CERF-VOLANT

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Ce site est proposé par Marcel FOUREZ

Villeuve d'Ascq, le 1 septembre 2000

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Marcel FOUREZ  
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"CARAVELLE"

Marcel FOUREZ, DIEPPE,  1994

- - -  C'est toute une histoire ! !  - - -

 Il y a plus de soixante ans le mercredi, c'était jour de repos à l'école, et surtout au début de l'automne, quand les blés étaient coupés, j'accompagnais mon Grand-père dans les champs.

Pépère, on ne disait pas Papy, Pépère était Cerf-Volantiste. Un mot qui aujourd'hui paraît bien désuet. Il a laissé à mon père, en héritage, le goût du cerf-volant. Baigné dans cette atmosphère il était fatal que j'en prenne le virus...

Je revois Pépère à travers champs, marchant son cerf-volant sur le dos. Son cerf-volant, il en avait plusieurs en fait, mais ils ne se démontaient pas, et étaient aussi grands que lui !

Les engins qu'il fabriquait ressemblaient à deux boites rectangulaires ouvertes à l'avant et à l'arrière. Où avait-il déniché les plans ou le dessin du Hargrave ? Bien entendu jamais je n'aurais de réponse.

Les membrures de ses cerfs-volants étaient en bambous, Choisis encore verts, ils séchaient doucement suspendus aux poutres de la grange, le gros bout en l'air. A la pointe était attaché un sac empli de terre pour qu'ils sèchent bien droits.

L'entoilage en papier représentait un gros travail de préparation. Il récupérait, je ne sais où, un papier Kraft assez léger, l'étalait à terre et collait les morceaux côte à côte. La colle de poisson préparée par lui-même faisait partie intégrante du cérémonial de construction.

Sur la cuisinière au charbon de la cuisine, Pépère profitait que Grand-mère était occupée un peu loin, par exemple le jour de grande lessive ou elle se tenait dans la buanderie, à faire bouillir les draps sales. Il amenait un pot de cuivre avec une anse et empli d'eau, dans lequel se trouvait un vase pansu, qui lui, n'était empli qu'à moitié. L'eau arrivée à ébullition, il ajoutait des perles brillantes, la fameuse colle tirée des poissons, qui en cuisant fondait. Et la préparation étant prête arrivait le moment le plus intéressant.

Grand-mère, alertée par l'odeur nauséabonde qui s'échappait de sa cuisine, surgissait de la buanderie, y replongeait aussitôt, pour réapparaître armée de son redoutable bâton à touiller la lessive. Pépère qui guettait derrière le rideau, bondissait sur l'infâme brouet et galopait vers la grange, en grinçant dans sa moustache : vite, vite. Chacun avait son rôle, je devais arriver le premier, ouvrir la porte, et dès que nous étions entrés, la refermer et mettre la barre. C'était souvent tout juste, Grand mère malgré un léger embonpoint était rapide à la course. Serrés au fond de la grange on entendait les coups de bâton sur la porte. Pépère étouffé par le rire me glissait à l'oreille "On à réussi encore une fois".

Le cerf-volant construit, il renforçait le papier d'un enduit de sa composition, comme un vernis mais le papier restait un peu souple. Bridé, haubané, le nouveau cerf-volant trônait dans la grange, et Pépère invitait Grand-mère à venir admirer le chef-d'œuvre, il ne recevait qu'un reniflement de mépris. Et pourtant une fois j'ai vu Grand-mère se glisser en douce dans la grange et examiner de très très près une construction toute fraîche ...

Et puis il y avait la toute première envolée, la chose si lourde au sol s'élevait comme un papillon, sans bruit, la corde vibrait depuis le tout haut du ciel jusque la main si rude de mon Grand-père ...

Et là-bas au bout du champ, à demi cachée derrière le tilleul, il y avait Grand-mère qui admirait son sacré diable d'homme...

J'ai eu mon premier vrai cerf-volant pour mon septième anniversaire. J'en garde après toutes ces d'années, et tant d'autres cerfs-volants, un souvenir ébloui.

Il avait la forme de la poire Française popularisée par de nombreuses images d'Epinal. Sa longue queue en papillotes était la plus belle de toutes celles que j'avais vu. Mais surtout, merveille des merveilles, il était en tissu, en vrai tissu, et rouge en plus !! J'étais enchanté par une telle somptuosité.

C'est beaucoup plus tard, adulte, et père de famille, que j'ai su que Grand-mère, qui n'était pas bien riche, avait sacrifié un de ses sous-jupons, pour m'offrir ce superbe cadeau.

Où que tu sois, Merci Grand-mère !

                

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