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Première partie: De l'Antiquité au XVIIème siècle

 

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Histoire des philosophes

 

Seconde partie :

 

Du XVIIIème siècle au XXème siècle

 

 

XVIIIème siècle

 

"Siècle des Lumières".

Giambattista VICO (Naples, 1668 ­ id., 1744), historien, philosophe et philologue italien. Dans Principes d’une science nouvelle concernant la nature des nations (1725), il soutient que tout peuple connaît le développement suivant: l’âge divin ou mythique, caractérisé par la théocratie; l’âge héroïque ou de la force, à gouvernement aristocratique; l’âge humain, règne de la liberté et de la raison. Principes de la philosophie de l'histoire, La Science nouvelle [1725].

Antony Ashley Cooper 3e compte de SHAFTESBURY (Londres, 1671 ­ Naples, 1713), philosophe anglais. Philosophe du sentiment, il fait confiance à la nature humaine et développe l'idée d'une religion naturelle. Son ouvrage Caractéristiques de l'homme (1711), inspira directement Diderot dans son Essai sur le mérite et la vertu.

Samuel CLARKE (Norwich, v. 1675 ­ Londres, 1729), philosophe et théologien anglais. Il étudia la philosophie cartésienne à Cambridge, puis entra dans le clergé anglican. Son Traité de l'existence et des attributs de Dieu (ensemble de ses conférences) est dirigé contre Hobbes et Spinoza. Dans sa Correspondance avec Leibniz (1717) sur l'espace et le temps, il adopta la position réaliste de Newton pour qui ceux-ci sont des attributs de Dieu (Sensus Dei), contre l'idéalisme de Leibniz.

Christian von WOLFF ou WOLF (Breslau, 1679 ­ Halle, 1754), mathématicien et philosophe allemand. Professeur de philosophie à Marburg et à Halle, il est l'auteur de nombreux cours et manuels qui ont longtemps servi de base à l'enseignement philosophique en Allemagne. Il formalisa le rationalisme de Leibniz, faisant de la philosophie la détermination "a priori" des conditions de possibilité du réel. Il influença Kant. Auteur de : Philosophie première (1729).

Georges BERKELEY (près de Kilkenny, Irlande, 1685 ­ Oxford, 1753) Philosophe, évêque anglican, théologien  irlandais, auteur, notamment de Trois dialogues entre Hylas et Philonous, Traité de la nature humaine [1739], Recherches sur l'entendement humain [1748]. Nominaliste hostile à l’idée de matière, il ramène la réalité du monde corporel à la perception que nous en avons («l’Être, c’est l’être perçu»), les objets perçus nous étant donnés par Dieu et constituant en fait le discours cohérent qu’impose à l’esprit humain la volonté divine: Traité sur les principes de la connaissance humaine (1710), Dialogues entre Hylas et Philonoüs (1713), Alciphron (1732).

MONTESQUIEU (1689-1755) Ecrivain et penseur politique français, dont l'ouvrage le plus important est L'Esprit des lois. Il a aussi écrit les Lettres persanes (1721), et Défense de l'esprit des lois (1750).

Francis HUTCHESON (Drumalig, Irlande du Nord, 1694 - Glasgow, 1746) Philosophe anglais. Professeur à l'université de Glasgow, il y eut Adam Smith pour élève. Dans ses ouvrages (Recherches sur l'origine des idées que nous avons de la beauté et de la vertu, 1725 ; System of moral philosophy, 1755), il systématisa la morale du sentiment de Shaftesbury.

VOLTAIRE (François Marie Arouet, dit) (Paris, 1694 ­ id., 1778), écrivain français. Fils d’un notaire, il fit ses études chez les jésuites du collège de Clermont (auj. lycée Louis-le-Grand). Plutôt que de faire son droit, il préféra fréquenter les milieux littéraires (libertins) et écrire des vers, dont certains, jugés insolents envers le Régent, le firent embastiller (1717-1718). Sa tragédie Œdipe (1718) et le Poème de la Ligue (1723) lui apportèrent le succès, mais il retourna à la Bastille après une querelle avec le chevalier de Rohan-Chabot; libéré au bout de cinq mois, il s’exila à Londres (1726-1729) et considéra dès lors l’Angleterre comme le pays de la liberté. De retour en France, il publia des tragédies inspirées de Shakespeare (Brutus, 1730; Zaïre, 1732), une étude historique destinée à dénoncer la «folie des conquêtes» (Histoire de Charles XII, 1731), la critique des dogmes du christianisme (Épître à Uranie, 1733) et des écrivains à réputation surfaite (le Temple du goût, 1733); mais le scandale soulevé par l’édition d’une satire des mœurs et des institutions françaises (Lettres philosophiques sur l’Angleterre ou Lettres anglaises, 1734) le poussa à accepter l’hospitalité de la marquise du Châtelet dans son château de Cirey (Lorraine). Chez la «divine Émilie» (1734-1749), il rédigea notamment le conte philosophique Zadig ou la Destinée (1747), dans lequel il raille la présomption humaine et dénonce les injustices sociales. De 1744 à 1747, il connut une brève grâce auprès de Louis XV. Privé de l’aide de Mme du Châtelet (m. en 1749), il accepta l’invitation du roi de Prusse, Frédéric II, à Potsdam (1750), où, correcteur des vers de son hôte, il écrivit le Siècle de Louis XIV (1752) et le conte philosophique Micromégas (1752). S’étant fâché avec son protecteur, il revint en France (1753), mais non à Paris. Son poème héroï-comique la Pucelle (1755) scandalisa les catholiques, son Essai sur les mœurs (1756) excita contre lui les protestants, son Poème sur le désastre de Lisbonne (1756), réfutation acerbe de l’optimisme de Leibniz, lui attira l’inimitié de Rousseau. À la recherche d’une résidence tranquille, il acheta en 1759 le domaine de Ferney, où il passa ses dernières années, les plus fécondes: Candide ou l’Optimisme (conte philosophique, 1759); Tancrède (tragédie, 1760); Traité sur la tolérance (éloge de la raison, 1763); Jeannot et Colin (conte philosophique et satire des parvenus, 1764); Dictionnaire philosophique (prem. éd., 1764); l’Ingénu (conte satirique dénonçant la corruption des mœurs politiques, 1767). Ses combats incessants contre toute forme de restriction apportée à la liberté individuelle (il défendit Calas, La Barre, Lally) lui acquirent, au sein de la bourgeoisie libérale, une immense popularité; deux mois avant sa mort, lorsqu’il vint à Paris assister à la représentation de sa pièce Irène (1778), la ville lui réserva un triomphe. Esprit universel d’une immense culture, Voltaire a laissé une œuvre gigantesque et inégale. Polémiste brillant et parfois versatile, chez qui la légèreté n’exclut pas la profondeur, il incarne «l’esprit français» de son siècle. Adepte d’une philosophie plus «pratique» que métaphysique, défenseur d’une civilisation de progrès, il n’a cessé de lutter pour la liberté, la tolérance et la justice. Acad. fr. (1746).

Julien Offroy DE LA METTRIE (Saint-Malo, 1709 ­ Berlin, 1751), médecin et philosophe matérialiste français. Ayant été banni de France (1746) et de Hollande (1748) pour ses opinions, il trouva refuge auprès de Frédéric II de Prusse. Il écrivit plusieurs ouvrages de médecine (Traité du vertige, 1737 ; Observation de médecine pratique, 1743 ; Politique de la médecine, 1746). Matérialiste, il appliqua à l'homme la théorie cartésienne des animaux-machines (L'homme-machine, 1748). Il écrivit aussi une Histoire naturelle de l’âme (1745).

Thomas REID (Strachan, 1710 ­ Glasgow, 1796), philosophe écossais. D'abord pasteur, il devint professeur de philosophie à Aberdeen puis à Glasgow. Contre l'idéalisme de Berkeley et le scepticisme de Hume, il réhabilita la perception immédiate des objets extérieurs et les vérités du sens commun dans ses traités. Auteur de : Recherche sur l’entendement humain d’après les principes du sens commun (1764), Essai sur les facultés intellectuelles (1785), Essais sur les facultés actives (1788).

David HUME (Édimbourg, 1711 ­ id., 1776) Philosophe et historien écossais, doute de toute certitude (scepticisme). L'esprit, Force d'association est lié aux perceptions par des lois psychologiques. A sa naissance, l'homme est une Table rase sur laquelle l'expérience consigne ses caractères. Auteur également d'ouvrages importants : Traité de la nature humaine (1739); Essais moraux et politiques (1741-1742); Essais sur l’entendement humain (1748); Enquête sur les principes de la morale (1751); Histoire d’Angleterre (1754-1762). Après Locke et Berkeley, Hume analyse avec précision le domaine de l’expérience et critique, notamment, les notions de substance et de causalité. La causalité, par exemple, est bien loin de pouvoir nous permettre de déduire un effet de sa cause, comme l’a cru le rationalisme; habitude de l’esprit, elle se fonde sur la liaison constante observée entre la cause et l’effet. Il en va de même de l’existence du monde extérieur, de l’immatérialité de l’âme, de l’identité personnelle, principe de la morale. Toutefois, la croyance universelle et spontanée, due à l’imagination et non à la raison, constitue un guide suffisant pour l’action humaine.

Jean-Jacques ROUSSEAU (Genève, 1712 ­ Ermenonville, 1778) écrivain et philosophe genevois de langue française. Fils d’un horloger qui descendait de calvinistes émigrés, il perdit sa mère à sa naissance. À l’issue de plusieurs années d’apprentissages divers, il émigra en Savoie, où il fut recueilli par une jeune femme de la bourgeoisie d’Annecy, Mme de Warens (1728). Converti au catholicisme, il mena pendant quelque temps une vie vagabonde, voyageant à pied et exerçant divers métiers, avant de retrouver sa protectrice à Chambéry (1732). Son séjour avec elle aux Charmettes (1737-1740) fut l’époque la plus heureuse de sa vie; mais Mme de Warens, qui l’avait initié à l’amour, se détacha de lui. Rousseau se rendit alors à Paris (1741), entra en relation avec Voltaire, Grimm et Diderot, qui lui commanda des articles sur la musique pour l’Encyclopédie. En 1745 débuta sa liaison avec Thérèse Levasseur, une ancienne servante, qu’il épousa en 1768 après avoir eu d’elle cinq enfants, qui furent tous abandonnés. En 1750, son Discours sur les sciences et les arts le rendit soudain célèbre. À la même époque, il fit jouer avec succès un opéra, le Devin du village (1752). En 1755 parut son retentissant Discours sur l’origine de l’inégalité, dans lequel il dénonce les méfaits de la société, fondée sur la propriété, source d’inégalité, et lui oppose un «état de nature» originel et idéal. En 1756, accueilli par Mme d’Épinay (amie de Diderot) dans son chalet de l’Ermitage, en forêt de Montmorency, Rousseau s’éprit de Mme d’Houdetot. Mais vite, son caractère ombrageux et susceptible, aggravé par une douloureuse maladie de la vessie, l’amena à rompre avec Mme d’Épinay et également avec les encyclopédistes (1757). En 1758, sa violente critique du théâtre (Lettre à d’Alembert sur les spectacles) lui attira l’animosité de Voltaire. Hôte à Montmorency du maréchal de Luxembourg (1758-1762), il acheva Julie ou la Nouvelle Héloïse (1761), roman épistolaire préromantique; il écrivit aussi Du contrat social (1762), traité politique en faveur de la démocratie, et donna l’Émile (1762), son grand ouvrage d’éducation privée aux principes étonnamment modernes. Poursuivi par le parlement pour le passage de l’Émile nommé Profession de foi du vicaire savoyard, il s’enfuit en Suisse (1762) puis gagna l’Angleterre (1766). De retour en France, il publia un Dictionnaire de la musique (1767). Il poursuivit la rédaction des Confessions (entreprise en 1765, publication posth. en 1782-1789), œuvre qui, à l’observation intime, joint l’énergie du combat, et que complètent les Dialogues (Rousseau juge de Jean-Jacques [écrits en 1772-1776, publiés en 1789]) ainsi qu’une abondante Correspondance. En 1778, le marquis de Girardin l’accueillit dans sa propriété d’Ermenonville, où il acheva les Rêveries du promeneur solitaire (écrites de 1776 à 1778, publiées en 1782) avant de mourir brusquement. On l’enterra dans l’île des Peupliers à Ermenonville, puis la Convention fit transporter ses restes au Panthéon en 1794. Son œuvre qui dénonce toutes les formes de pouvoir et les illusions du progrès a inspiré la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, et préfiguré la révolte romantique.

Abbé Charles BATTEUX (Munich, 1713 - 1780) Erudit français. Il enseigna la philosophie grecque et latine au collège de France et publia plusieurs ouvrages sur la morale d'Epictète, et Les Beaux-Arts réduits à un même principe (1746). Acad. fr., 1761.

Denis DIDEROT (Langres, 1713 ­ Paris, 1784) écrivain et philosophe français. Déiste dans ses essais philosophiques antérieurs à 1750, puis matérialiste en lutte ouverte avec le christianisme, Diderot attend tout du progrès. Il a élaboré une œuvre complexe, se montrant tour à tour théoricien du théâtre, romancier, critique d’art, essayiste, dramaturge. De 1747 à 1772, il assuma la direction de l’Encyclopédie, dont il rédigea de nombreux articles. Œuvres publiées de son vivant: Pensées philosophiques (1746), les Bijoux indiscrets (roman licencieux, 1747), Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient (1749, essai philosophique qui lui valut trois mois d’incarcération), Pensées sur l’interprétation de la nature (1754); des écrits sur le théâtre et deux drames: le Fils naturel (1757), le Père de famille (1758). Après sa mort, on publia: ses Salons (1759-1781), qui inaugurent la critique d’art en France; ses trois princ. romans: la Religieuse (1796), Jacques le Fataliste (1796) et le Neveu de Rameau (trad. all. de Goethe, 1805, retraduit en fr. en 1821; édition d’après manuscrit original, 1891); le Supplément au voyage de Bougainville (1796); en 1830, les très importantes Lettres à Sophie Volland, le Paradoxe sur le comédien, le Rêve de d’Alembert (méditation philosophique).

Abbé Guillaume RAYNAL (Saint-Geniez-d'Olt, 1713 ­ Paris, 1796), historien et philosophe français. Il abandonna le sacerdoce pour se consacrer à la philosophie, fréquenta les salons d'Holbach et d'Helvétius. Il est surtout connu par son Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes, ouvrage anticolonialiste et anticlérical qui fut publié clandestinement en 1770 et contraignit son auteur à l'exil auprès de Frédéric II puis de Catherine II.

Alexander Gottlieb BAUMGARTEN (Berlin, 1714 ­ Francfort, 1762), philosophe allemand. Il enseigna la philosophie à Halle et Francfort-sur-Oder. Disciple de Wolff, il compléta le système de celui-ci par une Esthétique.

Étienne Bonnot de CONDILLAC (Grenoble, 1715 ­ abb. de Flux, près de Beaugency, 1780) Philosophe français, matérialiste et athée, Maître de l'école sensualiste, auteur d'un Essai sur l'origine des connaissances humaines (1746). Son Traité des sensations (1754) contient l’exposé le plus systématique de sa pensée: la connaissance, ou les «facultés» de l’esprit, dont il explique la genèse, ne sont que des sensations transformées ou composées. Il écrivit également Le Traité des systèmes (1749), Traité des animaux (1755), Logique ou l'art de penser (1780), la Langue des calculs (posth., 1798). Acad. fr. (1768).

Claude Adrien HELVÉTIUS (Paris, 1715 ­ Versailles, 1771) Philosophe et fermier général français, auteur d'une philosophie sensualiste. Mécène des encyclopédistes, son ouvrage De l’esprit (1758), qui défend une philosophie matérialiste, un athéisme radical, une morale utilitariste et l’égalité naturelle des hommes, fut condamné par le Conseil du roi et le parlement de Paris. De l’homme, de ses facultés intellectuelles et de son éducation fut publié après sa mort, en 1772.

Maria Gaetana AGNESI (1718 ­ 1762) Mathématicienne et philosophe milanaise. Ses travaux portèrent notamment sur l'analyse mathématique. Elle est l'auteur des Institutions analytiques, précieuse somme de toutes les connaissances mathématiques de l'époque.

D'HOLBACH (Paul Henri Dietrich, baron d’) (Edesheim, Palatinat, 1723 ­ Paris, 1789), philosophe français d’origine allemande; ami de Diderot, l’un des princ. collaborateurs de l’Encyclopédie, illustre représentant du matérialisme au XVIIIe s.: le Christianisme dévoilé (1761), Système de la nature (1770).

Adam SMITH (1723-1790) Economiste écossais, il pense que la recherche par les hommes de leur intérêt personnel mène à la réalisation de l'intérêt général. Il approfondit également la notion de valeur en distinguant la valeur d'usage et la valeur d'échange. Théorie des sentiments moraux [1759], Essai sur la nature et les causes de la richesse des nations [1776].

Emmanuel KANT (Königsberg, auj. Kaliningrad, 1724 ­ id., 1804) Célèbre philosophe allemand qui aura une très forte influence jusqu'à nos jours. La vie de Kant, parfaitement réglée (jusque dans ses horaires), fut consacrée à la connaissance et à l’enseignement. De 1755 (Sur le feu) à 1770, il publia de nombreux essais scientif., donnant des cours, à partir de 1758, à l’université de sa ville. En 1770, il y est nommé professeur et commence à élaborer son système, sans presque rien publier jusqu’en 1781, année où paraît la Critique de la raison pure (que «résume» Prolégomènes à toute métaphysique future..., 1783). Kant ne se propose pas de créer une science, une morale ou une métaphysique nouvelles: sa révolution critique est une interrogation sur la légitimité du savoir. Toute connaissance scientifique est l’union d’une forme et d’un contenu; l’esprit humain fournit la forme; le contenu ne peut venir que de l’expérience sensible. La Critique de la raison pure explore en détail cet a priori transcendantal: ­ l’esthétique transcendantale établit que l’espace et le temps sont des intuitions pures, des formes a priori de la sensibilité (et non des propriétés objectives des choses); ­ l’analytique transcendantale montre que les catégories de l’entendement sont des conditions a priori de la connaissance des objets. La connaissance scientifique est relative, car elle dépend de la structure de l’esprit humain; elle est objective, car cette structure est commune à tous les hommes; ­ la dialectique transcendantale établit que, privée du contrôle de l’expérience, la raison métaphysique sombre dans des contradictions insolubles (les antinomies). La Critique de la raison pratique (1788), que précède Fondements de la métaphysique des mœurs (1785), pose ceci: un acte n’a de valeur morale que s’il est fait «par devoir». Le devoir s’adresse à la raison en chaque homme, au-dessus de tout intérêt et de toute passion. C’est l’impératif catégorique, par exemple celui-ci : «Agis toujours d’après une maxime telle que tu puisses vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle». Kant postule la liberté de l’homme, ainsi que l’immortalité de l’âme et l’existence de Dieu, sans nous imposer ces thèses. La Critique de la faculté de juger (1790) montre comment la libre production de la beauté réconcilie dans l’œuvre d’art (qui est «une finalité sans fin») l’entendement, la volonté et la sensibilité. Par la suite, ses œuvres les plus marquantes sont: la Religion dans les limites de la simple raison (1793); Projet de paix perpétuelle (1795), inspiré par la Révolution française, qui l’enthousiasma; Métaphysique des mœurs (1797); Anthropologie du point de vue pragmatique (1798); Logique (1800).

Jean Henri LAMBERT (Mulhouse, 1728 ­ Berlin, 1777), mathématicien, physicien, philosophe et érudit français qui vécut en Allemagne; connu pour avoir démontré l’incommensurabilité du nombre et étudié la trigonométrie sphérique et l’optique (il créa le terme phénoménologie).

Moses MENDELSSOHN (Dessau, 1729 ­ Berlin, 1786), philosophe allemand. Il joignit la culture juive traditionnelle, qui était la sienne, à celle de l’Allemagne de l’Aufklärung (mouvement rationaliste allemand). Une controverse célèbre l'opposa à Lavater, car il demandait la reconnaissance de la spécificité des croyances et pratique juives dans un état chrétien. Il s'efforça de réformer le judaïsme en le modernisant. Auteur de : Entretiens philosophiques (1755), Lettres sur les sensations (1756), Phédon ou l'immortalité de l'âme (1767), Jerusalem ou De la force religieuse et du judaïsme (1783), A mon ami Lessing (1786).

Johann Georg HAMANN (Königsberg, 1730 ­ Münster, 1788), écrivain et philosophe (théosophe) allemand de tendance mystique. Il a profondément influencé la pensée allemande de la fin du XVIIIe siècle et amorcé le mouvement de révolte contre le rationalisme et le classicisme venu de France. Auteur de : Croisades d'un philologue (1762), Dernières déclarations du chevalier de Rosecroix sur l'origine divine et humaine du langage (1772), Métacritique du purisme de la raison pure (1784).

Paul-Joseph BARTHEZ (Montpellier, 1734 ­ Paris, 1806) Médecin et philosophe français. Successivement rédacteur au Journal des savants, collaborateur à l'Encyclopédie, chancelier à l'université de Montpellier (1785) et médecin du Gouvernement (1902), il est le fondateur du vitalisme. Auteur de : Nova doctrina naturae humanae (1774), Nouveaux éléments de la science de l'homme (1778).

Johann August EBERHARD (Halberstadt, 1739 ­ Hall, 1809), philosophe allemand. Disciple de Wolff, il combat, dans la Nouvelle Apologie de Socrate (1772), les dogmes du christianisme. Adversaire de la philosophie de Kant, il fonde deux journaux : Das Philosophische Magazin (1788-1792) et Philosophisches Archiv (1792-1795). Kant lui répond par un opuscule (1790). On lui doit : Théorie générale de la pensée et de la sensation (1776), Histoire générale de la philosophie (1788-1796), l'Esprit du christianisme originel (1808).

Johann Caspar LAVATER (Zurich, 1741 ­ id, 1801), philosophe, poète, orateur et théologien suisse. Son mémoire sur l'Art d'étudier la physionomie (1772), ou "physiognomonie", proposait d'étudier le caractère et les facultés d'un homme non pas d'après la structure de la tête, comme le voulait Gall, qui est le véritable ancêtre de la théorie des localisations cérébrales, mais d'après le jeu vivant et mobile du visage. Il annonce plutôt la caractérologie moderne.

Christian ou Chrétien GARVE (Breslau, Silésie, 1742 ­ 1798), philosophe allemand. Auteur de nombreuses traductions et commentaires (Aristote, Cicéron...), il fut l'un des moralistes du siècle des lumières qui popularisèrent en Allemagne les doctrines morales de philosophes anglais comme Shaftesbury, Hutcheson.

CONDORCET (Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, marquis de)(Ribemont, 1743 ­ Bourg-la-Reine, 1794). Député, puis président de l’Assemblée législative (1792), député à la Convention, devant laquelle il présenta un projet de réforme de l’instruction publique, il fut décrété d’accusation avec les Girondins; condamné à mort, il s’empoisonna en prison. Économiste, il appartient à l’école des physiocrates; philosophe, il expose un rationalisme confiant dans le progrès (Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain, 1794). Acad. fr. (1782). Ses cendres sont au Panthéon depuis 1989.

Friedrich Heinrich JACOBI (Düsseldorf, 1743 ­ Munich, 1819), philosophe allemand. Conseiller des finances pour les duchés de Berg et de Juliers, il se consacra aux lettres et à la philosophie. Sa philosophie de la croyance : David Hume et la foi ou idéalisme et réalisme (1787) comme seul moyen de connaissance véritable de la réalité, le panthéisme exprimé dans son ouvrage Sur la philosophie de Spinoza, lettres à Mendelssohn (1785) ont profondément influencé la philosophie de Fichte (la 3e partie de la Destination de l'homme, sa théorie de la science de 1801) et l'interprétation que Hegel devait donner de Spinoza.

Ernst PLATNER (Leipzig, 1744 ­ 1818). Docteur en médecine et philosophie, il fut disciple de Leibniz et de Wolff, tout en adoptant une position déiste, teintée de scepticisme. Représentant de l'Aufklärung, il faisait dépendre le bonheur et la moralité du progrès des lumières.

 

 

 

XIXème siècle

 

 

Jeremy BENTHAM (Londres, 1748 ­ id., 1832) Philosophe et jurisconsulte anglais. Disciple de Hobbes et d'Helvétius, il est le fondateur de l'utilitarisme morale. Il est l'auteur d'une Introduction aux principes de la morale et de la légalisation (1789) et d'un important projet pour l'architecture des prisons. Sa morale utilitariste (recherche du bonheur individuel ou «arithmétique des plaisirs») caractérise le libéralisme du XIXe s. Il est également l'auteur de : Traité des peines et des récompenses (1811), Déontologie (publiée en 1834).

Dugald STEWART (Edimbourg, 1753 - 1828), philosophe écossais. Professeur de morale à Edimbourg, il fut un disciple de Reid. Ses Eléments de la philosophie de l'esprit humain (1792-1827) furent connus en France par les traductions de T.Jouffroy.

Josef DOBROVSKY (Darmoty, Slovaquie, 1753 ­ Brno, 1829), philosophe et historien littéraire tchèque. Après de nombreuses études sur la langue et la littérature tchèques, il posa les bases scientifiques de la philologie slave dans Institutiones linguae slavicae dialecti veteris (1822).

Joseph de MAISTRE (Chambery, 1753 ­ Turin, 1821) Homme politique, écrivain et philosophe français. Membre du sénat de Savoie, il emigra à Lausanne lors de la Révolution (1793), puis auprès de Charles-Emmanuel IV de Sardaigne dont il fut le ministre à Saint-Pétersbourg où il se lia avec Alexandre Ier de Russie. Adversaire résolu, avec Bonald, de la Révolution et ultramontain intransigeant, il affirme son monarchisme et son attachement au pouvoir papal dans ses écrits Considérations sur la France (1796) et Du pape (1819). Contre les "idéologues", il oppose à la raison, la foi, le sens commun, et l'intuition (représentant de l'illuminisme). Sa conception de l'histoire se rapproche de celle de Bossuet : Essai sur le principe générateur des constitutions politiques (1810), Soirées de Saint-Pétersbourg ou Entretiens sur le gouvernement temporel de la Providence (1821), Examen de la philosophie de Bacon (1836).

Salomon ben Josua, dit MAIMON (Nieswiez, Pologne, 1754 ­ Nieder Siegersdorf, 1800) Philosophe juif polonais. Il fut commentateur et critique de la philosophie kantienne. Auteur de : Essai sur la philosophie transcendantale (1790), Essai de logique (1794).

Antoine Louis Claude, comte DESTUTT DE TRACY (Paris, 1754 - id., 1836), philosophe et homme politique français. Il fut député de la noblesse aux Etats généraux, pair de France sous la Restauration. Disciple de Condillac, chef de file des «idéologues», il voyait dans la sensation la source du jugement et des idées générales. Ses Éléments d’idéologie (1801-1804), ont pour la première fois, mis en lumière le sentiment interne que nous avons de nous mouvoir (la "motilité"), et que la phénoménologie moderne décrit sous le nom de "corps-propre". La sensibilité (dont les modes fondamentaux sont : sentir, se souvenir, juger et vouloir) nous renseigne sur notre propre existence ainsi que sur celle du monde extérieur par la sensation d'effort pour vaincre les résistances matérielles (idée que développera Maine de Biran en l'intériorisant) ; elle est la source de nos idées générales et de nos jugements dont l'analyse amena Destutt de Tracy à des remarques intéressantes sur le langage (notant en particulier que le mot mui-même a déjà valeur de discours). Il écrivit aussi : Grammaire générale (1803), Logique (1805), Traité sur la volonté (1815). Acad. fr. (1808).

Louis, vicomte de BONALD (Château de Monna, près de Millau, 1754 ­ id., 1840), philosophe et homme politique français. Maire de Millau de 1785 à 1789, président de l'assemblée départementale de l'Aveyron en 1790, défenseur de la monarchie et de la religion, il entra à l'Académie française en 1816. Il publia : Théorie du pouvoir politique et religieux (1796), Essai analytique sur les lois naturelles de l'ordre social (1800), Recherches philosophiques (1818). Bonald considère que la nature sociale de l'homme ne vient pas d'un contrat, comme pour Rousseau, mais de Dieu qui a créé l'homme comme être social en lui donnant le langage. La société religieuse ne se sépare donc pas de la société civile. Les idées de ce philosophe ont exercé une profonde influence sur la pensée monarchiste au XIXe siècle.

Georges CABANIS (Pierre Jean Georges)(Cosnac, Corrèze, 1757 ­ Rueil, 1808) Médecin et philosophe français disciple de Condillac. Il fut membre du groupe des idéologues et participa au combat de ce groupe contre la pensée idéaliste. Ce fut le premier écrivain français qui traita méthodiquement des rapports du physique et du moral, dans le célèbre traité, Rapports du physique et du moral de l’homme (1802-1803), qui eut une influence considérable sur les idées et le climat intellectuel de son temps.

Charles-Léonard REINHOLD (Vienne, 1758 - Kiel 1823), philosophe allemand. Jésuite converti au protestantisme, il enseigna la philosophie à Iéna. Il est le fondateur de l'idéalisme postkantien et fut influencé par Jacobi et Bardili. Auteur de : Recherche d'une nouvelle théorie de la faculté humaine de représentation (1789), Sur le fondement du savoir philosophique (1791), Lettres sur la philosophie kantienne (1793).

Ludwig Heinrich von JAKOB (Wettin, 1759 - Lauchstädt, 1827), philosophe allemand. Disciple de Kant, Il fut professeur à Halle et écrivit plusieurs traités philosophiques : Prolégomènes à la philosophie pratique (1787), Eléments de logique générale (1788); et d'économie : Eléments d'économie sociale (1805), Science des finances publiques (1821).

Claude Henri de Rouvroy, comte de SAINT-SIMON (Paris, 1760 ­ id., 1825), philosophe et économiste français, parent du mémorialiste, duc de Saint-Simon. Il se consacra à l’étude des phénomènes socio-économiques, élaborant une doctrine qui ouvrit la voie à la fois au positivisme et au socialisme humanitaire. Partisan des «producteurs» (savants, industriels, commerçants, ouvriers, agriculteurs), contre les «oisifs» (nobles, prêtres, fonctionnaires, etc.), il voulait confier aux premiers le soin d’assurer la paix et le bonheur des peuples: Lettres d’un habitant de Genève à ses contemporains (1802 ou 1803), Mémoire sur la science de l’homme (1813-1816), Du système industriel (1820-1823), le Catéchisme des industriels (1823-1824), Nouveau Christianisme (1825). Après sa mort, ses disciples (surtout Enfantin et Bazard) entreprirent une critique assez radicale de la propriété privée, dénoncèrent l’exploitation de l’homme par l’homme, puis finirent par constituer une secte qui prêchait une nouvelle religion de l’amour. Elle fut dispersée en 1832, mais l’influence du saint-simonisme fut durable.

Christoph Gottfried BARDILI (Blaubeuren, Wurtemberg, 1761 ­ Mergelstten 1808) Philosophe allemand. Adversaire de l'idéalisme critique de Kant, il adopta un réalisme rationnel qui présente des analogies avec la pensée de Hegel. Auteur de : Précis de logique, purifié des erreurs de la logique antérieure, particulièrement de celle de Kant (1800).

Gottlob Ernst SCHULZE (Thuring, 1761 ­ Göttingen, 1833), philosophe allemand. Il fut l'un des adversaires de Kant, et adopta le scepticisme. Auteur de : Aenesidemus (1792), qui fut aussi son surnom.

Gian Domenico ROMAGNOSI (Salsomaggiore, 1761 - Milan, 1835), philosophe et jurisconsulte italien. Il fit connaître les thèses des idéologues. Il est surtout connu comme spécialiste du droit pénal et criminel.

Johan Gottlieb FICHTE (Rammenau, Saxe, 1762 ­ Berlin, 1814) Philosophe allemand, disciple de Kant et maître de Schelling. Son système est un idéalisme absolu dont le moi est le principe fondamental qui justifie l'existence du monde et son sens. Son «idéalisme subjectif» est avant tout une «doctrine de la liberté» (spirituelle et morale); dépassant Kant et annonçant Hegel, Fichte affirme que la pensée universelle, à savoir la raison, se crée elle-même et crée la Nature, et que la volonté humaine de conquête de la liberté est le moteur du progrès moral. Princ. œuvres: Doctrine de la science (1794), Fondements du droit naturel (1796), Système de la morale (1798), l’État commercial fermé (1800), Discours à la nation allemande (1807-1808).

Pierre Paul ROYER-COLLARD (Sompuis, 1763 - Chateauvieux 1845), philosophe et homme politique français. Membre de la commune de Paris, puis député au conseil des Cinq-Cents, il fit partie de 1797 à 1803 du conseil secret royaliste, partisan dès cette époque d'une monarchie constitutionnelle. A la chambre des députés, il fut à partir de 1816, le chef du parti des "doctrinaires". Adversaire des idéologues, il développa une philosophie spiritualiste qui influença Victor Cousin. [Acad. fr., 1827]

Franz Xaver von BAADER (Munich, 1765 - 1841) Théologien et philosophe allemand. Sa pensée est une philosophie mystique où l'étude de la nature voisine avec les spéculations ésotériques, une vision du monde qui n'est pas sans rappeler celles de Böhme ou de Saint-Martin. Elle influença Schelling, Novalis, Stephens.

MAINE DE BIRAN (Marie François Pierre Gontier de Biran, dit) (Bergerac, 1766 - Paris, 1824 ou 1792-1867) Philosophe français, fondateur de la méthode psychologique qui consiste à regarder en soi-même (introspection). Il se sépare assez nettement des positions de Condillac et des idéologues par l'affirmation de l'unité fondamentale de la conscience. Le moi se découvre comme volonté (cause agissante, force hyperorganique) dans l'effort musculaire pour vaincre une résistance matérielle (idée qui se trouve chez Desstut de Tracy, mais que Maine de Biran intériorise). C'est vers un spiritualisme mystique que s'orienta peu à peu Maine de Biran. Il est l'auteur de : Influence de l'habitude sur la faculté de penser (1802), la Décomposition de la pensée (1805), l’Aperception immédiate (1807) et un Journal intime.

Wilhelm von HUMBOLDT (Potsdam, 1767 - 1835), érudit, philologue, philosophe du langage et diplomate allemand. Il étudia deux ans à Paris (1797-1799), puis séjourna au Pays Basque pour en étudier la langue. Menant de front l'étude de langues aussi variées que le sanskrit, le chinois, le hongrois, le birman, le japonais, des langues amérindiennes et une brillante carrière diplomatique (ambassadeur de Prusse à Rome, Vienne, Londres), il fut aussi le fondateur de l'université de Berlin (1810). Ministre en 1818, il dut démissionner en 1819. A travers de nombreux travaux dont la Lettre à M. Abel Rémusat sur la nature des formes grammaticales... et le génie de la langue chinoise, et des traductions; il chercha à promouvoir une anthropologie comparée. Philosophiquement proche de Hegel, Humboldt voit dans le langage "l'organe qui forme la pensée" et une energeia (force, dynamisme). Son influence, faible après sa mort, s'exerça à nouveau au XXe siècle (Croce, Cassirer, puis Chomsky). L'une de ses œuvres majeures est : Sur la différence de structure des langues humaines et son influence sur le développement intellectuel de l'humanité (1820).

Friedrich, Daniel Ernst SCHLEIERMACHER (Breslau, 1768 ­ Berlin, 1834), théologien allemand. Réconciliant christianisme et idéalisme, il affirme que la religion est le sens de la relation entre l’unique et l’infini, et ne s’oppose donc ni à la métaphysique, ni à la morale, ni à l’histoire. Vivement critiquées, ses idées ont cependant eu une influence profonde et durable. Auteur de : Discours sur la religion (1799), Monologues (1800), Exposition de la foi chrétienne (1821).

Georg Wilhem Friedrich HEGEL (Stuttgart, 1770 - Berlin, 1831) Philosophe allemand dont la philosophie, ou hégélianisme, identifie l'être et la pensée dans un principe unique, décrit le développement au moyen de la dialectique, dont il fait non seulement une méthode rationnelle de pensée, mais surtout la vie même du concept et de son histoire. Il étudia la philosophie au séminaire de théologie protestante de Tübingen (1788-1790), où il se lia avec Schelling et Hölderlin, enseigna ensuite à Iéna (1805-1807), dans un modeste gymnasium de Nuremberg après le démantèlement de l’université all. par Napoléon (1809-1815), à Heidelberg (1816-1818), puis à Berlin, où il mourut du choléra. Principales œuvres: Phénoménologie de l’esprit (1807), Science de la logique (1812-1816), Principes de la philosophie du droit (1821). Ses cours (V. leçons) ont été publiés après sa mort: Philosophie de l’histoire, Esthétique, Philosophie de la religion, Histoire de la philosophie. S’opposant au dualisme de Kant, pour qui l’esprit et la nature sont extérieurs l’un à l’autre, Hegel cherche à montrer que l’esprit est immanent à la nature et à l’histoire, et que celle-ci consiste en la réalisation de l’esprit: «Tout ce qui est rationnel est réel et, réciproquement, tout ce qui est réel est rationnel.» Principe moteur du monde, l’esprit se manifeste historiquement, selon un processus dialectique: tour à tour, il se nie dans ce qui est autre que lui (la matière, par ex.) et s’affirme; il se dépasse en se conservant (aufheben). La dialectique hégélienne est souvent représentée par la triade: thèse (toute réalité se pose d’abord en soi), antithèse (elle se développe ensuite hors de soi), synthèse (elle retourne en soi comme négation de la négation, réconciliant les contraires au sein d’une réalité plus haute); mais elle ne se limite pas à cette triade, elle se veut une saisie progressive de la totalité des choses: une réalité quelconque ne se comprend que dans sa liaison avec toutes les autres (on ne peut séparer la logique de la science, la forme du contenu, etc.); en outre, «la philosophie a le même contenu et la même fin que l’art et la religion; mais elle est la façon la plus haute d’appréhender l’idée absolue, parce que son mode de saisie: le concept, est le plus élevé» (Science de la logique). Parmi les diverses interprétations qui ont été données du système de Hegel (l’hégélianisme), on distingue celle des hégéliens dits orthodoxes (Rosenkranz, Biedermann, Fischer, Zeller, etc.), celle des hégéliens «de gauche», ou jeunes hégéliens (Feuerbach, David Friedrich Strauss, Bruno Bauer), celle des néo-hégéliens «de droite» (Spaventa, Croce, Gentile, Stirling, etc.). La pensée de Marx, dans son opposition même (matérialiste) à l’idéalisme hégélien, peut être considérée comme l’héritière directe de Hegel.

Pasquale, baron GALLUPI (Tropea, Calabre, 1770 ­ Naples, 1846), philosophe italien. Elève de Genovesi, il fut l'un des représentants du kantisme en Italie et publia plusieurs ouvrages de logique et de métaphysique dans lesquels il soutint l'objectivité de la connaissance contre le scepticisme. Il conçut également le projet d'une Histoire de la philosophie, dont il ne réalisa que le premier volume (1842).

Friedrich Wilhelm Joseph Von SCHELLING (Leonberg, Wurtemberg, 1775 - Bad Ragaz, Suisse, 1854) Philosophe allemand auteur d'un système d'idéalisme objectif. Idées pour une philosophie de la nature [1797]. Parti de Kant et de Fichte, il professa une «philosophie de la nature» dans Système de l’idéalisme transcendantal (1800). Il inclina ensuite vers Spinoza et G. Bruno, pour exposer une «philosophie de l’identité» (Dialogue sur le principe divin et le principe naturel des choses, 1802) et, finalement, remplaça l’absolu par un Dieu plus personnel: Philosophie de la mythologie (1842), Philosophie de la Révélation (1854).

Johann Friedrich HERBART (Oldenburg, 1776 - Göttingen, 1841), philosophe et pédagogue allemand; disciple de Pestalozzi. Il critiqua l’idéalisme de Kant. Auteur de : La psychologie comme science nouvellement fondée sur l'expérience, la métaphysique et la mathématique (1824).

Thomas BROWN (Kirmabreck, 1778 - Brompton ou Londres, 1820), médecin, philosophe et poète écossais. Dès 1796, il se fit connaître par une réfutation de la Zoonomia d'E. Darwin, puis en 1804 par une critique du scepticisme de Hume (Recherche sur la relation de cause à effet). Nommé professeur à Edimbourg (1810), il rédigea alors ses Lettres sur la philosophie de l'esprit humain. Ses poésies furent publiées après sa mort.

Karl Christian Friedrich KRAUSE (Eisenberg, 1781 ­ Munich, 1832), philosophe allemand. Sous l'influence de la pensée de Schelling, il développa une philosophie à laquelle il donna le nom de "panenthéisme", doctrine qui affirme que toute chose est en Dieu. Auteur de : Le système de la philosophie (1838).

Bernhard BOLZANO (Prague, 1781 ­ id., 1848), logicien et mathématicien tchèque d’origine italienne. Précurseur de la théorie des ensembles par ses travaux sur la notion d'infini (Paradoxien des Unendlichen), il fut aussi un des principaux critiques de l'idéalisme post-kantien (Fichte, Schelling, Hegel) auquel il opposa une conception scientifique de la philosophie. Distinguant les processus psychologiques empiriques des vérités logiques, il fut un des fondateurs de la logique pure, systématique comme base de l'épistémologie. Son ouvrage Wissenschaftlehre (Théorie de la connaissance, 1837) exerça une profonde influence sur Husserl. Rénovateur de l'analyse mathématique, où il introduisit plus de rigueur, il donna une nouvelle définition de la continuité des fonctions (Rein analytischer Beweis..., 1817).

Arthur SCHOPENHAUER (Dantzig, 1788 ­ Francfort-sur-le-Main, 1860) Philosophe allemand, contre les conceptions systématiques du monde, il distingue un vouloir-vivre commun aux hommes, aux animaux, aux végétaux et aux minéraux, générateur de souffrances pour l'homme et réfute fortement le système hégélien. Chez l'homme le «vouloir-vivre» sans but ni fin est absurde et se caractérise par la souffrance et l’ennui. Il faut s’en affranchir, en pratiquant une sorte de «quiétisme» de la volonté individuelle: renoncement au plaisir (simple répit négatif), culte de l’art, ascétisme et enfin pitié, fondement de la morale. Auteur de : De la quadruple racine du principe de raison suffisante (1813), Sur la volonté dans la nature (1836), Essai sur le libre arbitre (1839), Les deux problèmes fondamentaux de l'éthique (1841), Parerga et Paralipomena (1851) etc. Auteur d'une philosophie pessimiste exposée dans : Le monde comme volonté et comme représentation [1819, 2nd Vol. 1844].

sir William HAMILTON (Glasgow, 1788 ­ Édimbourg, 1856), philosophe écossais. Sa pensée tente de combiner la théorie de Reid et les thèses de Kant. Auteur de : The philosophy of the unconditioned, The philosophy of perception, Logic (trois articles parus dans The Edinburgh review, 1829-1833).

Antonio ROSMINI SERBATI (Rovereto, 1791 - Stresa ou Milan, 1855), prêtre et philosophe italien. Préoccupé du renouveau intellectuel et politique de l'Italie, il tenta de lui donner une philosophie propre. Dans son ouvrage principal Nouvel essai sur l'origine des idées (1830), il critique tour à tour le sensualisme de Locke et la philosophie de Kant, et affirme, d'une façon qui rappelle le platonisme ou la philosophie de Malebranche, l'éternité des idées dans la pensée de Dieu. Son influence fut importante sur des écrivains et patriotes tels Manzoni, Tommaseo et Gioberti.

Victor COUSIN (Paris, 1792 ­ Cannes, 1867), philosophe français. Professeur à l'Ecole normale et à la Sorbonne, il fut ministre de l'instruction publique dans le cabinet Thiers en 1840. Influencé par Royer-Collard et Maine de Biran, il peut être considéré comme le fondateur de l'éclectisme spiritualiste et de l'histoire de la philosophie. Il fut le premier à introduire en France la philosophie de Hegel. Auteur de : trois préfaces des Fragments de philosophie contemporaine (1826, 1833, 1838), Cours d'histoire de la philosophie (1828), Etudes sur Pascal (1842), Du vrai, du bien et du beau (1858), Histoire générale de la philosophie (1863). Acad. fr. (1830).

Jean-Philibert DAMIRON (Belleville, Rhône, 1794 ­ Paris, 1862), philosophe français. Elève de V. Cousin, avec Jouffroy, en collaboration duquel il contribua à fonder le journal le Globe, il fut l'un des représentants de la philosophie éclectique française. Auteur de : Essai sur l'histoire de la philosophie en France au XVIIe siècle, au XVIIIe siècle.

Théodore JOUFFROY (Les Pontets, Doubs, 1796 ­ Paris, 1842), philosophe spiritualiste français. Professeur à l'école normale puis à la Sorbonne, il fut membre de la Chambre des députés en 1833. Il fit connaître en France la philosophie écossaise par ses traductions d'œuvres de Stewart et de Reid. Représentant de l'éclectisme, il aborda des questions aussi diverses que le Problème de la destinée humaine (1830), celui du status scientifique de la psychologie (Légitimité de la distinction de la psychologie et de la physiologie, 1838). On lui doit également : Mélanges philosophiques (1833), Cours de droit naturel (1834-1835), Cours d’esthétique (1843).

abbé Louis BAUTAIN (Paris, 1796 - Viroflay, 1867) Théologien et philosophe français. D'abord disciple de V. Cousin, il se convertit et fut ordonné prêtre (1828). Dans sa Philosophie du christianisme (1833), il revalorisa la foi contre la raison impuissante à connaître par elle-même Dieu. Condamné par Rome pour fidéisme (1838), il se soumit.

Pierre LEROUX (Paris, 1797 - id., 1871) Homme politique et philosophe français. Il serait l'inventeur du mot "sociologie". Auteur de : De l’Humanité, De l’Egalité, Malthus et les économistes, Le carrosse de M. Aguado (1846).

Auguste COMTE (Montpellier, 1798 ­ Paris, 1857) Philosophe et penseur politique français, fondateur de l’école positiviste et l'un des fondateurs de la sociologie Les ingénieurs sociaux. Après avoir été secrétaire du philosophe et économiste Saint-Simon, de 1817 à 1824, il commença la publication de son Cours de philosophie positive (1830-1842). Son système est fondé sur une réflexion historique selon laquelle l’esprit humain, dans chaque civilisation comme dans chaque individu, passe nécessairement du stade théologique au stade métaphysique pour s’élever au stade positif. À l’âge positif, «il n’y a qu’une maxime absolue, c’est qu’il n’y a rien d’absolu». À partir de 1845, sous l’influence de Clotilde de Vaux (rencontrée en 1844), il prôna une «religion de l’humanité». Auteur de : Système de philosophie positive ou traité de sociologie instituant la religion de l'humanité (1848), Catéchisme positiviste (1852), Synthèse subjective ou système universel des conceptions propres à l'état normal de la société (inachevé).

Friedrich Eduard BENEKE (Berlin, 1798 - id., 1854), philosophe et psychologue allemand. Auteur d'Esquisses psychologiques (1825), d'une Logique considérée comme instrument de l'art de penser (1842), d'une Psychologie pragmatique (1850), il eut de son vivant une grande renommée de pédagogue.

Vincenzo GIOBERTI (Turin, 1801 ­ Paris, 1852), philosophe et homme politique italien; partisan d’une fédération italienne placée sous l’autorité du pape (De la primauté morale et politique des Italiens, 1843).

Adolphe GARNIER (Paris, 1801 ­ Jouy-en-Josas, 1864), philosophe et psychologue français. Ses travaux de philosophie et ses recherches de psychologie (sur la perception, la conception, la volonté, la croyance) s'inscrivent dans la ligne de l'éclectisme spiritualiste, en particulier celui de Jouffroy dont il fut l'un des principaux disciples. Parmi ses œuvres : Précis de philosophie (1830), La psychologie et la phrénologie comparée (1839), Traité des facultés de l'âme (1852).

Antoine Augustin COURNOT (Gray, 1801 ­ Paris, 1877) Mathématicien, économiste et philosophe français. Il est connu pour ses travaux sur le calcul des probabilités et pour sa théorie du hasard défini comme «rencontre de deux séries causales indépendantes». Auteur de : Considérations sur la marche des idées et des événements dans les temps modernes (1872), Matérialisme, vitalisme, rationalisme (1875), L'enchaînement des idées fondamentales (1881).

Gustav Theodor FECHNER (Cross-Särchen, 1801 - Leipzig, 1887) Physiologiste et philosophe allemand. Ses rêveries métaphysiques sur l'âme universelle poursuivent la tradition de la philosophie de la nature et font apparemment contraste avec la précision de ses recherches en psychophysique. Se fondant sur les travaux de Weber, Fechner crut pouvoir établir la formule exacte de la relation entre la sensation (psychique) et l'existant (physique), loi selon laquelle la sensation varie comme le logarithme de l'excitant. Des vérifications expérimentales ont mis en évidence le caractère seulement approché de cette loi (par ailleurs critiquée par Bergson). Auteur de : Eléments de psycho-physique (1860).

Ralph Waldo EMERSON (Boston, 1803 ­ Concord, Massachusetts, 1882), philosophe américain. Panthéiste à la recherche d’une révélation intérieure et immédiate, il est le principal représentant du transcendantalisme, dont il a exposé la doctrine dans ses conférences sur la Nature (1836).

Ludwig FEUERBACH (1804-1872) Philosophe allemand athée, vivement critiqué par Marx se détachant de l'idéalisme hégélien et développa le matérialisme à partir d'une critique de l'idée de Dieu. Son ouvrage principal est une violente critique du christianisme (L'Essence du Christianisme [1841]).

Alexis DE TOCQUEVILLE (Charles Alexis Clérel de) (Paris, 1805 ­ Cannes, 1859) Philosophe et homme politique français auteur de réflexions politiques. Au retour d’un voyage aux É.-U., il publia De la démocratie en Amérique (1835-1840), œuvre capitale d’analyse politique et sociologique. Il fut ministre des Affaires étrangères de la IIe République (1849). En 1856, il fit paraître l’Ancien Régime et la Révolution. Acad. fr. (1841).

Karl ROZENKRANZ (Magdeburg, 1805 ­ Königsberg, 1879), philosophe et essayiste allemand, disciple de Hegel: Commentaires critiques sur le système hégélien (1840), Vie de Hegel (1844).

Johann Eduard ERDMANN (Wolmar, 1805 - Halle, 1892), philosophe allemand. Disciple de Hegel et spécialiste d'histoire de la philosophie.

Kaspar Johann Kaspard Schmidt STIRNER (dit Max) (Bayreuth, 1806 ­ Berlin, 1856), philosophe allemand, théoricien de l’individualisme et de l’anarchie, auteur de : L'unique et sa propriété (1845), Histoire de la réaction (1852).

John STUART MILL (Londres, 1806 ­ Avignon, 1873) Philosophe empiriste, économiste, et logicien anglais, fils de James fondateur de l'utilitarisme. Surtout connu pour sa théorie de l’induction (Logique inductive et déductive, 1843) et son système de morale utilitariste (De l’utilitarisme, 1863). Libéral indépendant en économie politique (Principes d’économie politique, 1848), il se passionna également pour les questions sociales, manifestant des sympathies socialistes et féministes (De l’assujettissement des femmes, 1869) : La liberté (1859)

David Friedrich STRAUSS (Ludwigsburg, 1808 - id., 1874), historien et philosophe allemand. Sa Vie de Jésus (1835; trad. fr. de Littré, 1839-1840), dans laquelle il assimile le personnage du Christ à un mythe, scandalisa ses pairs et le fit expulser de l’université de Tübingen, où il était professeur.

Pierre Joseph PROUDHON (Besançon, 1809 - 0Paris, 1865) Philosophe socialiste anarchiste français. Élu député à l’Assemblée constituante en 1848, il fonda l’année suivante la Banque du peuple en vue d’organiser la gratuité du crédit; ce fut un échec. Condamné pour délit de presse (il avait créé trois journaux, tous poursuivis), il s’enfuit en Belgique (1858); après son retour en France (1862), il abandonna le combat politique. On connaît surtout de lui la célèbre formule: «La propriété, c’est le vol», mais il proclame également: «Nous voulons la propriété pour tout le monde...» Sa pensée a profondément influencé le milieu ouvrier français. Principales œuvres: Qu’est-ce que la propriété? (1840), Système des contradictions économiques ou la Philosophie de la misère (1846, critiqué par Marx dans Misère de la philosophie), De la justice dans la révolution et dans l’Église (1858), Du principe fédératif et de la nécessité de reconstituer le parti de la révolution (1863).

Bruno BAUER (Eisenberg, 1809 - Rixdorf, près de Berlin, 1882), philosophe allemand, chef de file des jeunes hégéliens (V. Hegel). Il commenta la Vie de Jésus (1835) de D. F. Strauss et apparut comme un ennemi du christianisme, puis il fut un des proches de Bismarck.

Etienne VACHEROT (Torcenay, 1809 - Paris, 1897), philosophe français influencé par Michelet et V. Cousin. Professeur à la Sorbonne, il publia une Histoire critique de l'école d'Alexandrie (1846-1851), qui fut à l'origine d'une polémique avec le P. Gratry qui en dénonça les idées panthéistes. Ayant par ailleurs refusé de prêter serment en 1852, Vacherot fut destitué. Il est également l'auteur de La démocratie (1859), et du Nouveau spiritualisme (1884).

Alexandr Ivanovitch HERZEN ou GUERTSEN (Moscou, 1812 - Paris, 1870), philosophe, critique et écrivain russe, pseudonyme Iskander. Il publie des essais philosophiques (le Dilettantisme dans la science, 1843). Ses écrits contre le régime tsariste Sur le développement de idées révolutionnaires en Russie (1850) ont une influence politique importante. Il considère la communauté villageoise russe comme la base du socialisme agraire.

Sören KIERKEGAARD (Copenhague, 1813 ­ id.,1855) Philosophe et théologien danois, critique de Hegel et fondateur de l'existentialisme chrétien il écrit L'Alternative [1843], Crainte et tremblement [1843], Ou bien ou bien [1843], La répétition [1843], Discours édifiants [1844-1850], Riens philosophiques [1844], Les stades sur le chemin de la vie [1845], Post-scriptum final aux Riens philosophiques [1846], L'École du christianisme [1850]. Dès sa thèse de théologie, le Concept d’ironie (1841), il prône une «attitude poétique» contre le christianisme dogmatique. Dans le Concept d’angoisse (1844), les Étapes sur le chemin de la vie (1845), le Traité du désespoir (1849), etc., il oppose à l’idéalisme hégélien le tragique de l’existence quotidienne. Il est considéré comme le fondateur de l’existentialisme.

Félix Lacher RAVAISSON-MOLLIEN (Namur, 1813 ­ Paris, 1900), philosophe français. Dans son Essai sur la métaphysique d'Aristote (1837-1846) et surtout dans sa thèse De l’habitude (1838), il a voulu montrer l'unité et la continuité de l'esprit (la liberté) et de la nature (la nécessité). Il a donné son essor à une métaphysique nouvelle qu'il qualifia de "réalisme ou positivisme spiritualiste". Il influença Bergson et écrivit aussi : Rapport sur le stoïcisme (1851) et Morale et métaphysique (1893). [Acad. des sciences morales et politiques, 1880]

Jules LEQUIER (Quitin, 1814 - Plérin, 1862), philosophe français. Il fut l'un des précurseurs du néo-criticisme en France. Chez lui, le problème de la liberté humaine répond à une préoccupation profondément chrétienne. Auteur de : Recherche d'une première vérité (publié en 1865).

Jules François, dit Jules SIMON (Lorient, 1814 ­ Paris, 1896), philosophe et homme politique français. Ministre de l’Instruction publique (1870 et 1871-1873), chef du gouvernement en décembre 1876, il combattit la politique scolaire de J. Ferry et le boulangisme.

Charles SECRÉTAN (Lausanne, 1815 - 1895), philosophe suisse. Opposé à la théologie rationaliste qui tend vers le panthéisme et aux doctrines fidéistes reposant sur la seule autorité, il a tenté de formuler une philosophie de la "raison chrétienne", où le problème de la liberté et de sa réalisation dans la morale occupe une place centrale. Auteur de : Philosophie de la liberté (1848-1849), la Raison et le christianisme (1863).

Charles RENOUVIER (Montpellier, 1815 ­ Prades, 1903), philosophe spiritualiste français. Sa pensée s'inspira de celle de Kant en ce qu'il nia toute possibilité d'une métaphysique comme science. Son "néo-criticisme" se développa de façon originale dans la Science de la morale (1869), où à la fois il nie la possibilité de toute métaphysique en tant que science et, loin de tomber dans la platitude du positivisme grossier, affirme la liberté du "moi" et son irréductibilité à toute science. Tel est le "personnalisme" de Renouvier qui considère la personnalité comme la catégorie des catégories, qui les possède et les assemble toutes. Mais c'est surtout sa philosophie de l'histoire : Esquisse d'une classification systématique des doctrines philosophiques (1885-1886) et Philosophie analytique de l'histoire (1896), qui, classant les doctrines philosophiques en fonction des "problème" qu'elles traitent, inaugure, en France, la philosophie de l'histoire de la philosophie. Il a aussi écrit : Essais de critique générale (1854-1864).

Rudolf Hermann LOTZE (Bautzen, 1817 ­ Berlin, 1881), philosophe et physiologiste allemand. Il est considéré comme le père de la psychophysiologie: Psychologie médicale ou physiologie de l’âme (1852), Microcosme, idées sur l’histoire de la nature et l’histoire de l’humanité (1856).

Karl MARX (Trèves, 1818 Londres, 1883) Philosophe et penseur politique allemand, fondateur de la doctrine communiste. Théoricien de l’économie politique et révolutionnaire allemand. Issu d’une famille d’origine juive convertie au protestantisme, il s’oriente d’abord vers des études de droit et de philosophie. Dès 1837, il lit Hegel et entre en relation avec les «jeunes hégéliens». Sa thèse de doctorat en philosophie, soutenue à Iéna en 1841, porte sur la Différence entre la philosophie de la nature chez Démocrite et chez Épicure. En 1842, la lecture de Feuerbach l’amène à une étude encore plus approfondie du matérialisme. La même année, il prend la direction de la Gazette rhénane. Après l’interdiction de ce journal (1843), il quitte l’Allemagne et se rend à Paris où il collabore aux Annales franco-allemandes (qui publient, en 1844, Sur la question juive et Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel), se lie d’amitié avec Engels, prend contact avec des groupes ouvriers. Ayant été expulsé de France (1845), il s’installe à Bruxelles. Engels l’y rejoint; ils écrivent ensemble deux ouvrages qui fondent le matérialisme historique (la Sainte Famille, 1845; l’Idéologie allemande, 1845-1846; Misère de la philosophie, 1847) et le célèbre Manifeste du parti communiste (publié à Londres en 1848), qui expose les principes essentiels de la conception marxienne de l’histoire et de la lutte des classes. Chassé de Belgique en 1848, Marx séjourne à Paris, à Cologne, revient à Paris, puis s’établit définitivement à Londres (1849) avec sa femme Jenny et ses trois enfants. Il y poursuit, dans des conditions matérielles très difficiles, ses travaux d’économie et de critique historique: Travail salarié et capital (1849), Contribution à la critique de l’économie politique (1859), le Capital (tome I, 1867; le tome II, 1885, et le tome III, 1894, inachevé, furent publiés par Engels d’après ses brouillons), les Luttes de classes en France (1850), la Guerre civile en France (sur la Commune de Paris, 1871). En 1864, Marx devient le chef de la Ire Internationale; après la dissolution de celle-ci, il réduit son activité politique.

Alexander BAIN (Aberdeen, 1818 ­ 1903) Philosophe et psychologue écossais. Reprenant les thèses de l'atomisme et de l'associationnisme de Hume, Condillac, etc., il tenta de faire de la psychologie une science expérimentale et influença les travaux de Taine sur l'intelligence : Les sens et l'intelligence (1855), Les émotions et la volonté (1859). Ses recherches en pédagogie témoignent d'un même soucis de positivité : Sciences de l'éducation (1874).

Friedrich ENGELS (1820-1895) Philosophe allemand, ami et collaborateur de K. Marx., avec qui il écrit Manifeste du parti communiste [1847], Socialisme utopique et socialisme scientifique.

Herbert SPENCER (Derby, 1820 ­ Brighton, 1903), philosophe anglais. Il accorda une attention privilégiée aux sciences de la nature et, rallié aux conceptions évolutionnistes, crut pouvoir étendre leur portée (en illustrant le principe de la complexité croissante) à la psychologie et à la sociologie: la Statique sociale (1851), Principes de psychologie (1855), Principes de biologie (1864), Principes de sociologie (1877-1896), Qu'est-ce que la morale.

James Hutchinson STIRLING (Glasgow, 1820 ­ Edimbourg, 1909), philosophe écossais. Il fit connaître en Angleterre la pensée de Hegel, et fonda l'école idéaliste anglo-saxonne.

Ernest RENAN (Tréguier, 1823 ­ Paris, 1892), philologue, historien, philosophe et critique français. Séminariste devenu penseur rationaliste (l’Avenir de la science, 1848, publié en 1890), il fit scandale, en 1862, lors de sa leçon inaugurale d’hébreu au Collège de France, en parlant du Christ comme d’un «homme incomparable». L’année suivante, il publia la Vie de Jésus, essai de reconstitution historique dans une perspective rationaliste et premier volume d’une monumentale Histoire des origines du christianisme (1863-1881) qui suscita de vives polémiques et que compléta l’Histoire du peuple d’Israël (1887-1893). Tentant de concilier la notion de raison et la «catégorie de l’idéal» tout en rejetant les dogmes du catholicisme, Renan a évoqué la crise de conscience au cours de laquelle il perdit la foi dans Souvenirs d’enfance et de jeunesse (1883). Acad. fr. (1878).

Ludwig BÜCHNER (Darmstadt, 1824 ­ 1899), philosophe matérialiste et naturaliste allemand, frère de Georg Büchner; parmi ses œuvres : Force et Matière (1855).

Friedrich Albert LANGE (Wald, près de Solingen, 1828 ­ Marburg, 1875), philosophe et historien allemand. Auteur de : La Question des travailleurs (1965), L'Histoire du matérialisme et critique de son importance à notre époque (1866), Études de logique (Posthume - 1877).

Joseph DIETZGEN (Blanckenberg, 1828 - Chicago, 1888) Philosophe allemand. Ouvrier tanneur, social-démocrate, il émigra aux Etats-Unis après 1848, dirigea une tannerie à Saint-Pétersbourg (1864-1869), puis retourna à New York et Chicago où il vécut comme journaliste. Autodidacte, il élabora, indépendamment de Marx et Engels et même de Hegel, une théorie de la connaissance proche du matérialisme dialectique. Parmi ses œuvres : Essence du travail intellectuel (1865), Excursions d'un socialiste dans le domaine de la théorie de la connaissance (1870)...

Hippolyte TAINE (1828-1893) Philosophe, historien et critique français académicien ayant essayé d'expliquer par la triple influence de la race, du milieu et du temps les œuvres artistiques et littéraires. Ces œuvres sont Origines de la France contemporaine [1875-1893], De l'intelligence [1870], Philosophes français du XIXème siècle [1857], Histoire de la littérature anglaise [1863]? Philosophie de l'art [1882].

Roberto ARDIGO (Casteldidone, 1828 - Mantoue, 1920) Philosophe et historien italien. Ses études sur Kant, A. Comte, Spencer, et ses ouvrages sur la psychologie comme science positive font de lui un des représentants du positivisme en Italie. Auteur de : Travaux philosophiques (6 vol.)

Constantin Nikolaievitche LEONTIEV [Leontev] (gouvernement de Kagoula, 1831 ­ Moscou, 1891), philosophe et conteur russe. Il exposa son idée d'une civilisation individuelle se suffisant à elle-même dans : La Russie, l'Orient et les Slaves (1885-1886). Profondément réactionnaire et nationaliste, il voulait "congeler la Russie afin de l'empêcher de pourrir". Il détestait l'influence de l'Occident athéiste et démocratique qui, selon lui, détruisait la beauté d'une société complexe. Méprisant la morale conventionnelle, il a été surnommé le Nietzsche russe. Critique littéraire, il fit une étude Sur les romans de Tolstoï, analyse, style et atmosphère (1890).

Jules LACHELIER (Fontainebleau, 1832 - 1918), philosophe français. Sa philosophie est un idéalisme critique pour lequel "les conditions de l'existence des choses sont les conditions même de la possibilité de la pensée". Ces conditions sont le principe du déterminisme, fondement de l'induction, et celui de finalité qui traduit l'aspiration de la pensée vers la réalité absolue, le Bien [Dieu]. Parmi ses œuvres : Du fondement de l'induction (1871), De la nature du syllogisme (1871)...

Wilhelm WUNDT (Neckarau, Bade, 1832 ­ Grossbothen, près de Leipzig, 1920), psychologue et philosophe allemand: Éléments de psychologie physiologique (1873-1874). Il fonda à Leipzig, vers 1875, un institut de psychologie expérimentale.

Wilhelm DILTHEY (Biebrich, Rhénanie, 1833 ­ Seis, Tyrol, 1911), philosophe allemand. Il ouvrit la voie à la sociologie et à la psychologie sociale: l’Essence de la philosophie (1907), la Construction du monde de l’histoire dans les sciences de l’esprit (1910).

Karl Eugen DÜHRING (Berlin, 1833 ­ Nowawes, auj. Babelsberg, 1921), philosophe et économiste allemand professeur à l’université de Berlin en 1864, il fut destitué en 1877. Sa philosophie allie le positivisme, le matérialisme et l’idéalisme; politiquement, il inclina vers un socialisme démocratique. Engels écrivit contre lui son fameux Anti-Dühring. Auteur de: Capital et Travail (1865), Économie politique et Socialisme (1874), la Question juive en tant que question raciale (1881).

François EVELLIN (Nantes, 1835 - Paris, 1910), philosophe français. D'inspiration critique, son "finitisme" (voir Renouvier) est lié à une position spiritualiste. Auteur de : Infini et quantité, Etude sur le concept de l'infini en philosophie et dans les sciences (1891)

Thomas Hill GREEN (Birkin, 1836 ­ Oxford, 1882), philosophe anglais. Il peut être rapproché du néo-kantisme, non par le souci de procéder à une analyse critique des fondements de la connaissance objective, mais par sa volonté de mettre en question, au nom de l'idéalisme, l'empirisme, l'hédonisme et l'utilitarisme ainsi que l'athéisme. Auteur de : Prolegomena to Ethics (publier en 1883).

Wilhelm SCHUPPE (Brieg, 1836 - Breslau, 1913), philosophe et logicien allemand. Sa philosophie se rapproche de l'empiriocriticisme d'Avenarius et de Mach. Auteur de : Fondement de la théorie de la connaissance et de la logique (1894).

Alfred FOUILLÉ (Pouëze, Maine et Loire, 1838 - Lyon, 1912), philosophe français. Il créa la philosophie des idées-forces qui portent en elles une puissance de réalisation transformant les âmes des individus et les milieux sociaux où elles se répandent. Auteur de : Critique des systèmes de morale contemporains (1883), la Science sociale contemporaine (1884), l'Evolutionnisme des idées-forces (1889 ou 90), la Psychologie des idées-forces (1893), Morale des idées-forces (1907).

Ernst MACH (Turas, Moravie, 1838 - Haar, près de Munich, 1916) physicien et philosophe autrichien. Sa philosophie empirio-criticiste est une tentative pour décrire la totalité de l'expérience à partir des sensations et des fonctions (lois) qui les relient, en éliminant les notions de substance, de causalité, etc., et niant la dualité et l'opposition du psychique (subjectif) et du physique (objectif). Il établit le rôle de la vitesse du son en aérodynamique et l'unité de vitesse égale à celle du son, utilisée en aviation, reçut son nom. Sa Critique des principes de la mécanique newtonienne influença considérablement la pensée d'Einstein.

Franz BRENTANO (Marienberg, 1838 ­ Zurich, 1917), philosophe et psychologue allemand. Père de la psychologie descriptive, il définit la conscience par son "intentionnalité" ("Toute conscience est conscience de quelque chose"), et la représentation comme une visée de l'objet lui-même et non sa représentation dans l'esprit ("la conscience ne peut être décrite indépendamment des objets qu’elle appréhende"). Précurseur de la méthode phénoménologique, il distingua la logique de la psychologie et influença Meinong et surtout Husserl. Auteur de : Psychologie du point de vue empirique (1873), L'origine de la connaissance morale (1889), De la classification des phénomènes psychiques (1911), La doctrine du jugement correct, Des significations multiples de l'être chez Aristote.

Charles Sanders PEIRCE (Cambridge, Massachusetts, 1839 - Milford, 1914), philosophe et logicien américain. Juger la vérité de nos idées selon leur portée pratique, c'est à dire la possibilité de les contrôler expérimentalement, telle est la thèse fondamentale de son "pragmatisme". Peirce à contribué également au développement de la logique mathématique des relations (Comment rendre nos idées claires ,1878) et a fondé la science générale des signes ou sémiotique.

Léon OLLÉ-LAPRUNE (Paris, 1839 ­ 1898) Philosophe français. Penseur catholique, il a montré, comme Newman et Renouvier, que la certitude ne peut être atteinte sans la participation de la volonté, et que celle-ci doit être soutenue par la grâce pour que l'homme puisse parvenir à la vie surnaturelle. Auteur de : La Philosophie de Malebranche (1870), Essai sur la morale d'Aristote (1881), La philosophie et le temps présent (1890), Ce qu'on va chercher à Rome (1895), La vitalité chrétienne (articles et conférences).

Théodule RIBOT (Guingamp, 1839 ­ Paris, 1916) Philosophe et psychologue français fut l'un des fondateurs de la psychologie expérimentale en France. Ses œuvres sont : Les maladies de la mémoire [1881]. Les Maladies de la personnalité [1885]. Psychologie des sentiments [1896]. L'imagination créatrice [1900], Psychologie de l’attention [1888].

Eduard von HARTMANN (Berlin, 1842 ­ Grosslichterfelde, 1906) Philosophe allemand. Sous l'influence de divers courants de pensée (Kant, Schelling, Hegel, Schopenhauer) et d'une réflexion sur les êtres vivants, il fut amené à affirmer l'existence d'un inconscient psychique. Volonté et intelligence, cette force impersonnelle créer et anime le monde dont le but final est l'anéantissement total, que l'homme atteint par la conscience. Principales œuvres : Philosophie de l'inconscient (1869), Histoire de la métaphysique (1899), La psychologie moderne (1901).

William JAMES (New York, 1842 ­ Chocorua, New Hampshire, 1910) Philosophe américain, auteur de la doctrine du "pragmatisme". Son Précis de psychologie (1890) fonde une philosophie originale, le «pragmatisme», dont l’essence est un empirisme radical.

Hermann COHEN (Coswig, 1842 - Berlin, 1918) Philosophe allemand, fondateur de l'école de Marbourg. Il influença Natorp et Cassirer. Refusant l'opposition kantienne entre la sensibilité et l'entendement, il considéra la pensée comme une activité originaire capable de produire par elle-même (à priori) son propre objet (concept logique) et fit de la connaissance objective la science mathématique de la nature dont l'instrument est le calcul infinitésimal. L'intellectualisme de Cohen s'étend aussi à la morale et à l'esthétique. Auteur de : Système de la philosophie; Logique de la connaissance pure (1902); Ethique du vouloir pur (1904); Esthétique du sentiment pur (1912).

Richard AVENARIUS (Paris, 1843 - Zurich, 1896) Philosophe allemand. Il fut avec E. Mach le fondateur de l'empirio-criticisme. Basée chez lui des considérations biologiques, cette théorie de la connaissance se caractérise par le refus de la dualité et de l'opposition du psychique (subjectif) et du physique (objectif) et tente de montrer leur coordination dans l'expérience. Empiriste et idéaliste, cette doctrine fut critiquée par Lénine dans le Matérialisme et Empirio-criticisme (1909). Auteur de : Critique de l'expérience pure (1888-1890).

James WARD (Hull, 1843 ­ Cambridge, 1925) Philosophe et psychologue britannique. Après des études à l'institut de Liverpool, aux universités de Berlin et de Göttingen, et au Trinity College de Cambridge, il devint professeur de philosophie de l'esprit à Cambridge (1897). Son œuvre, profondément influencée par la pensée de Leibniz et de R. H. Lotze, a contribuée à substituer une conception volontariste et fonctionnelle de la psychologie à l'associationnisme. Parmi ses œuvres : Naturalisme et agnosticisme (1899), Hérédité et mémoire (1913), Principes psychologiques (1918), ainsi que l'article Psychology dans l'Encyclopedia Britanica.

Friedrich NIETZSCHE (Röcken, Prusse, 1844 ­ Weimar, 1900) Philosophe allemand athée qui critiqua violemment le christianisme. Nommé à vingt-cinq ans professeur de philologie à Bâle, il occupa son poste jusqu’en 1878; il fut alors influencé par la pensée de Schopenhauer et par certaines idées esthétiques de son ami R. Wagner. Brouillé avec Wagner (1878), malade, malheureux dans sa vie privée (en 1882, sa demande en mariage de Lou Andréas Salomé échoua), il voyagea. Sa maladie (d’orig. syphilitique ?) s’aggrava; en 1889, à Turin, une crise de démence le terrassa en pleine rue. Il finira ses jours soigné à Weimar par sa sœur Élisabeth Foerster Nietzsche, qui porte la responsabilité de la publication partiale des œuvres du philosophe. À la métaphysique traditionnelle occidentale, qui présente l’être comme un donné absolu et immuable, Nietzsche oppose une analyse généalogique des valeurs en s’efforçant de découvrir la croyance, la force créatrice ou destructrice dont le concept n’est, en fait, que le reflet rationalisé, voire le déguisement. À une métaphysique de l’essence, il substitue ainsi une analyse nouvelle: le concept n’a pas de valeur en soi; c’est un signe qui renvoie à une signification. Il affirme en outre que l’être n’est pas «tout-fait»: il n’est ni Dieu ni vérité établie, mais devenir, et donc (comme la vie) création toujours renouvelée, incessante fuite vers un «autre chose», ce en quoi il se dépasse constamment. Ses grandes formules (volonté de puissance, éternel retour, surhomme, etc.) ont donné lieu à des interprétations contradictoires. On peut affirmer que l’activité artistique créatrice de formes nouvelles symbolise et réalise le plus complètement le projet nietzschéen; pour Nietzsche, l’art s’élance à la recherche de l’être en un jeu sans fin. Princ. œuvres: Le voyageur et son ombre, L'opprobre de l'humanité, Considérations intempestives, Les dithyrambes de Dionysos, et L'être, le vrai, le bien. Patience, patience..., la Naissance de la tragédie (1872); Considérations inactuelles (1873-1876); Humain, trop humain (1878); Aurore (1881); le Gai Savoir (1881-1887); Ainsi parlait Zarathoustra (1883-1885); la Volonté de puissance (1884-1888), vaste recueil d’aphorismes arbitrairement réunis par sa sœur; Au-delà du bien et du mal (1886); la Généalogie de la morale (1887); le Crépuscule des idoles (1888); le Cas Wagner (1888); Ecce Homo (1888); l’Antéchrist (1888).

Giacomo BARZELLOTTI (Florence, 1844 ­ Rome, 1917) Philosophe et critique italien. Il contribua au développement du néo-kantisme en Italie et étudia les systèmes philosophiques de la seconde moitié du XIXe siècle, en particulier de Taine et Nietzsche.

William Kingdon CLIFFORD (Exeter, 1845 - Madère, 1879), mathématicien et philosophe anglais. Outre des études sur les géométries non euclidiennes, il écrivit des ouvrages de psychologie et de philosophie d'inspiration positiviste.

Émile BOUTROUX (Montrouge, 1845 ­ Paris, 1921), philosophe français. S'opposant au scientisme, il se fit le critique du déterminisme par l'analyse de la connaissance scientifique, montrant que les différents ordres de phénomènes étudiés par chaque science constituent un ensemble hiérarchisé où les formes supérieures sont irréductibles aux formes inférieures, et que la liberté se développe ainsi aux dépens de la nécessité physique. Seule la vie morale et religieuse nous permet de saisir l'Etre "dans sa source créatrice". Auteur de : De la contingence des lois de la nature (1874), De l'idée de loi naturelle...(1895), Science et religion dans la philosophie contemporaine (1908). Acad. fr. (1912).

Friedrich PAULSEN (Langenhorn, Schleswig, 1846 ­ Berlin, 1908), philosophe allemand. Son Essai d'une histoire du développement de la théorie de la connaissance de Kant (1875) s'inscrit dans le mouvement de retour à la philosophie critique de Kant (Néo-criticisme).

Joseph GARDAIR (Marseille, 1846 ­ Arcachon, 1911), philosophe français. Il s'est essentiellement consacré à l'étude de la pensée thomiste. Auteur de : Corps et âme, Essai sur la philosophie de Saint Thomas (1892).

Francis Herbert BRADLEY (Clapham, Surrey, 1846 ­ Oxford, 1924), philosophe anglais. Il est le principal représentant de l’idéalisme néo-hégélien anglo-saxon : les Principes de la logique (1883), Apparence et Réalité: un essai de métaphysique (1893).

Rudolf EUCKEN (Aurich, Frise-Orientale, 1846 ­ Iéna, 1926), philosophe allemand; défenseur du spiritualisme contre les diverses formes du naturalisme : la Part de vérité contenue dans la religion (1901). P. Nobel de littérature 1908.

Joseph LOTH (Guéméné, Morbihan, 1847 - Paris, 1934), philosophe français. Auteur de nombreux ouvrages sur la langue, la littérature et l'histoire celtiques, parmi lesquels : Essai sur le verbe néo-celtique en irlandais ancien et dans les dialectes modernes (1882), L'Emigration bretonne en Armorique du Ve au VIIe siècle (1883), Vocabulaire du vieux-breton (1884), Questions de grammaire et de linguistique britanniques (1911), Contribution à l'étude des romans de la Table ronde (1911), il a participé à l'élaboration du Cours de littérature celtique dirigé par l'Arbois de Jubainville.

Wilhelm WINDELBAND (Potsdam, 1848 ­ Heidelberg, 1915) Philosophe allemand. Elève de K. Fischer et de Lotze, il fonda l'école de Bade et eut une influence directe sur Rickert. Il interpréta le criticisme kantien dans un sens axiologique et donna à la philosophie la tâche d'élucider les valeurs absolues, logique, morales et esthétiques, constituant la "conscience normale" -ou conscience des normes- affirmée à titre de postulat (Introduction à la philosophie, 1914).

Victor BROCHARD (Quesnoy-sur-Deûle, 1848 - Paris, 1907), philosophe français. Sous l'influence de Renouvier, il écrivit son ouvrage De l'erreur (1879) où il met l'accent sur les limites de l'évidence rationnelle. Il est surtout connu pour ses travaux sur Les Sceptiques grecs (1887).

Gottlob FREGE (Wismar, 1848 - Bad Kleinen, Mecklembourg, 1925), mathématicien, logicien et philosophe allemand. Cherchant un "idéal d'une méthode strictement scientifique en mathématiques", il fut amené à rénover profondément la logique, fondant la logique mathématique moderne. Ses travaux, qui passèrent presque inaperçus lors de leur parution, influencèrent ceux de Russell, Wittgenstein, Carnap et Hilbert. On peut le considérer comme l'un des premiers philosophes analytiques. Auteur de : Fondements de l'arithmétique (1884), Fonction et concept, Sens et dénotation, Concept et objet (1891-1892), Lois fondamentales de l'arithmétique (1893-1903), Recherches logiques (1916-1925).

Charles Stanislas DUNAN (Nantes, 1849 - 1918), philosophe français. Il a donné le nom d'idéalisme expérimental à sa philosophie qui tente d'affirmer le lien de la vie et de l'esprit. Auteur de : Les deux idéalismes (1911).

Benno ERDMANN (Guhrau, 1851 - Berlin, 1921), philosophe allemand. Il est l'auteur d'un ouvrage sur les Axiomes de la géométries (1877) et surtout d'une logique (1892) où il pose le problème des rapports de la psychologie et de la pensée logique, dont il reconnaît le caractère normatif et formel.

Paul SOURIAU (Douai, 1852 - Nancy, 1926), philosophe français. Il a exposé dans ses œuvres une conception spiritualiste de la création artistique de la beauté. Auteur de : Beauté rationnelle (1904).

Vladimir Sergueïevitch SOLOVIOV (Moscou, 1853 ­ Ouzkoïe, auj. dans Moscou, 1900), philosophe et poète russe. Dès 1875, il publia sa première œuvre : La crise de la philosophie occidentale. Il voulut séparer l'orthodoxie de la doctrine slavophile. Il développa un système philosophique inspiré de l’idéalisme hégélien et du mouvement slavophile; plus tard, il tendit à une position conciliatrice entre celui-ci et l’occidentalisme. Au travers de son lyrisme mystico-philosophique, il exerça une grande influence sur le symbolisme du début du siècle (la Justification du bien, 1898; Trois Dialogues, 1900).

Alexius MEINONG (Lemberg, 1853 ­ Graz, 1920), philosophe et psychologue autrichien. Elève de F. Brentano, il fonda le premier laboratoire de psychologie en Autriche (à Graz). Il a élaboré une théorie de l'objet de la connaissance qui tente de dépasser l'opposition entre le réalisme et l'idéalisme. Auteur de : Recherche sur une théorie et une psychologie de l'objet (1904), Sur la place de la théorie de l'objet dans le système des sciences (1907).

Alexius Marie Jean GUYAU (Laval, 1854 ­ Menton, 1888), philosophe et poète français. Son interrogation porte sur les fondements d’une morale qui ne peut se confondre ni avec le calcul utilitariste ni avec la science des mœurs (Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, 1884).

Paul NATORP (Düsseldorf, 1854 - Marbourg, 1924), philosophe allemand. Représentant de l'école de Marbourg, il fit du retour à l'idéalisme critique de Kant le moyen de lutter contre le naturalisme et de dépasser l'opposition entre l'expérience et la raison. Affirmant l'unité de la pensée et de l'être, il interpréta la théorie platonicienne des Idées dans le sens du criticisme (La doctrine platonicienne des Idées, une Introduction à l'idéalisme, 1903) et tenta de fonder les mathématiques sur des bases logiques (Les fondements logiques de la science exacte, 1910). Il insista par ailleurs sur la diffusion de la culture intellectuelle comme moyen de résoudre les problèmes sociaux (Sozialidealismus, 1920).

Vassili Vassilievitch ROZANOV (Véltouga 1856, ­ 1919), philosophe et critique russe. Après une série d'études faites sur Dostoïevski et sur Gogol dans La Légende du grand inquisiteur (1890), c'est avec des livres comme Le Problème familial en Russie (1903), Les Hommes du clair de lune (1906), L'Eglise russe (1906), La Face sombre (1906), qu'il attaqua le christianisme qui condamnait le plaisir de la chair et s'opposait selon lui à la religion naturaliste de l'Ancien Testament et du judaïsme. Puis il écrivit de courts articles, rassemblés dans des recueils tels que : Pensées solitaires (1912) et Feuilles mortes (1913-1915). Enfin, successivement enthousiasmé, puis anxieux, devant la révolution de 1917, il écrivit l'Apocalypse de notre temps (1918). Toute son œuvre, rédigée dans un style d'une perfection très personnelle, respire l'amour qu'il portait à la personnalité humaine et le culte qu'il avait pour le naturel.

Octave HAMELIN (Le Lion-d’Angers, Maine-et-Loire, 1856 ­ Hucket, Landes, 1907), philosophe français. Sa doctrine, spiritualiste, est apparentée au néo-criticisme de Renouvier : Essai sur les éléments principaux de la représentation (1907), Système de Descartes (1911), Système d'Aristote (1920). Il mourut noyé, en tentant de sauver une personne en danger.

Frédéric PAULHAN (Nîmes, 1856 ­ Paris, 1931), philosophe français. Collaborateur à la Revue de philosophie, il a publié de nombreux ouvrages de psychologie, comme : Eléments de l'esprit (1889), Types intellectuels (1896), Psychologie de l'invention (1900).

Sigmund FREUD (Freiberg, Moravie, auj. Príbor, Rép. Tchèque, 1856 ­ Londres, 1939) Philosophe et psychiatre autrichien porté sur la psychanalyse La science des rêves [1909]. Cinq leçons sur la psychanalyse [1910]. Le moi et le soi [1923]. ; fondateur de la psychanalyse. Il fit des études médicales à Vienne de 1873 à 1881, puis s’orienta vers la neurologie, qu’il pratiqua jusqu’en 1885. À cette date il obtint une bourse pour Paris, où Charcot l’initia à l’emploi de la méthode hypnotique: en 1889, il fit un stage à Nancy, dans le service de Bernheim. En 1891, après avoir ouvert un cabinet médical à Vienne, il travailla avec Breuer qui lui avait fait connaître la méthode cathartique ou «cure par la parole», qu’il appliqua à l’analyse des images du rêve (1895) et à l’explication des actes manqués (1898). Puis Freud fut conduit à pratiquer sur lui-même une longue analyse, au cours de laquelle il découvrit le complexe d’Œdipe (1897-1902). À partir de 1902 se joignirent à Freud quelques disciples fervents: Federn, Steckel, Adler, Abraham, Bleuler, Ferenczi, Rank, Jung, qui répandirent la psychanalyse dans le monde entier. Freud continua ses recherches, étendit le domaine de l’investigation psychanalytique à l’art, à l’ethnologie, à l’histoire de la civilisation. La fin de sa vie fut assombrie par des dissensions au sein de son équipe et par la montée du nazisme. Principales œuvres: l’Interprétation des rêves (1900), Psychopathologie de la vie quotidienne (1901), Trois Essais sur la théorie de la sexualité (1905), Totem et Tabou (1913), Introduction à la psychanalyse (1916), Au-delà du principe de plaisir (1920), Ma vie et la psychanalyse (1925), Malaise dans la civilisation (1930), Moïse et le monothéisme (posth., 1939).

 

 

 

XXème siècle

 

 

Lucien LEVY-BRUHL (1857-1940) Philosophe français auteur d'études sur la morale socialiste, il a écrit La Morale et la science des moeurs [1903], La mentalité primitive [1922], Le surnaturel et la nature dans la mentalité primitive [1931]

Edmond GOBLOT (Mamers, 1858 - Labaroche, 1935), philosophe et logicien français. Il a laisser des études de logique (en particulier sur la théorie de la démonstration téléologique) et de philosophie de sciences. Parmi ses œuvres : Essai sur la classification des sciences (1898), Traité de logique (1918), Système des sciences (1921).

Jules Achille GAULTIER DE LAGUIONIE (dit Jules de Gaultier) (Paris, 1858 ­ Boulogne-sur-Seine, 1942), philosophe et essayiste français. Il fut un des principaux représentants du nietzschéisme en vogue dans les milieux littéraires de l'époque. Auteur de : De Kant à Nietzsche (1900), le Bovarysme, essai sur le pouvoir d'imaginer (1902).

Chr. von ENRENFELS (1859 - 1932), philosophe autrichien.

Emile MEYERSON (1859, à Lublin - 1933), philosophe français auteur de travaux de philosophie des sciences. A l'encontre du conventionnalisme et du positivisme, il affirma que la connaissance scientifique vise à expliquer les phénomènes, à en connaître les causes effectives en ramenant le divers, l'hétérogène à l'unité, à l'homogène. Auteur de : Identité et réalité (1908), De l'explication dans les sciences (1921), Du cheminement de la pensée (1931).

John DEWEY (Burlington, Vermont, 1859 ­ New York, 1952), philosophe, pédagogue et psychologue américain influencé par le pragmatisme.

Henri BERGSON (Paris, 1859 ­ id., 1941), philosophe spiritualiste français, adversaire du néo-kantisme, du positivisme scientiste et du matérialisme. Il s’est livré à une analyse critique de la connaissance à l’aide des concepts de durée, de mémoire, d’élan vital (vitalisme) et surtout d’intuition. Parmi ses œuvres : Essai sur les données immédiates de la conscience (1889), Matière et Mémoire (1896), le Rire, essai sur la signification du comique (1900), l’Évolution créatrice (1907), l’Énergie spirituelle (1919), Durée et Simultanéité (1922), les Deux Sources de la morale et de la religion (1932), la Pensée et le Mouvant (1934). Acad. fr. (1914), P. Nobel de littérature 1927.

Edmund HUSSERL (Prossnitz, Moravie, 1859 ­ Fribourg-en-Brisgau, 1938) Philosophe allemand, auteur de l'analyse phénoménologique et qui a fortement inspiré la pensée du XXème siècle, à travers Heidegger, Scheler, Lévinas, Ingarden, Sartre, Merleau-Ponty, Ricoeur. Sa doctrine, élaborée en réaction contre le subjectivisme et l’irrationalisme du début du XXème siècle, se définit comme une phénoménologie, ou science descriptive des essences. Principales œuvres : Recherches logiques (1900-1901), La philosophie comme science rigoureuse (1911), Idées directrices pour une Phénoménologie (1913), Leçons sur la conscience intime du temps (1925), Logique formelle et logique transcendantale (1929), Méditations cartésiennes (1932), La crise des sciences européennes et la philosophie transcendantale (1936), Expérience et jugement (1938).

Lucien LABERTHONNIÈRE (Chazelet, Indre, 1860 ­ Paris, 1932), théologien et philosophe français. Il dirigea les Annales de philosophie chrétienne (1905- 1913). Doctrine de l'immanence pour laquelle le surnaturel et la grâce répondent à un désir profond de l'homme, sa philosophie religieuse insiste sur le sens pratique, moral, des dogmes théologiques. Attaquée par les thomistes, elle fut condamnée comme "moderniste" par l'encyclique Pascendi du pape Pie X (1907). Ses œuvres : Essais de philosophie religieuse (1903), Le réalisme chrétien et l'idéalisme grec (1904), Mises à l'index (1907), Esquisse d'une philosophie personnaliste (posthume, 1942).

Rudolph OTTO (Peine, 1860 - Marburg, 1937), philosophe allemand. Il se détourna de toute explication rationnelle ou morale de la religion pour décrire avec la plus grande précision le "phénomène" de la conscience religieuse. Sa phénoménologie du sacré, par laquelle il tente d'approcher négativement le "religieux" en le distinguant de toutes ses approximations (la crainte, le mystère, l'énorme, le fascinant), est devenu un classique de la philosophie. Auteur de : le Sacré (1917).

Frédéric RAUH (Saint-Martin-le-Vinoux, Isère, 1861 ­ Paris, 1909), philosophe moraliste français. Il est surtout connu par son ouvrage sur L'Expérience morale (1903); rapprochant la certitude morale de la vérité scientifique, il y affirme la possibilité d'une morale positive (caractérisée par une attitude objective, impersonnelle, ouverte à la diversité et à la nouveauté des expériences et situations tant individuelles que sociales).

Rudolf STEINER (Kraljevic, Croatie, 1861 ­ Dornach, près de Bâle, 1925), philosophe et pédagogue autrichien. Il fut le fondateur de la Société anthroposophique, mouvement philosophique et religieux dont la doctrine est une tentative de syncrétisme entre les mystiques chrétienne et orientale. Parmi ses nombr. œuvres: la Science occulte (1910), Éducation de l’enfant du point de vue de la science spirituelle...

Alfred North WHITEHEAD (Ramsgate, Kent, 1861 ­ Cambridge, Massachusetts, 1947), mathématicien et philosophe américain d’origine anglaise; l’un des princ. théoriciens de la logique mathématique moderne: Principia mathematica (en collab. avec B. Russell, 1910-1913).

Maurice BLONDEL (Dijon, 1861 ­ Aix-en-Provence, 1949), philosophe français. Pour ce penseur catholique, la foi véritable est indissociable de l’action effective. Sa philosophie de l'action est en vérité une religion de l'action, qui découvre, dans l'expérience de la volonté agissante, un monde "supraphénoménal", celui de la foi incarnée. Parmi ses œuvres : l’Action, essai d'une critique de la vie et d'une science de la pratique (1893), l'Illusion idéaliste (1898), l’Être et les êtres (1934), la Pensée (1935), l'Esprit chrétien et la philosophie (1939).

Heinrich RICKERT (Dantzig, 1863 - Heidelberg, 1936), philosophe allemand. Elève de Windelband, il fut un des représentants de l'école de Bade (néo-kantisme). La tâche de la philosophie consiste, selon lui, à étudier les rapports entre le règne des valeurs (absolu et idéal) et la réalité, c'est-à-dire, à expliciter le sens des objets et des événements en fonction d'une valeur déterminée [domaine de la culture]. Auteur de : L'objet de la connaissance (1892), Science de la culture et science de la nature (1899)...

Victor BASCH (Budapest, 1863 ­ Neyron, Ain, 1944) Philosophe français. Ses travaux : L'esthétique de Kant (1896) et La poétique de Schiller (1897), lui valurent la première chaire d'esthétique à la Sorbonne. Auteur des ouvrages La philosophie allemande au XIXe siècle (1912), et Les doctrines politiques des philosophes classiques de l'Allemagne (1928), il se trouva mêlé à la vie politique dès 1898 au moment de la révision du procès de Dreyfus, participa à la création de la section de la Ligue des droits de l'homme à Rennes, au mouvement anti-fasciste lors du Front populaire, et fut assassiné avec sa femme par les miliciens, sous l'occupation.

George SANTAYANA (Madrid, v. 1863 - Rome, 1952), philosophe américain d'origine espagnole. A mi-chemin du naturalisme et de l'idéalisme, sa philosophie voit dans le matérialisme mécaniste la seule explication rationnelle des choses, tout en admettant que la conscience est créatrice de valeurs. Ses œuvres philosophiques sont : La vie de la raison (1903-1906), Le domaine de l'être (1927), Le domaine de l'esprit (1940). Ses œuvres littéraires : Poèmes (1921), Le dernier puritain (1935).

Miguel Unamuno y Jugo UNAMUNO ( dit de) (Bilbao, 1864 ­ Salamanque, 1936), écrivain espagnol. Poète (Poésies, 1907), philosophe (le Sentiment tragique de la vie, 1912), romancier (Brume, 1914), hostile à tout dogmatisme, il a été un des inspirateurs spirituels du régime républicain.

Ferdinand Canning Scott SCHILLER (Ottensen, 1864 - Los Angeles, 1937), philosophe anglais. Sa philosophie, qu'il qualifia d'humanisme, est proche du relativisme de Protagoras et du pragmatisme de W. James.

Lev Isaakovitch Chvartsman CHESTOV (dit Léon) (Kiev, 1866 ­ Paris, 1938), écrivain et philosophe russe. Son évolution intellectuelle et spirituelle fut profondément marquée par l'influence de penseurs comme Tolstoï, Dostoïevski, Nietzsche, Pascal et Kierkegaard. Après eux, il dénonça les vérités évidentes et rassurantes de la raison, leur opposant l'expérience de l'absurde et du tragique de l'existence humaine. Son irrationalisme religieux en fait un des promoteurs de l'existentialisme chrétien. Auteur de : L'idée de bien chez Tolstoï et Nietzsche (1900), Dostoïevski et Nietzsche (1903), les Révélations de la mort (1923), La philosophie de la tragédie (1927), Kierkegaard et la philosophie existentielle (1936), Athènes et Jérusalem (1938).

Georges DUMAS (Lédignan, Gard, 1866 ­ 1946), philosophe, médecin et psychologue français. Il contribua par ses travaux au développement de la psychologie expérimentale, fonda avec P. Janet le Journal de psychologie normale et pathologique (1904). Sous sa direction fut publié un important Traité de psychologie (1923-1924, réédité en 1930-1948).

Benedetto CROCE (Pescasseroli, Abruzzes, 1866 ­ Naples, 1952), critique littéraire, historien et philosophe italien. Influencé princ. par G. Vico et Hegel, il a montré, dans le développement progressif de la liberté, le moteur du passé et l’idéal spirituel du futur: Philosophie de la pratique (1908), Bréviaire d’esthétique (1913), l’Histoire comme pensée et action (1938), etc. Antifasciste, il devint en 1944, après le renversement de Mussolini, ministre, puis député, et, en 1948, sénateur; il fut également président du parti libéral italien.

Emile CHARTIER dit ALAIN (Mortagne-au-Perche, 1868 ­ Le Vésinet, 1951), universitaire et philosophe français. Radical-socialiste, parti du kantisme, il a développé un humanisme cartésien qui, dans le domaine de l’esthétique, privilégie le rôle de la raison au détriment de l’affectivité : Système des beaux-arts (1920), Elément d'une doctrine radicale (1925), Le citoyen contre les pouvoirs (1926), Les idées et les Âges (1927), Entretient au bord de la mer (1931), Les Dieux (1934), Propos sur le bonheur, éléments de philosophie.

Léon BRUNSCHVICG (Paris, 1869 ­ Aix-les-Bains, 1944), philosophe et épistémologue français. Son idéalisme positiviste est fondé sur l’analyse mathématique: les Étapes de la philosophie mathématique (1912). On lui doit une précieuse édition de Pascal (1920) et notamment : Les âges de l'intelligence. La modalité du jugement [1893]. L'expérience humaine et la causalité physique [1921].

Édouard LE ROY (Paris, 1870 ­ id., 1954), mathématicien et philosophe français; disciple cathol. d’Henri Poincaré et de Bergson. Il a critiqué la théologie traditionnelle et insisté sur le caractère éthique des dogmes. Auteur de : Dogmes et critique (1907), les Origines humaines et l’Évolution de l’intelligence (1928). Acad. fr. (1945).

Bertrand RUSSELL (Trelleck, pays de Galles, 1872 ­ près de Penrhyndeudraeth, id., 1970), mathématicien logicien et philosophe britannique. Il s’attacha à approfondir les principes du raisonnement mathématique, et fut le promoteur d’un logicisme rigoureux dans sa méthode d’analyse et son langage symbolique (Principia mathematica, 1910-1913, en collab. avec A. N. Whitehead). P. Nobel de littérature 1950. Jusqu'à la fin de sa vie, il ne cessa de lutter pour la paix dans le monde, militant contre l'utilisation militaire de l'arme nucléaire, contre les dangers du nationalisme et créant un tribunal révolutionnaire (Tribunal Russell, 1961) pour juger les activités de guerre des Etats-Unis au Viêt-nam. Il est à l'origine de la logique contemporaine. Princ. œuvres : Leçon sur la social-démocratie allemande (1896), Principes de la philosophie (1912), Notre connaissance du monde extérieur (1914), Méthode scientifique en philosophie (1916), Principes de reconstruction sociale (1916), Chemins vers la liberté (1918), Introduction à la philosophie mathématique (1919), Théorie et pratique du bolchevisme (1920), Le mariage et la moral (1927), La conquête du bonheur (1930), Education et ordre social (1932), Recherche sur la signification et la vérité (1940), La connaissance humaine : son étendue et ses limites (1948), Mon développement philosophique (Autobiographie, 1959), Sciences et religion.

Alexandre Alexandrovitch Malinovski, dit BOGDANOV (1873 ­ Moscou, 1928), philosophe, économiste et sociologue russe. Bolchevik jusqu'en 1907, il fut, à partir de 1908, un des principaux représentants du mouvement de mise en question et de révision du matérialisme dialectique et historique de Marx et d'Engels et créa "l'empiriomonisme", variété de l'empiriocriticisme, dont les positions idéalistes furent vivement critiquées par Lénine.

Muhammad IQBAL (Sialkot, 1873 ­ Lahore, 1938) Philosophe et poète indien de religion musulmane. Il écrivit en urdu, persan et anglais de très nombreux poèmes et des œuvres politiques et philosophiques qui sont à l'origine de l'idée du Pakistan. Parmi ses œuvres, les plus importantes sont d'ordre religieux et philosophique : Les secrets du non-moi, Le glaive de Moïse, Message de l'Orient, Livre de l'éternité.

Max SCHELER (Munich, 1874 ­ Francfort-sur-le-Main, 1928) Philosophe allemand, qui accorde à la personne humaine une place prépondérante. Il a écrit : L'homme du ressentiment (1912-1915), Le formalisme en éthique et l'éthique matérielle des valeurs (1913-1916), Renversement des valeurs (1919), Nature et formes de la sympathie (1923), la Situation de l’homme dans le monde (1928)...

Ernst CASSIRER (Breslau, 1874 ­ New York, 1945), philosophe allemand. Devant la progression du national-socialisme, il s'exila en 1933 en Suède, puis en 1941 aux Etats-Unis. Il a développé le criticisme kantien dans une perspective historique. Auteur de : Critique cartésienne de la connaissance mathématique et physique (1899), Problème de la connaissance dans la philosophie et les sciences du temps présent (1906-1920), Concept de substance et concept de fonction (1910), Liberté et forme (1917), Philosophie des formes symboliques (1923-1929, 3 vol.), Langage et mythe (1925), La philosophie des grecs des origines à Platon (1925), L'individu et le cosmos dans la philosophie de la Renaissance (1927), La philosophie des Lumières (1932), Déterminisme et indéterminisme dans la physique moderne (1936), Eloge de la métaphysique, Axel Hägerström (1939), Descartes, Corneille et Christine de Suède (1941), Essai sur l'homme (1944), Mythe de l'état (posth., 1946).

Nicolas BERDIAEFF ou BERDIAEV (Kiev, 1874 ­ Clamart, 1948), philosophe russe. Marxiste devenu chrétien, il vécut en France à partir de 1925. Se rattachant à l'existentialisme chrétien, sa pensée est centrée sur le problème de la liberté humaine. Il chercha le sens de l'histoire dans l'ordre spirituel et dans la relation de l'homme et de Dieu. Sa philosophie est aussi une théosophie eschatologique. Auteur de : Philosophie de la liberté (1911), De la destination de l'homme (1935), Cinq méditations sur l’existence (1936), Esprit et Réalité (1943), Essai de métaphysique eschatologique (1946).

Emil LASK (Autriche, 1875 ­ Carpates, sur le front russe, 1915), philosophe allemand. Il fut professeur à Fribourg, puis à Heidelberg (1910). Sa réflexion est un essai pour dépasser le néo-kantisme et pour fonder une métaphysique de la connaissance. Son œuvre expose finalement une synthèse entre le criticisme de Kant et l'intuitionnisme de la phénoménologie de Husserl. Il fut le professeur de Heidegger. Ses œuvres complètes (Gesammelte Schriften, 1923) comprennent notamment l'Idéalisme de Fichte et l'histoire (1902), la Philosophie du droit (1905), la Logique de la philosophie et la théorie des catégorie (1911) et la Théorie du jugement (1912).

Giovanni GENTILE (Castelvetrano, Sicile, 1875 ­ Florence, 1944), philosophe et homme politique italien. Son système néo-hégélien (Théorie générale de l’Esprit comme acte pur, 1916) devint la doctrine philosophique officielle du fascisme. Il fut exécuté par les partisans.

Albert RIVAUD (Nice, 1876 - Bourges, 1956), philosophe français. Spécialiste d'histoire de la philosophie, il est l'auteur de travaux sur la philosophie antique et sur Spinoza. Auteur de : Le problème du devenir et la notion de matière dans la philosophie grecque, Les grands courants de la pensée antique, Les notions d'essence et d'existence dans la philosophie de Spinoza, Histoire de la philosophie.

Émile BRÉHIER (Bar-le-Duc, 1876 - Paris, 1952), philosophe français. Directeur de la Revue de philosophie à partir de 1940, il s'est consacré à des travaux d'histoire de la philosophie antique (stoïcisme, Plotin), médiévale, allemande (en collab. avec P. Ricoeur) et donna, en collaboration, une importante Histoire de la philosophie (1923-1932).

Bruno BAUCH (1877 - 1942) Philosophe allemand. Représentant de l'école de Bade, il mit en question la rigidité du système des catégories de l'entendement de Kant, ainsi que sa morale de l'impératif catégorique, qu'il compléta par le système des valeurs culturelles.

Martin BUBER (Vienne, 1878 ­ Jérusalem, 1965), philosophe et théologien israélien d’origine autrichienne. Lors de la montée du national-socialisme, il se fixa en Palestine, où il enseigna à l'université de Jérusalem (1938-1950). Son personnalisme religieux est inséparable de sa méditation spirituelle qui s'inscrit dans le courant judaïque, populaire et anti-intellectualiste du hassidisme. Le Je et le Tu (1923) expose sa philosophie existentielle du dialogue. Buber était partisan de la coexistence pacifique des Arabes et des Juifs en Palestine. Auteur de : De l'esprit du judaïsme (1916), Mon chemin vers le hassidisme (1918), Le message du hassidisme (1952), Le Je et le Tu (1923), Histoire du hassidisme (1927), La vie en dialogue (1932), Gog et Magog (1941), les Chemins de l'utopie (1949).

Oswald SPENGLER (Blankenburg, Harz, 1880 ­ Munich, 1936), philosophe allemand. Théoricien du germanisme, il a défendu une conception cyclique de l’histoire des civilisations. Influencé par Nietzsche, sa doctrine pessimiste de l'histoire de l'Occident connut un large écho après la première et surtout la seconde Guerre mondiale. Auteur de : Prussianisme et socialisme (1919), le Déclin de l’Occident (2 vol., 1918-1922), L'homme et la technique.

Moritz GEIGER (Francfort, 1880 ­ Maine, 1937), philosophe allemand disciple de Edmund Husserl. Loin de se limiter à la phénoménologie, il se consacré également à la psychologie, à l'épistémologie et à l'esthétique. Auteur de : Sur la phénoménologie de la jouissance esthétique.

Hermann, comte von KEYSERLING (Könno, Livonie, 1880 ­ Innsbruck, 1946), philosophe allemand d’origine balte. Il a voyagé autour du monde (Ceylan, Inde, Chine, Japon, Amérique). Dans son école de la Sagesse, fondée à Darmstadt (1920), il souhaita unir l’intellectualisme occidental au spiritualisme oriental (le Journal de voyage d’un philosophe, 1919; Analyse spectrale de l’Europe, 1928; Diagnostic de l’Amérique, 1931; La vie intime, 1946).

Pierre TEILHARD DE CHARDIN (chât. de Sarcenat, com. d’Orcines, Puy-de-Dôme, 1881 ­ New York, 1955), jésuite, philosophe et paléontologue français. Se passionnant pour les problèmes concernant l’origine de l’homme, Teilhard, à travers une œuvre qui apparaît comme une vision globale du monde, s’est efforcé de concilier les enseignements de la science moderne (l’évolutionnisme, notamment) et les dogmes de la foi chrétienne. Son œuvre abondante (et longtemps suspecte aux yeux de l’Église) n’a été éditée qu’après sa mort: le Phénomène humain (1955), l’Apparition de l’homme (1956), le Milieu divin (1957), etc.

Moritz SCHLICK (Berlin, 1882 - Vienne, 1936) Philosophe allemand. Professeur de philosophie des sciences inductives à Vienne, il fonda le Cercle de Vienne. Développant et nuançant les thèses du Tractatus logico-philosophicus (1921) de L. Wittgenstein, il a exposé la théorie générale de la connaissance du positivisme logique (ou néo-positivisme), fondée sur la distinction des énoncés empiriques (synthétiques a posteriori) et des propositions logiques de la science (analytiques ou tautologiques), et dénonçant les pseudo-problèmes de la métaphysique. Il s'intéressa également aux questions d'esthétique et d'éthique. Il fut assassiné par un étudiant. Auteur de : Espace et temps dans la physique contemporaine (1917), Théorie générale de la connaissance (1918), Question d'éthique (1930).

Otto NEURATH (Vienne, 1882 - Oxford, 1945) Philosophe et logicien d'origine autrichienne. Représentant du Cercle de Vienne, auteur d'un ouvrage sur le physicalisme (1931), il dirigea à Chicago L'International Encyclopedia of Unified Science, avec R. Carnap et Ch. Morris.

Nicolaï HARTMANN (Riga, 1882 ­ Göttingen, 1950) Philosophe allemand. Influencé par le néo-kantisme de l'école de Marburg et la méthode phénoménologique de Husserl, il tenta de les dépasser, renouant avec la métaphysique d'Aristote et posant de façon originale le problème de l'être. Principales œuvres : Fondement de l'ontologie (1935)...

Édouard SPRANGER (Grosslichterfelde, 1882 - Tübingen, 1963), philosophe et psychologue allemand. D'abord influencé par l'idéalisme, il fut influencé par la philosophie de la culture et l'historisme de W. Dilthey. En psychologie, il tenta de donner une classification des hommes suivant les valeurs qui les intéressent le plus (théoriques, économiques, esthétiques, sociales, politiques, religieuses).

Jacques MARITAIN (Paris, 1882 ­ Toulouse, 1973), philosophe français. Catholique converti, adversaire de Bergson, il fut le promoteur d’un renouveau de la pensée thomiste: Primauté du spirituel (1927), Humanisme intégral (1947).

René Le SENNE (Elbeuf, 1882 ­ Paris, 1954) Philosophe idéo-existentialiste. Fondateur avec Lavelle de la collection Philosophie de l'esprit. Il fut l’un des fondateurs de cette discipline alors nouvelle qu'est la caractérologie. Auteur de : Introduction à la philosophie (1925), Le Devoir [1930]. Obstacle et valeur [1934]. Traité de morale générale (1942), Traité de caractérologie (1945).

Louis LAVELLE (Lot-et-Garonne, 1883 - 1951) Philosophe français. Philosophe spiritualiste, il fonda avec Le Senne la collection Philosophie de l'esprit. Dépassant l'angoisse existentielle de la subjectivité qui s'isole (L'erreur de Narcisse, 1939), il fit de la participation à l'être, à l'acte pur, "l'expérience initiale par laquelle le moi constitue l'existence qui lui est propre", tout en affirmant la transcendance divine, et considéra l'actualisation des valeurs que l'homme porte en lui comme le but de la vie morale. Auteur de : La dialectique de l'éternel présent : De l'être (1927), De l'acte (1937), Du temps et de l'éternité (1945), De l'âme (1951), Traité des valeurs (1951-1955).

Karl JASPERS (Oldenburg, 1883 - Bâle, 1969) Philosophe allemand existentialiste chrétien. D’abord spécialiste de psychopathologie, il s’est orienté vers la métaphysique, développant certains thèmes existentiels de Kierkegaard pour affirmer l’originalité irréductible du sujet humain. Parmi ses œuvres : Philosophie (3 vol., 1932), Raison et existence [1935] Philosophie de l’existence (1938).

Léon CHWISTEK (1884 - 1949), mathématicien, logicien et philosophe polonais. Auteur de recherches sur la théorie des types de Russell, à laquelle il apporta quelques modifications, il a affirmé son espoir dans l'idéal du logicisme (réduction des mathématiques à la logique), tout en constatant que l'état des sciences était loin d'y répondre. Parmi ses œuvres : The limits of sciences.

Gaston BACHELARD (Bar-sur-Aube, 1884 - Paris, 1962) Philosophe et épistémologue français. Travaillant sur l’épistémologie (le Nouvel Esprit scientifique, 1934; le Rationalisme appliqué, 1949, etc.), il a également entrepris une «psychanalyse existentielle» de la matière. Auteur de : La valeur inductive de la relativité (1929), Le pluralisme cohérent de la chimie moderne (1932), Le nouvel esprit scientifique (1934), La dialectique de la durée (1936), Expérience de l'espace dans la physique contemporaine (1937), La formation de l'esprit scientifique : Contribution à une psychanalyse de la connaissance objective (1938), Psychanalyse du feu (1938), La philosophie du non : essai d'une philosophie du nouvel esprit scientifique (1940), Lautréamont (1940), l’Eau et les Rêves : essai sur l'imagination de la matière (1942), La Terre et les rêveries de la volonté : essai sur l'imagination des forces, (1948), La Terre et les rêveries du repos : essai sur l'imagination de l'intimité (1948), Le rationalisme appliqué (1949), la Poétique de l’espace (1957), La poétique de la rêverie (1961), La Psychanalyse de l'eau, L'intuition de l'instant.

Rudolph BULTMANN (1884 - 1976), théologien allemand. Auteur de : L'Histoire de la tradition synoptique (1921), Jésus, mythologie et démythologisation (1968), Foi et Compréhension (1968).

Étienne GILSON (1884 - 1978), philosophe français, né à paris. Il a renouvelé l'étude de la philosophie médiévale et particulièrement du thomisme, dont il a montré l'actualité. Auteur de : Le Thomisme (1921), La philosophie au Moyen Age (1922), La philosophie de saint Bonaventure (1924), La philosophie au Moyen Age (1925), Introduction à l'étude de saint Augustin (1929), L'esprit de la philosophie médiévale (1932), Héloïse et Abélard (1948) La philosophie et la théologie (1960), Introduction aux arts du beau (1963), Tribulation de Sophie, d'Aristote à Darwin et retour (1971)... (Acad. fr, 1946).

Alexander RÜSTOW (1885 - 1963), philosophe allemand penseurs de l'ordolibéralisme et de l'économie sociale de marché.

György LUKACS (Budapest, 1885 - 1971), philosophe critique et homme politique marxiste hongrois. Sa vie est à la fois celle d'un penseur et d'un homme d'action. Auteur de : L'âme et les formes (1911), La théorie du roman (1914-1915), Histoire et conscience de classe (1923), Existentialisme ou marxisme (1947), La destruction de la raison (1954), La signification présente du réalisme critique (1955).

Stanislaw LESNIEWSKI (1886 - 1939), philosophe polonais. Elève de Lukasiewicz représentant de l'école analytique de Pologne (école de Varsovie), il a tenté d'élaborer une théorie générale des objets avec pour but la création d'un système logique original qui servirait de fondement aux mathématiques.

Manuel GARCIA MORENTE (Arjolina, Andalousie, 1886 ­ Madrid, 1942), philosophe espagnole. Il eut le mérite de faire connaître en Espagne les principaux courants de la pensée de son époque (le néokantisme, l'historisme de Spengler, le bergsonisme, la phénoménologie).

Charles SERRUS (1886 - 1946), philosophe français. Tout en reconnaissant l'apport décisif de la logique mathématique moderne, il a refusé les tentatives du logicisme pour réduire les mathématiques à la logique. Parmi ses œuvres : Traité de logique (1935), Essai sur la signification de la logique (1939).

René GUÉNON (Blois, 1886 - Le Caire, 1951) Philosophe français. Fondateur de la revue Gnose (1909), il s'est livré à une étude approfondie des principaux textes mystiques (hindous, taoïste, musulmans), opposant à l'aspect exotérique des religions historiques constituées une tradition unique, originelle, la connaissance ésotérique. Auteur de : La métaphysique orientale (1939), Aperçus sur l'initiation (1946).

Albert BURLOUD (1888 - 1954), philosophe.

Jean WAHL (Marseille, 1888 - Paris, 1974), philosophe français. Sa conception, dont l'érudition est immense, de la métaphysique est originale. Pour lui, elle ne doit être liée ni à l'être, comme chez Aristote ou saint Thomas, ni à la totalité, comme chez Hegel, ni même au non-être, comme chez Heidegger. Une métaphysique sans ontologie, une métaphysique qui est une philosophie du cœur, de l'"extrême subjectivité", tel est le paradoxe que soutient Jean Wahl. Parmi ses œuvres : Études sur le Parménide de Platon, Le malheur de la conscience dans la philosophie de Hegel (1930), Vers le concret (1932), Études des kierkegaardiennes (1938), Existence humaine et transcendance (1944), historien des Philosophies de l’existence (1954) et Traité de métaphysique (1957).

Ludwig WITTGENSTEIN (Vienne, 1889 - Cambridge, 1951), philosophe et logicien britannique d’origine autrichienne. Ses recherches sur la notion de philosophie l’amenèrent à analyser la structure logique du langage et à préciser les limites de possibilités d’un discours. Parmi ses œuvres : Tractatus logico-philosophicus (1921), le Cahier bleu et le Cahier brun (1933-1935, notes des cours éditées en 1958), Investigations philosophiques (posth., 1953). Il exerça une influence considérable sur le cercle de Vienne.

Gabriel MARCEL (Paris, 1889 - id., 1973), dramaturge et philosophe français. Ses principaux ouvrages philosophiques (Journal métaphysique, 1927; Être et Avoir, 1935, Essai de philosophie concrète (1940), Homo viator (1946), Le mystère de l'être (1951), L'homme problématique (1955)) l’apparentent directement à l’existentialisme chrétien. Méditant sur l'existence concrète de l'homme engagé dans le monde, dans sa relation avec autrui, il a opposé au domaine de l'Avoir (tout ce qu'on peut posséder et donc aliéner) le mystère de l'Etre. Refusant le pessimisme de l'existentialisme athée, il a accordé une place importante à la transcendance et à la rencontre de l'homme et de Dieu dans la foi. Théâtre: Le seuil invisible (1914), le Cœur des autres (1921), La soif (1938), Rome n’est plus dans Rome (1951), Croissez et multiplier (1955).

Martin HEIDEGGER (Messkirch, Bade, 1889 - id., 1976) Philosophe allemand, inspiré de Husserl. Dans Être et Temps (Sein und Zeit, 1927), son ouvrage principal, il a développé les thèmes de l’angoisse, du néant, de l’engagement dans le monde, en rejetant la perspective philosophique «humaniste». Pour lui, l’objet essentiel de la philosophie n’est pas l’homme, mais l’Être, notion malaisée à définir, mais qui ne peut, semble-t-il, être ramenée à l’idée de Dieu. Le questionnement central de Heidegger est : que signifie, pour une chose qui est, pour l’«étant» (homme, animal, plante, idée), le fait d’être ? Son œuvre, difficile d’accès, a exercé une très grande influence sur la philosophie contemporaine, voire sur la poésie (cf. ses commentaires sur Hölderlin). Son adhésion momentanée au nazisme a provoqué des polémiques. Parmi ses œuvres : Être et temps (1927), Qu'est-ce que la métaphysique ? (1929), Kant et le problème de la métaphysique (1929), Hölderlin et l'essence de la poésie (1936), Éclaircissements à Hölderlin (1944), Chemins qui ne mènent nulle parts (1950), Qu'appelle-t-on penser ? (1951-1952), Introduction à la métaphysique (1953), L'expérience de la pensée (1954), Essais et conférences (1958), Acheminement vers la parole (1959), Nietzsche (1961), Le principe de raison (1962), Qu'est-ce qu'une chose (1962).

Edith STEIN, en religion bienheureuse Thérèse Bénédicte de la Croix (Breslau, auj. Wroclaw, 1891 - Auschwitz, 1942), philosophe allemande, élève de Husserl. Juive, elle se convertit au catholicisme et entra au carmel de Cologne. En 1938, elle émigra aux Pays-Bas. Elle mourut en déportation et fut béatifiée en 1987. Son ouvrage Endliches und ewiges sein (1950) tente d'unir la phénoménologie avec le personnalisme chrétien.

Martial GUEROULT (1891 - 1976), philosophe français et historien de la philosophie. Ses travaux sur la philosophie de Fichte, sur la philosophie transcendantale de Salomon Maïmon, sur Leibniz, et plus récemment, sur Descartes selon l'ordre des raison (1953), Malebranche (1955-1959), Spinoza (1967) ont élevé, pour la première fois historiquement exacte et philosophiquement rigoureuse : l'exactitude historique se fonde sur la réalité des textes, la rigueur philosophique sur leur compréhension rationnelle. Auteur de : L'évolution et la structure de la doctrine fichtéenne de la science (1930), Dynamique et métaphysique leibniziennes (1934).

Hans REICHENBACH (Hambourg, 1891 - Los Angeles, 1953), philosophe et logicien allemand. Membre du Cercle de Vienne, il adopta des positions originales sur les problèmes de logique et de théorie de la connaissance. Il établit les bases d'"une logique à un nombre infini de valeurs, capable d'absorber le calcul des probabilités" et construisit un système logique à trois valeurs (vrai, faux, indéterminé) pour l'interprétation de la mécanique quantique. Sa conception de la vérifiabilité et du sens d'un énoncé, déterminé par son degré de probabilité, dérive de ses travaux logiques. Auteur de : Axiomatique des buts et des voies de la philosophie contemporaine de la nature (1931), Logique de la probabilité (1932), Théorie de la probabilité (1935).

Rudolf CARNAP (Ronsdorf, auj. Wuppertal, 1891 - Santa Monica, Californie, 1970), philosophe, épistémologue et logicien américain d’origine allemande. Il est l’un des fondateurs de l’école néo-positiviste dite «Cercle de Vienne». Il dirigea avec O. Neurath et Ch. Morris l'International Encyclopedia of Unified science. Auteur de : Structure logique du Monde (1928), L'élimination de la métaphysique par l'analyse logique du langage (1932), la Syntaxe logique du langage (1934), Signification et nécessité (1947), Introduction à la sémantique (1948), Fondations logiques de la probabilité (1950), Caractère méthodologique des concepts théoriques (1956), Fondements philosophiques de la physique (1966).

Walter BENJAMIN (Berlin, 1892 - Port-Bou, 1940), philosophe allemand.

Alexandre KOYRÉ (Taganrog, 1892 - 1964) mathématicien et philosophe russe. Il est surtout connu pour son œuvre d'histoire et de philosophie des sciences. Parmi ses œuvres : L'œuvre astronomique de Kepler, Etudes galiléennes, Du monde clos à l'univers infini, Etudes d'histoire de la pensée philosophique.

Étienne SOURIAU (Lille, 1892 - Paris, 1979), philosophe français, fils du précédent. Directeur de la Revue d'esthétique, il fut un des créateurs de la filmologie. Selon lui, chaque œuvre d'art est un univers singulier, avec ses dimensions spatiales, temporelles et spirituelles, et n'a d'autre fin que sa propre existence. Auteur de : Pensée vivante et perfection formelle (1925), Avenir de l'esthétique (1929), La correspondance des arts (1947).

Helmuth PLESSNER (Wiesbaden, 1892 - Göttingen, 1985), philosophe et sociologue allemand. Il est l'un des représentants de l’anthropologie philosophique. Auteur de : L'idée scientifique, une ébauche sur sa forme (1913), Crise de la vérité transcendantale (1918), L'unité des sens, fondement d'une esthésiologie de l'esprit (1923), Les limites de la communauté, une critique du radicalisme sociale (1924), Les étapes de l'organique et l'homme, introduction à l'anthropologie philosophique (1928), Le rire et le pleurer, une étude des limites du comportement humain (1941 trad.fr. 1995), Le sourire (1950), L'émancipation du pouvoir (1962), Anthropologie des sens (1970)...

Roman INGARDEN (1893 - 1970) philosophe polonais théoricien de la littérature et de l'art, est un des représentants de la phénoménologie. Disciple de Husserl, il continue et développe sa pensée, tout en l'orientant vers des voies nouvelles. Aussi, apparaît-il comme un adepte et, en même temps, comme un rénovateur de la phénoménologie husserlienne.

Aldous HUXLEY (Godalming, Surrey, 1894 - Los Angeles, 1963), frère de sir Julian Sorell; écrivain anglais. Pessimiste, voire cynique, il évolua vers un idéalisme religieux inspiré des doctrines orientales. Parmi ses œuvres : Contrepoint (roman, 1928), le Meilleur des mondes (roman, 1932), la Philosophie éternelle (essai, 1946).

Max HORKHEIMER (Stuttgart, 1895 ­ Nuremberg, 1973), philosophe et sociologue allemand. Il dirigea l’Institut de recherches sociales de Francfort-sur-le-Main (1930), autour duquel s’est organisée l’école de Francfort. Sa philosophie s’inspire du matérialisme historique de Marx : Dialectique de la raison (en collaboration avec Th. Adorno, 1947).

Gaston BERGER (1896 - 1960), philosophe et psychologue français. Parti d'une réflexion sur les problèmes psychologiques et logiques de la connaissance, il fut amené à une critique de la phénoménologie (plus particulièrement du sujet transcendantal, ou cogito) de Husserl; puis il s'orienta vers des recherches plus concrètes de psychologie. Auteur de : Traité pratique d'analyse du caractère (1951), Caractère et personnalité (1954).

Karl LÖWITH (Munich, 1897 ­ Heidelberg, 1973), philosophe allemand. Fils du peintre Wilhelm Löwith (1861-1932), spécialiste de Nietzsche et théoricien de la philosophie de l'histoire, sur laquelle il a fait paraître un livre important, Histoire et salut.

Herbert MARCUSE (Berlin, 1898 ­ Starnberg, Allemagne, 1979), philosophe américain d’origine allemande. Son œuvre est une critique des sociétés industrielles, inspirée du marxisme et de l’analyse freudienne des rapports sociaux. Principales œuvres : L'ontologie de Hegel et la théorie de l'historicité (1932), Éros et Civilisation (1955), Le marxisme soviétique (1963), l’Homme unidimensionnel (1964), La foi de l'utopie, Philosophie et révolution (1965), Contre-révolution et révolte (1966), Raison et révolution (1969), Culture et société (1970).

Hans-Georg GADAMER (Breslau, 1900 - Heidelberg, 2002), philosophe allemand. Professeur à Marburg (1937), Leipzig (1939), Francfort (1947) et à Heidelberg (1949). Il étudia la pensée de Platon avant de rencontrer Heidegger. Il est considéré comme le fondateur de l'herméneutique contemporaine de par son œuvre Vérité et méthode où il donne un accent ontologique à sa philosophie. Pour lui, la condition essentielle pour appréhender la vérité d'une œuvre (artistique ou philosophique) est la "conscience de sa détermination historique". Son œuvre se situe dans une perspective heideggerienne de l'existence. Auteur de : L'éthique dialectique de Platon (1931), Goethe et la philosophie (1947), Vérité et méthode (1960), Dialectique de Hegel (1971), l'Histoire du concept et le langage de la philosophie (1971), Qui suis-je et qui es-tu ? (1973), Le problème de la conscience historique, Les chemins de Heidegger, Esquisses herméneutiques (2000).

Jean GUITTON (Saint-Étienne, 1901 - 1999), philosophe français; un des maîtres de l’école contemporaine de philosophie chrétienne : le Temps et l’Éternité chez Plotin et saint Augustin (1933), Portrait de M. Pouget (1941), Siloé, heures de méditation en Terre sainte (1965). Acad. fr. (1961).

Charles W. MORRIS (1901 - 1979) Philosophe et sémioticien américain. Représentant du néo-positivisme en Amérique, il a dirigé, avec R. Carnap et O. Neurath, l'International Encyclopedia of Unified Science, et a cherché à intégrer aux études syntaxiques et sémantiques sur le langage une "pragmatique" (règles de l'utilisation des signes par le sujet). Auteur de : Logical positivism, Pragmatism and scientific empiricism (1937), Foundations of the theory of signs (1938).

Henri LEFEBVRE (Hagetmau, Landes, 1901 ­ Pau, 1991), philosophe et sociologue français; auteur d’études marxistes surtout consacrées à l’aliénation des hommes dans la société contemporaine. Parmi ses œuvres : La conscience mystifiée (1936), Le matérialisme dialectique (1939), Critique de la vie quotidienne (1947-1962), la Somme et le Reste (1959), le Droit à la ville (1973).

Alexandre KOJÈVE (Moscou, 1902 ­ Paris, 1968), philosophe d'origine russe. Il fut en France un des rénovateurs des études sur Hegel dont il interpréta la philosophie dans un sens existentiel et athée. Auteur de : Introduction à la lecture de Hegel (1962), Essai d'histoire raisonnée de la philosophie païenne (1968).

Gerhard KRÜGER (1902 - 1972), philosophe allemand. Elève de Nicolaï Hartmann et de Heidegger, il fut l’ami de Rudolf Bultmann, de Hans-Georg Gadamer, de Karl Löwith et de Leo Strauss.

Karl POPPER (sir Karl Raimund) (Vienne, 1902 ­ Londres, 1994), philosophe et épistémologue britannique d’origine autrichienne. Il a consacré ses principaux travaux à l’épistémologie, et a défini les critères de démarcation entre science et métaphysique. Parmi ses œuvres : Logique de la connaissance scientifique (1934); la Société ouverte et ses ennemis (1962-1966).

Raymond RUYER (1902 - 1987) philosophe français. Il est l'un des précurseurs de l'actuelle école structuraliste. Il affirme une pensée très originale, en rupture avec le courant phénoménologique qui prenait alors son essor. Auteur de : Esquisse d'une philosophie de la structure, La conscience et le corps, Le monde des valeurs, L'Utopie et les Utopies, Néofinalisme, La cybernétique et l'origine de l'information, La philosophie de la valeur, Paradoxes de la conscience et limites de l'automatisme, Éloge de la société de consommation, Les nuisances idéologiques, La gnose de Princeton, Les nourritures psychiques, Les cent prochains siècles, Homère au féminin ou La jeune femme auteur de l'Odyssée, L'art d'être toujours content, Le sceptique résolu...

Henry CORBIN (Paris, 1903 - id., 1978), philosophe et orientaliste français. D'abord traducteur d'Heidegger, il deviendra ensuite l'un des rares philosophes à nous faire découvrir en profondeur la philosophie islamique avec notamment le chiisme iranien, l'ismaélisme... Auteur de : L'homme de lumière dans le soufisme iranien, L'Imagination créatrice dans le soufisme d'Ibn'Arabî, Philosophie iranienne et philosophie comparée, Le paradoxe du monothéisme, Temps cyclique et gnose ismaélienne, Avicenne et le récit visionnaire, Trilogie ismaélienne, Anthologie des philosophes iraniens aux XVIIe et XVIIIe siècles, Corps spirituel et Terre céleste, Histoire de la philosophie islamique, Face de Dieu, face de l'homme.

Vladimir JANKÉLÉVITCH (Bourges, 1903 ­ Paris, 1985), philosophe français. Sa pensée est fondée sur une philosophie du moi psychologique et une réflexion sur l’éthique (Bergson, 1931; le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien, 1957-1980). Il est également l’auteur de méditations sur la musique (la Musique et l’Ineffable, 1961). Il a écrit de nombreux ouvrages dont : Traité des vertus, La Mort, Le pur et l'impur, L'ironie, L'irréversible et la nostalgie (1974).

Jean CAVAILLÈS (Saint-Maixent, 1903 ­ Arras, 1944), philosophe des mathématiques et logicien français. Parmi ses œuvres : Méthode axiomatique et formalisme (1938), Sur la logique et la théorie de la science (posth. 1947). Résistant, il fut fusillé par les Allemands.

Theodor Wiesengrund ADORNO (Francfort-sur-le-Main, 1903 ­ Viège, 1969), philosophe, sociologue et musicologue allemand. Fondateur avec Max Horkheimer et Friedrich Pollock de l’école de Francfort (1923), Dialectique de la raison (en collaboration avec Horkheimer, 1947), théoricien de la «pensée négative» (Negative Dialektik, 1966), sa réflexion recouvre, en les associant, philosophie, marxisme, sociologie et esthétique (Philosophie de la musique nouvelle, 1949).

Hans JONAS (Mönchengladbach, sud Rhénanie, 1903 - 1993) philosophe allemand. Il eut pour professeurs Husserl, Heidegger et Bultmann (dont il suit le séminaire d'exégète biblique avec Hannah Arendt, qui deviendra son amie). Il part du constat suivant : l'éthique traditionnelle, fondée sur la simultanéité (l'impératif éthique ne concerne que le présent) et sur la réciprocité, n'est pas adaptée à un monde dont la survie n'est même pas garantie. La technique en effet, échappe progressivement au contrôle de l'homme et comporte des effets néfastes à long ou à très long terme (pollution, déchet industriels ou atomiques). Mais l'agir technologique menace également l'homme : il est désormais possible de modifier son comportement (drogues) et de manipuler son patrimoine génétique. Face à une nature et à une humanité fragilisée, il préconise que nous adoptions le "Principe responsabilité", en intégrant dans nos actions présentes le souci de préserver la vie de nos descendants. Auteur de : Le concept de gnose (1928), Le concept de Dieu après Auschwitz.

Gustave THIBON (Saint-Marcel d'Ardèche, 1903 - 2001), philosophe français. Il commence par travailler la terre, apprend seul le latin, découvre Saint Augustin qui le ramène à la foi chrétienne. Gabriel Marcel écrit de ses aphorismes que "quelques'uns suffiraient à la gloire d'un écrivain". Il invoque un réalisme total de la vie et de l'esprit. Parmi ses œuvres : Diagnostics (1940), L'échelle de Jacob (1942), Nietzsche ou le déclin de l'esprit (1948).

Eric WEIL (1904 - 1977) Philosophe français d'origine allemande. Professeur à la faculté de Lille; auteur de la Logique de la philosophie (1950), qui recense toutes les attitudes possibles des philosophes et corrélativement les "catégories" fondamentales des philosophies. Inspiré par Humbolt et surtout Cassirer, ce système s'achève en faisant de l'action le lieu où se réalise la "totalité de l'homme". La philosophie ne peut que penser, après coup, le sens des actions humaines. La Philosophie politique (1956) et la Philosophie morale (1961) complètent ce système, dont le fondement dernier ne pourrait être qu'une philosophie (et non une logique) du sens.

Georges CANGUILHEM (Castelnaudary, Aude, 1904 ­ Marly-le-Roi, Yvelines, 1995), philosophe français. Il est l’un des fondateurs de l’épistémologie contemporaine. Auteur de : La connaissance de la vie (1952-1965), la Formation du concept de réflexe aux XVIIème et XVIIIème siècles (1955), Le normal et le pathologique (1965), Études d’histoire et de philosophie des sciences (1968), Vie et mort de Jean Cavaillès (1976), Idéologie et rationalité dans l’histoire des sciences de la vie (1977).

Paul NIZAN (Tours, 1905 ­ Audruicq, près de Dunkerque, 1940), écrivain et philosophe français. Pamphlets : Aden Arabie (1931), les Chiens de garde [de la bourgeoisie](1932 - visant les philosophes universitaires). Essais : les Matérialistes de l’Antiquité (1936), Chroniques de septembre (1939). Romans : Antoine Bloyé (1933), Le cheval de Troie (1934), la Conspiration (1938). Militant et journaliste communiste jusqu’à la signature du pacte germano-soviétique, il est mort au combat.

Emmanuel MOUNIER (Grenoble, 1905 ­ Châtenay-Malabry, 1950), philosophe français. Il fonda, en 1932, la revue Esprit, dans laquelle il diffusa sa doctrine, le «personnalisme communautaire» : Qu’est-ce que le personnalisme? (1947), Introduction aux existentialismes, L'engagement de la foi.

Maurice NÉDONCELLE (Roubaix, 1905 ­ Strasbourg, 1976), philosophe et théologien français. Ordonné prêtre en 1930, il fut professeur de théologie aux facultés catholiques de Lille (1943-1945) puis de Strasbourg dont il fut doyen (1957-1965). Il s'intéressa à l'histoire de la pensée religieuse (La philosophie religieuse en Grande-Bretagne de 1850 à nos jours, 1934) et fut l'un des principaux représentants du personnalisme chrétien. Auteur de : La réciprocité des consciences (1942), Vers une philosophie de l'amour et de la personne (1957), Explorations personnalistes (1970), Intersubjectivité et ontologie, le défi personnaliste (1974).

James BURNHAM (Chicago, 1905 - 1987), philosophe américain. Affilié à un groupe trotskiste en 1933, il s'en sépara en 1940 et fit alors une analyse critique du marxisme, du socialisme et du capitalisme lui paraissant dépassés par le développement et la complexité croissante de l'économie mondiale où les techniciens sont appelés à jouer le rôle prépondérant (technocratie). Auteur de : L'être des organisateurs (1941), Les machiavéliens (1943), Pour la domination mondiale (1947).

Emmanuel LÉVINAS (Kaunas, Lituanie, 1905 ­ Paris, 1995), philosophe français d'origine juive. Sa philosophie de l'existence est marquée par l'influence de la phénoménologie de Husserl, par la philosophie de Heidegger qu'il a contribué à faire connaître en France et par Buber. Tout son effort est de montrer que la métaphysique, comprise comme "transcendance vers l'autre", précède l'ontologie comme science de l'être. La métaphysique doit devenir cette élucidation du rapport avec l'autre, qui ne doit aboutir ni à une totalisation historique, ni à une totalisation divine, mais à l'expérience de l'infini "dans le visage de l'autre". Parmi ses œuvres : La théorie de l'intuition dans la phénoménologie de Husserl (1930), De l’existence à l’existant (1947), le Temps et l’Autre (1948), En découvrant l'existence avec Husserl et Heidegger (1949), Totalité et Infini (1961), Essai sur l'éternité (1961), Difficile Liberté (essais sur le judaïsme, 1963), Humanisme de l’autre homme (1972), Autrement qu'être ou au-delà de l'essence (1974).

Raymond ARON (Paris, 1905 ­ id, 1983), philosophe et sociologue français. Libéral, il s’attacha à critiquer l’interprétation marxiste de l’histoire. Princ. œuvres: la Sociologie allemande contemporaine (1936), l’Opium des intellectuels (1955), Démocratie et totalitarisme (1965), Trois essais sur l’âge industriel (1966), Les étapes de la pensée sociologique (1967), La philosophie critique de l'histoire (1969), Penser la guerre, Clausewitz (1976).

Jean-Paul SARTRE (Paris, 1905 ­ id., 1980) Philosophe, romancier, essayiste et auteur dramatique français. Élève de l’École normale supérieure (1924-1928), agrégé de philosophie (1929), il enseigna au Havre, à Laon et à Paris jusqu’en 1945. Son premier ouvrage, l’Imagination (1936), fut suivi de l’Imaginaire (1940), étude inspirée de Husserl sur la nature de l’image et sur la «conscience imageante». L’Être et le Néant (1943) jette les fondements d’un existentialisme athée qui engendre une morale de l’engagement et de la responsabilité, ébauchée dans L’existentialisme est un humanisme (1946), ainsi qu’une philosophie de l’histoire, qui apparaît comme une tentative de conciliation de l’existentialisme sartrien et du marxisme (Critique de la raison dialectique, 1960). Sartre chercha à illustrer sa pensée dans des romans (la Nausée, 1938; les Chemins de la liberté, 1945-1949), des nouvelles (le Mur, 1939), des pièces de théâtre (les Mouches, 1943; Huis clos, 1944; la Putain respectueuse, 1946; les Mains sales, 1948; le Diable et le Bon Dieu, 1951; les Séquestrés d’Altona, 1959). Il réunit ses nombr. essais de critique philosophique, littéraire, politique ou sociale dans Situations (1947-1976), donna un récit autobiographique (les Mots, 1964) et appliqua une méthode de «psychanalyse existentielle» à l’étude de Baudelaire (1947), de Jean Genet (Saint Genet, comédien et martyr, 1952) et de Flaubert (l’Idiot de la famille, 1971-1972). Sartre refusa, en 1964, le prix Nobel de littérature qui lui était attribué. À la Libération, il a tenté de grouper les éléments de gauche non communistes dans un Rassemblement démocratique révolutionnaire et fonda en 1945 la revue les Temps modernes; il fut le premier directeur du quotidien Libération (1973).

Eugen FINK (1905 - 1976), philosophe allemand. Il est en 1930 l'assistant de Husserl et en 1946 professeur à l'université de Fribourg. Son premier ouvrage Représentation et image (1930), et suivi de l'article célèbre, la Philosophie phénoménologique de E. Husserl dans la critique présente, où il assigne à la réflexion phénoménologique la tâche de découvrir "l'origine du monde"; en quoi elle se distingue de la réflexion critique, dont le but est simplement de fonder notre connaissance du monde. Fink est l'auteur de la 6ème méditation cartésienne de Husserl, écrite avec l'assentiment total de ce dernier. Le but actuel de ses réflexions est de fonder spéculativement l'attitude descriptive de la phénoménologie. Auteur notamment de : Le problème de la phénoménologie de Husserl (1938), De l'essence de l'enthousiasme (1947), Contribution à l'histoire des débuts de l'ontologie (1957), le Jeu comme symbole du monde (1960), la Philosophie de Nietzsche (1960).

Hannah ARENDT (Hanovre, 1906 ­ New York, 1975), philosophe et sociologue américaine d’origine all. Elle a été l’une des premières à établir une analogie entre régime nazi et régime stalinien en s’appuyant sur des caractères constitutifs communs (parti unique, terreur policière, camps de concentration): les Origines du totalitarisme (1951) Auteur de : La condition de l'homme moderne (trad.fr.1961), La crise de la culture (trad.fr. 1972), Essai sur la révolution (trad.fr. 1967), Du mensonge à la violence (trad.fr. 1972), La vie de l'esprit (trad.fr. 1981).

Ferdinand ALQUIÉ (Carcassonne, 1906 ­ Montpellier, 1985), philosophe français, auteur d’ouvrages de philo. générale et spécialiste de Descartes: Leçons de philosophie (1931-1951), Notes sur les principes de la philosophie de Descartes (1933), Le désir d'éternité (1943), La découverte métaphysique de l'homme chez Descartes (1950), Descartes (1956), La conscience affective (1979).

Jean HYPPOLITE (Jonzac, Charente-Maritime, 1907 ­ 1968) Philosophe français. Il fut en France le principal promoteur du renouveau des études hégéliennes. Auteur de : Introduction à la philosophie de l'histoire de Hegel (1948), Logique et existence (1953), Etudes sur Marx et Hegel (1955).

Maurice MERLEAU-PONTY (Rochefort, 1908 ­ Paris, 1961), philosophe et écrivain français, inspiré de Husserl, professeur au Collège de France. Il dirigea la revue les Temps modernes, en collab. avec J.-P. Sartre, de 1945 à 1953. Son œuvre marie la phénoménologie à l’existentialisme et au personnalisme : La structure du comportement (1942), Phénoménologie de la perception (1945), Humanisme et Terreur (1947), Sens et non-sens (1948), Éloge de la philosophie (1953), les Aventures de la dialectique (1955), L'œil et l'esprit (1960), Signes (1961), Le visible et l'invisible (posthume, 1964).

Evert Willem BETH (1908 - 1966), logicien et philosophe néerlandais. Auteur de recherches sur Les fondements logiques des mathématiques (1950) et d'un ouvrage intitulé Epistémologie mathématique et psychologique (en collab. avec J. Piaget) qui montre l'importance, à côté de l'analyse formalisante, d'une analyse historico-critique dans l'étude de la construction des systèmes logiques.

Willard van Orman QUINE (Akron, 1908 - 2000), philosophe et logicien américain. Il a critiqué le néo-réalisme ("platonisme") de certains philosophes et logiciens (Frege, A.Church), s'orientant lui-même vers un nominalisme linguistique. Tout en ayant été influencé par les thèses du Cercle de Vienne, il a refusé l'opposition tranchée entre les propositions empiriques (synthétiques) et les énoncés logiques (tautologiques ou analytiques), ainsi que le parallélisme entre l'être et le savoir. Auteur de : Elementary logic (1941), Methods of logic (1950), From a logical point of view (1953), Mathematical logic (1955), Word and object (1960), Set theory and logic (1963), Selected logic paper (1966), The ways of paradox, (1966), Ontological relativity and other essays (1969), Philosophy of logic (1970), The roots of reference (1974), Theories and things (1981).

Claude LEVI-STRAUSS (Bruxelles, 1908 ), philosophe et anthropologue français. Auteur de : Les structures élémentaires de la parenté (1949), Race et histoire (1952), Tristes tropiques (1955), La pensée sauvage (1962), Anthropologie structurale (1958), Le cru et le cuit (1964), Du miel aux cendres (1967), L'origine des manières de table (1968), L'homme nu (1971), L'anthropologie structurale II (1973), La voie des masques (1975).

Simone WEIL (Paris, 1909 ­ Londres, 1943), écrivain et philosophe française élève de Le Senne et d'Alain. D’origine juive, elle évolua vers un mysticisme chrétien teinté d’hindouisme et de gnosticisme, et milita pour la justice sociale. Parmi ses œuvres : la Pesanteur et la Grâce (1947), l’Enracinement (1950), la Condition ouvrière (1951, relation de son expérience d’ouvrière aux usines Renault, (1934-1935)).

Mikel DUFRENNE (Clermont, Oise, 1910 - 1995), philosophe et sociologue français. Auteur d'un ouvrage sur La personnalité de base, un concept sociologique (1953), qui reprend et développe la notion formulée par Kardiner et R. Linton, il est surtout connu pour ses études phénoménologiques de l'œuvre d'art et de la perception esthétique et pour ses prises de position en faveur de l'humanisme contre certains courants de la pensée actuelle. Parmi ses œuvres : Phénoménologie de l'expérience esthétique (1953), Esthétique et philosophie (1968), Pour l'homme (1968).

John LANGSHAW AUSTIN (Lancaster, 1911 - Oxford, 1960) Philosophe anglais représentant de la "philosophie analytique", dite "du langage ordinaire" (école d'Oxford). Après avoir étudié Leibniz et Aristote, et traduit Frege, il a orienté sa recherche vers l'examen des règles du "langage ordinaire", de l'usage langagier banal et collectif. Ceci le conduisit à des enquêtes précises et spécifiques sur le pouvoir des énoncés : énoncés "performatifs" opposés à constatifs, force "illocutionnaire" - accomplissement par le langage d'un acte autre que symbolique et référentiel - et "perlocutionnaire" - action sur autrui - du discours : How to do things with word (Quand dire c'est faire, 1962). Dans Sense and sensibilia (Le langage de la perception, 1962), il examine comment l'usage des mots conditionne l'interprétation des données sensorielles. Comme Quine, Austin confère à l'examen du "langage ordinaire", qu'étudient techniquement la linguistique et la sémantique, un rôle fondateur en philosophie et en logique.

Emil CIORAN (Rasinari, 1911 - Paris, 1995), écrivain et moraliste roumain, d'expression française. Après des études de philosophie à Bucarest, il fut envoyé à Paris par l'institut français (1937) et resta en France. Depuis son premier ouvrage, il écrit en roumain, Sur les cimes du désespoir (1933), Cioran procède à un réquisitoire systématique contre toutes les illusions auxquelles l'homme adhère pour justifier son existence au monde; il dénonce les "idéologies, les doctrines et les farces sanglantes", notamment dans Précis de décomposition (1949) où avec "une sorte de passion de l'indifférence" (O. de Magny), dans une langue nette où le pittoresque est proscrit, mais néanmoins riche, l'écrivain souligne la dérision de ce "ci-devant Rien" qu'est l'homme, prit dans l'histoire, face à l'immensité du temps. Cette œuvre nihiliste qui tend à faire des humains "des héros lunaires de l'incuriosité" s'est poursuivie. Auteur de : Sur les cimes du désespoir (1933), Précis de décomposition (en français, 1949), Syllogismes de l'amertume (1952), La tentation d'exister (1956), Histoire et utopie (1960), La chute dans le temps (1965), Le mauvais démiurge (1969), et De l'inconvénient d'être né (1973).

Georges GUSDORF (1912) philosophe français. Il a d'abord entrepris de réhabiliter la mythologie qui est, pour lui, une "première métaphysique", il s'agit non pas de perdre la raison, mais de la sauver en revenant à l'homme intégral, en réalisant la promotion de l'instinctif en spirituel. Comme Jean Wahl, il est à la recherche du concret, et estime que la philosophie traditionnelle a failli à sa mission en donnant de la personne un schéma intellectualisé où l'homme de la rue ne saurait se reconnaître. Les philosophes qui, comme Bergson ou Sartre, ont réussi à se faire entendre des non-initiés, sont accusés de verser dans la littérature. Après ses thèses : La découverte se soi et L'expérience humaine du sacrifice (1948), il publie notamment : Traité de l'existence morale (1949), La parole (1952), Mythe et métaphysique (1953), Traité de métaphysique, Introduction aux sciences humaines (1960), Les sciences de l'homme et la pensée occidentale (1966-1973).

Lucien GOLDMANN (Bucarest, 1913 - Paris, 1970), philosophe et critique français. Dans sa thèse, La communauté humaine et l'univers chez Kant (1945), il tenta d'analyser les conditions sociales lues à travers les institutions et les pratiques, et d'établir leurs relations avec le travail créateur des philosophes, des écrivains et des artistes. Il a publié une étude sur le roman (Pour une sociologie du roman, 1964) et des travaux plus généraux de méthodologie : Sciences humaines et philosophie (1952), Recherches dialectiques (1958).

Paul RICOEUR (Valence, 1913 - 21 Mai 2005), philosophe français. À partir d’une réflexion sur l’œuvre de Husserl, il entreprit une Philosophie de la volonté (1950) et fonda l’herméneutique moderne. Parmi ses œuvres : Essai sur Freud (1965), le Conflit des interprétations (1969), Essai d'herméneutique (1969), la Métaphore vive (1975). Philosophie de la volonté, De l’interprétation.

Jean-Toussaint DESANTI (Ajaccio, 1914 - 2002) Épistémologue et historien de la philosophie, ses travaux portent notamment sur l’analyse des discours scientifiques. Principales œuvres : Introduction à l'histoire de la philosophie (1956), Phénoménologie et praxis (1963), Les idéalités mathématiques (1968), La philosophie silencieuse ou Critique des philosophies de la science (1975), Le philosophe et les pouvoirs (entretiens avec P.Lainé et B. Barret-Kriegel, 1976).

Louis ALTHUSSER (Birmandreis, Algérie, 1918 ­ Le-Mesnil-Saint-Denis, Yvelines, 1990), philosophe français. Théoricien du marxisme, considéré notamment sous l’angle épistémologique. Auteur de : Montesquieu, la politique et l'histoire (1959), Lire le Capital (1965, ouvrage collectif); Pour Marx (1960-1965); Lénine et la philosophie (1969), Philosophie et philosophie spontanée des savants (1974), Éléments d’autocritique (1974), Positions (1976), Ce qui ne peut plus durer dans le parti communiste (1978). Récit: L’avenir dure longtemps (posth., 1992).

Henri DUMÉRY (Aubusson 1920) Philosophe français. Auteur d'études sur la philosophie de l'action (en particulier sur M. Blondel), il est surtout connu par ses travaux de philosophie de la religion (censurés par le Saint-Office en 1958). A l'aide d'une méthode historique et phénoménologique, il a voulu élucider la signification, les catégories et les structures du christianisme à partir du judaïsme et comprendre le lien unissant le plan historique et le plan doctrinal de la religion chrétienne. Auteur de : la Philosophie de l'action (1948), Blondel et la philosophie contemporaine (1952), Foi et interrogation (1953), Blondel et la religion (1954), Critique et religion (1957), Phénoménologie et religion (1958), Philosophie de la religion, essai sur la signification du christianisme (1958), Phénoménologie et religion, structures de l'intuition chrétienne (1962), Raison et religion dans la philosophie de l'action (1963), Philosophie et sciences de l'homme (1967)...

John RAWLS (né en 1921) Philosophe et penseur politique anglais. Il a écrit : Théorie de la justice (1971).

Jean-François LYOTARD (1924 - 1998) philosophe français, est avec Gilles Deleuze, l'un des représentants les plus éminents de ce qu'on appelle parfois la philosophie du désir. Il est également connu pour sa théorie de la post-modernité. Auteur de : Discours, figure (1971), La condition postmoderne: rapport sur le savoir (1977)...

René GIRARD (Avignon, 1923), philosophe et anthropologue français. Ses travaux sur le genre romanesque et sur les mythes le conduisirent à formuler une nouvelle anthropologie, mettant au jour le rôle fondateur, dans toute culture, de la violence. Parmi ses œuvres : Mensonge romantique et vérité romanesque (1961), la Violence et le Sacré (1972), Critique dans un souterrain (1976), Des choses cachées depuis la fondation du monde (1978), Le bouc émissaire (1982), La route antique des hommes pervers (1985), Shakespeare: les feux de l'envie (1990), Je vois Satan tomber comme l'éclair (2000), La voix méconnue du réel. Une théorie des mythes archaïques et modernes (2002), Le sacrifice (2003), Les origines de la culture (2004).

Kostas AXELOS (Athènes, 1924) philosophe grec influencé par Marx et Heidegger. En 1959 il soutient ses thèses de doctorat. Parmi ses œuvres : La première saisie de l'être en devenir de la totalité, Marx penseur de la technique, Héraclite et la philosophie, Vers la pensée planétaire (1964), Arguments d'une recherche, Le jeu du monde, Pour une éthique problématique, Entretiens, Horizons du monde, Contribution à la logique, Problèmes de l'enjeu, Systématique ouverte, Métamorphoses, L'errance érotique, Lettres à un jeune penseur, Ce questionnement, Réponses énigmatiques.

Gilles DELEUZE (Paris, 1925 ­ id., 1995), philosophe français. Il présente la rationalité comme génératrice de contraintes. Parmi ses œuvres : Empirisme et subjectivité (1953), Nietzsche et la philosophie (1962), La philosophie critique de Kant (1963), Marcel Proust et les signes (1964), Le Bergsonisme (1967), Présentation de Sacher Masoch (1967), Spinoza et le problème de l'expression (1969), Différence et répétition (1969), Logique du sens (1969), L’Anti-Œdipe, capitalisme et schizophrénie (en collaboration avec F. Guattari, 1972), Rhizome (1976), Spinoza, philosophie pratique (1981), le Pli, Leibniz et le baroque (1988).

Michel FOUCAULT (Poitiers, 1926 ­ Paris, 1984), philosophe français, professeur au Collège de France. Il fonda, dans une perspective structuraliste, une «archéologie du savoir», c.-à-d. une mise au jour du système cohérent de toutes les opérations intellectuelles sous-jacentes à la culture d’une époque donnée. Parmi ses œuvres : Histoire de la folie à l’âge classique (1961), les Mots et les Choses (1966), l’Archéologie du savoir (1969), Surveiller et punir, naissance de la prison (1975), Histoire de la sexualité (3 vol., 1976-1984).

Hilary PUTNAM (Illinois, 1926), philosophe américain. Il enseigna successivement à Princeton, au MIT (1960) et à Harvard (1965). Elève de Carnap et de Reichenbach, il est souvent considéré comme l'un des meilleurs disciples de Quine; le plus versé dans les mathématiques. C'est dans ce domaine que sont publiés ses travaux, souvent extrêmement techniques : Philosophy of mathematics (1964), Philosophy of logic (1971), Meaning and the moral sciences (1978), Reason, truth and history (1981)...

Jürgen HABERMAS (Düsseldorf, 1929), sociologue et philosophe allemand. Continuateur de l’école de Francfort, il entend intégrer la théorie critique dans une théorie de l’action, orientée vers un réformisme radical. Parmi ses œuvres : Vérité et méthode, Principes d'une herméneutique philosophique (1960), L'espace public (1962), la Technique et la Science comme idéologie (1968), Mouvement de protestation et réforme de l'université (1969), Raison et légitimité. Problème de légitimation dans le capitalisme avancé (1973), Archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise (1978), Théorie de l'agir communicationnel (1981), Morale et Communication, (1986), Martin Heidegger (1988), Écrits politiques : culture, droit, histoire (1990), Éthique de la discussion (1992), La pensée postmétaphysique (1993), Textes et contextes: Essais de reconnaissance théorique (1994), La paix perpétuelle: Le bicentenaire d’une idée kantienne (1996), Débat sur la justice politique (avec John Rawls - 1997), Droit et démocratie (1997), L'intégration républicaine (1999).

Jaako HINTIKKA (Finlande, 1929), philosophe et logicien finlandais. Après ses études à Harvard, il est professeur à Helsinki (1959), Berkeley (1963) et Stanford. Il apporte une contribution importante à la logique mathématique, à la logique des méthodes de la science, à la philosophie du langage et à l'histoire de la logique. Parmi ses œuvres : Kowledge and belief (1962), Models for modalities (1969), Time and necessity : Studies in Aristotle's theory of modalities (1973), Knoweldge and the known, historical perspectives in epistemology (1974), The intentions of intentionality and other new models for modalities (1975), The semantics of questions and the question of semantics (1976).

Jacques DERRIDA (El-Biar, près d’Alger, 1930 - 9 octobre 2004), philosophe français. Son étude des créateurs modernes (Mallarmé, Artaud, Bataille, Joyce, Husserl, Heidegger, etc.) a débouché sur une critique de la métaphysique classique. Parmi ses œuvres : l’Écriture et la différence (1967), De la grammatologie (1967), Sémiologie et grammatologie (1968), La dissémination (1972), Marges de la philosophie (1972), Glas (1974), Eperons, les styles de Nietzsche (1978), La vérité en peinture (1978), Les états généraux de la philosophie (en collectif, 1979), la Carte postale; de Socrate à Freud et au-delà (1980), D'un ton apocalyptique adopté naguère en philosophie (1983), Lecture de Droit de regards (1985), Mémoires- for Paul de Man (1986), Parages (1986), Schibboleth- pour Paul Celan (1986), Caryl Chessman. L'écriture contre la mort (avec J. Ch. Rosé - 1986), De l'esprit. Heidegger et la question (1987), Du droit à la philosophie (1990), Le Problème de la genèse dans la philosophie de Husserl (1990), Heidegger et la question: De l'esprit et autres essais (1990), L'Autre Cap (1991), Le concept de 11 septembre (2002).

Michel SERRES (Agen, 1930), philosophe français. S’appuyant sur un savoir encyclopédique (mathématiques, biologie, physique, navigation maritime) et recourant à une méthode structurale originale, il a établi des relations insoupçonnées et fécondes entre les sciences exactes et les sciences humaines. Acad. française (1990). Parmi ses œuvres : le Système de Leibniz et ses modèles mathématiques (1968), la série des Hermès (5 vol., 1969-1980), Jouvences sur Jules Verne (1974), Esthétique: Sur Carpaccio (1975), Fleuves et turbulences (1977), Le parasite (sur La Fontaine, 1980), Genèse (1982), Détachement (1983), Les cinq sens (1985), Statues (1989), Le Tiers-instruit (1991), Le contrat naturel (1992), La légende des anges (1993), Les origines de la géométrie (1994), Le Trésor, dictionnaire des sciences (1997), À visage différent (1997), La société en réseau (1997), Variations sur le corps (1999), Les nouvelles technologies: le point de vue d'un philosophe (1999).

Première partie : De l'Antiquité au XVIIème siècle

 

Sources divers

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