L'ARME

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Je repris mon équipement qui me propulsa à travers les rues délabrées de Ghya.

Des ombres inquiétantes se dessinaient à travers le brouillard ; s'agissait-il de mutants ou de Drhyz de ma planète ? - je ne m'attardais pas pour le vérifier.

Je déverrouillais le sas du bâtiment de recherche, et j'y laissais mon scaphandre. Je montais vers le niveau d'observation où je retrouvais le Magellan et les deux ingénieurs revenus devant les sphères de contrôle et les écrans de calcul. Les trois Drhyz me saluèrent chaleureusement, puis la gravité repris le dessus.

Le Grand Magellan rappela le drame que constituaient les récents événements en insistant sur l'absence totale d'expériences guerrières de l'espèce Drhyz. Les ingénieurs firent part également de leur inquiétude face à cette agression et surtout sur notre capacité de réaction.

Je tentais de les rassurer et proposais, pour le moment, de lancer un appel à l'ensemble des Drhyz de Ghya non touchés. Tous devaient bloquer les issues des habitations et surtout en refuser l'accès à quiconque.

Les trois Drhyz approuvèrent et un ingénieur diffusa ce message vers toutes les planètes du réseau. Il nous fallait maintenant trouver un moyen de contrer ces envahisseurs sanguinaires.

J'avais " heureusement " l'expérience théorique de cette agressivité meurtrière vécue plus tôt en compagnie de Jacqueline ; elle me servirait à organiser la contre-attaque.

Un frère ingénieur nous appela près de la sphère centrale de contrôle dont le diamètre valait presque celui d'un vaisseau supra-galactique. L'ensemble du système astral Drhyz y était représenté en volumes de synthèse.

J'observais nos deux étoiles Wolf et Loan qui avaient quasiment retrouvé leurs positions initiales mais le frère pointa son index vers les deux planètes des mutants. De chacune d'elles émanait une fine tramée de poussières scintillantes, qui se dispersait en une nébuleuse mouvante : leurs soucoupes revenaient vers Drhyz 08, et nous disposions de moins de trois U. avant leur arrivée. Il fallait agir vite. Inutile de compter sur la coopération de mes semblables qui, pour ne jamais avoir été attaqués, ne savaient pas se défendre. Je m'apprêtais donc à protéger mon camp en unique combattant sachant que la victoire ne pouvait être que purement stratégique.

Je fis le point de la situation : 5.000 mutants se disséminaient déjà dans Ghya et un puissant renfort arriverait d'ici peu. Les affronter un par un s'avérait impossible. Je devais les attirer dans un piège et les y enfermer ; mais il me fallait également une arme pour les détruire. De tout temps, l'intelligence et la technologie Drhyz avaient servi à des fins constructives ; aucun instrument n'était conçu pour tuer. Mais l'image de la plume de ce stylographe, que Je saisis pour trancher la gorge de Jacqueline, me revint à l'esprit. Je me souvins de ces pulsions de cruauté intense qui m'assaillaient. Je compris alors que l'instrument lui-même n'avait qu'une importance secondaire, seule la volonté destructrice de celui qui le tenait pouvait transformer un objet anodin en une arme redoutable.

Soudain une voix familière retentit dans tout le laboratoire et l'image de Mioxe apparut. Ses yeux brillaient de la même lueur destructrice qui animait ce autant rencontré dans mon immeuble.

-" Esclaves Drhyz, hurla-t-il, la nouvelle race des seigneurs vient de naître. Préparez-vous à vous soumettre à sa domination absolue. Obéissez à nos ordres ! Ceux qui oseront opposer la moindre résistance seront immédiatement dévorés vivants. Ouvrez les portes de vos immeubles pour laisser entrer vos maîtres."

La déclaration de Mioxe nous glaça les sangs. Le Grand Magellan confirma que le représentant des zones moyen-orientales avait rejoint sa planète d'origine juste après la visite chez moi du conseil supérieur. Il avait donc subi la terrible mutation, et décidé d'investir d'abord Drhyz 08 sans doute pour prendre possession du palais magellaire. Nous n'avions plus une fraction de temps à perdre. Je demandais aux ingénieurs de passer en revue la liste des outils dont ils se servaient pour leurs recherches. Sans comprendre, ils commencèrent :

"Générateurs de particules, ordinateurs synaptiques, canons à micro-ondes, réflecteurs à réfraction antineutrinique, wyrtrons. "

J ' essayais d'adapter ces instruments à une utilisation guerrière mais, à cette étape, je n'y parvenais pas ; même le canon à micro-ondes ne pouvait pas servir de fusil. Les frères ingénieurs continuaient à énumérer les différentes machines utiles à notre science sans pouvoir saisir le but que je poursuivais - l'agressivité leur était vraiment trop étrangère.

La liste se déroulait toujours :

" un réacteur a fission ou à fusion nucléaire, un qsuad qui servait à observer les mouvements atomiques, un cybernax utilisé pour coder les fractals, un traxinotron qui désorganisait les structures cristallines des matériaux lourds." Rien de tout cela ne faisait mon affaire mais le premier ingénieur cita enfin :

" Générateur d'ondes gravitationnelles ", et le déclic s'opéra.

Cette machine recréait les forces que les grosses masses de matières induisent, elle produisait ces ondes fondamentales de gravité qui me permettaient de rester collé au sol. Nos techniciens s'en servaient en général dans l'industrie lourde pour déplacer d'énormes masses rocheuses ou métalliques. Je me renseignais sur la disponibilité immédiate de cet engin, et un frère Ingénieur confirma que le laboratoire d'essais en possédait heureusement un.

La nouvelle me ravit, et je voulus le voir sur-le-champ.

Nous descendîmes au niveau inférieur. L'instrument s'y trouvait se présentant comme une grosse malle de métal dépoli. Je me renseignais sur ses capacités, et le frère ingénieur m'assura, qu'à pleine puissance, ce générateur de gravité pouvait déplacer plusieurs R.Gh.

Je tenais mon arme, et je n'ai avais plus de temps à perdre. Par bonheur, l'engin, qui pesait au moins I Gh, avait son propre système de propulsion - Je me voyais mal le porter sous le bras.

J'expliquais sommairement ma stratégie aux trois frères Drhyz qui eurent, bien sûr, beaucoup de mal à l'assimiler ; jamais ne leur serait venu à l'esprit d'utiliser cet outil à de telles fins dévastatrices Je saluais les deux frères ingénieurs et le Magellan, et peu de temps après, je flottais dans mon scaphandre en direction du stade d'exhibitions sportives. Le gros générateur d'ondes gravitationnelles me suivait sur son coussin de gaz propulseur, sagement et sans bruit.

J'arrivais bientôt prés de ma soucoupe, et nous embarquâmes la machine et moi. Le décollage me souleva au-dessus de cette couche de vapeur qui recouvrait encore la surface de Drhyz 08, et je filais déjà dans la clarté retrouvée de nos deux étoiles redevenues enfin calmes. Je pilotais à vue depuis prés d'une U.

Soudain, l'armée des soucoupes des mutants assombrit mon écran frontal. Je ne me souvenais pas avoir vu autant d'aérodynes en vol simultané ; j'interrogeais mon clavier et l'ordinateur de bord évalua leur nombre à 1.012. Les mutants m'avaient bien évidemment repéré, et j'attendais leur réaction en spéculant déjà sur ce qui se passerait. Nos soucoupes ne possédaient aucun équipement offensif. Je déviais de mon cap pour éviter la flotte invasive et, comme prévu, aucune soucoupe ne me prit en chasse; les mutants avaient d'autres priorités.

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Je repris donc ma trajectoire vers la région moyen-orientale du réseau, et, 5 D.U. plus tard, je me stabilisais aux abords de Drhyz 87.

 

la suite

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