62), il s’éclipsa; en 65, Néron l’impliqua dans la conspiration de Calpurnius Pison et lui ordonna de se suicider; Sénèque s’ouvrit les veines. Son œuvre, qui comprend des traités de morale (De la clémence, Des bienfaits), des dialogues philosophiques (Consolations à Helvia, Sur la brièveté de la vie, Sur la providence), un ouvrage scientifique (Questions naturelles), des tragédies (Médée, les Troyennes, Phèdre) et des lettres (Lettres à Lucilius), est nourrie par la pensée stoïcienne.

ONOSANDROS ou ONÊSANDROS Philosophe platonicien qui vécut au siècle de Néron. Selon le témoignage de Suidas, il aurait écrit des commentaires de la République de Platon. Il est surtout connu pour son ouvrage sur l'art du chef d'armée (Stratêgikos logos), plusieurs fois édité (en particulier par Schwebel à Nuremberg) et plusieurs fois traduit en français. Cet ouvrage est précieux notamment par les sources grecques qu'utilise l'auteur.

PLUTARQUE (Chéronée, v. 50 ­ id., v. 125 ap. J.-C.,) Historien et moraliste grec. Il voyagea en Egypte, séjourna plusieurs fois à Rome, et fit partie du collège sacerdotal de Delphes. Un grand nombre de ses ouvrages ne nous sont pas parvenus. Les autres ont été classés en deux groupes: les Vies parallèles et les Œuvres morales (Des opinions des philosophes).

ÉPICTÈTE (Hiérapolis, Phrygie, v. 50 ­ Nicopolis, Épire, v. 125-130 ap. J.-C.) Philosophe stoïcien grec. Amené comme esclave à Rome, il fut acheté par un nommé Épaphrodite, puis affranchi. Chassé de Rome, il se réfugia en Épire. Son austérité, son mépris de la douleur, la rigueur de sa morale («Supporte et abstiens-toi!») sont restés célèbres. L’enseignement d’Épictète est contenu dans les Entretiens et le Manuel, tous deux rédigés par Flavius Arrien, l’un de ses disciples.

AENÉSIDÈME, ou ENÉSIDÈME (Cnossos, Ier s. ap. J.-C.) Philosophe sceptique grec né à Cnosse, en Crète. Il enseigna la philosophie à Alexandrie. C'est lui qui ramena à dix les arguments des Sceptiques sur les motifs de douter (ou tropes).

SIMON LE MAGICIEN (Ier s.), magicien originaire de Samarie. Il voulut acheter à l’apôtre Pierre le pouvoir de conférer les dons du Saint-Esprit (surnaturel): d'où le nom de simonie donné au trafic des choses saintes. Les anciens auteurs ont vu en lui l'initiateur du gnosticisme.

DENYS L'ARÉOPAGITE (Ier siècle), Athénien convertit au christianisme par Saint Paul. La tradition en fait le premier évêque d'Athènes. On lui attribua longtemps les ouvrages du Pseudo-Denys.

MARCION (Sinope, auj. Sinop, Turquie, v. 85 ­ ?, v. 160), philosophe gnostique et hérésiarque, fondateur de l’Église marcionite. Il ne retenait de la Bible que l’Évangile de Luc et dix épîtres de saint Paul. Il vint à Rome vers 140, mais son enseignement provoqua son excommunication en 144. Il fut combattu par Tertullien.

BASILIDE (IIe s. apr. J.-C.) philosophe gnostique alexandrin. La secte qu'il fonda (basilidiens) se maintint en Egypte jusqu'au IVe s.

MARC-AURÈLE (en lat. Marcus Annius Verus, puis Marcus Aurelius Antoninus) (Rome, 121 ­ Vindobona, auj. Vienne, 180). Philosophe et empereur romain (161 à 180) qui appartient à l'école Stoïcienne. Son ouvrage philosophique principal : Pensées pour moi-même. Il lutta contre les Parthes (161) et les Germains (166-169); habile administrateur, il protégea les arts et les lettres. D’abord tolérant à l’égard des chrétiens, il les fit ensuite persécuter. Écrivain, il a laissé un recueil de Pensées, sorte de journal intime orienté vers un stoïcisme pratique. ART : Sa statue équestre en bronze (v. 170), aux proportions naturelles, fut installée à Rome, au centre de la place du Capitole, lorsque Michel-Ange réaménagea celle-ci (1536-1538). Donatello (le Gattamelata) et Verrocchio (le condottiere Colleoni, 1481-1488, Venise) s’en inspirèrent.

Lucius APULEIUS ou APULÉE (Madaure, en Numidie, auj. ruines près de Mdawruch, en Algérie, v. 125 ­ Carthage, v. 180), philosophe et écrivain latin, auteur de l’Âne d’or. Accusé de sorcellerie, il assura sa défense dans l’Apologie.

CLÉMENT D'ALEXANDRIE (en lat. Titus Flavius Clemens) (Athènes, v. 150 ­ en Cappadoce, v. 215), philosophe grec gnostique chrétien. Il se fixa à Alexandrie où, chef de l’école de catéchèse, il aurait été le maître d’Origène.

SEXTUS EMPIRICUS (IIe - IIIe s.), philosophe, médecin et astronome grec. Il serait né à Mytilène, mais aurait vécu à Alexandrie et Athènes. Il fut surnommé "l'Empirique" pour avoir, dit-on, introduit l'empirisme en médecine. En philosophie, ses œuvres sont la source la plus importante pour la connaissance du scepticisme et du stoïcisme antique. Dans ses Hypotyposes (ou "esquisses") pyrrhoniennes et son Adversus Mathematicos, il a su présenter la doctrine sceptique et indiquer tous les arguments contre le dogmatisme des philosophes et des savants.

VALENTIN (m. v. 161 apr. J.-C.), hérésiarque originaire d’Alexandrie; fondateur d’une secte gnostique. Sa doctrine, répandue en Italie, à Rome et en orient, fut combattue par saint Irénée et Tertullien

ALEXANDRE D'APHRODISIOS (fin du IIe s. apr. J.-C. - début du IIIe siècle) philosophe latin. Il consacra son œuvre à commenter Aristote (notamment la Métaphysique et les Topiques). Ses commentaires eurent une importance considérable au Moyen-Age, en particulier auprès de saint Thomas d'Aquin. Il a écrit des œuvres personnelles : Du destin dédié aux empereurs Sévère et Antonin (Caracalla), De l'âme (dont il ne reste que deux livres), De la providence (perdu). Il condamne la conception d'un dieu immanent au profit d'un dieu transcendant.

AMMONIOS SACCAS (en latin Ammonius) (Alexandrie, fin IIe s. ­ ?, début IIIe s.), philosophe grec. Ayant abandonné le christianisme, il fut le fondateur du néo-platonisme à Alexandrie où Plotin, Origène et Longin furent ses disciples.

ORIGÈNE (Alexandrie, v. 185 ­ Tyr, v. 254), théologien, exégète et Père de l’Église grecque. Philosophe gnostique, il enseigna à Alexandrie, puis fonda une école de théologie à Césarée de Palestine. Dans le domaine de la théologie, de l'apologétique et de la science biblique, son œuvre a eu une large influence sur la pensée chrétienne. Il a donné notamment des Commentaires de l’Écriture, a réfuté les thèses antichrétiennes de Celse (Contre Celse) et laissé des traités de morale et de pratiques chrétiennes. On a retenu de ses travaux un recours excessif à l’interprétation allégorique de la Bible; il a utilisé les enseignements de la philosophie grecque pour l’expression de la doctrine chrétienne. Cependant certains aspects de sa doctrine, repris et systématisés au siècle suivant dans un courant de pensée appelé l'origénisme, suscitèrent de vives controverses et furent finalement condamnés.

PLOTIN (Lycopolis, auj. Assiout, Égypte, v. 205 ­ en Campanie, v. 270), philosophe de l’école d’Alexandrie; fondateur du néo-platonisme. Sa doctrine, doctrine du salut, qui nous enseigne la démarche par laquelle notre âme peut retrouver l’unité originelle et se fondre en elle (presque une mystique au sens chrétien du terme, bien que Plotin ait défendu le polythéisme hellénique traditionnel), a exercé une influence considérable sur la constitution théologique du christianisme. Il fut disciple d'Ammonios Saccas pendant une dizaine d'années. Il suivit l'empereur Gordien dans la lutte contre les Perses afin de prendre connaissance de la philosophie perse et indienne (243). Puis il s'installa à Rome (244) où il ouvrit une école philosophique fréquentée par l'empereur Gallien et sa femme. Sa santé déficiente l'amena à quitter Rome pour la Campanie où il mourut peu après. Les œuvres de Plotin ont été publiées par son disciple Porphyre sous le nom d'Ennéades. L'auteur y aborde tous les grands thèmes du néo-platonisme. Il a tenté de préserver l'exigence de rationalité de la philosophie grecque (Aristote et Platon) tout en cherchant à la concilier avec des aspirations mystiques.

LONGIN (Cassius) (v. 213 ­ ?, 273), philosophe grec de l’école néo-platonicienne. Elève d'Ammonios Saccas à Alexandrie, il enseigna la rhétorique à Athènes et en Syrie. Il ne nous reste que des fragments de son œuvre philosophique et rhétorique. Il fut mis à mort par les Romains. On lui attribua à tort le Traité du sublime.

PORPHYRE (Tyr, auj. Sour, Liban, 234 ­ Rome, v. 305), philosophe néo-platonicien de l’école d’Alexandrie. Disciple, éditeur, biographe et exégète de Plotin, défenseur de l’hellénisme, il écrivit de nombreux livres (brûlés en 448) contre le christianisme.

JAMBLIQUE (Iamblichus) (Chalcis, v. 250 ­ ?, 330), philosophe grec de l’école néo-platonicienne. Il ouvrit une école de philosophie à Apamée (Syrie). Il est probable qu'il fut initié aux doctrines ésotériques des Egyptiens et des Chaldéens, et chez lui le néo-platonisme devient une religion opposée au christianisme. Auteur de : Vie de Pythagore, Traité sur les mystères.

 

 

MOYEN-AGE (I)

IVème - Xème siècles

 

ÆDESIUS (Cappadoce, IVe siècle), philosophe néo-platonicien disciple de Jamblique.

CHRYSANTHIUS (IVe siècle), philosophe grec de l'école d' Iamblichus.

HUI YUAN (Houei Yuan) (334 - 417), philosophe et religieux bouddhiste chinois, fondateur de la "secte du lotus blanc" et initiateur des doctrines de l'adoration au bouddha Amitabha vers 402.

SAINT-AUGUSTIN (Tagaste, auj. Souk-Ahras, 354 ­ Hippone, auj. Annaba, 430) Philosophe patristique d'inspiration néoplatonicienne. Il fut évêque d'Hippone (Algérie). Il écrivit notamment : le Traité de la grâce. Docteur et Père de l’Église, fils d’un païen et d’une chrétienne (sainte Monique), il enseigna la rhétorique à Carthage, Rome et Milan, où, sous l’influence de saint Ambroise, qui l’amena à l’étude de Plotin, il se convertit au christianisme en 386. De retour en Afrique (388), ordonné prêtre (391), il devint évêque d’Hippone (395). C’est à ce poste qu’il lutta contre les hérétiques (manichéens, donatistes, pélagiens...) et élabora l’essentiel de son œuvre : Confessions (391-400), récit de sa conversion; De la Trinité (399-422); la Cité de Dieu (413-424), synthèse de sa théologie; Rétractations (426-427), etc. Il a vu, dans la connaissance, une participation à la connaissance divine, et a fait des idées platoniciennes les idées mêmes de la sagesse de Dieu. «Docteur de la grâce», pour lui Dieu ne fait que couronner ses dons quand il couronne nos mérites. Son influence a été considérable (Luther, Calvin, Jansénius, Descartes, Malebranche...).

SYRIANUS (en grec Syrianos) (Alexandrie, v. 380 - Athènes, 438), philosophe grec néo-platonicien. Il fut le maître de Proclus et a écrit un commentaire critique de quatre livres de la Métaphysique d'Aristote.

PROCLUS (en grec Proklos) (Constantinople, v. 412 - Athènes, 485), philosophe grec néo-platonicien. Il fut l'élève de Syrianos avant d'enseigner lui-même la philosophie à Athènes. Nous possédons les Commentaires qu'il fit de plusieurs dialogues platoniciens, entre autres du Timée, du Parménide, de la République, ainsi que des éléments de théologie.

HERMIAS (Ve s.) Philosophe néo-platonicien. Après avoir été l'élève de Syrianus et de Proclus, il fut le chef de l'école philosophique d'Athènes. Nous le connaissons par un commentaire du Phèdre de Platon.

AMMONIOS (en latin Ammonius) (Ve s.), philosophe grec néo-platonicien. Il succéda à Hermias (son père), à la direction de son école. Il est l'auteur de commentaires sur la philosophie d'Aristote et était connu, d'autre part, comme astronome et mathématicien.

BOÈCE (Anicius Manlius Torquatus Severinus Boetius) (Rome, v. 480 ­ près de Pavie, v. 524) Philosophe, homme d'État et poète latin. Il aura une influence sur l'enseignement médiéval. Ministre de Théodoric, accusé de complot, il fut jeté en prison, où il écrivit, sur le modèle augustinien des Confessions, un dialogue, De la consolation de la philosophie. Il mourut sous la torture.

DAMASCIUS (Damas ~v. 480), philosophe néo-platonicien éclectique disciple de Marinus. On lui doit une Histoire des principaux éclectiques et un traité Des Principes (Damascii quaestiones de primis principiis).

Jean PHILOPON (en grec Philoponos), (Alexandrie, v. 490 - 566), philosophe et grammairien grec. Penseur chrétien, il fréquenta l'école néo-platonicienne. Il écrivit un traité Contre Proclos sur l'éternité du monde, où il soutient la thèse de la création du monde dans le temps propre à la théologie judéo-chrétienne.

SIMPLICIUS (Cilicie, v. 500), philosophe néo-platonicien, élève d'Ammonios et de Damascius. Parmi ses œuvres, on compte des commentaires sur les Catégories d'Aristote et sur le Manuel d'Epictète. Il a tenté de concilier les théories de Platon et celles d'Aristote tout en s'opposant au christianisme.

PSEUDO-DENYS (Ve-VIe siècle), nom donné par les modernes à un écrivain grec anonyme dont les ouvrages ont longtemps été attribués, à tord, à Denys l'Aréopagite. Il s'agit de synthèses chrétiennes d'inspiration néo-platonicienne : Hiérarchie céleste, Hiérarchie ecclésiastique, Noms divins, Théologie mystique.

SANKARACHARYA (Kerala, 788 - 820), philosophe indien. Il exposa les doctrines hindoues du Vedanta moniste et fonda des sectes sivaïtes. On lui attribue de nombreux ouvrages philosophiques, encore très lus.

 

 

 

MOYEN-AGE (II)

IXème - XVème siècles

 

KUMARAJIVA Philosophe indien hindou du VIIe siècle. Il commenta le système philosophique de la Mimamsa et fut divinisé par les tenants du brahmanisme.

Al-FARABI (dit en Europe ALFARABIUS) (en arabe, Abu Nasr Muhammad ibn Muhammad ibn Tarkhan ibn Uzalagh) (près de Farab, v. 872 - Damas, 950), philosophe et mystique arabo-islamique originaire du Türkestan occidental. Il vécut à Bagdad. Maître d'Avicenne, grand commentateur d'Aristote, il tenta d'accorder sa philosophie avec celle de Platon (L'accord entre les doctrines des deux sages : Platon et Aristote). Il est également l'auteur de traités de philosophie politique (Livre du gouvernement de la cité, commentaire sur les Lois de Platon) et d'un ouvrage d'inspiration mystique (Gemmes de la sagesse).

Ibn MASARRA (Cordoue, v. 883 - 931), philosophe musulman. Soupçonné d'athéisme, il quitta l'Espagne, se rendit entre autres à la Mecque et à Médine avant de revenir à Cordoue. Sa philosophie, exposée dans Kitab al-tafsira ou "Livre de l'explication pénétrante", accorde une place importante à l'idée néo-platonicienne d'émanation à partir du Principe premier. On a parfois noté chez lui l'influence d'Empédocle et de la gnose de Priscillien.

AVICENNE (Ibn Sina) (Afchana, près de Boukhara, 980 ­ Hamadhan, 1037), philosophe et médecin arabe, auteur d’un Canon de la médecine et d’une encyclopédie philosophique (Kitab al-Chifa, «le Livre de la guérison»). C’est grâce à son œuvre et à celle d’Averroès que les scolastiques connurent Aristote et la pensée grecque.

GAUNILON (fin du Xe s. ­ 1073), théologien et philosophe. Moine de l'abbaye de Marmoutier près de Tours, il écrivit un ouvrage contre l'argument ontologique de l'existence de Dieu soutenu par Saint-Anselme. Auteur de : Liber pro insipiente.

Jean Scot ÉRIGÈNE, philosophe et théologien du XIe s., né en Ecosse ou en Irlande. Il vint à la cour du roi de France et empereur d'Occident Charles le Chauve où il traduisit les œuvres du Pseudo-Denys. Lors d'un débat sur la prédestination, il fut accusé d'hérésie. Sa philosophie, influencée par le néo-platonisme, a été considérée, peut-être à tort, comme contenant des thèmes panthéistes. Auteur de : De praedestinatione (contre Gottschalk), De divisione naturae, Commentaire de Boèce.

AVICÉBRON (Salomon ibn Gabirol ou Gebirol) (Malaga, 1020 ­ Valence, 1058) Philosophe juif. Sa philosophie mystique, d'inspiration néo-platonicienne nous est connue par son œuvre Source de vie (Fons Vitae) écrite primitivement en arabe et traduite en latin par Dominique Gondisalvi au XIIIème siècle.

MING TAO (Ming Dao) (1032 - 1085), philosophe chinois. Il fut le fondateur d'une école de pensée dite "de l'esprit", dont les idées furent reprises plus tard par Chu Hsi.

SAINT ANSELME (Aoste, 1033 ­ Canterbury, 1109) Philosophe patristique scolastique d'origine italienne, archevêque de Canterbury (Angleterre). Il fut un célèbre théologien. Abbé de l’abbaye du Bec (Normandie), puis archevêque de Canterbury; il chercha à interpréter rationnellement la foi chrétienne. Il écrivit : Cur Deus homo, Proslogium, Monologium et une Apologie.

RAMANUJA (Tamilnadu, v. 1050 - 1137), philosophe religieux hindou d'obédience visnouite. Il dirigea le temple de Sri Rangam (près de Trichinopoly). Il écrivit de nombreux commentaires et traités sur le Vedanta, s'opposant aux vues de Sankaracharya et créa la philosophie dite du "non-dualisme qualifié".

ROSCELIN (Compiègne, 1050 - Tours ou Besançon, 1120), philosophe Scolastique, fondateur du nominalisme et l'un des maîtres d'Abélard. Le concile de Soissons l'obligea à abjurer sa conception "dialecticienne" de la Trinité (les trois entités de la Trinité sont trois Substances indissolublement liées dans l'individu "indécomposable"), qui l'écartait de la terminologie gréco-latine.

RAMANUJA (1050 - 1137), philosophe religieux hindou d'obédience visnouite. Il dirigea le temple de Sri Rangam (près de Trichinopoly). Il écrivit de nombreux commentaires et traités sur le Vedanta, s'opposant aux vues de Sankaracharya et créa la philosophie dite du "non-dualisme qualifié".

AL-GHAZALI (Abu Hamid Mu·ammad al-azali), connu sous le nom d’Algazel (Tus, Khorasan, 1058 ­ id., 1111), l’un des plus importants penseurs de l’islam. Philosophe, juriste, théologien, il enseigna à l’université de Bagdad, mais une crise mystique le plongea dans le doute et le désespoir. Il voyagea dans le Proche-Orient et s’installa à Damas, où il écrivit Revivification des sciences de la religion. Il revint à Bagdad, y reprit son enseignement et se retira à Tus. Principales œuvres: Incohérence des philosophes; Ce qui délivre de l’erreur, ô jeune homme!

Guillaume de CHAMPEAUX (Champeaux, près de Melun, v. 1070 ­ ?, 1121), théologien et philosophe français. Elève de Roscelin et d'Anselme de Laon, évêque de Châlons et maître de l'école épiscopale de Paris où il eut Abélard pour disciple. Dans la querelle des Universaux, il soutint la position réaliste, critiquée par Abélard.

Ibn BADJDJA ou AVEMPACE (Saragosse, fin XIe s. ­ Fès, 1138), philosophe et médecin arabo-islamique. Il exerça la médecine à Séville, Grenade puis Fès, où il mourut vraisemblablement empoisonné. Il est l'auteur de commentaires d'Aristote et surtout du Guide (ou Régime) du solitaire où il décrit et analyse les degrés de l'élévation de l'homme vers Dieu. On lui doit aussi un Traité de l'âme .

AVENZOAR (Abou Marwan ibn Zuhr) (Andalousie, 1073 ­ 1162) Médecin et philosophe arabe. Il fut le maître d'Averroès.

Hugues de SAINT-VICTOR (près d’Ypres, fin XIe s. ­ Paris, 1141), théologien et philosophe français. Auteur de : Des sacrements de la foi chrétienne.

Pierre ABÉLARD (ou Abailard (Le Pallet, 1079 ­ près de Chalon-sur-Saône, 1142), philosophe scolastique et théologien français. L’histoire de sa passion pour Héloïse, nièce du chanoine Fulbert, et son émasculation par des gens à la solde de Fulbert l’ont rendu célèbre. Il enseigna à Paris la théologie et la logique; ses doctrines furent condamnées par les conciles de Soissons (1121) et de Sens (1140). Il tenta d’introduire dans la scolastique la dialectique aristotélicienne et participa à la «querelle des universaux». Auteur de : De unitate et trinitate divina (De l'unité et de la trinité divines (1120), Theologia Christiana (1123), Sic et non (Pour et contre) (1123), Scito te ipsum, Introduction à la théologie, Dialogum inter philosophum Judaueum et Christianum.

Jean de SALISBURY (Salisbury, 1115 ­ Chartres, 1180), philosophe scolastique. Elève d'Abélard, compagnon de Thomas Becket, évêque de Chartres (1176), il a écrit la Vie de Thomas Becket et celle de saint Anselme, le Polycraticus, satire du temps, le Metalogicus et l'Entheticus, satire des faux philosophes, ainsi qu'une Historia pontificalis (1148-1152).

AVERROÈS (‘Abu-l-Walid Muhammad ibn Ruchd, connu sous le nom d’) (Cordoue, 1126 ­ Marrakech, 1198), philosophe et médecin arabe; commentateur d’Aristote. Sa doctrine, l’averroïsme, caractérisée par la théorie de l’éternité de la matière et celle de «l’intellect actif», intermédiaire entre Dieu et les hommes, fut condamnée par l’Université de Paris, par l’Église en 1240, par le Ve concile de Latran en 1513 (Léon X) et par l’orthodoxie musulmane.

CHU HSI (Tchou Hi, Zhu Xi) (Chine, 1130~31 ­ 1200), philosophe confucéen chinois. Il élabora un système philosophique selon lequel l'univers est le produit de deux principes distincts mais inséparables, le Li ou principe d'organisation et le Ch'i ou principe matériel (que l'on peut comparer à la forme et à la substance des philosophe grecs). Ses Commentaires des œuvres de K'ung tzu (Confucius) et ses théories eurent un grand retentissement dans le monde chinois.

Dominique GONDISALVI (XIIe s.), philosophe espagnol. Archidiacre de Ségovie, il fut un des premiers à traduire et à faire connaître les œuvres d'Avicenne et la Source de vie d'Avicébron. Ses traités sont influencés par le péripatétisme des penseurs arabes : De divisione scientae; De immortalitate animae .

MAIMONIDE (¨Moïse, en hebr. Mosheh ben Maymon, en arabe Abu Imran Musa ibn Abd-Allah) (Cordoue, 1135 ou 1138 ­ Le Caire, 1204), Théologien, philosophe et médecin juif, disciple d'Averroès. Issu d'une famille de savants talmudistes, il quitta l'Espagne pour Fès puis la Palestine lors de la persécution des juifs par les Almohades. Il s'établit en Egypte où il devint médecin à la cour du sultan Ayyubide Salah al-Din (Saladin). Il nous reste quelques-uns de ses traités de médecine (Aphorismes de médecine, Traité de la conservation et du régime de la santé). Mais il est surtout célèbre comme théologien (Commentaires sur la Mishna, et Mishné Thora, code religieux et abrégé du Talmud) et comme philosophe. Son Guide des égarés (écrit en arabe, traduit en hébreu) tente d'établir l'accord entre la philosophie et le judaïsme.

Saint ALBERT LE GRAND (Lauingen, v. 1193 ­ Cologne, 1280), théologien et philosophe dominicain. Docteur de l’Église, il professa à Paris et à Cologne, commentant les œuvres d’Aristote de manière à les faire admettre dans l’enseignement scolastique. Maître de saint Thomas d’Aquin. Il a notamment écrit : Summa de creaturis, Commentaire des Sentences, Suma theologica (inachevé), et un ouvrage contre "l'erreur des arabes" écrit à la demande du pape Alexandre IV De unitate intellectus contra Averroistas

Roger BACON surnommé Docteur admirable (Ilchester, Somerset, 1214 ­ Oxford, 1294) Philosophe, théologien (moine franciscain) et savant britannique est un des plus grands savants du Moyen-Âge. Le premier, il s'aperçut que le calendrier julien était erroné. Il signala les points vulnérables du système de Ptolémée et préconisa la science expérimentale. Son œuvre (Opus majus, Opus minus, Opus tertium) est une critique violente des méthodes philosophiques du temps et notamment du syllogisme.

SAINT-THOMAS D'AQUIN (Roccasecca, royaume de Naples, 1225 ­ abbaye de Fossanova, 1274) Très important théologien et philosophe scolastique d'inspiration aristotélicienne. Ses œuvres ont eu une grande influence sur la pensée chrétienne jusqu'à nos jours. Surnommé le «Docteur angélique»; docteur de l’Église. Issu d’une famille de petite noblesse féodale, il entra dans l’ordre de Saint-Dominique en 1240 (ou 1243). Disciple d’Albert le Grand, maître en théologie (1256), il enseigna successivement à Paris, à Rome, à Viterbe et à Naples. Ses principales œuvres sont : la Somme théologique (1266-1273); la Somme contre les gentils (1258-1264); des Commentaires, sur Aristote, sur le Livre des sentences de Pierre Lombard, sur les Écritures; des Quæstiones disputatæ et De Ente et Essentia (De l’Être et de l’Essence). Sa métaphysique repose sur une distinction première: chez tous les êtres créés, l’essence se distingue de l’existence. Seul Dieu existe par lui-même; son existence est établie dans la Somme par une suite d’arguments rationnels: rien ne peut s’expliquer sans Dieu, qui est, en outre, un Dieu «personnel» (celui de la Bible), avec l’amour comme première condition de son culte. En ce qui concerne le monde matériel, saint Thomas s’appuie sur la physique et la cosmologie d’Aristote. Quant à l’homme, il est bien constitué d’une âme et d’un corps; ces deux «parties» sont intimement liées et ne peuvent se concevoir l’une sans l’autre. L’objet de la morale est le bien, sa condition la liberté, son instrument la volonté. L’influence du thomisme, la plus grande synthèse théologique du Moyen Âge, qui vise à réconcilier l’essentiel de la pensée d’Aristote avec les dogmes chrétiens, a été forte et durable (jusqu’à Descartes, et même plus tard). Elle est à l’origine d’un courant de pensée contemporain dit néo-thomiste (J. Maritain, É. Gilson).

Raymond LULLE (Ramon Llull, en fr. le bienheureux Raymond) (Palma de Majorque, v. 1235 ­ ?, 1315), théologien, philosophe scolastique et poète catalan. Surnommé le Docteur illuminé, il fut une des plus étranges figures de la scolastique. Il présenta son Ars magna (v. 1275) comme une méthode universelle pour raisonner sur toute espèce de sujets. Il parcourut l’Europe et la Méditerranée, tentant notamment de convertir les musulmans; il serait mort lapidé à Bougie; d’autres sources situent sa mort à Majorque.

Maître ECKHART (ou Eckart) (Johann, dit Maître) (Hochheim, près de Gotha, v. 1260 ­ Avignon ou Cologne, v. 1327) Théologien dominicain mystique allemand. Provincial de son ordre pour la Saxe (1304), puis vicaire général pour la Bohême (1307), il professa la théologie à Strasbourg et fut le maître du mouvement mystique rhénan. En 1326, l'archevêque de Cologne intenta un procès en inquisition contre lui. Quelques points de sa doctrine, imprégnée du néo-platonisme du Pseudo-Denys, furent condamnés par Jean XXII (posthumément, 1329). Il n'écrivit pas, mais des disciples conservèrent ses propos de table, ses sermons, dont le thème principal est la quête de l'essence divine par l'âme, et la recherche du secret de la génération des êtres. Son œuvre, en latin et en allemand (Entretiens sur le discernement spirituel, Livre de la consolation divine), suscita de nombreuses interprétations divergentes, et même contradictoires.

John DUNS SCOT (Maxton, Écosse, v. 1266 ­ Cologne, 1308) Théologien Franciscain et philosophe scolastique écossais, surnommé le «Docteur subtil».Célèbre au Moyen Age, il reste toujours un penseur actuel. Sa pensée d'inspiration platonicienne et augustinienne emprunte ses concepts logiques à Aristote. Aux doctrines de l'analogie, selon lesquelles on ne peut parler de l'existence de Dieu que par analogie à l'existence du monde, il oppose une théorie de l'univocité : l'être se dit en un même sens des créatures et du créateur. L'homme s'individualise par sa liberté, qui est l'ombre de la liberté du créateur. Opposé à toute théologie négative (Pseudo-Denys, Maître Eckhart...), Duns Scot est l'un des penseurs qui est allé le plus loin dans le sens d'une théologie affirmative qui, de Parménide en passant par Spinoza, se retrouve chez Heidegger. Il a laissé de nombreux commentaires sur les textes anciens : Ordinatio, Tractatus de primo principio, Super Porphyrium.

Guillaume D'OCKHAM ou D'OCCAM (Ockham, Surrey, fin XIIIe s. ­ Munich, v. 1349) Théologien franciscain et philosophe scolastique anglais qui fut l'adversaire de Jean XXII et fut excommunié. Le plus grand penseur nominaliste du Moyen Âge. Ses thèses (Commentaires sur les Sentences) annoncent l’empirisme de Locke et de Hume. Auteur de : Commentaire sur les sentences, Somme de la logique, Physique, Quodlibeta septem, Expositio aurea, Breviloquium, Centilogium.

Jean BURIDAN (Béthune, v. 1300 ­ ?, apr. 1358), philosophe scolastique; recteur de l’Université de Paris en 1328, disciple nominaliste de Guillaume d’Occam. Il aurait proposé ce sophisme: un âne (l’âne de Buridan) également pressé par la faim et par la soif, placé à égale distance d’un seau d’eau et d’un picotin d’avoine ne sait choisir et se laisse mourir de faim et de soif (démonstration, par l’absurde, de la liberté de choix).

Tomas de STITNY (Stitne, Bohême, 1331 ­ Prague, 1401), philosophe et théologien tchèque. Que ses œuvres fussent destinées à ses enfants : Dialogues du père et des enfants (1385), ou au peuple : Livres de la doctrine chrétienne (1400), il les écrivit dans un but d'éducation morale et chrétienne. Rédigées dans un style précis et concret, elles contribuèrent à fixer les normes de la langue tchèque.

Ibn KHALDUN (‘Abd ar-Ra·man ibn Haldun) (Tunis, 1332 ­ Le Caire, 1406), philosophe arabe de l’histoire qui, notamment dans sa Muqaddima («préface», «prolégomènes»), affirme sa méthode, fondée sur l’examen des faits et qui vise à dégager des lois (économiques, sociologiques, etc.).

 

 

 

RENAISSANCE

 

Georges GEMISTE PLÉTHON (Constantinople, 1355 - dans le Péloponnèse, 1450) Philosophe et humaniste byzantin. Fondateur de l'Académie platonicienne de Florence, il écrivit un Traité sur les lois ainsi qu'un ouvrage sur la différence entre Aristote et Platon.

Raimundo SEBOND, Sabunde ou Sebonde (Barcelone, fin XIVe s. ­ Toulouse, 1436), médecin, philosophe et théologien catalan d’expression latine. Il prétendit élucider la religion par la philosophie dans sa Theologia naturalis sive Liber creaturarum (1487), traduite par Montaigne. Ce dernier lui consacra, dans ses Essais, une Apologie qui réunit les arguments du scepticisme.

Nicolas de CUSE ou De Cues, De Kuse, Cusa, Cusanus, Krebs, Chrypffs (Kues, diocèse de Trèves, 1401 - Todi, Ombrie, 1464) Théologien, cardinal, savant et philosophe allemand qui seconda l'action des papes en Allemagne. Docteur en droit de l'université de Padoue, il avait également étudié la médecine. Ordonné prêtre, il devint cardinal, évêque de Brixen et gouverneur de Rome et fut chargé d'importantes missions dont celle de réformer en Allemagne les abus de l'Eglise. Dans le De concordantia catholica (1433), il prône un juste milieu entre le pouvoir pontifical et les droits du concile ; son De pace fidei (écrit en 1453, à la prise de Constantinople par les Turcs) tente de montrer qu'au delà de la diversité des confessions et des rites (christianisme, islam, bouddhisme), il existe une croyance en un Dieu unique. La docte (ou savante) ignorance est celle qui est conscience de ses limites ; l'homme ne peut penser Dieu, l'infini où les contraires coïncident, que par une méthode analogique ; les conséquences de cette affirmation consistent en une critique de la cosmologie d'Aristote (voir De caelo) qui fait de Nicolas de Cuse un précurseur de Copernic. Auteur d'une importante œuvre exégétique et philosophique dans : La docte ignorance (1440), Sermons eckhartiens et dionysiens, Du non-autre (1462), Le Tableau ou la vision de Dieu, La Chasse de la sagesse (1463).

Lorenzo VALLA (Della Valle, dit Laurentius) (1407-1457) Humaniste italien, né à Rome. Il chercha à travers une critique de l'aristotélisme médiéval, à concilier la sagesse antique avec la foi chrétienne. Auteur de : De voluptate, Disputationes dialecticae, Elegantiae linguae latinae, In Novum Testamentum adnotationes.

Marsile FICIN (Figline, Toscane, 1433 ­ Careggi, Florence, 1499), philosophe et humaniste italien. Ce prêtre, helléniste et philosophe, fut le maître de l'école "platonicienne" de Florence, comptant parmi ses disciples et correspondants Marguerite de Navarre, Paracelse, John Colet et Laurent de Médicis (le Magnifique) qui fut aussi son protecteur. Il a traduit non seulement les dialogues de Platon mais une partie du Corpus hermeticum, les œuvres de néo-platoniciens (Porphyre, Plotin, et Proclus) et celles qui sont attribuées à Denys l'Aréopagite. Il a écrit lui-même une Théologie platonicienne et De christiana religione. Sa philosophie spiritualiste s'accordait avec les préoccupations morales des intellectuels de son temps et leur désir d'une transformation de l'Eglise.

Pietro POMPONAZZI (ou Pomponace) (Mantoue, 1462 ­ Bologne, 1525), philosophe italien. Néo-aristotélicien de l'école de Padoue, il y enseigna la philosophie ainsi qu'à Ferrare et Bologne. Il fut un de ceux qui ont séparés nettement la réflexion philosophique des dogmes de la foi, revenant ainsi à la doctrine de la "double vérité" attribuée à Averroès. Auteur d'un Tractatus de immortalitate animae où il mit en question l'immortalité de l'âme et qui fut condamné par Rome, d'un De facto et De incantionibus où il soutient, entre autres, que les miracles sont un produit de l'imagination humaine.

Giovanni PIC DE LA MIRANDOLE (duché de Ferrare, 1463 - Florence, 1494) Philosophe italien. C'est à l'université de Padoue que celui qui fut surnommé "prince des érudits" apprit l'arabe, l'hébreu et le chaldaïque (araméen) et s'initia à la kabbale. Après un séjour en France, il se rendit à Florence où, auprès de Marsile Ficin, il découvrit Platon, le néo-platonisme et les livres hermétiques. Son ouvrage Conclusiones philosophicae, cabalisticae et theologicae fut condamné par la curie romaine, et lui-même, déclaré hérétique, se réfugia quelque temps en France. De retour à Florence où il s'installa sous la protection de Laurent de Médicis (le Magnifique), il rédigea son Heptaplus ("exposé des sept aspects de la création") et son De Ente et uno, tout en se liant, à cette époque, avec Savonarole. Il est possible qu'il soit mort empoisonné. Pic de la Mirandole ne se contenta pas de montrer les liens des différentes religions; il voulut surtout analyser la Bible et interpréter le christianisme à l'aide des théories de la kabbale.

Nicolas MACHIAVEL (en ital. Niccolo Machiavelli) (Florence, 1469 ­ id., 1527) Très important philosophe politique italien. Il écrivit, notamment, Le Prince [1513], ouvrage destiné à donner des conseils de politique à la famille des Borgia. Chargé de missions diplomatiques, il perd ses fonctions quand ses protecteurs sont chassés de Florence par les Médicis (1512). Il mène alors une existence pauvre, consacrant son temps à la composition de ses œuvres, dont les plus célèbres sont le Prince (1513, publié en 1531), dédié à Laurent de Médicis, et les Discours sur la première décade de Tite-Live (1513-1519), autre traité politique. Il écrivit aussi une comédie, la Mandragore (1520), et une monumentale Histoire de Florence (1521-1525).

Didier ÉRASME, en lat. Desiderius Erasmus Roterodamus (Rotterdam, v. 1469 ­ Bâle, 1536), humaniste hollandais. Érudit pénétré de l’étude des moralistes de l’Antiquité et de l’Évangile, il défendit contre Luther la tolérance et le libre arbitre, associant dans un même idéal la raison et la foi. Principaux ouvrages (écrits dans un latin d’une grande élégance): Adages (1508), l’Éloge de la folie (1511), Colloques (1518).

Thomas MORE (1478-1535) Philosophe et humaniste anglais. Chancelier du royaume d'Angleterre. Il fut décapité pour n'avoir pas reconnu la puissance spirituelle du roi. Il est l'auteur d'une Utopie.

Heinrich Cornelius AGRIPPA VON NETTESHEIM (Cologne, 1486 ­ Grenoble, 1535) Médecin, alchimiste et philosophe allemand. Il fut médecin de Louise de Savoie et historiographe de Charles Quint. Accusé de magie, il fut emprisonné. Son ouvrage De occulta philosophia expose les thèmes fondamentaux de l'alchimie.

Simone PORZIO (en lat. Portius) (Naples, 1496 ­ 1554), philosophe italien. Auteur d'ouvrages de physique et d'histoire naturelle : De rerum naturalium principiis libri II (1553). Il fut disciple de Pomponazzi et, comme celui-ci il apporta des arguments critiques à la théorie de l'immortalité de l'âme dans son De humana mente disputatio (1551).

Bernadino TELESIO (Cosenza, près de Naples, 1509 ­ id., 1588), philosophe et érudit italien. Après avoir suivi les leçons de son oncle à Milan, puis à Rome, il poursuivit à Padoue des études de philosophie, de mathématiques et de sciences naturelles. Il enseigna la philosophie naturelle à Naples, puis fut le véritable rénovateur de l'Académie libre fondée à Cosenza par un ami et ancien condisciple de son oncle, académie qui prit dès lors le nom d'Academia Telesiana. Critiquant violemment la scolastique et ses abstractions, Telesio lui opposa (avant Bacon) une méthode empirique et inductive : " Prendre pour guides les sens et pour objet d'études cette nature qui, toujours constante avec elle-même, suit toujours les mêmes lois, produit toujours les mêmes phénomènes ". Si sa pensée suscita de vives querelles et de nombreuses critiques de la part du clergé, elle exerça par contre une influence certaine sur des philosophes tels que Patrizzi, Campanella, Bruno et Bacon lui-même, qui rendit hommage au "premier des modernes". Telesio avait publié plusieurs traités de philosophie naturelle, dont le plus important est sans doute son De natura rerum iuxta propria principia (1565).

Francesco PATRIZI ou PATRIZZI (île de Cherso, 1529 - Rome, 1597), philosophe et savant italien. Représentant du néo-platonisme, il enseigna la philosophie à Ferrare puis à Rome. Auteur de : Discussiones peripateticae ; Nova de universis philosophia.

Etienne de LA BOÉTIE (Sarlat, 1530 ­ Germignan, près du Taillan-Médoc, 1563) Humaniste français, ami de Montaigne, écrivain français; conseiller au parlement de Bordeaux, auteur. Le Discours de la servitude volontaire ou Contr’un (posth., 1576) est fondé sur l’idée que la servilité des peuples fait la force des tyrans. Auteur de sonnets.

Jean BODIN (Angers, 1530 ­ Laon, 1596), philosophe, magistrat et économiste français. Son traité les Six Livres de la République (1576) fait l’apologie de la monarchie absolue, affirmant, contre Machiavel, l’importance de la justice.

Michel Eyquem de MONTAIGNE (chât. de Montaigne, Périgord, 1533 ­ id., 1592) Humaniste français, ayant adopté volontairement l'influence de plusieurs écoles philosophiques : stoïcisme, épicurisme, platonisme. Conseiller à la Cour des aides de Périgueux, puis au parlement de Bordeaux (1557) où il se lie d’une vive amitié avec La Boétie, il se démet de ses fonctions et, en 1571, se retire sur ses terres pour se consacrer à la composition de ses Essais (première édition livres I et II, 1580). Élu maire de Bordeaux en 1581, il administre cette ville avec prudence et fermeté, surtout durant son second mandat (1583-1585), qui couvre la période troublée de la Ligue. Il passe les dernières années de sa vie, enfermé dans la fameuse «librairie» de son château, à corriger, enrichir et compléter son livre (édition des trois livres, 1588; édition définitive posthume, 1595). Plus qu’un système philosophique, la pensée de Montaigne est une sagesse qui, sous des aspects tantôt stoïciens, tantôt sceptiques, s’efforce, en prenant appui tour à tour sur la Raison et sur la Nature, de préserver le loisir, le bonheur et la liberté de l’homme. Combattu par Pascal, Bossuet et Malebranche au XVIIe s., Montaigne fut, au contraire, loué au XVIIIe s. par Voltaire et Diderot, qui saluèrent sa lucidité. Son Journal de voyage (en Europe et, surtout, en Italie, 1580-1581) a été publié en 1774, il écrivit aussi une Apologie de Raymond Sebond.

Pierre CHARRON (Paris, 1541 ­ 1603), moraliste et théologien français. De la Sagesse (1601), une apologie du scepticisme qui est inspiré de Sénèque, de Plutarque et de Montaigne.

Giordano BRUNO (Nola, royaume de Naples, 1548 ­ Rome, 1600) Philosophe et savant italien qui soutient l'infinité du monde. Dominicain jusqu’en 1576, il critiqua l’aristotélisme, défendit la théorie de Copernic et développa une philosophie panthéiste assez riche d’intuitions: l’Infini, l’univers et les mondes (1584). Accusé d’hérésie par l’Inquisition, incarcéré sept ans, il fut brûlé vif. Parmi ses œuvres : De la cause, du principe et de l'unité; De l'infini de l'univers et des mondes; Le banquet des Cendres; Expulsion de la bête triomphante (critique des croyances religieuses) et Fureurs héroïques (texte sur l'amour).

Francisco SUAREZ (Grenade, 1548 ­ id., Lisbonne 1617), jésuite et théologien espagnol. Il tenta de concilier libre arbitre et prescience divine. Son œuvre, qui a connu une grande influence, s'appuie sur une vaste connaissance tant des antiques et médiévales que des conceptions humanistes. Dans les Disputationes metaphysicae, il utilise cette érudition pour construire une métaphysique qui soit distincte de la révélation. Le concept d'être est un concept analogue, appliqué à tous les êtres en fonction d'analogies d'attribution. La distinction entre l'être et l'Existence (Saint Thomas) n'est pas réelle, c'est une simple distinction de raison. C'est la création qui individualise chaque être humain. En matière de philosophie juridique et politique, Suarez, qui refuse autant l'absolutisme que le naturalisme, soutient que le pouvoir est donné par Dieu à toute la communauté et pas une seule personne. Principales œuvres : Commentaires sur la Somme de saint Thomas d’Aquin (1590-1603), Disputatones metaphysicae (1597), De legibus (1612).

 

 

 

XVIIème siècle

 

 

Francis BACON (Londres, 1561 ­ id., 1626) Philosophe et chancelier d'Angleterre sous Jacques 1er. Adversaire de la scolastique et partisan de la méthode expérimentale, son Instauratio magna développe une théorie empiriste de la connaissance, et son Novum organum propose une classification des sciences. Ses Essais de politique et de morale ont paru en anglais et en trad. latine (1597, 1612 et 1624). Il écrivit aussi : Histoire d'Henri VII (1622), De dignitate et augmentis scientiarum (1623), La nouvelle Atlantide (1627).

Tommaso CAMPANELLA (Stilo, Calabre, 1568 ­ Paris, 1639) Philosophe italien. Il combattit la scolastique et préconisa la méthode expérimentale. Il passa vingt-sept ans en prison après avoir désiré une réforme du christianisme et prôné la réunion de tous les peuples sous un seul ordre civil et sous la "religion naturelle", dont les religions existantes ne sont que des formes particulières. Il a écrit en prison la Monarchie d'Espagne, les Aphorismes politiques, et surtout la Cité du Soleil (1602), qui préconise un système communiste.

Jakob BOEHME ou Böhme (Altseidenberg, près de Görlitz, 1575 ­ Görlitz, 1624), philosophe (théosophe) mystique allemand. Il soutient que tout provient de Dieu, les contraires notamment. Il écrivit : l’Aurore à son lever (1612); Des trois principes de l'essence divine; De la triple vie de l'homme; Mysterium Magnum (1623).

Lucilio VANINI (Taurisano, prov. de Lecce, 1585 ­ Toulouse, 1619), philosophe italien. Ordonné prêtre à Padoue, il fit paraître un ouvrage où il niait l'immortalité de l'âme (Amphiteatrum aeternae Providentiae, 1615). Il se fit moine, fut chassé de son ordre et vint à Paris. Ses dialogues, Des secrets de la nature, furent censurés par la Sorbonne. Arrêté en novembre 1618 par l’Inquisition, il est accusé d’athéisme et de magie et, après une épreuve prolongée, condamné à avoir la langue coupée, à être étranglé puis brûlé le 9 février 1619. Il écrivit aussi : De admirandis naturae arcanis.

Marin MERSENNE (près d’Oizé, Maine, 1588 ­ Paris, 1648), prêtre, philosophe et savant français; ami de Descartes. On lui doit d’importantes découvertes dans le domaine de l’acoustique, notamment dans celui des sons concomitants (ou harmoniques): l’Harmonie universelle, contenant la théorie et la pratique de la musique (1636).

François de LA MOTHE LE VAYER (Paris, 1588 ­ id., 1672), écrivain et philosophe sceptique français; précepteur du dauphin et historiographe de France. Il essaie de développer un "scepticisme chrétien" dans les Quatre, puis Cinq dialogues faits à l'imitation des Anciens (1630-31). Parmi ses œuvres : Vertu des païens (1641, attaque contre le jansénisme), Petits Traités en forme de lettres (1648-1660), Soliloques sceptiques (1670). Acad. fr. (1639).

Thomas HOBBES (Westport, Malmesbury, 1588 ­ Hardwick, 1679) Philosophe anglais Dont l'idée est un matérialisme englobant une théorie de l'homme et une théorie politique, et tente d'expliquer toute réalité par l'action des corps en mouvement. En s'appuyant sur le modèle des sciences de la nature, sa théorie de l'Etat-Léviathan inaugure, avec celles de Machiavel et de Spinoza, l'ère des théories politiques modernes. Sa pensée politique (De cive, 1642; Léviathan, 1651...), qui découle d’un empirisme nominaliste et rationaliste et d’une morale utilitaire, prône le despotisme. Il a fait des «objections» aux Méditations de Descartes.

Pierre GASSENDI (Gassend, dit) (Champtercier, près de Digne, 1592 ­ Paris, 1655), philosophe, astronome et mathématicien français. Adversaire du cartésianisme, de tendance sensualiste, il adopta les principes essentiels de la doctrine d’Épicure, notamment l’hypothèse de l’atomisme, mais écarta ce qui pouvait paraître contraire au dogme chrétien. Après sa rencontre avec Galilée, il admit la rotation de la Terre. Principales œuvres : De vita et moribus Epicuri (1647), Syntagma philosophiæ Epicuri (1649).

René DESCARTES (La Haye [auj. La Haye-Descartes, Indre-et-Loire], 1596 ­ Stockholm, 1650) Très important philosophe, mathématicien, et physicien français, à l'origine de la pensée moderne, il représente le rationalisme. Après avoir mis en doute l'existence du monde, la pensée découvre son autonomie (Cogito). La matière et l'esprit sont absolument séparés (dualisme). Il fait ses études chez les jésuites au collège de La Flèche (1604-1612) puis étudie le droit avant de s’engager dans l’armée hollandaise et au service de l’Électeur de Bavière. Durant cette période (1617-1628), où il voyage beaucoup, Descartes observe et médite plus qu’il ne lit. En 1629 il est en Hollande, où il restera vingt ans. Après les Règles pour la direction de l’esprit (v. 1626-1628; posth., 1701) et le Traité du monde, qu’il renonce à publier en 1633 (quand Galilée est condamné par le Saint-Office), paraissent en 1637 trois textes scientifiques : la Dioptrique, la Géométrie et les Météores, précédés du Discours de la méthode, où il expose une méthode pour conduire sa raison, pas à pas, dans la découverte de la vérité, et pour reconstruire les principes de la science. Cette démarche fait appel à la métaphysique (Méditations sur la philosophie première, 1641; Principes de la philosophie, 1644); les fondements d’une philosophie dont le point de départ est le doute sont alors jetés. Se trouve ainsi mise en question l’existence du monde, pour passer au cogito ergo sum («je pense, donc je suis»), et enfin à la «preuve ontologique» de l’existence de Dieu (idée de perfection); Dieu est pour Descartes le «garant» de son système de connaissance. Dans le Traité des passions de l’âme (1649), son dernier ouvrage, il s’attache à décrire les interactions de l’âme et du corps, montrant que les passions ne doivent pas être rejetées mais, dans la mesure du possible, maîtrisées : avec sa «générosité» et grâce à sa volonté, l’homme devra «entreprendre et exécuter toutes les choses qu’il jugera être les meilleures...». Descartes meurt à Stockholm où, invité par Christine de Suède, il s’était rendu à la fin de l’année 1649.

Baltasar GRACIÁN y Morales (Belmonte, près de Calatayud, 1601 ­ Tarazona, 1658), écrivain et jésuite espagnol, tenant du cultisme (Góngora). Parmi ses œuvres : Finesse et art du bel esprit (1642-1648); l’Homme de Cour (1647)...

Antoine ARNAULD dit le Grand Arnauld (Paris, 1612 ­ Bruxelles, 1694), théologien et polémiste, le plus illustre des défenseurs du jansénisme contre les jésuites, auteur (avec Lancelot) de la Grammaire générale et raisonnée (1660) et (avec Nicole) de la Logique de Port-Royal (1662). Une polémique l'opposa à Malebranche sur la doctrine de la grâce et de la vision en Dieu.

Claude CLERSELIER (1614 ­ 1684), philosophe français. Grand admirateur de Descartes avec qui il était lié et dont il fut le correspondant en France après Mersenne, il en fit publier les œuvres posthumes dont le Traité de l'homme et le Traité du monde (1677)...

Ralph CUDWORTH (1617 - 1688), philosophe anglais membre de l'école des platoniciens de Cambridge. Auteur de : Le Vrai Système Intellectuel de l’Univers (1678), Traité concernant la Morale éternelle et immuable (publié en 1731).

Johann CLAUBERG (Solingen, v. 1622 ­ Duisburg, 1665), philosophe allemand. Il contribua à faire connaître le cartésianisme en Allemagne, tout en critiquant certaines thèses (union de l'âme et du corps) et en adoptant des positions assez nettement platoniciennes.

Blaise PASCAL (1623-1662) Philosophe, mathématicien et physicien français à seize ans, il écrivit un Essai sur les coniques; à dix-huit ans, il inventa une machine à calculer. Jusqu'en 1652, il se livra à de nombreux travaux scientifiques sur la pression atmosphérique et l'équilibre des liquides, le triangle arithmétique, la presse hydraulique, la théorie de la cycloïde. Avec Fermat, il créa le calcul des probabilités. Pascal "se convertit" lui-même dans la nuit du 23 Novembre 1654 et prit partit pour les Jansénistes. Dans les Provinciales, il accabla leurs adversaires, les jésuites, il mourut avant d'avoir achevé une Apologie de la religion chrétienne, dont les fragments ont été publiés sous le titre de Pensées. Son œuvre a largement contribuée, sur le plan littéraire et sur le plan moral, à préparer le classicisme.

Arnold GEULINCX (Anvers, 1624 - Leyde, 1669), philosophe flamand néo-cartésien. Il aboutit, avant Malebranche, à un occasionnalisme qui nie toute action réciproque du corps et de l'âme, qu'il compare, comme le fera Leibniz, à deux horloges s'accordant, bien qu'indépendantes. Il propagea le cartésianisme en Hollande. Principales œuvres : Metaphysica vera, Ethica, Physica vera, Metaphysica ad mentem peripateticam, et une Logique, ouvrages publiés après sa mort.

Baruch SPINOZA (Amsterdam, 1632 - La Haye, 1677) Philosophe hollandais partant de l'identité de la pensée et de l'être pour affirmer l'unité de Dieu et de la nature (monisme). Il s'initia à toutes les cultures et communiqua avec des savants de son temps comme Leibniz. Il vécut quarante années d'ostracisme et d'exil, et ne publia de son vivant que les Principes de philosophie de Descartes [1663]. Spinoza pense que le souverain bien est la "joie de connaître", qui consiste en une "union de l'esprit avec la nature total". Il identifie Dieu à cette nature total et montre comment l'homme peut parvenir à la connaître en se libérant des passions et des illusions, notamment politiques et religieuses, qui sont les causes de la servitude humaine. Auteur d'ouvrages célèbres : Traité de la réforme de l'entendement [1662],Traité politique [1677]. Issu d’une famille de commerçants d’origine juive portugaise, il fut exclu en 1656 de la communauté israélite d’Amsterdam, en raison de ses idées religieuses non conformes à l’orthodoxie. S’étant retiré près de Leyde, puis à La Haye, il vécut du polissage de lentilles pour microscopes. Son ouvrage principal, l’Éthique (1677), est l’exposé le plus complet, sous une forme à la fois rationnelle et mystique, des doctrines panthéistes. Dieu, substance unique, éternelle, infinie, incréée, existant par elle-même, n’a pas créé le monde: il s’identifie à la nature; présent en toutes choses, il s’y déploie et vit la vie de chaque être. Ce panthéisme, ou monisme, est également le plus radical des déterminismes: Dieu n’agit qu’en vertu de la nécessité de son essence; en lui, le possible et le réel se confondent. Substance éternelle, Dieu possède une infinité d’attributs dont nous ne connaissons que deux: l’étendue et la pensée. Quant à l’homme, par son corps partie intégrante du mécanisme total de l’Univers et par sa pensée membre de la communauté humaine, il est enraciné dans la nature même de Dieu. Dans les trois derniers livres de l’Éthique, Spinoza professe que les passions nous mettent sous la dépendance des choses extérieures et nous séparent des autres hommes. Aussi le sage doit-il vivre «sous la conduite de la raison» en accord avec les autres; sa sagesse sera «méditation, non de la mort, mais de la vie». Le sage créera sa véritable liberté en s’élevant jusqu’à l’amour intellectuel de Dieu, qui est «l’amour dont Dieu s’aime lui-même». Dans le Tractatus theologico-politicus (1670) et le Tractatus politicus (posth. et inachevé, 1677), Spinoza, le premier, propose la séparation de l’Église et de l’État; apôtre de la tolérance, il en confie la garde au pouvoir civil. L’idée était à l’époque révolutionnaire et, sauf dans certains cercles libéraux des Églises réformées, fit scandale; Spinoza fut en butte à de violentes persécutions.

John LOCKE (Wrington, Somerset, 1632 - Oates, Essex, 1704) Philosophe et penseur politique anglais, qui rejette les idées innées et préconçues, pour placer la source des connaissances dans l'expérience, c'est-à-dire la sensation aidée de la réflexion; la sensation est le seul moyen de connaître. Il établit la base théorique de la division des pouvoirs législatif et exécutif pour protéger la liberté personnelle et la propriété des citoyens et fut l'un des fondateurs du libéralisme. On lui confia la rédaction de la constitution du gouvernement de la Caroline. Fondateur de l’école sensualiste et empiriste. Son Essai sur l’entendement humain (1690) s’oppose à la doctrine cartésienne des idées innées, son traité Du gouvernement civil (1690) aux théories despotiques de Hobbes. Autres œuvres: Lettres sur la tolérance (1689) et Pensées sur l’éducation (1693).

Balthasar BEKKER (Metslawier, 1634 - Amsterdam, 1698) Théologien et philosophe hollandais. Il dut quitter le pastorat en raison des thèses d'inspiration cartésienne qu'il soutient dans son ouvrage Le monde enchanté, où il affirme que les possédés ne sont que des malades mentaux.

François LAMY (Montirau, Eure et Loire, 1636 - Saint-Denis, 1711) Théologien et philosophe français. Bénédictin de Saint-Maur, il enseigna dans son ordre, où il propagea la philosophie de Descartes. Auteur de : l'Incrédule amené à la religion par la raison (1710), De la connaissance et de l'amour de Dieu (1712).

Nicolas MALEBRANCHE (Paris, 1638 - id., 1715), oratorien, homme religieux et philosophe français, disciple de Descartes. Pour Malebranche, Dieu seul est la cause de la coïncidence entre les activités de l’âme et les mouvements du monde matériel. En réservant la connaissance des causes à Dieu seul, c.-à-d. à la métaphysique, tandis que la science humaine se borne à rechercher les lois de la nature, Malebranche se trouve être le premier positiviste. Il est l’auteur de la Recherche de la vérité (1674), du Traité de la nature et de la grâce (1680), des Entretiens sur la métaphysique et la religion (1688), du Traité de l’amour de Dieu (1697).

Bernard LAMY (Le Mans, 1640 - Rouen, 1715) Philosophe français. Oratorien, professeur de philosophie à Angers ; puis vicaire général à Grenoble, enseignant au séminaire de Saint-Magloire à Paris (1686). Il est l'auteur de : Nouvelles réflexions sur l'art poétique (1668), Traité de la grandeur en général (1680), Entretiens sur les sciences (1683), Harmonie évangélique (1689) qui suscita l'hostilité de l'archevêque de Paris.

Gottfried Wilhem LEIBNIZ (Leipzig, 1646 - Hanovre, 1716) Philosophe et mathématicien allemand, il publia à vingt ans un essai d'analyse combinatoire (De Arte Combinatoria) et se lia avec les savants et penseurs de son époque (Pascal, Huygsens, Spinoza, etc.) et critiqua Descartes et Locke. Il développa une argumentation mathématique et philosophique et montre que Dieu, être infini est le créateur du monde. Formé d'un nombre infini de monades entre lesquelles Dieu a préétabli une harmonie, le monde s'offre à l'homme à travers une infinité de points de vues possibles, qu'il tenta d'articuler à l'aide d'une métamathématique où les vérités s'énoncent à partir de règles logiques définies . Son œuvre révèle une culture universelle. Chez lui, les idées du savant, du métaphysicien et du théologien sont trois aspects différents d’une même pensée. Méditant sur le principe de continuité en mathématique et sur la notion d’infini, il découvrit, en même temps que Newton, le calcul différentiel et intégral (1676). En physique, il substitua au mécanisme cartésien, qui réduisait la matière à l’étendue, une dynamique reposant sur la notion de force vive. En tant que philosophe, il a développé une étonnante théorie de la substance: chaque sujet (ou monade) exprime à sa manière l’univers entier. Mais, si la monade individuelle exprime bien la totalité de l’univers, elle ne le fait que très partiellement par des représentations claires; du reste des choses, elle n’a que des perceptions confuses, et le passage du confus au clair constitue la dynamique intérieure de son développement. La Création est ainsi comparée à un mécanisme, Dieu ayant créé les monades selon un système cohérent fondé sur une «harmonie préétablie»: bien qu’elles soient sans influence réelle les unes sur les autres, chaque monade existe en «concordance» exacte avec toutes les autres. Pour Leibniz théologien, l’Être parfait, en raison même de sa perfection, a choisi, parmi d’innombrables combinaisons de monades, celle qui réalisait «le meilleur des mondes possibles», celui où le mal est toujours le moindre mal; ce point de vue a été (avec beaucoup de légèreté) ridiculisé par Voltaire (Leibniz est le Pangloss de Candide). Principales œuvres: Discourt de métaphysique (1686), Nouveaux Essais sur l’entendement humain (1704) [V. article essai], Essais de théodicée (1710), Monadologie (1714).

Pierre BAYLE (Le Carla, Ariège, 1647 ­ Rotterdam, 1706) Philosophe français qui ouvre les voies au Siècle des Lumières, en combattant sans condition pour la liberté des sciences et de la foi. Auteur d'un Dictionnaire historique et critique, Pensée sur les comètes [1697] qui annonce l'esprit du XVIIIème, ainsi que Pensées écrites à un docteur de Sorbonne. Auteur des Pensées sur la comète (1694) et d’un Dictionnaire historique et critique (1695-1697). D’une grande érudition, sceptique, tolérant, il influença la pensée philosophique du XVIIIe siècle, en partic. les encyclopédistes.

Jean MESLIER, dit le curé ou l'abbé Meslier (Mazerny, près de Rethel, 1664 ­ Etrépigny, prés de Mézières, 1729), philosophe athée et matérialiste français. Son manuscrit, connu sous le nom de Testament, diffusé clandestinement à partir de 1735, édité en partie par Voltaire (1762, 1768), puis par d'Holbach, n'est intégralement publié qu'en 1864 à Amsterdam, 1969 en France. Il dénonce un ordre social injuste et le fondement de cette injustice est la propriété. Il élabore un système social fondé sur la communauté des biens.

Seconde partie : Du XVIIIème siècle au XXème siècle

 

Sources divers

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