6.3 HOME SWEET HOME

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Pour poursuivre notre route vers Ghya, je devais absolument obtenir des crédits de consommation, afin de changer de vêtements et de nous procurer un véhicule volant. Je pénétrais dans cette espèce de guérite jaune qui abritait un terminal public de l'ordinateur central, et je tapais sur son clavier :

"Besoin urgent de crédits de consommation."

L'ordinateur inscrivit sur l'écran :

"Prière de décliner le code d'identité."

Bien sur, il fallait croire au miracle pour que l'ordinateur central distribue anonymement des crédits de consommation, et je ne croyais plus au miracle depuis quelques centaines d'U. ! Je tentais un subterfuge en inscrivant le nom et le code d'identification de mon père mais la machine répondit :

"Code d'identification erroné, Drhyz décédé. Formuler à nouveau, SVP."

Comment pouvais-je tromper ce maudit computer ? je risquais le tout pour le tout en indiquant mes propres coordonnées et la machine répéta :

"Code d'identification erroné, Drhyz décédé. Formuler à nouveau, SVP."

Je ne pus réfréner un hochement de tête de dépit. Le Grand Magellan et son conseil m'avaient déjà bel et bien rayé des listes. Une étincelle jaillit alors de mon esprit et, tandis que le terminal éxigeait encore la déclinaison d'une identité, je tapais sur les touches:

" Grand Magellan."

L'ordinateur hésita en inscrivant une série d'expressions algébriques. Puis, il se calma et annonça :

" Honoré de te servir, Grand Magellan."

Aprés quelques temps d'hésitation il inscrivit cependant :

"Code numérique à préciser."

Du tac au tac, j'inscrivais la première équation de ma théorie du feuillet synthétique. L'ordinateur tarda encore, mais en silence cette fois, et répondit :

" Problématique de Dieu. Impossible d'analyser les éléments présentés. S'en remet à la décision du Grand Magellan."

Je sentais que j'allais bientôt berner cette calculette stupide, et je lui envoyais :

" Décision du Grand Magellan immédiatement applicable : distribution immédiate à la borne "Kandou-48" de 5.000 crédits de consommation."

Le terminal obéit immédiatement.

Nous rejoignîmes, enfin riches, un point de distribution de quartier où je pus choisir une tenue anonyme. Jacqueline, qui avait gardé un certain goût féminin, introduisit un double crédit dans le décodeur. La porte transparente du serveur s'ouvrit pour lui offrir une superbe création d'un styliste en vogue nommé Pocarabone. Puis nous embarquames sur une bouée collective vers l'unité productrice de véhicules. Pour 400 valeurs, nous repartions dans une belle biplace neuve.

Nous survolions à basse altitude et petite vitesse les reliefs doucement vallonnés de l'hémisphère sud qui représentaient toute l'orographie Drhyzienne. Ces étendues bleuâtres s'agrémentaient parfois des touches chatoyantes des cités accrochées aux courbes argentées des rivières. Après 6 U. d'un voyage quasi touristique, nous aperçûmes la grande agglomération de Ghya avec sa nuée de bouées de transport qui s'agitaient comme les électrons d'une gigantesque molécule.

-" C'est donc là que tu habites ?" Demanda Jacqueline presque rieuse.

Nous descendîmes encore et Je pointais mon doigt en direction d'un large dôme fait du même granit turquoise que celui de la plage de Kandou :

-" Mon immeuble est à quelques rues du palais du Grand Magellan que tu vols là." Nous posâmes la bouée de transport sur le toit de mon habitation. Comme dans toutes les mégalopoles Drhyziennes, les immeubles se présentaient comme de larges cylindres d'améthyste opaque qui s'élevaient sur quatre ou cinq niveaux. Les architectes urbains avaient conçu, pour casser la monotonie de ces structures épineuses, des monuments collectifs aux géométries plus variées.

Nous pénétrâmes dans le sas d'entrée pour descendre les escaliers. Je retrouvais mon bureau où des notes manuscrites traînaient encore - la technologie la plus fine ne pouvait se substituer complètement, en dernière analyse, à l'écriture directe avec un stylographe sur un support de papier. Jacqueline qui découvrait les lieux lança :

-" Oh ! , C'est à peine plus confortable que mon studio de l'avenue Borriglionne."

la suite

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